L’Arabie saoudite organise sa première Biennale des arts islamiques à Djeddah

La première Biennale des arts islamiques se tient dans le terminal occidental du Hajj, à Djeddah. (Photo AN/Ali Khamaj)
La première Biennale des arts islamiques se tient dans le terminal occidental du Hajj, à Djeddah. (Photo AN/Ali Khamaj)
Amongst Men, une installation de Haroon Gunn-Sali. (Photo AN/Ali Khamaj)
Amongst Men, une installation de Haroon Gunn-Sali. (Photo AN/Ali Khamaj)
L’exposition présente de nombreux artefacts historiques qui ont une importance islamique. (Photo AN/Ali Khamaj)
L’exposition présente de nombreux artefacts historiques qui ont une importance islamique. (Photo AN/Ali Khamaj)
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

L’Arabie saoudite organise sa première Biennale des arts islamiques à Djeddah

  • La première Biennale des arts islamiques de Djeddah célèbre le patrimoine de l’art islamique dans un lieu proche de La Mecque, la source et le berceau de l’islam, tout en établissant un dialogue entre le passé, le présent et l’avenir
  • Les œuvres reflètent non seulement la culture islamique, mais son universalité, ainsi que sa capacité à établir des liens au-delà du Moyen-Orient et à offrir une force unificatrice qui va au-delà de la religion, de la nationalité et de la culture

DJEDDAH: L’Arabie saoudite vit un moment historique avec le lancement de la 1re Biennale des arts islamiques, qui présente des œuvres historiques et contemporaines en provenance du monde entier.
Dans la soirée du 22 janvier, le terminal occidental du Hajj de l’aéroport international Roi- Abdelaziz de Djeddah a accueilli un très grand nombre de visiteurs particulièrement impatients. Ce n’étaient pas là les pèlerins habituels qui utilisent le terminal chaque année pour se rendre à La Mecque, mais des personnes qui attendent une autre forme de voyage, métaphorique, dans le domaine de l’art islamique. C’est ce que leur réserve la toute première Biennale des arts islamiques organisée par le Royaume.
La foule s’est rassemblée sous les auvents impressionnants du terminal du Hajj, conçu par Skidmore, Owings & Merrill et qui a remporté le prix Aga Khan d’architecture en 1983.
Cet événement, qui réunit de nombreuses œuvres d’art nouvellement commandées et inédites, marque un moment historique non seulement pour l’Arabie saoudite et la Fondation de la Biennale de Diriyah, qui a organisé l’événement, mais pour le patrimoine de l’art islamique. En effet, ce dernier n’a pratiquement jamais bénéficié d’une exposition internationale d’une telle envergure depuis le World of Islam Festival, organisé à Londres en 1976.
La 1re Biennale des arts islamiques de Djeddah célèbre le patrimoine de l’art islamique dans un lieu proche de La Mecque, la source et le berceau de l’islam. Elle établit en outre un dialogue entre le passé, le présent et l’avenir à travers des œuvres contemporaines de soixante artistes établis et émergents d’Arabie saoudite et d’ailleurs et avec plus de soixante nouvelles commandes et deux cent quatre-vingts artefacts historiques.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

L’expérience est à la fois éclairante, mystique et enrichissante dans la mesure où cette biennale, tout comme son thème, «Awwal Bait» – qui signifie «première maison» en arabe –, célèbre la beauté et le patrimoine de l’art islamique dans le berceau de l’islam.
«La Biennale islamique, organisée à cet endroit du terminal occidental du Hajj, donne du sens et des perspectives», déclare ainsi Saad Alrachid, éminent chercheur saoudien, archéologue et conservateur de l’événement, dans un entretien accordé à Arab News.
«Djeddah est la porte du Haramain. Elle a une histoire profonde. Il y a une accumulation de cultures en Arabie saoudite. À travers les âges, cette région a été le carrefour des civilisations entre les régions orientale et occidentale, jusqu’au Nord. L’organisation de la Biennale islamique dans un tel site expose au monde entier l’idée d’un lien entre l’ensemble des musulmans et tous ceux qui viennent en Arabie saoudite ou qui en repartent sur le plan géographique, historique et politique.»
Dans le même esprit, le thème de l’exposition, Awwal Bait, raconte comment la Sainte Kaaba, à La Mecque, et la Mosquée du Prophète, à Médine, sont des sources d’inspiration pour les musulmans, à la fois sur le plan culturel et métaphysique. Ils leur permettent d’explorer leur sentiment d’appartenance et de réfléchir à la définition de la maison.
«Fondamentalement, la biennale consiste à donner une maison aux objets contemporains en leur attribuant des origines et à conférer aux objets historiques une maison en leur donnant un avenir», explique Sumayya Vally, directrice artistique de la Biennale des arts islamiques, à Arab News.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

«Voir la biennale prendre vie à travers les voix et les perspectives de nos artistes a été particulièrement émouvant», ajoute-t-elle. «Chacun d’entre eux a saisi avec audace et sensibilité l’occasion qu’offre cette plate-forme pour contribuer à un discours émergent sur les arts islamiques qui, nous l’espérons, se poursuivra.»
L’organisation de la Biennale des arts islamiques est le résultat d’un effort mondial, avec la participation de plus de dix-huit institutions locales et internationales, parmi lesquelles la Présidence générale pour les affaires des deux Saintes Mosquées. Des artefacts ont été prêtés par d’autres institutions internationales prestigieuses qui s’intéressent aux arts islamiques, comme le musée Benaki, à Athènes, le musée d’histoire des sciences de l’université d’Oxford, le Louvre de Paris et le Victoria and Albert Museum à Londres.
La biennale a été organisée par un groupe pluridisciplinaire de spécialistes, dont font partie Omniya Abdel Barr, architecte égyptienne, le Barakat Trust Fellow au Victoria and Albert Museum, et Julian Raby, directeur émérite du Musée national d’art asiatique de la Smithsonian Institution à Washington, DC.
«La tâche qui consiste à trouver des objets qui ont survécu et qui ont été fabriqués à La Mecque et à Médine était ardue», indique Abdel Barr à Arab News. «Nous avons cherché dans les collections pour voir comment nous pouvions établir une conversation entre des objets historiques, tout en gardant à l’esprit le contexte contemporain; c’était la partie la plus passionnante.»
Au niveau régional, la Fondation de la biennale de Diriyah a obtenu des prêts pour exposer auprès d’institutions comme la bibliothèque du roi Abdelaziz, le Musée national, le Centre de recherche et d’études islamiques du roi Faisal et l’université du roi Saoud – toutes basées à Riyad –, ainsi que le Musée des antiquités et du patrimoine de La Mecque, la Présidence générale pour les affaires des deux Saintes Mosquées et l’université Oum al-Qura. De la région au sens large, des œuvres de la collection Al-Sabah, de Dar al-Athar al-Islamiya, au Koweït, du Musée d’art islamique du Caire et du Musée d’art islamique de Doha, entre autres, ont été prêtées.

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Porte de la Kaaba. (Photo AN/Ali Khamaj)

L’expérience visuelle est mystique, comme un pèlerinage à part entière. Elle commence dans l’obscurité avec Cosmic Breath, une œuvre de commande de l’artiste libano-américain Joseph Namy, qui fait entendre des appels à la prière enregistrés. Cette création entre en résonance avec l’installation de l’artiste saoudienne Nora Alissa intitulée Epiphamania: The First Light. Cette dernière révèle divers clichés en noir et blanc de pèlerins qui se trouvent autour de la Kaaba. Sous son abaya, elle les photographie de manière impressionnante. À proximité se trouve un astrolabe islamique positionné vers La Mecque. Ces trois œuvres sont comme le reflet de cette exposition soigneusement organisée, qui montre quel dialogue peut être instauré entre les œuvres d’art islamique historiques et contemporaines.
La structure de la biennale est divisée en quatre galeries et deux pavillons, qui abritent des œuvres d’art consacrées aux rituels islamiques quotidiens et au Hajj. Ces sections visent à évoquer à la fois des émotions personnelles et collectives relatives à la vie spirituelle des musulmans du monde entier.
On trouve à l’extérieur des œuvres à grande échelle, qui sont de récentes commandes et sont situées autour des auvents expansifs et évocateurs du terminal. Elles se mélangent harmonieusement aux rayons du soleil et au paysage de Djeddah, avec ses avions qui décollent haut dans le ciel à un rythme régulier. Des œuvres extérieures communiquent avec la nature et l’architecture du terminal lui-même, récompensée par le prix Aga Khan.
À l’extérieur se trouvent également les pavillons de La Mecque et de Médine, qui présentent du matériel des deux Saintes Mosquées, du Masjid al-Haram et de la Hujra al-Sharifa, à Médine. L’accent est mis ici sur le voyage initial que le prophète Mahomet et ses partisans ont entrepris de La Mecque à Médine afin d’échapper à la persécution. Les objets exposés – à nouveau, un savant mélange de pièces historiques et contemporaines – mettent en lumière le sentiment d’appartenance universelle qui découle du pèlerinage musulman et du retour à la maison.
Autour des pavillons se trouvent des œuvres d’artistes comme Dima Srouji, Shahpour Pouyan, Moath Alofi, Rim al-Faisal, Alia Farid et Lin Ajlan.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

Il convient de mentionner l’installation architecturale de Bricklab Air Pilgrims Accommodation 1958, inspirée du logement historique du Hajj de Djeddah, que la directrice artistique, Sumayya Vally, décrit comme un site qui «a rassemblé des personnes du monde entier en un même endroit – un lieu de production culturelle et de commerce».
«L’idée que véhiculent les œuvres situées à l’extérieur, c’est qu’elles génèrent des invitations à se rassembler, à discuter et à échanger», confie-t-elle à Arab News.
Cette sensation est également présente dans The Endless Iftar de l’artiste tanzanienne Lubna Chowdhary, une table de quarante mètres de long inspirée des rituels de repas et de rassemblement du monde entier pendant le ramadan.
À l’extérieur se trouve également My Place is the Placeless, de Shahpour Pouyan, un artiste iranien qui habite à Londres. Cette œuvre présente trois grands dômes architecturaux de couleurs différentes qui représentent les trois principales traces de l’ADN de l'artiste. Ce dernier a en effet fait un test pour connaître ses origines, qui vont au-delà de son Iran natal et incluent la Scandinavie, l’Asie centrale et du Sud et le Moyen-Orient.
«Il est question d’interdépendance humaine. Le but est de briser les étiquettes et les identités ethniques», explique M. Pouyan à Arab News.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

Comme les autres œuvres exposées, l’œuvre de M. Pouyan reflète non seulement la culture islamique, mais son universalité ainsi que sa capacité à établir des liens au-delà du Moyen-Orient et à offrir une force unificatrice qui va au-delà de la religion, de la nationalité et de la culture.
Comme l’affirme M. Alrachid: «L’islam est une communication de savoir et de culture.»
Il ajoute: «Depuis l’initiative Vision 2030, nous sentons que nous sommes plus accueillants, tout comme les Mecquois, dans le passé, accueillaient les visiteurs pendant le Hajj.»
«Nous montrons au monde entier comment apprécier l’art islamique», soutient-il. «La biennale n’est pas une simple exposition ou quelque chose qui appartient au passé: elle se poursuit à travers la culture et l’intégration grâce au multiculturalisme des musulmans.»
Le thème le plus puissant de l’exposition est sans doute l’idée de l’islam et de son art à travers les âges en tant qu’élément unificateur physique et métaphorique qui continue de servir de lien entre diverses cultures et peuples à travers le monde. C’est également un moyen, comme M. Vally le souligne à Arab News, «de définir pour le reste du monde ce que signifie être musulman de notre propre point de vue, à travers notre propre art et notre propre culture, et de montrer de quelle manière l’islam détient le pouvoir de nous unir tous, même les non-musulmans, à travers notre histoire, nos traditions et nos pratiques spirituelles».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Wissam Wishah, un père palestinien qui a perdu trois de ses enfants, Said, Salma et Eline, lors de frappes israéliennes à proximité de leur maison, rassemble leurs jouets pour les accrocher aux décombres de leur maison dans le camp de réfugiés d'al-Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 1er mai 2025. (AFP)
Wissam Wishah, un père palestinien qui a perdu trois de ses enfants, Said, Salma et Eline, lors de frappes israéliennes à proximité de leur maison, rassemble leurs jouets pour les accrocher aux décombres de leur maison dans le camp de réfugiés d'al-Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 1er mai 2025. (AFP)
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  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.

 


Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de «génocide» des Druzes

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  • Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie
  • L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables"

DAMAS: Israël a mis vendredi sa menace à exécution contre la Syrie en bombardant les abords du palais présidentiel à Damas après que le chef de la minorité druze, protégée par le pouvoir israélien, eut accusé le pouvoir du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh de "génocide".

Le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, venait de dénoncer jeudi soir une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils" de sa communauté, après des affrontements confessionnels en début de semaine qui ont fait plus de 100 morts selon une ONG.

Le chef religieux druze alors réclamé "une intervention immédiate de forces internationales" et Israël -- voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre et qui a pris fait et cause pour les Druzes -- avait aussitôt menacé de répondre "avec force" si Damas ne protégeait pas cette minorité religieuse.

Quelques heures après, à l'aube vendredi, "des avions de combat ont frappé les environs du palais" présidentiel à Damas, a annoncé l'armée israélienne sur Telegram.

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont martelé dans un communiqué, publié en anglais par le journal Times of Israel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz.

Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement de son prédécesseur Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, en prétendant que ce sont des éléments incontrôlés", avait dénoncé le cheikh druze.

"Rhétorique incendiaire" 

L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables".

Des combats cette semaine à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des Druzes, ainsi qu'à Soueïda, ville à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dans l'ouest du pays.

Ces violences avaient été déclenchées par des attaques de militants pro-Assad contre les forces de sécurité du nouveau pouvoir.

Mercredi déjà, l'armée israélienne avait frappé près de Damas, en forme "d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya", selon M. Netanyahu.

Les Druzes sont une minorité de l'islam chiite. Ses membres sont répartis entre le Liban, la Syrie et Israël.

"Nous sommes une partie inaliénable de la Syrie", a souligné un porte-parole du rassemblement des autorités religieuses, chefs traditionnels et groupes armés druzes à Soueïda, ajoutant que la communauté rejetait "toute division" du pays.

Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des éléments échappant à son contrôle d'avoir provoqué les violences.

102 morts 

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces affrontements ont fait 102 morts, dont 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés, 21 combattants druzes et 11 civils à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda, 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.

A Jaramana, des accords entre représentants des Druzes et du pouvoir avaient permis de rétablir le calme mardi soir, de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas où des forces de sécurité ont été déployées.

Et le pouvoir syrien avait réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les Druzes, cherchant, selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, à se ménager des alliés dans le sud syrien à un moment où l'avenir de ce pays reste incertain.