Dans un contexte de tensions croissantes en Méditerranée, Ankara juge "nuls et non avenus" des propos de Macron

Photo éloquente d’Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan lors de la photo de famille du sommet de l’OTAN, en décembre 2019. (Christian HARTMANN/AFP)
Photo éloquente d’Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan lors de la photo de famille du sommet de l’OTAN, en décembre 2019. (Christian HARTMANN/AFP)
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Publié le Vendredi 24 juillet 2020

Dans un contexte de tensions croissantes en Méditerranée, Ankara juge "nuls et non avenus" des propos de Macron

  • La Turquie a déclaré jeudi "nuls et non avenus" des propos du président français Emmanuel Macron accusant Ankara de violer la souveraineté de la Grèce et de Chypre en Méditerranée orientale.
  • M. Macron a tenu les propos rejetés par la Turquie en recevant jeudi à Paris son homologue chypriote Nicos Anastasiades.

ANKARA : "Je veux une nouvelle fois redire la pleine solidarité de la France avec Chypre mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie", a affirmé le président français dont la déclaration a aussi été publiée en grec sur sa page Facebook. "Il n'est pas acceptable que l'espace maritime d'un État membre de notre union soit violé ou menacé. Ceux qui y contribuent doivent être sanctionnés", a dit M. Macron. Les propos de M. Macron sont "nuls et non avenus" et la menace de sanctions que le président français a évoquée "n'aboutira à rien", a répliqué le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy.

M. Aksoy a affirmé que la Turquie agissait en Méditerranée orientale conformément au droit international. La marine grecque a été mise en état d'alerte mercredi après que la Turquie a dépêché des navires militaires à proximité de la plus orientale des îles grecques, Kastellorizo, pour accompagner un navire d'exploration gazière sous-marine.  Athènes a appelé Ankara à "cesser immédiatement ses actions illégales" qui "violent sa souveraineté et menacent la paix et la sécurité de la région".

La France et la Turquie sont toutes deux membres de l'Otan mais leurs relations se sont détériorées dernièrement en raison de leurs divergences de vues sur la Libye et sur la situation en Méditerranée orientale. Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères s'est livré jeudi à une vive critique de la politique de la France dans la région. "La France devrait cesser de monter sur ses grands chevaux et mener plutôt des politiques sensées et rationnelles", a déclaré M. Aksoy. Les dirigeants français "devraient arrêter de soutenir des putschistes en Libye, des terroristes en Syrie et ceux qui pensent « Je suis le seul maître ici » en Méditerranée orientale", a dit le porte-parole turc.

Ankara soutient en Libye le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU, dirigé par Fayez al-Sarraj et qui siège à Tripoli, dans l'ouest de la Libye. La Turquie a déployé des troupes sur place. L'est de la Libye est contrôlé par les forces du maréchal Khalifa Haftar, soutenu par l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Russie. La France nie soutenir le maréchal Haftar mais elle est souvent soupçonnée de le favoriser. Paris a critiqué à plusieurs reprises les actions turques dans la crise libyenne. Les tensions entre les deux pays sont montées d'un cran après un incident maritime entre deux bâtiments de guerre. En Méditerranée orientale, les facteurs de tension se multiplient ces dernières années. Plusieurs puissances comme la Turquie, Israël, l'Égypte et la Grèce sont en concurrence pour le contrôle de ressources énergétiques.


Enseignante agressée dans le Bas-Rhin: un adolescent de 14 ans interpellé

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  • Au moment de son interpellation, le jeune garçon s'est porté lui-même des coups de couteau, a-t-on ajouté de même source
  • Selon le quotidien régional les Dernières nouvelles d'Alsace (DNA), le pronostic vital de l'enseignante n'est pas engagé

STRASBOURG: Un adolescent de 14 ans a été interpellé mercredi matin à Benfeld (Bas-Rhin) après avoir agressé à l'arme blanche d'une enseignante de 66 ans, blessée au visage dans sa classe, a-t-on appris auprès de la gendarmerie.

Au moment de son interpellation, le jeune garçon s'est porté lui-même des coups de couteau, a-t-on ajouté de même source.

Selon le quotidien régional les Dernières nouvelles d'Alsace (DNA), le pronostic vital de l'enseignante n'est pas engagé.

Les faits ont eu lieu dans la classe du collège Robert Schuman, pour des raisons encore inconnues, précise la gendarmerie.

Selon les DNA, les élèves du cours où s'est déroulé l'agression ont été confinés dans la salle de classe avant d'être déplacés au foyer du collège.

Les autres élèves ont été évacués vers la salle des fêtes dans l'attente d'être récupérés par leurs parents.


L'intersyndicale à Matignon pour tenter d'arracher des mesures de rupture

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C), entouré de la ministre sortante du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille Catherine Vautrin (2e à gauche), quitte les lieux après sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C), entouré de la ministre sortante du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille Catherine Vautrin (2e à gauche), quitte les lieux après sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Les syndicats, unis et mobilisés contre l’austérité et pour la justice sociale, rencontrent ce mercredi Sébastien Lecornu
  • Alors que le Premier ministre n’a toujours pas formé son gouvernement ni présenté sa feuille de route, les attentes syndicales sont élevées et les tensions sociales vives

PARIS: Sébastien Lecornu peut-il éviter une nouvelle journée de manifestations? Le Premier ministre, toujours sans gouvernement et en quête de moyens pour boucler un budget, reçoit mercredi l'intersyndicale, qui lui demande des signes forts de rupture.

A 10H00, CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront reçus ensemble à Matignon, cinq jours après avoir fixé leur "ultimatum" à Sébastien Lecornu à la suite d'une journée de mobilisation bien suivie contre l'austérité et pour la justice fiscale.

Depuis son arrivée à Matignon, où il avait d'emblée promis "des ruptures", "sur le fond" et "pas que sur la forme", le Premier ministre a déjà noué contact avec les partenaires sociaux en recevant d'abord les organisations représentatives une à une. Il a cette fois, c'est plus inhabituel, invité l'ensemble des composantes de l'intersyndicale.

"Si nous n'avons pas une réponse favorable à l'ensemble de nos revendications, nous appellerons immédiatement à une nouvelle journée de grève et de manifestations", a averti mardi, au micro d'Ici Limousin, la numéro un de la CGT Sophie Binet à Limoges, où elle célébrait les 130 ans de son syndicat.

- "Mettre la barre haut" -

Abandon du recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, du doublement des franchises médicales, du gel des prestations, d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage, mais aussi "conditionnalité sociale et environnementale des aides publiques aux entreprises privées"... La liste des exigences syndicales est longue et la suspension - a minima - de la réforme des retraites de 2023 y occupe une place centrale.

"Nous voulons l'abrogation de cette réforme des retraites puisque c'est la source de tous les problèmes", a redit Sophie Binet, voyant dans le "passage en force" d'Emmanuel Macron sur ce dossier l'origine de la "crise démocratique" en cours.

Chez Solidaires, on assume aussi de "mettre la barre haut" pour cette rencontre avec le Premier ministre "parce qu'il y a urgence à une rupture pour les plus précaires", explique l'une des deux co-déléguées générales, Murielle Guilbert.

Sur les retraites, "des mesurettes sur la pénibilité ou le droit de femmes, même si elles sont aussi nécessaires, ne seront pas à même de calmer le jeu", prévient-elle.

Face à eux, le Premier ministre n'a que peu laissé filtrer ses intentions.

La CFDT "attend des ruptures sur le contenu, les objectifs, le cadre", souligne son numéro 2, Yvan Ricordeau. "Mais là-dessus, on n'a rien" depuis son arrivée à Matignon, constate-t-il.

- Medef reçu aussi -

Comme "les négociations avec les différents partis politiques pour une coalition ou plutôt une coalition de non-censure" continuent, Cyril Chabanier de la CFTC ne s'attend pas, pour sa part, à des réponses sur tous les sujets qui fâchent dès mercredi.

Il espère toutefois des "gestes d'ouverture forts", telle que la non-application de l'année blanche - le gel des prestations - "a minima" aux retraités et aux salariés les plus modestes ou l'annulation de la lettre de cadrage sur l'assurance chômage.

De la CGT à la CFTC, on souligne l'ampleur de la colère qui s'est exprimée dans la rue le 18 septembre.

"Il y a un million de personnes qui ont exprimé leur colère, elles ne vont pas rentrer chez elles comme ça", prévient Denis Gravouil de la CGT, qui accompagnera Sophie Binet à Matignon.

A l'issue de la rencontre, l'intersyndicale se réunira rapidement pour décider de la suite. Marylise Léon, la cheffe de file de la CFDT, sera aussi l'invitée du 20H de France 2.

Sans annonce forte, une nouvelle manifestation pour maintenir la pression sur le Premier ministre avant son discours de politique générale, semble probable.

Le Premier ministre recevra aussi les organisations patronales mercredi après-midi.

Le patron du Medef, Patrick Martin, dénonce les "théories dangereuses pour nos entreprises" qui alimentent le débat, comme la taxe Zucman. Il a annoncé mardi un "énorme meeting" de toutes les organisations patronales "dans quelques jours".


L'accord franco-britannique sur l'immigration à l'épreuve du réel

Un navire de la Border Force arrive à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 19 septembre 2025. Il transporte des migrants recueillis en mer qui tentent de traverser la Manche depuis la France. (AFP)
Un navire de la Border Force arrive à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 19 septembre 2025. Il transporte des migrants recueillis en mer qui tentent de traverser la Manche depuis la France. (AFP)
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  • L’accord franco-britannique sur l’échange de migrants, pourtant présenté comme innovant, rencontre de sérieux obstacles juridiques et logistiques
  • Plusieurs spécialistes, dont des juristes, alertent sur les risques de violations du droit d’asile et sur l’inefficacité d’un système qui vise 2.500 échanges alors que plus de 31.000 personnes ont traversé la Manche en 2025

PARIS: Vue de France, l'application du nouvel accord franco-britannique pour tenter de contrôler l'immigration s'avère plus compliquée que prévu, observent plusieurs spécialistes, plutôt sceptiques sur l'efficacité de ce dispositif présenté comme novateur.

"C'est le bazar. On est surpris de la difficulté de sa mise en oeuvre", confie à Paris, sous couvert d'anonymat, un technicien chargé de cet accord conclu en juillet lors d'une visite du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni.

Annoncé comme "révolutionnaire" par le Premier ministre travailliste britannique Keir Starmer, le texte prévoit le retour en France de migrants arrivés à bord de petits bateaux au Royaume-Uni, en échange de l'envoi dans le sens inverse de migrants pouvant prétendre à une régularisation sur le principe du "un pour un".

Après plusieurs annulations, "au dernier moment en raison du risque de recours juridique", relate le technicien interrogé par l'AFP, un Indien, un Erythréen ainsi qu'un Iranien ont pu finalement être expulsés en France en fin de semaine dernière. Une quatrième personne a été renvoyée en France, a indiqué mardi le Home office.

Ces migrants, accueillis en France après examen de leur profil, doivent être placés dans un centre d'hébergement "où ils seront incités à accepter l'aide au retour volontaire" proposée par l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration), avait indiqué le 13 septembre à l'AFP Didier Leschi, le directeur général de cet organisme.

Rien ne les empêche de déposer une demande d'asile et, en cas de refus, de disparaître des radars des autorités françaises, observent plusieurs sources.

- "Accord de dupe" -

Dans le sens France-Grande Bretagne, "visiblement ça coince", confie également à l'AFP un proche du dossier. L'envoi samedi du premier migrant a été annulé et devait être reporté à mardi.

Muet sur la mise en oeuvre de l'accord, le ministère de l'Intérieur français - démissionnaire dans l'attente de l'annonce d'un nouveau gouvernement - souligne que le dispositif, prévu jusqu'en juin 2026, est encore "très expérimental".

Le gouvernement britannique, sous pression de l'extrême droite et d'importantes manifestations anti-migrants, reconnait qu'il faut "intensifier le processus", mais assure de son côté qu'avec les premiers renvois ils ont "pu prouver" que le programme "fonctionne".

"C'est un  accord de dupe. Des textes internationaux protègent les droits humains fondamentaux et les recours vont être nombreux", contredit Serge Slama, professeur de droit public, pour qui séparer "les bons des mauvais migrants n'a aucun sens".

Selon la Convention de Genève ratifiée par les deux Etats, il est illégal d'empêcher le dépôt d'une demande de protection internationale d'un demandeur d'asile qui aurait fui son pays en raison de persécutions.

Une demande, une fois déposée, a de vraies chances d'aboutir: les dix principales nationalités ayant demandé l'asile au Royaume-Uni ont obtenu le statut de réfugié à 72 % en 2024 et 56% en 2025, partage son confrère Yves Pascouau, doctorant en droit public.

- Objectif: 2.500 échanges -

"Quand vous avez réussi à franchir le désert, survécu à l'enfer libyen, traversé la Méditerranée et que vous apercevez les côtes britanniques, ce n'est pas l'inscription sur une plateforme informatique", démarche demandée aux prétendants à l'envoi au Royaume uni, "avec une réponse incertaine, qui va vous retenir en France", ajoute ce conseiller du think tank European Policy Centre.

"Le tuyau ouvert est extrêmement étroit et les demandes vont être nombreuses, les passages illégaux vont donc continuer", abonde une source au fait de cet accord, confirmant le chiffre de 2.500 échanges visés quand ils sont plus de 31.000, un record, à avoir traversé La Manche depuis le début de l'année sur des embarcations de fortune.

Au moins 23 migrants sont décédés dans ces traversées en 2025.

Depuis 2018, le Royaume-Uni a versé plus de 767 millions d'euros à la France pour empêcher les traversées. "Un coût extrêmement élevé avec des résultats sans proportion", relève M. Pascouau, prédisant le même destin que celui noué entre l'Union européenne et la Turquie pour retenir les réfugiés syriens en 2016.

S'il a fait d'abord considérablement baissé les arrivées en Grèce, de nouvelles voies migratoires sont apparues, et les renvois de migrants accostant en Grèce vers le voisin turc sont restés très faibles: 2.140 entre 2016 et 2020, selon un rapport de la commission européenne de 2021.