La logique d'investissement dans le cadre de l'entente entre Israël et les Émirats arabes unis

Illustration par Luis Grañena
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Publié le Lundi 12 octobre 2020

La logique d'investissement dans le cadre de l'entente entre Israël et les Émirats arabes unis

  • Cela dit quelque chose que l'une des premières entreprises vers laquelle Al Naboodah s'est tourné soit OurCrowd. Cela prouve que le langage des affaires est universel
  • Les gouvernements des EAU et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont créé une excellente infrastructure pour permettre aux entreprises étrangères de se développer dans la région

DUBAÏ: Sabah al-Binali est connu dans le monde arabe pour être un négociateur «sans détour». Son CV présente une longue liste de transactions très médiatisées aux Émirats arabes unis (EAU) et en Arabie saoudite. Mais son tout dernier engagement pourrait bien être le plus important.

Al-Binali est originaire d'Abu Dhabi, mais il a une solide lignée familiale en Arabie saoudite. Il vient d’être nommé directeur pour la région du Golfe de la société de capital-risque israélienne OurCrowd, dont le chiffre d'affaires s'élève à 1,5 milliard de dollars (1,27 milliard d’euros). OurCrowd s'est associé à Al Naboodah, l'une des entreprises familiales les plus connues dans la région.

«Mon expérience, ma vie professionnelle, c'est créer des entreprises et faire des investissements – créer de la valeur. Il ne s'agit pas seulement de collecter de l'argent», explique-t-il à Arab News.

Le partenariat OurCrowd-Al Naboodah n'aurait pas été possible il y a à peine quelques semaines. C'est l'un des tout premiers fruits de la normalisation des relations entre les EAU et Israël dans le cadre de l'accord d'Abraham, et l’accomplissement le plus important à ce jour dans le secteur financier.

Un fonds d'investissement a été créé dans le cadre de l'accord, avec au départ 100 millions de dollars (85 millions d’euros) de capitaux injectés par Al Naboodah et par quelques autres entrepreneurs du Golfe. Phoenix Capital, l'unité de développement commercial d'Al Naboodah, cherchera à établir une voie à double sens dans le domaine des investissements entre Israël et les Émirats arabes unis, et avec les 220 entreprises faisant partie du portefeuille d'OurCrowd dans le monde entier.

«Je pense que cela prouve que l'une des premières entreprises vers laquelle Al Naboodah s'est tourné était OurCrowd. Cela prouve en effet que le langage des affaires est universel. Les deux pays ont déjà travaillé avec le reste du monde. Ce n'est pas la première fois qu'un marché s'ouvre à l’international depuis les Émirats arabes unis.»

«La mentalité entrepreneuriale et commerciale est solide dans les deux pays, et une fois la normalisation politique réalisée, on remarque à quel point les choses peuvent évoluer rapidement. Les deux parties possèdent certes une grande expérience dans la conclusion d'accords au-delà des frontières», a affirmé M. Al-Binali.

Il estime que les possibilités de relations d'investissement mutuellement profitables entre le Golfe et Israël sont nombreuses. «Ces opportunités existent en Israël comme dans les EAU, dans tous les domaines de l'investissement, du développement des affaires, de la recherche et du développement, de l'innovation et du commerce. Les deux pays peuvent être à la fois l'origine et la destination de l'investissement», ajoute-t-il. La valeur finale du fonds pourrait atteindre des «multiples» de la somme initiale de 100 millions de dollars, explique M. Al-Binali.

Certaines synergies de fond entre les EAU et Israël rendent la connexion très intéressante. «Les gouvernements des EAU et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont créé une excellente infrastructure pour permettre aux entreprises étrangères de se développer dans la région. Le gouvernement israélien a créé une «start-up nation» [NDLR: une nation où chacun peut créer une start-up] à la pointe de la technologie mondiale. C'est une adéquation naturelle», ajoute-t-il.

Quelques jours seulement se sont écoulés depuis qu'il a pris son poste, une décision prise un mois après l'accord israélo-américain. Naturellement, il a beaucoup à faire pour déterminer l'affectation des fonds d'investissement. Cependant, trois grands axes de travail ont déjà été définis.

L'un d'eux concerne le vaste portefeuille international d’OurCrowd. Selon lui, « OurCrowd est une plate-forme mondiale – 40 % de ses investissements se font en dehors d'Israël, aux États-Unis, en Australie et à Singapour. L'une des plus grandes licornes [NDLR: une licorne est une start-up non cotée en Bourse dont la valorisation, basée sur un potentiel de croissance très important, dépasse le milliard de dollars.] récentes a vu le jour à Singapour ».

À tout cela vient s'ajouter l'expansion des entreprises du portefeuille existant et futur d'OurCrowd. «Ces entreprises souhaitent développer leurs activités aux EAU, à Bahreïn et dans d'autres pays quand ces derniers décideront de normaliser les liens avec Israël».

Pour M. Al-Binali, «c’est tout à fait logique. Aux EAU, les sociétés ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu, alors qu'en Israël, les impôts sont lourds. Nos lois régissant le travail et le séjour sont très favorables et ouvertes. Nous sommes une nation accueillante qui a reçu des gens du monde entier pendant des décennies. C'est donc simple.»

«Le troisième axe de travail consiste à soutenir les start-up et les entrepreneurs dans plusieurs pays, dont les EAU et le Bahreïn, où les relations sont normalisées. Vous remarquerez que nous envisageons toutes les possibilités et je suis sûr qu'il y en aura beaucoup», ajoute-t-il.

M. Al-Binali évoque les secteurs auxquels le nouveau fonds pourrait s'intéresser. Il estime que la technologie est un catalyseur dans plusieurs domaines: la médecine, l'agriculture, la sécurité nationale, mais aussi la cybersécurité et la technologie financière. «En particulier dans le domaine de la technologie financière, notamment parce qu'Israël dispose de la technologie et que les EAU constituent un centre financier», précise-t-il.

À titre d’exemple d'entreprise «allant dans l'autre sens», il cite l'accord récent de DP World avec la Banque Leumi pour développer la logistique portuaire dans le pays. Cependant, il existe de nombreux autres secteurs potentiels.

Dans l’hôtellerie et le tourisme, il voit ainsi comme un vaste marché prometteur les voyages que souhaitent entreprendre les chrétiens occidentaux vers le Moyen-Orient en passant par Jérusalem et Dubaï. 

Le secteur de la défense est rendu plus complexe par les lois et les traités internationaux qui régissent le commerce des armes, mais, comme le souligne M. Al-Binali, il ne s'agit pas seulement d'armes de guerre.

«La cybertechnologie ne fait pas nécessairement partie du secteur de la défense. Elle peut être utilisée aussi bien par le secteur financier que par les entreprises de télécommunications. Il ne s’agit pas nécessairement de la vente d'armes ou d'armements, nous parlons de technologie», explique-t-il.

La technologie des drones est un autre exemple d’usages multiples. «Les drones peuvent être utilisés à de nombreuses fins tels que l’entretien de pipelines ou les études géologiques. Ils ne concernent pas uniquement le domaine militaire et la sécurité nationale.» 

«Les petits drones peuvent permettre à la défense civile d'avoir une vue instantanée de ce qui se passe lors d'un grand incendie dans un bâtiment. Ces technologies peuvent être utilisées dans l'armée comme elles peuvent être adaptées au contexte civil», poursuit-il.

OurCrowd a été fondée, il y a sept ans, par l'entrepreneur américano-israélien Jonathan Medved, avec un avantage technologique certain. La société comprend Virgin Hyperloop One, la technologie de transport rapide développée aux États-Unis. Néanmoins, elle envisage également de réaliser de grands projets au Moyen-Orient, l'une des sociétés de son portefeuille affichant un intérêt évalué à 3,8 millions de dollars (3,2 millions d’euros).

Al Nabodah est l'une des plus anciennes entreprises familiales des Émirats arabes unis, dont les activités traditionnelles sont la construction, l'immobilier, la logistique et le transport. Selon M. Al-Binali: «Al Naboodah est une société très connue dans le monde de l'investissement et des affaires. Toute personne souhaitant faire des affaires à Dubaï ou aux Émirats arabes unis connaît Al-Naboodah. Ils ont des contacts importants à travers le monde».

En quoi la culture commerciale israélienne est-elle comparable ou au contraire différente de celle des Émirats arabes unis? 

«Elle est similaire dans la mesure où elle est fondée sur la relation, la confiance, et le contact – étayé par des documents juridiques bien entendu. On retrouve la même culture du contact comme point de départ de la relation. Je l’appelle «la culture moyen-orientale». Pour ce qui est de la communication, je comparerais les Israéliens aux Russes, avec lesquels j'ai déjà collaboré. Le langage est beaucoup plus direct.»

«Mais les Israéliens nous comprennent parce qu'ils ont traité avec plusieurs pays qui ont la même culture, et je comprends le style de communication des Israéliens. Il ressemble à celui des Russes, et est assez semblable à celui des New-Yorkais», ajoute-t-il. 

Al Naboodah est également présent à Riyad et a réalisé de nombreux projets en Arabie saoudite. Si M. Al-Binali estime qu'il est trop tôt pour évoquer un rapprochement entre le Royaume et Israël, il est convaincu que les opportunités commerciales sont également nombreuses dans ce pays.

«Nous ne pouvons pas aborder concrètement la question avant que l'Arabie saoudite ne décide si elle veut ou non normaliser. Mais je peux dire que nous verrions les affaires se développer aussi rapidement qu’elles l’ont fait ici, car les Saoudiens présentent les mêmes caractéristiques.»

«Les institutions gouvernementales saoudiennes ont l'habitude de traiter avec des entreprises venant du monde entier. Les familles d'affaires saoudiennes sont aussi très ouvertes sur le monde. Les mêmes facteurs qui me font croire que les premiers pas vers le succès du partenariat EAU-Israël existent aussi en Arabie saoudite –à la différence que le Royaume a une économie beaucoup plus importante.»

«Quand les relations seront normalisées – si elles le sont –, je suis convaincu que cela apportera une énorme valeur ajoutée sur le plan des affaires, en Arabie saoudite comme en Israël, mais aussi aux EAU, et au Bahreïn. Plus le CCG sera considéré comme un grand marché commun, plus l'intérêt sera fort», affirme M. Al-Binali.

«Certains de mes amis du monde des affaires à New York me disent qu'ils sont prêts à se lancer dans n'importe quel projet de coopération entre Israël et les Émirats arabes unis. Pour eux, il s'agit d'une voie d'affaires vierge qui peut rapporter d'énormes dividendes», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Comment la Vision 2030 transforme l'Arabie saoudite en une économie compétitive à l'échelle mondiale

Les investissements pour la première phase de NEOM pourraient atteindre 1 200 milliards de SR d’ici 2030. (Fourni)
Les investissements pour la première phase de NEOM pourraient atteindre 1 200 milliards de SR d’ici 2030. (Fourni)
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  • De l'efficacité et de la performance économique à l'infrastructure et à la cybersécurité, le Royaume est un endroit où il est souhaitable de faire des affaires
  • Les progrès réalisés dans les domaines du transport, de la logistique et des marchés financiers ont stimulé la compétitivité mondiale du Royaume

RIYAD: Quels exploits extraordinaires l'Arabie saoudite a-t-elle accomplis pour se voir classée devant la Chine, l'Allemagne et le Royaume-Uni dans le cadre d'une mesure mondiale de la compétitivité économique?

À l'occasion de son 8e anniversaire, la Vision 2030 a franchi plusieurs étapes remarquables et a réalisé des progrès constants depuis son lancement par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, révélant un parcours transformateur qui continue de remodeler l'avenir du Royaume.

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La Vision 2030 a franchi plusieurs étapes et a fait des progrès constants depuis son dévoilement par le prince héritier Mohammed ben Salmane en 2016. (Photo SPA)

«C'est un plan directeur ambitieux, mais réalisable, qui exprime nos objectifs et nos attentes à long terme et reflète les forces et les capacités de notre pays», a déclaré le prince héritier lors du lancement de la Vision 2030 en 2016.

«Toutes les réussites commencent par une vision et les visions réussies reposent sur des piliers solides.»

Selon un rapport sur la compétitivité de l'International Institute for Management Development, basé en Suisse, le Royaume se classe 3e parmi les nations du G20 sur ce critère, et 17e parmi tous les pays.

Quelles sont les réalisations du Royaume qui lui ont permis d'obtenir cette place de choix parmi les pays compétitifs?

Selon le dernier bulletin annuel de la Vision 2030, l'Arabie saoudite a réalisé des progrès significatifs dans quatre facteurs de compétitivité évalués dans le rapport.

Elle s'est hissée à la 6e place en matière de performance économique, est grimpée jusqu’à la 11e place en matière d'efficacité gouvernementale et jusqu’à la 13e place en matière d'efficacité des entreprises, tout en se maintenant 34e dans le classement des infrastructures.

Parmi les autres performances, le Royaume est 3e parmi les pays du G20, 5e au niveau mondial pour l'indice des marchés financiers et 2e pour l'indicateur de cybersécurité.

PIF: une puissance d'investissement

En tant que principal moteur de la diversification économique et de la revitalisation des secteurs vitaux, le Fonds d'investissement public (PIF) possède des portefeuilles d'investissement de premier plan.

Ces derniers sont conçus pour orienter les investissements vers la diversification de l'économie, le développement des infrastructures, la stimulation de l'innovation et le renforcement des liens économiques mondiaux.

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L'Oxagon, situé au bord de la mer Rouge, dans la province de Tabuk, au nord-ouest du Royaume, est en cours de construction. Il accueillera les industries avancées et propres de Neom. (Fourni)

Le fonds a élargi son portefeuille pour englober des secteurs prometteurs dotés d'un potentiel de croissance important, allant du tourisme et du divertissement aux technologies financières en passant par les jeux et les sports.

Ses compétences en matière d'investissement se sont rapidement accrues, positionnant le PIF comme un leader mondial dans l'exploitation des opportunités économiques aux niveaux national et international.

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Des hommes marchent sur le campus de l'université des sciences et de technologie du roi Abdallah, à Thuwal. (Fourni)

Infrastructures de transport

Le secteur des transports est essentiel pour le développement durable et il joue un rôle clé dans l'amélioration de la sécurité en améliorant les routes et en mettant en œuvre des systèmes de transport avancés.

Ces efforts contribuent à réduire le nombre d'accidents de la route, de blessés et de morts, à créer un environnement plus sûr et à améliorer la qualité de vie en général, ce qui fait partie des objectifs de la stratégie nationale des transports, dans le cadre de la Vision 2030.

Le rapport présente les indicateurs de sécurité routière et souligne que le taux de mortalité routière est passé de 28,8 pour 100 000 personnes en 2016 à 13,3 en 2022.

Il indique également que le taux de blessures est tombé à 71,67 blessures pour 100 000 personnes en 2022.

Un marché financier compétitif

Le marché financier de l'Arabie saoudite a connu une croissance et une activité significatives depuis l'annonce de la Vision 2030, ce qui démontre la force et la robustesse du secteur financier du Royaume.

Le Royaume a été classé 5e au niveau mondial – et 3e parmi les pays du G20 – dans l'indice des marchés financiers, selon l’International Competitiveness Yearbook 2023 du World Competitiveness Center.

Le nombre d'entités de technologie financière en 2023 a atteint 216, dépassant de loin l'objectif de 150. Cela indique une croissance et un développement rapides dans le secteur des technologies financières.

En outre, le nombre de cotations sur le marché financier en 2023 a atteint 43, dépassant l'objectif de 24, ce qui indique un intérêt accru de la part des entreprises pour la cotation sur le marché.

Cette croissance est un signe positif de la confiance des investisseurs et de l'attrait du marché pour les offres publiques, puisque le nombre total de sociétés cotées est maintenant de 310, ce qui indique un marché diversifié et étendu.

Le pourcentage élevé de microentreprises et de petites sociétés cotées sur le marché (76,7%, par rapport à l'objectif de 44 %) montre que même les petites entreprises trouvent des occasions de s'introduire en bourse, selon le rapport.

L'histoire de la transformation de l'Arabie saoudite a de nombreux acteurs, parmi lesquels le gouvernement, les citoyens saoudiens, le secteur privé et les partenaires internationaux.

En 2023, leurs efforts combinés ont fait de l'Arabie saoudite un pays où il fait bon vivre, travailler et se rendre.

Tous écrivent le prochain chapitre en 2024 – une année d'opportunités inégalées pour le Royaume et tous ceux qui veulent faire partie de l'histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Guerre au Proche Orient pourrait faire remonter l'inflation, selon la Banque mondiale

Les Palestiniens pleurent leurs proches tués dans les bombardements israéliens à l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 avril (Photo, AFP).
Les Palestiniens pleurent leurs proches tués dans les bombardements israéliens à l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 avril (Photo, AFP).
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  • Si les tensions géopolitiques restent limitées au conflit de Gaza, les prix du baril devraient atteindre en moyenne 84 dollars cette année
  • Or un maintien prolongé de taux élevés n'est pas sans conséquence sur l'économie mondiale

WASHINGTON: Le conflit à Gaza, s'il s'étendait au reste de la région, pourrait avoir un impact significatif sur l'économie mondiale en faisant repartir l'inflation, sous l'effet d'une hausse des prix de l'énergie, selon un nouveau rapport publié jeudi par la Banque mondiale (BM).

Selon les données issues de son rapport sur le marché des matières premières, un conflit plus large au Proche et Moyen-Orient, alors que les tensions entre Israël et l'Iran restent vives, pourrait entraîner des ruptures d'approvisionnement de pétrole et une forte accélération du Brent (référence européenne de l'or noir), qui pourrait dépasser 100 dollars le baril.

Si les tensions géopolitiques restent limitées au conflit de Gaza, les prix du baril devraient atteindre en moyenne 84 dollars cette année, avant de redescendre à 79 dollars de moyenne en 2025.

Cela reste cependant supérieur à la moyenne de long terme observée avant la pandémie: entre 2015 et 2019, le prix moyen du baril de Brent était autour de 57 dollars.

Prix élevés 

Or, même sans le conflit au Proche Orient, ces prix plus élevés se retrouvent sur l'ensemble des matières premières, ce qui vient peser sur l'inflation et explique, en partie, que son ralentissement marque le pas depuis le début de l'année.

Entre juin 2022 et juin 2023, les prix des matières premières ont baissé de 40% au niveau mondial, mais sont stables depuis. La BM s'attend à une baisse moyenne de 3% en 2024 et 4% en 2025.

"L'inflation n'est pas encore battue. Élément essentiel pour sa baisse, les prix des matières premières ont atteint un plancher. Cela signifierait que les taux pourraient rester plus élevés qu'initialement attendu pour cette année et la prochaine", a souligné le chef économiste de la Banque mondiale, Indermit Gill, cité dans un communiqué.

Le ralentissement marqué de l'inflation tout au long de l'année 2023 semblait laisser espérer une baisse rapide des taux, en particulier du côté de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Mais depuis début 2024, l'inflation s'est stabilisée aux États-Unis et la première baisse des taux, initialement attendue en juin, pourrait ne pas intervenir avant septembre, au mieux, ou au dernier trimestre.

Or un maintien prolongé de taux élevés n'est pas sans conséquence sur l'économie mondiale, ainsi que sur le risque de voir des pays déjà fragilisés plonger dans une crise de la dette qui pourrait renforcer le décrochage économique de certains pays du Sud.


Les géants de l'automobile se disputent la vedette au salon de Pékin

Une voiture de sport électrique MG EXE181 est exposée au Salon de l'auto de Pékin, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Une voiture de sport électrique MG EXE181 est exposée au Salon de l'auto de Pékin, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La foule afflue jeudi dans le centre d'exposition qui accueille jusqu'au 4 mai l'événement, d'ordinaire organisé tous les deux ans en alternance avec celui de Shanghai mais qui n'a pas eu lieu depuis 2019 du fait de la pandémie
  • Le marché chinois de l'électrique a explosé ces dernières années - représentant 69% des ventes mondiales en décembre 2023, selon le cabinet Rystad Energy - et les constructeurs chinois s'attaquent désormais au marché international

PARIS: Les géants chinois de l'automobile, engagés dans une guerre des prix acharnée, sont réunis jeudi à Pékin pour le salon automobile Auto China, rivalisant pour attirer de nouveaux clients et faire les gros titres au sein du plus grand marché de véhicules électriques du monde et à l'étranger.

La foule afflue jeudi dans le centre d'exposition qui accueille jusqu'au 4 mai l'événement, d'ordinaire organisé tous les deux ans en alternance avec celui de Shanghai mais qui n'a pas eu lieu depuis 2019 du fait de la pandémie.

Le marché chinois de l'électrique a explosé ces dernières années - représentant 69% des ventes mondiales en décembre 2023, selon le cabinet Rystad Energy - et les constructeurs chinois s'attaquent désormais au marché international.

La qualité des produits proposés par les constructeurs chinois ces dernières années "s'améliore", a déclaré à l'AFP lors du salon William Li, directeur général de la marque Nio établie à Shanghai.

"Durant la première moitié d'avril cette année, les ventes (en Chine) de véhicules à énergie nouvelle ont dépassé les ventes de véhicules à carburant", a rapporté M. Li.

Plusieurs autres grands noms chinois du secteur ont pris la parole lors du salon, comme He Xiaopeng, directeur général de XPeng, et Lei Jun, patron de Xiaomi, tandis que les visiteurs déambulaient entre les stands et prenaient des photos des véhicules exposés.

M. Lei a été assailli par des légions d'admirateurs jeudi, désireux de suivre ses moindres mouvements sur les lieux de l'événement.

Il existe pas moins de 129 marques de véhicules électriques en Chine, mais seulement 20 d'entre elles ont réussi à atteindre une part de marché nationale de 1% ou plus, selon les données de Bloomberg.

«Optimiser l'expérience»

Les constructeurs chinois de véhicules électriques "considèrent la voiture beaucoup plus comme Apple considère le téléphone, l'iPad ou l'ordinateur portable. Ils cherchent à optimiser l'expérience", estime Daniel Kollar, en charge des questions de mobilité et d'automobile au sein du cabinet de conseil Intralink, précisant que "c'est ce que le consommateur chinois attend".

Cela constitue un défi pour les entreprises étrangères tentant de se placer comme rivales sur le marché chinois.

"Des entreprises comme Volkswagen et Stellantis (...) tentent d'adopter une approche du type +Si vous ne pouvez pas les vaincre, joignez-vous à elles", explique M. Kollar à l'AFP. "C'est pourquoi l'on voit apparaître des partenariats, comme avec XPeng. Elles pensent qu'elles sont derrière et que le meilleur moyen de se placer devant est de s'allier" à eux.

Parmi les marques les plus en vue du salon figure BYD (Build Your Dreams), géant de l'automobile et des batteries établi à Shenzhen (sud).

BYD a battu Tesla au 4e trimestre 2023 pour devenir le premier vendeur de véhicules électriques au monde.

Tesla affirme avoir repris ce titre au premier trimestre cette année, mais BYD reste fermement en tête sur son marché national, avec un tiers des ventes, contre 8% pour Tesla.

L'entreprise devrait dévoiler son premier pick-up électrique, le BYD Shark, lors du salon.

Les mastodontes traditionnels de l'automobile, qui ont du mal à faire face à la vague déferlante de concurrents chinois ces dernières années, sont également présents sur ce salon, alors que l'expansion rapide de la production chinoise de véhicules électriques inquiète les pays occidentaux, qui craignent pour l'avenir de leurs propres constructeurs.

Batteries et IA 

La société chinoise CATL est aussi représentée à Pékin. Fondée en 2011 dans la ville orientale de Ningde, l'entreprise est le leader incontesté des batteries de véhicules électriques au niveau mondial.

CATL a répondu jeudi à l'une des principales critiques concernant l'automobile électrique, celle des longs temps de chargement qui limitent la mobilité, en dévoilant "Shenxing Plus", une batterie à recharge ultra-rapide pouvant, selon la firme, regagner un kilomètre de déplacement pour chaque seconde de chargement.

XPeng, l'un des autres grands rivaux de Tesla sur le marché chinois, a annoncé un projet de déploiement progressif à grande échelle de la conduite assistée de l'intelligence artificielle (IA) dans ses véhicules en mai.

"L'IA apprend les habitudes des conducteurs et peut ensuite imiter leur conduite" et améliorer la sécurité, a décrit He Xiaopeng de XPeng face au public en présentant X9, un sept places "si spacieux qu'il peut accueillir cinq vélos dans son coffre".

Le poids lourd japonais Toyota a quant à lui annoncé jeudi qu'il allait s'associer avec le géant chinois du jeu vidéo et de la tech Tencent dans le domaine de l'IA pour tirer parti de l'appétit croissants des consommateurs chinois pour les fonctions avancées des voitures intelligentes.