La logique d'investissement dans le cadre de l'entente entre Israël et les Émirats arabes unis

Illustration par Luis Grañena
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Publié le Lundi 12 octobre 2020

La logique d'investissement dans le cadre de l'entente entre Israël et les Émirats arabes unis

  • Cela dit quelque chose que l'une des premières entreprises vers laquelle Al Naboodah s'est tourné soit OurCrowd. Cela prouve que le langage des affaires est universel
  • Les gouvernements des EAU et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont créé une excellente infrastructure pour permettre aux entreprises étrangères de se développer dans la région

DUBAÏ: Sabah al-Binali est connu dans le monde arabe pour être un négociateur «sans détour». Son CV présente une longue liste de transactions très médiatisées aux Émirats arabes unis (EAU) et en Arabie saoudite. Mais son tout dernier engagement pourrait bien être le plus important.

Al-Binali est originaire d'Abu Dhabi, mais il a une solide lignée familiale en Arabie saoudite. Il vient d’être nommé directeur pour la région du Golfe de la société de capital-risque israélienne OurCrowd, dont le chiffre d'affaires s'élève à 1,5 milliard de dollars (1,27 milliard d’euros). OurCrowd s'est associé à Al Naboodah, l'une des entreprises familiales les plus connues dans la région.

«Mon expérience, ma vie professionnelle, c'est créer des entreprises et faire des investissements – créer de la valeur. Il ne s'agit pas seulement de collecter de l'argent», explique-t-il à Arab News.

Le partenariat OurCrowd-Al Naboodah n'aurait pas été possible il y a à peine quelques semaines. C'est l'un des tout premiers fruits de la normalisation des relations entre les EAU et Israël dans le cadre de l'accord d'Abraham, et l’accomplissement le plus important à ce jour dans le secteur financier.

Un fonds d'investissement a été créé dans le cadre de l'accord, avec au départ 100 millions de dollars (85 millions d’euros) de capitaux injectés par Al Naboodah et par quelques autres entrepreneurs du Golfe. Phoenix Capital, l'unité de développement commercial d'Al Naboodah, cherchera à établir une voie à double sens dans le domaine des investissements entre Israël et les Émirats arabes unis, et avec les 220 entreprises faisant partie du portefeuille d'OurCrowd dans le monde entier.

«Je pense que cela prouve que l'une des premières entreprises vers laquelle Al Naboodah s'est tourné était OurCrowd. Cela prouve en effet que le langage des affaires est universel. Les deux pays ont déjà travaillé avec le reste du monde. Ce n'est pas la première fois qu'un marché s'ouvre à l’international depuis les Émirats arabes unis.»

«La mentalité entrepreneuriale et commerciale est solide dans les deux pays, et une fois la normalisation politique réalisée, on remarque à quel point les choses peuvent évoluer rapidement. Les deux parties possèdent certes une grande expérience dans la conclusion d'accords au-delà des frontières», a affirmé M. Al-Binali.

Il estime que les possibilités de relations d'investissement mutuellement profitables entre le Golfe et Israël sont nombreuses. «Ces opportunités existent en Israël comme dans les EAU, dans tous les domaines de l'investissement, du développement des affaires, de la recherche et du développement, de l'innovation et du commerce. Les deux pays peuvent être à la fois l'origine et la destination de l'investissement», ajoute-t-il. La valeur finale du fonds pourrait atteindre des «multiples» de la somme initiale de 100 millions de dollars, explique M. Al-Binali.

Certaines synergies de fond entre les EAU et Israël rendent la connexion très intéressante. «Les gouvernements des EAU et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont créé une excellente infrastructure pour permettre aux entreprises étrangères de se développer dans la région. Le gouvernement israélien a créé une «start-up nation» [NDLR: une nation où chacun peut créer une start-up] à la pointe de la technologie mondiale. C'est une adéquation naturelle», ajoute-t-il.

Quelques jours seulement se sont écoulés depuis qu'il a pris son poste, une décision prise un mois après l'accord israélo-américain. Naturellement, il a beaucoup à faire pour déterminer l'affectation des fonds d'investissement. Cependant, trois grands axes de travail ont déjà été définis.

L'un d'eux concerne le vaste portefeuille international d’OurCrowd. Selon lui, « OurCrowd est une plate-forme mondiale – 40 % de ses investissements se font en dehors d'Israël, aux États-Unis, en Australie et à Singapour. L'une des plus grandes licornes [NDLR: une licorne est une start-up non cotée en Bourse dont la valorisation, basée sur un potentiel de croissance très important, dépasse le milliard de dollars.] récentes a vu le jour à Singapour ».

À tout cela vient s'ajouter l'expansion des entreprises du portefeuille existant et futur d'OurCrowd. «Ces entreprises souhaitent développer leurs activités aux EAU, à Bahreïn et dans d'autres pays quand ces derniers décideront de normaliser les liens avec Israël».

Pour M. Al-Binali, «c’est tout à fait logique. Aux EAU, les sociétés ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu, alors qu'en Israël, les impôts sont lourds. Nos lois régissant le travail et le séjour sont très favorables et ouvertes. Nous sommes une nation accueillante qui a reçu des gens du monde entier pendant des décennies. C'est donc simple.»

«Le troisième axe de travail consiste à soutenir les start-up et les entrepreneurs dans plusieurs pays, dont les EAU et le Bahreïn, où les relations sont normalisées. Vous remarquerez que nous envisageons toutes les possibilités et je suis sûr qu'il y en aura beaucoup», ajoute-t-il.

M. Al-Binali évoque les secteurs auxquels le nouveau fonds pourrait s'intéresser. Il estime que la technologie est un catalyseur dans plusieurs domaines: la médecine, l'agriculture, la sécurité nationale, mais aussi la cybersécurité et la technologie financière. «En particulier dans le domaine de la technologie financière, notamment parce qu'Israël dispose de la technologie et que les EAU constituent un centre financier», précise-t-il.

À titre d’exemple d'entreprise «allant dans l'autre sens», il cite l'accord récent de DP World avec la Banque Leumi pour développer la logistique portuaire dans le pays. Cependant, il existe de nombreux autres secteurs potentiels.

Dans l’hôtellerie et le tourisme, il voit ainsi comme un vaste marché prometteur les voyages que souhaitent entreprendre les chrétiens occidentaux vers le Moyen-Orient en passant par Jérusalem et Dubaï. 

Le secteur de la défense est rendu plus complexe par les lois et les traités internationaux qui régissent le commerce des armes, mais, comme le souligne M. Al-Binali, il ne s'agit pas seulement d'armes de guerre.

«La cybertechnologie ne fait pas nécessairement partie du secteur de la défense. Elle peut être utilisée aussi bien par le secteur financier que par les entreprises de télécommunications. Il ne s’agit pas nécessairement de la vente d'armes ou d'armements, nous parlons de technologie», explique-t-il.

La technologie des drones est un autre exemple d’usages multiples. «Les drones peuvent être utilisés à de nombreuses fins tels que l’entretien de pipelines ou les études géologiques. Ils ne concernent pas uniquement le domaine militaire et la sécurité nationale.» 

«Les petits drones peuvent permettre à la défense civile d'avoir une vue instantanée de ce qui se passe lors d'un grand incendie dans un bâtiment. Ces technologies peuvent être utilisées dans l'armée comme elles peuvent être adaptées au contexte civil», poursuit-il.

OurCrowd a été fondée, il y a sept ans, par l'entrepreneur américano-israélien Jonathan Medved, avec un avantage technologique certain. La société comprend Virgin Hyperloop One, la technologie de transport rapide développée aux États-Unis. Néanmoins, elle envisage également de réaliser de grands projets au Moyen-Orient, l'une des sociétés de son portefeuille affichant un intérêt évalué à 3,8 millions de dollars (3,2 millions d’euros).

Al Nabodah est l'une des plus anciennes entreprises familiales des Émirats arabes unis, dont les activités traditionnelles sont la construction, l'immobilier, la logistique et le transport. Selon M. Al-Binali: «Al Naboodah est une société très connue dans le monde de l'investissement et des affaires. Toute personne souhaitant faire des affaires à Dubaï ou aux Émirats arabes unis connaît Al-Naboodah. Ils ont des contacts importants à travers le monde».

En quoi la culture commerciale israélienne est-elle comparable ou au contraire différente de celle des Émirats arabes unis? 

«Elle est similaire dans la mesure où elle est fondée sur la relation, la confiance, et le contact – étayé par des documents juridiques bien entendu. On retrouve la même culture du contact comme point de départ de la relation. Je l’appelle «la culture moyen-orientale». Pour ce qui est de la communication, je comparerais les Israéliens aux Russes, avec lesquels j'ai déjà collaboré. Le langage est beaucoup plus direct.»

«Mais les Israéliens nous comprennent parce qu'ils ont traité avec plusieurs pays qui ont la même culture, et je comprends le style de communication des Israéliens. Il ressemble à celui des Russes, et est assez semblable à celui des New-Yorkais», ajoute-t-il. 

Al Naboodah est également présent à Riyad et a réalisé de nombreux projets en Arabie saoudite. Si M. Al-Binali estime qu'il est trop tôt pour évoquer un rapprochement entre le Royaume et Israël, il est convaincu que les opportunités commerciales sont également nombreuses dans ce pays.

«Nous ne pouvons pas aborder concrètement la question avant que l'Arabie saoudite ne décide si elle veut ou non normaliser. Mais je peux dire que nous verrions les affaires se développer aussi rapidement qu’elles l’ont fait ici, car les Saoudiens présentent les mêmes caractéristiques.»

«Les institutions gouvernementales saoudiennes ont l'habitude de traiter avec des entreprises venant du monde entier. Les familles d'affaires saoudiennes sont aussi très ouvertes sur le monde. Les mêmes facteurs qui me font croire que les premiers pas vers le succès du partenariat EAU-Israël existent aussi en Arabie saoudite –à la différence que le Royaume a une économie beaucoup plus importante.»

«Quand les relations seront normalisées – si elles le sont –, je suis convaincu que cela apportera une énorme valeur ajoutée sur le plan des affaires, en Arabie saoudite comme en Israël, mais aussi aux EAU, et au Bahreïn. Plus le CCG sera considéré comme un grand marché commun, plus l'intérêt sera fort», affirme M. Al-Binali.

«Certains de mes amis du monde des affaires à New York me disent qu'ils sont prêts à se lancer dans n'importe quel projet de coopération entre Israël et les Émirats arabes unis. Pour eux, il s'agit d'une voie d'affaires vierge qui peut rapporter d'énormes dividendes», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.