Energie: des centaines de boulangers manifestent à Paris pour demander plus d'aides

A l'appel de collectifs, des artisans boulangers manifestent place de la Nation à Paris contre la hausse des coûts de l'energie. (Photo, AFP)
A l'appel de collectifs, des artisans boulangers manifestent place de la Nation à Paris contre la hausse des coûts de l'energie. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 24 janvier 2023

Energie: des centaines de boulangers manifestent à Paris pour demander plus d'aides

  • La confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie n'avait pas appelé à manifester, satisfaite du dialogue en cours avec le gouvernement et des dispositifs en place, bien que ceux-ci soient encore peu connus des entreprises
  • «Notre facture a été multipliée par quatre, ce qui représente deux salaires, et on n'a vraiment pas envie de devoir licencier», témoigne Guillaume, boulanger en Gironde

PARIS: Plusieurs centaines de manifestants, pour la plupart des boulangers, se sont rassemblés lundi à Paris pour demander des aides supplémentaires face à la hausse des prix de l'énergie, a constaté un journaliste.

La confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie n'avait pas appelé à manifester, satisfaite du dialogue en cours avec le gouvernement et des dispositifs en place, bien que ceux-ci soient encore peu connus des entreprises.

Mais plusieurs collectifs, dont le "Collectif pour la survie de la boulangerie et de l'artisanat", ont appelé à une marche vers le ministère de l'Economie. Des centaines de boulangers ont répondu présent, baguettes à la main.

Une dizaine de députés France insoumise (dont Antoine Léaument et Danielle Simonnet) et du Rassemblement national (dont Sébastien Chenu), le député Debout La France Nicolas Dupont-Aignan et l'ancien candidat à l'élection présidentielle Jean Lassalle ont rejoint les boulangers, à la fois pour demander un élargissement du bouclier tarifaire mais aussi, pour certains, la sortie du marché européen de l'énergie.

Le bouclier tarifaire, qui limite la hausse des prix, est ouvert aux très petites entreprises (moins de 10 salariés et chiffre d'affaires annuel inférieur à 2 millions d'euros) dont le compteur électrique affiche une puissance de moins de 36kVA.

Les boulangers en sont de fait exclus, en raison de la consommation des fours.

Le collectif estime insuffisants les autres dispositifs d'aide mis en place par l'exécutif, comme l'amortisseur électricité, le guichet d'aide au paiement des factures de gaz et d'électricité, le report du paiement des impôts et des cotisations sociales ou encore la résiliation sans frais des contrats d'énergie les plus exorbitants.

"Notre facture a été multipliée par quatre, ce qui représente deux salaires, et on n'a vraiment pas envie de devoir licencier", témoigne Guillaume, boulanger en Gironde.

Mickael François, boulanger dans le Maine-et-Loire, est venu accompagné de son apprenti Bryan, 17 ans.

"J'ai déjà dû licencier mon unique employé et dans ces conditions-là, je ne peux pas prolonger mon apprenti (...) et je vais tout simplement devoir déposer le bilan", déclare, dépité, cet artisan.

Les boulangers ne sont pas les seuls à demander un élargissement des aides. La Confédération des PME les juge encore "insuffisants", peu vulgarisés et trop "segmentés" en fonction de la taille des entreprises.

Le gouvernement a pourtant multiplié les aides ces derniers mois et encore début janvier en limitant le prix de l'électricité à 280 euros le mégawattheure pour les très petites entreprises (TPE) en 2023.

La CPME a salué l'initiative du géant pétrolier TotalEnergies qui s'est engagé la semaine dernière à permettre aux PME de renégocier leur contrat pour parvenir à ce prix, invitant les autres fournisseurs à faire de même.

Les énergéticiens étaient par ailleurs reçus lundi après-midi au ministère à Bercy.

A l'issue de cette réunion, TotalEnergies a indiqué qu'il contribuerait au dispositif visant à protéger les TPE à hauteur d'un rabais de 100 euros le MWh.

Pour faire face à la hausse des prix, des méthodes radicales sont de plus en plus envisagées par les entreprises, boulangers en tête.

A Marseille, la CGT-Energie a même évoqué la possibilité de procéder à une "manipulation sur le compteur" pour que les boulangers puissent bénéficier de fortes réductions sur leur facture.

"On a la capacité technique de le faire, sans mettre en danger les biens ni les personnes", a confié à l'AFP son secrétaire général Renaud Henry, sans donner plus de précisions sur la manière de procéder qui serait toutefois "complètement illégale".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.