Tanzanie: 1er meeting de l'opposition depuis la fin de l'interdiction des rassemblements politiques

Des partisans du principal parti d'opposition tanzanien, Chadema, tiennent les drapeaux du parti sur une moto lors de leur premier rassemblement politique après la levée d'une interdiction imposée en 2016, à Furahisha Grounds à Mwanza, le 21 janvier 2023 (Photo, AFP).
Des partisans du principal parti d'opposition tanzanien, Chadema, tiennent les drapeaux du parti sur une moto lors de leur premier rassemblement politique après la levée d'une interdiction imposée en 2016, à Furahisha Grounds à Mwanza, le 21 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 janvier 2023

Tanzanie: 1er meeting de l'opposition depuis la fin de l'interdiction des rassemblements politiques

  • La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan avait annoncé début janvier la levée de l'interdiction des meetings, qui frappait l'opposition depuis 2016
  • Des milliers de partisans de Chadema se sont rassemblés dans la ville de Mwanza (nord), au bord du lac Victoria

MWANZA: Le principal parti d'opposition en Tanzanie a tenu samedi son premier meeting depuis que l'interdiction des rassemblements politiques, décrétée en 2016, a été levée, faisant naître l'espoir de plus de libertés dans le pays d'Afrique de l'Est.

"Dieu merci, le jour est venu où nous parlons avec nos concitoyens tanzaniens dans le cadre de ce rassemblement public", a dit Freeman Mbowe, le président de ce parti, Chadema, à ses partisans.

Des milliers de partisans de Chadema se sont rassemblés dans la ville de Mwanza (nord), au bord du lac Victoria, nombre d'entre eux portant les couleurs bleu, rouge et blanc du parti.

Ils en ont scandé le slogan et ont entonné des chants à la gloire de leurs dirigeants, tandis qu'une poignée de policiers veillaient sur le site.

"Ce n'était pas facile, après ces sept ans d'interdiction des meetings politiques", a affirmé Jon Mrema, le directeur de la communication de Chadema, sous les applaudissements de ses partisans.

"Nous nous sommes tus pendant presque sept ans mais enfin, nos droits sont rétablis et nous sommes prêts à aller de l'avant", a lancé une habitante de Mwanza, Mary Dismas.

Ombres et ouvertures 

La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan avait annoncé début janvier la levée de l'interdiction des meetings, qui frappait l'opposition depuis 2016.

Cette interdiction avait été décidée par son prédécessseur John Magufuli, surnommé "le bulldozer" pour son style brutal et intransigeant.

Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir après le décès soudain de John Magufuli en mars 2021, cherche à rompre avec certaines pratiques de son prédécesseur, une évolution saluée avec prudence par l'opposition et les ONG de défense des droits humains.

M. Magufuli avait interdit les rassemblements politiques à son entrée en fonction, déclarant qu'il était temps de travailler, et non de faire de la politique.

Ses opposants l'ont accusé d'avoir appliqué l'interdiction à la seule opposition. Le parti au pouvoir était libre de se rassembler, alors que les meetings rivaux étaient violemment dispersés par la police et leurs organisateurs emprisonnés.

L'arrivée au pouvoir de Mme Hassan avait tout de suite créé l'optimisme. La première femme élue présidente en Tanzanie avait tendu la main à ses rivaux, rouvert des médias interdits et était revenue sur des politiques controversées de M. Magufuli.

Mais sa présidence a aussi connu sa part d'ombre lorsque le président de Chadema, Freeman Mbowe, ainsi que plusieurs autres dirigeants du parti, avaient été arrêtés en juillet 2021, quelques heures avant qu'ils n'organisent un débat public pour demander des réformes constitutionnelles.

M. Mbowe a ainsi passé sept mois en prison pour des accusations de "terrorisme", après avoir été arrêté à Mwanza, la ville où s'est tenu le rassemblement de samedi.

La présidente Hassan, elle-même confrontée à une opposition interne au sein de son parti Chama Cha Mapinduzi, a toutefois donné d'autres gages d'ouverture: début 2022, elle avait rencontré à Bruxelles le vice-président de Chadema, Tundu Lissu, candidat à la présidentielle en 2020 au nom de son parti mais qui vit en exil en Belgique après avoir réchappé d'un attentat en 2017.

M. Lissu a annoncé la semaine dernière qu'il rentrerait en Tanzanie le 25 janvier, assurant que 2023 serait "une année importante dans l'histoire" du pays.

«Conversation de réconciliation»

Freeman Mbowe s'est lui aussi montré optimiste. "Notre conversation de réconciliation avec la présidente a porté ses fruits car même la police qui m'a arrêté à Mwanza veille aujourd'hui sur notre rassemblement", a-t-il déclaré, en exhortant ses partisans à applaudir les membres des forces de l'ordre "pour leur bon travail".

Le dirigeant de 61 ans a rappelé que les revendications pour une nouvelle constitution et un corps électoral indépendant restaient des priorités du parti. Les précédentes tentatives de modification de la loi fondamentale ont échoué en 2014, l'opposition se heurtant au refus du gouvernement.

Selon les dirigeants de Chadema, une série de rassemblements sont déjà prévus pour consulter la base du parti.

"Nous allons organiser autant de meetings que possible, pour atteindre toutes les circonscriptions et villages du pays", a expliqué Sharifa Suleiman, présidente en exercice de la branche féminine de Chadema. "C'est le moment pour nous de déblayer le terrain pour les élections de 2025".

Un autre dirigeant, Hashim Juma Issa, a estimé que Chadema ouvrait "une nouvelle page", tout en célébrant son 30e anniversaire.


L'Ukraine veut une réunion de l'ONU pour mettre fin au « chantage nucléaire» de la Russie

Des soldats ukrainiens participent à des exercices militaires simulant une éventuelle attaque dans la zone de Tchernobyl à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, le 20 février 2023. (Photo, AFP)
Des soldats ukrainiens participent à des exercices militaires simulant une éventuelle attaque dans la zone de Tchernobyl à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, le 20 février 2023. (Photo, AFP)
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  • Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative
  • Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d'armement

KIEV: L'Ukraine a appelé dimanche à organiser une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour contrer le "chantage nucléaire" de la Russie, après l'annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires au Bélarus.

Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative. Le Bélarus, un allié de Moscou, est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.

"L'Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des Etats-Unis et de la France" en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Nous demandons qu'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies soit immédiatement convoquée à cette fin", a-t-il ajouté en appelant aussi le G7 et l'Union européenne à faire pression sur le Bélarus en le menaçant de "conséquences considérables" s'il venait à accepter le déploiement russe.

Premier pays occidental à réagir à l'annonce de Vladimir Poutine, l'Allemagne a dénoncé une "nouvelle tentative d'intimidation nucléaire" de la part de Moscou. "Nous n'allons pas nous laisser dévier de notre cap" par ces menaces, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l'anonymat.

L'Otan a fustigé une "rhétorique nucléaire dangereuse et irresponsable", disant "suivre la situation de près".

Plus tôt dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov avait estimé que "le Kremlin a pris le Bélarus comme otage nucléaire" et représentait un "pas vers la déstabilisation interne du pays", dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.

«Faire peur»

Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires "tactiques" au Bélarus et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d'armement.

"Il n'y a rien d'inhabituel ici : les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés", a déclaré M. Poutine lors d'une interview à la télévision russe.

"Nous avons convenu de faire de même", a-t-il ajouté, disant prévoir de "former les équipages" à partir du 3 avril et de "terminer la construction d'un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire du Bélarus" le 1er juillet.

Les Etats-Unis stockent des armes à composante nucléaire dans des bases en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Les armes nucléaires "tactiques" ont une puissance moindre par rapport à celles dites "stratégiques" mais leurs effets restent mortels et imprévisibles.

M. Poutine "admet qu'il a peur de perdre (la guerre) et que tout ce qu'il peut faire, c'est de faire peur", a déclaré dimanche sur Twitter un conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak.

Il a également accusé le dirigeant russe de "violer le traité de non-prolifération nucléaire".

M. Poutine, lors de son annonce, avait précisé que ce déploiement au Bélarus se ferait "sans contrevenir à nos accords internationaux sur la non-prolifération nucléaire".

Si le Bélarus ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.

Obus à l'uranium

Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

M. Poutine a menacé de recourir également à ce type d'obus, utilisé pour percer les blindages, si Kiev venait à en recevoir.

Il a qualifié ce type d'obus d'arme parmi "les plus dangereuses" et qui "génère ce que l'on appelle des poussières de radiation".

Lors de récentes négociations à Moscou entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, les deux dirigeants avaient énoncé dans une déclaration commune qu'une guerre nucléaire "ne doit jamais être déclenchée", car "il ne peut y avoir de vainqueurs".

Plusieurs responsables russes, dont l'ancien président Dmitri Medvedev, ont toutefois menacé l'Ukraine et les Occidentaux de l'arme nucléaire depuis le début de l'offensive russe lancée le 24 février 2022.

La Russie a en outre suspendu le mois dernier l'important traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les Etats-Unis, bien qu'elle a promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu'à la fin effective de cet accord le 5 février 2026.

La doctrine nucléaire russe ne prévoit pas l'utilisation préventive par la Russie de l'arme nucléaire, mais seulement en réponse à une attaque contre elle ou ses alliés, ou en cas de "menace sur l'existence même de l'Etat".


Armes nucléaires au Bélarus: «La rhétorique de la Russie est dangereuse et irresponsable», estime l'Otan

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, quitte une conférence de presse après une réunion des ministres de la Défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, quitte une conférence de presse après une réunion des ministres de la Défense de l'alliance au siège de l'OTAN à Bruxelles le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
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  • «L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation», a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu
  • «Nous n'avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre», a-t-elle souligné

BRUXELLES: "La rhétorique nucléaire de la Russie est dangereuse et irresponsable", a estimé dimanche l'Otan après l'annonce par le président russe Vladimir Poutine d'un déploiement d'armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié, le Bélarus.

"L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation", a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu. "Nous n'avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre", a-t-elle souligné.

Vladimir Poutine a justifié le déploiement d'armes nucléaires au Bélarus par les déploiements d'armes américaines en Europe.

"Il n'y a rien d'inhabituel ici : les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés", a déclaré le président russe lors d'une interview diffusée samedi à la télévision. "Nous avons convenu de faire de même", a-t-il ajouté, en précisant avoir l'accord de Minsk.

"La référence de la Russie au partage nucléaire de l'Otan est totalement trompeuse. Les alliés de l'Otan agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n'a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au nouveau traité START", a réagi la porte-parole de l'Otan. "La Russie doit revenir au respect de ses engagements et agir de bonne foi", a ajouté Oana Lungescu.

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit. Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.


Le navire humanitaire Louise Michel immobilisé par l'Italie

Le navire de sauvetage Louise Michel financé par l'artiste britannique Banksy est photographié après une opération de sauvetage au large de Malte, le 29 août 2020 (Photo, AFP).
Le navire de sauvetage Louise Michel financé par l'artiste britannique Banksy est photographié après une opération de sauvetage au large de Malte, le 29 août 2020 (Photo, AFP).
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  • Les gardes-côtes ont confirmé l'immobilisation de l'ancien navire de la Marine française, décoré par l'artiste Banksy, l'un de ses sponsors
  • Le Louise Michel s'est vu assigner le port de Trapani, en Sicile, mais «a contrevenu à cette injonction en se dirigeant vers trois autres bateaux de migrants»

ROME: Le navire humanitaire allemand Louise Michel, qui porte secours aux migrants tentant de traverser la Méditerranée, est immobilisé depuis samedi sur l'île de Lampedusa par les autorités italiennes, a annoncé dimanche l'ONG l'ayant affrété.

"Nous savons qu'il y a des dizaines de bateaux en détresse aux abords de l'île en ce moment même, mais nous sommes empêchés de leur porter secours. C'est inacceptable!", a dénoncé l'ONG du même nom sur son compte Twitter.

Dans un communiqué, les gardes-côtes ont confirmé l'immobilisation de l'ancien navire de la Marine française, décoré par l'artiste Banksy, l'un de ses sponsors.

Après avoir effectué une première opération de secours dans les eaux libyennes, le Louise Michel s'est vu assigner le port de Trapani, en Sicile, mais "a contrevenu à cette injonction en se dirigeant vers trois autres bateaux de migrants", ont-ils justifié.

Depuis son entrée en fonction en octobre 2022, l'exécutif italien à majorité d'extrême droite a multiplié les entraves aux opérations des navires humanitaires en Méditerranée et engagé un bras de fer avec ses partenaires européens pour obtenir d'eux davantage de solidarité dans l'accueil des migrants.

Un décret entré en vigueur au début de l'année oblige les navires humanitaire à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès en Méditerranée centrale, considérée par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) comme la route migratoire la plus dangereuse au monde.

L'agence onusienne estime qu'en 2022, 1 417 migrants y ont disparu.

Dans le cas du Louise Michel, navire de taille modeste (30 mètres), l'interdiction qui lui était faite de réaliser plusieurs interventions à la fois était destinée à éviter qu'il "ne prenne à bord un nombre de personnes tel qu'il puisse nuire à sa sécurité et à celle des embarcations de migrants auxquelles ils portent secours", ont fait valoir les gardes-côtes.

Ces derniers jours, des milliers de migrants ont débarqué sur l'île de Lampedusa, au large des côtes orientales de la Tunisie, à bord de leurs propres embarcations ou de vedettes des gardes-côtes italiens. Le Louise Michel a de son côté récupéré 180 personnes en mer avant de les déposer sur l'île.

Si les ONG ne transportent qu'un faible pourcentage des migrants, le gouvernement italien les accuse de stimuler par leur action leurs arrivées et d'encourager les trafiquants.