Retraites: les députés Nupes déposent une demande de référendum

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel prononce un discours lorsqu'il présente ses vœux de nouvel an au siège du parti à Paris, le 16 janvier 2023. (Photo, AFP)
Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel prononce un discours lorsqu'il présente ses vœux de nouvel an au siège du parti à Paris, le 16 janvier 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 24 janvier 2023

Retraites: les députés Nupes déposent une demande de référendum

  • Vivement opposé au report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, comme l'ensemble de l'alliance de gauche, le président du PCF Fabien Roussel a assuré que «le gouvernement a fait le choix du blocage et de l'affrontement»
  • S'ils parvenaient à faire voter la motion le 6 février par l'Assemblée, ce qui est loin d'être gagné, la motion serait immédiatement transmise au Sénat, qui devrait se prononcer dans un délai de 30 jours

PARIS: A l'initiative des communistes, une centaine de députés de la Nupes ont déposé une demande de référendum sur le projet de réforme des retraites, requête devant être débattue par l'Assemblée le 6 février, a indiqué mardi l'alliance de gauche.

Cette "motion référendaire" vise à suspendre l'examen du projet gouvernemental devant démarrer ce jour-là dans l'hémicycle, afin de soumettre le texte à un référendum et ainsi "rendre la parole au peuple sur ce choix crucial pour son avenir", selon un communiqué.

Vivement opposé au report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, comme l'ensemble de l'alliance de gauche, le président du PCF Fabien Roussel a assuré mardi sur CNews que "le gouvernement a fait le choix du blocage et de l'affrontement".

"Il faut sortir par le haut de cette crise. C'est la raison pour laquelle nous proposons de redonner la parole au peuple et de le faire par la voie d'un référendum", a-t-il souligné.

Selon lui, "98 députés de gauche" ont déposé la motion référendaire. "Dès le 6 février, le jour de l'ouverture des débats à l'Assemblée nationale, nous demanderons à l'ensemble des députés de donner la parole au peuple et de sortir de cette impasse", a-t-il ajouté.

Les quatre chefs de file de la Nupes à l'Assemblée ont signé la motion, André Chassaigne (PCF), Mathilde Panot (LFI), Boris Vallaud (PS) et Cyrielle Chatelain (EELV). Elle doit encore être jugée recevable pour pouvoir être débattue.

Le projet du gouvernement "suscite l’opposition d’une écrasante majorité des Françaises et des Français et une mobilisation sociale inédite", ont-ils justifié dans l'exposé des motifs, où ils estiment qu'"un référendum relève d'une véritable obligation démocratique".

S'ils parvenaient à faire voter la motion le 6 février par l'Assemblée, ce qui est loin d'être gagné, la motion serait immédiatement transmise au Sénat, qui devrait se prononcer dans un délai de 30 jours.

Mais même adoptée par les deux chambres, il ne s'agit que d'une proposition de référendum faite au Président, libre ou pas de donner suite.

La patronne des députés RN Marine Le Pen a indiqué lundi qu'elle déposerait également une telle "motion référendaire" à l'Assemblée sur la réforme des retraites.

Le président du parti d'extrême droite Jordan Bardella avait plaidé peu auparavant pour un tel référendum, pour "sortir par le haut" du débat, et assuré que son parti allait présenter un projet alternatif.


Retraites: 17 enquêtes ouvertes à l'IGPN depuis le début des manifestations

Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin lors d'une conférence de presse des ministres français de l'Intérieur, de la Justice et des Comptes publics, sur la lutte contre les stupéfiants, à l'hôtel Beauvau, ministère de l'Intérieur, à Paris le 1er mars 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin lors d'une conférence de presse des ministres français de l'Intérieur, de la Justice et des Comptes publics, sur la lutte contre les stupéfiants, à l'hôtel Beauvau, ministère de l'Intérieur, à Paris le 1er mars 2023 (Photo, AFP).
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  • «Depuis le 19 janvier (...) nous avons eu 17 procédures judiciaires», a déclaré sur BFMTV Agnès Thibault-Lecuivre
  • Cela signe une accélération récente des saisines, notamment depuis le 16 mars et le début des manifestations sauvages à Paris et dans plusieurs régions

PARIS: L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de 17 enquêtes judiciaires depuis la première journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites en janvier, a indiqué dimanche sa directrice.

"Depuis le 19 janvier (...) nous avons eu 17 procédures judiciaires", a déclaré sur BFMTV Agnès Thibault-Lecuivre, précisant que "ce chiffre est par définition évolutif".

Vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait révélé que onze enquêtes IGPN avaient ouvertes "depuis une semaine".

Cela signe donc une accélération récente des saisines, notamment depuis le 16 mars et le début des manifestations sauvages à Paris et dans plusieurs régions, en réaction au recours à l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter la réforme.

"Il y a eu un changement de nature, d'individus particulièrement radicalisés qui n'étaient pas sur les premières journées nationales d'action", a argumenté la cheffe de l'IGPN.

"De facto, ce changement de nature, ce changement d'atmosphère, cette radicalisation, nous la retrouvons dans nos saisines", a ajouté la magistrate de formation.

Au sujet des propos menaçants et humiliants de policiers, attribués à des membres de l'unité décriée de la BRAV-M, envers de jeunes manifestants et révélés dans un enregistrement audio, Agnès Thibault-Lecuivre s'est dite "comme citoyenne, terriblement choquée".

"Ces abus sont destructeurs pour l'institution Police nationale" et "jette l'opprobre sur l'ensemble des autres services et policiers de terrain qui eux sont exemplaires", a-t-elle regretté.

Une enquête administrative, sur saisine du préfet de police Laurent Nuñez, et une enquête judiciaire, après un signalement adressé samedi au parquet de Paris, ont été ouvertes à l'IGPN sur cette affaire.


Retraites: Bardella (RN) accuse Macron de « spéculer sur la violence»

Le président du Rassemblement national (RN) d'extrême droite français, Jordan Bardella, assiste au lancement de l'école de leadership à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
Le président du Rassemblement national (RN) d'extrême droite français, Jordan Bardella, assiste au lancement de l'école de leadership à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • « Je pense qu'Emmanuel Macron prend un plaisir malsain à ce désordre et à ce chaos, il avait fait la même chose pendant les gilets jaunes», a dénoncé sur France 3 l'eurodéputé
  • Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de chaos

PARIS: Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a accusé dimanche Emmanuel Macron de "spéculer sur la violence" pour "décrédibiliser" le mouvement social qui s'oppose à la réforme des retraites.

"Je pense qu'Emmanuel Macron prend un plaisir malsain à ce désordre et à ce chaos, il avait fait la même chose pendant les gilets jaunes", a dénoncé sur France 3 l'eurodéputé.

"On dirait qu'il spécule sur la violence et sur l'épuisement du mouvement social pour ensuite arriver et dire: +je suis le parti de l'ordre+, pour décrédibiliser le mouvement, je trouve que c'est assez flagrant", a-t-il déploré.

Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de "chaos", à l'orée d'une dixième journée de manifestations mardi.

"Quand on est patriote, quand on est attaché à l'unité nationale, on a forcément le coeur qui saigne lorsqu'on voit des Français affronter d'autres Français, et bien souvent des Français, s'agissant des fonctionnaires de police, qui partagent les revendications des manifestants", a regretté M. Bardella.

Estimant que "les policiers aujourd'hui, et les forces de l'ordre sont à bout", le président du RN a jugé que "le responsable du désordre et le responsable de ces scènes de violence, il est à l'Élysée et il s'appelle Emmanuel Macron".

Décidé à ne rien lâcher sur sa réforme des retraites, l'exécutif paraît résolu à jouer la carte de "l'ordre républicain" face aux violences qui entourent désormais les manifestations, une stratégie qui suscite l'ire des opposants à la réforme.


Retraites: avant un 10e round dans la rue mardi, la crainte du «chaos» s'installe

Les gens participent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait adopter une réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
Les gens participent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait adopter une réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • La contestation de la réforme des retraites s'est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes
  • Face aux violences l'exécutif rejette la faute sur une partie de ses opposants

PARIS: Devant une opinion publique encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites cette semaine, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de "chaos", à l'orée d'une dixième journée de manifestations mardi.

Un court répit, après plusieurs nuits tendues. La contestation de la réforme des retraites s'est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes. Des "rassemblements de proximité" encouragés par l'intersyndicale avant une nouvelle grande journée de mobilisation mardi, avec notamment un cortège parisien qui défilera de la place de la République à Nation.

Alors que les affrontements se sont déplacés, le temps du week-end, autour des bassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), des dégradations de mobilier urbain et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre ont été rapportés ce samedi à Rennes lors du cortège anti-réforme.

Mais rien de comparable avec les "scènes de chaos" dans la capitale bretonne, dont s'était émue sa maire Nathalie Appéré lors de la manifestation de jeudi. Des débordements observés dans de nombreuses autres villes: commissariat attaqué à Lorient, porche de l'hôtel de ville incendié à Bordeaux, heurts et départs de feux innombrables à Paris.

Point d'orgue d'une semaine d'échauffourées quotidiennes, depuis le recours du gouvernement au 49.3 pour faire adopter sa réforme au Parlement, cette neuvième journée à l'initiative des syndicats a aussi marqué un rebond de la mobilisation, avec entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT) de participants.

Succès éclipsé par les accusations de violences, qui visent également les forces de l'ordre: pouce arraché pour une manifestants à Rouen, cheminot "éborgné" à Paris selon SUD-Rail, syndicats "visés par le canon à eau" à Rennes...

Le Conseil de l'Europe s'est alarmé d'un "usage excessif de la force" et les critiques se concentrant sur la BRAV-M, unité à moto chargée du maintien de l'ordre dans la capitale et dont la dissolution n'est "pas à l'ordre du jour" selon le préfet de police Laurent Nuñez.

Une demande de justice

Face aux violences l'exécutif rejette la faute sur une partie de ses opposants.

"Je ne crois pas que ceux qui aujourd’hui tirent au mortier, tentent d’incendier" des bâtiments publics, "ont pour principal motivation la réforme des retraites", a déclaré dimanche Olivier Dussopt lors de l'émission politique de France Inter/France Télévisions et Le Monde. "Ils ont une volonté de désordre."

"Ceux qui protestent sont en colère, il nous faut les entendre", dit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, dans le Journal du dimanche. Rien à voir avec "les factieux qui viennent pour semer le chaos dans le pays".

Argument renvoyé par Laurent Berger, qui rappelle que la réforme des retraites vise à générer "à peine 10 milliards d'euros d'économies" - avec le report de l'âge légal de 62 à 64 ans - et juge "proprement absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos pour si peu".

Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le patron de la CFDT, esquisse une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent "non pas le retrait de la loi, mais sa suspension", ce qui donnerait selon lui le temps "de trouver un compromis social plus intelligent".

Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi "attendre la décision du Conseil constitutionnel" sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant "à la disposition" des syndicats "pour avancer tout de suite" sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail.

"Ma porte est ouverte et celle de l’Elysée aussi. Sur tous le sujets qui sont devant nous", a glissé M. Dussopt assurant qu'il n'y aura "pas de pause" dans les réformes.

Une façon de répondre aux "colères" qui "dépassent largement la réforme des retraites", a expliqué samedi la Première ministre, Elisabeth Borne, voyant dans le mouvement social en cours depuis deux mois "une demande de justice".