L’Arabie saoudite organise sa première Biennale des arts islamiques à Djeddah

La première Biennale des arts islamiques se tient dans le terminal occidental du Hajj, à Djeddah. (Photo AN/Ali Khamaj)
La première Biennale des arts islamiques se tient dans le terminal occidental du Hajj, à Djeddah. (Photo AN/Ali Khamaj)
Amongst Men, une installation de Haroon Gunn-Sali. (Photo AN/Ali Khamaj)
Amongst Men, une installation de Haroon Gunn-Sali. (Photo AN/Ali Khamaj)
L’exposition présente de nombreux artefacts historiques qui ont une importance islamique. (Photo AN/Ali Khamaj)
L’exposition présente de nombreux artefacts historiques qui ont une importance islamique. (Photo AN/Ali Khamaj)
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

L’Arabie saoudite organise sa première Biennale des arts islamiques à Djeddah

  • La première Biennale des arts islamiques de Djeddah célèbre le patrimoine de l’art islamique dans un lieu proche de La Mecque, la source et le berceau de l’islam, tout en établissant un dialogue entre le passé, le présent et l’avenir
  • Les œuvres reflètent non seulement la culture islamique, mais son universalité, ainsi que sa capacité à établir des liens au-delà du Moyen-Orient et à offrir une force unificatrice qui va au-delà de la religion, de la nationalité et de la culture

DJEDDAH: L’Arabie saoudite vit un moment historique avec le lancement de la 1re Biennale des arts islamiques, qui présente des œuvres historiques et contemporaines en provenance du monde entier.
Dans la soirée du 22 janvier, le terminal occidental du Hajj de l’aéroport international Roi- Abdelaziz de Djeddah a accueilli un très grand nombre de visiteurs particulièrement impatients. Ce n’étaient pas là les pèlerins habituels qui utilisent le terminal chaque année pour se rendre à La Mecque, mais des personnes qui attendent une autre forme de voyage, métaphorique, dans le domaine de l’art islamique. C’est ce que leur réserve la toute première Biennale des arts islamiques organisée par le Royaume.
La foule s’est rassemblée sous les auvents impressionnants du terminal du Hajj, conçu par Skidmore, Owings & Merrill et qui a remporté le prix Aga Khan d’architecture en 1983.
Cet événement, qui réunit de nombreuses œuvres d’art nouvellement commandées et inédites, marque un moment historique non seulement pour l’Arabie saoudite et la Fondation de la Biennale de Diriyah, qui a organisé l’événement, mais pour le patrimoine de l’art islamique. En effet, ce dernier n’a pratiquement jamais bénéficié d’une exposition internationale d’une telle envergure depuis le World of Islam Festival, organisé à Londres en 1976.
La 1re Biennale des arts islamiques de Djeddah célèbre le patrimoine de l’art islamique dans un lieu proche de La Mecque, la source et le berceau de l’islam. Elle établit en outre un dialogue entre le passé, le présent et l’avenir à travers des œuvres contemporaines de soixante artistes établis et émergents d’Arabie saoudite et d’ailleurs et avec plus de soixante nouvelles commandes et deux cent quatre-vingts artefacts historiques.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

L’expérience est à la fois éclairante, mystique et enrichissante dans la mesure où cette biennale, tout comme son thème, «Awwal Bait» – qui signifie «première maison» en arabe –, célèbre la beauté et le patrimoine de l’art islamique dans le berceau de l’islam.
«La Biennale islamique, organisée à cet endroit du terminal occidental du Hajj, donne du sens et des perspectives», déclare ainsi Saad Alrachid, éminent chercheur saoudien, archéologue et conservateur de l’événement, dans un entretien accordé à Arab News.
«Djeddah est la porte du Haramain. Elle a une histoire profonde. Il y a une accumulation de cultures en Arabie saoudite. À travers les âges, cette région a été le carrefour des civilisations entre les régions orientale et occidentale, jusqu’au Nord. L’organisation de la Biennale islamique dans un tel site expose au monde entier l’idée d’un lien entre l’ensemble des musulmans et tous ceux qui viennent en Arabie saoudite ou qui en repartent sur le plan géographique, historique et politique.»
Dans le même esprit, le thème de l’exposition, Awwal Bait, raconte comment la Sainte Kaaba, à La Mecque, et la Mosquée du Prophète, à Médine, sont des sources d’inspiration pour les musulmans, à la fois sur le plan culturel et métaphysique. Ils leur permettent d’explorer leur sentiment d’appartenance et de réfléchir à la définition de la maison.
«Fondamentalement, la biennale consiste à donner une maison aux objets contemporains en leur attribuant des origines et à conférer aux objets historiques une maison en leur donnant un avenir», explique Sumayya Vally, directrice artistique de la Biennale des arts islamiques, à Arab News.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

«Voir la biennale prendre vie à travers les voix et les perspectives de nos artistes a été particulièrement émouvant», ajoute-t-elle. «Chacun d’entre eux a saisi avec audace et sensibilité l’occasion qu’offre cette plate-forme pour contribuer à un discours émergent sur les arts islamiques qui, nous l’espérons, se poursuivra.»
L’organisation de la Biennale des arts islamiques est le résultat d’un effort mondial, avec la participation de plus de dix-huit institutions locales et internationales, parmi lesquelles la Présidence générale pour les affaires des deux Saintes Mosquées. Des artefacts ont été prêtés par d’autres institutions internationales prestigieuses qui s’intéressent aux arts islamiques, comme le musée Benaki, à Athènes, le musée d’histoire des sciences de l’université d’Oxford, le Louvre de Paris et le Victoria and Albert Museum à Londres.
La biennale a été organisée par un groupe pluridisciplinaire de spécialistes, dont font partie Omniya Abdel Barr, architecte égyptienne, le Barakat Trust Fellow au Victoria and Albert Museum, et Julian Raby, directeur émérite du Musée national d’art asiatique de la Smithsonian Institution à Washington, DC.
«La tâche qui consiste à trouver des objets qui ont survécu et qui ont été fabriqués à La Mecque et à Médine était ardue», indique Abdel Barr à Arab News. «Nous avons cherché dans les collections pour voir comment nous pouvions établir une conversation entre des objets historiques, tout en gardant à l’esprit le contexte contemporain; c’était la partie la plus passionnante.»
Au niveau régional, la Fondation de la biennale de Diriyah a obtenu des prêts pour exposer auprès d’institutions comme la bibliothèque du roi Abdelaziz, le Musée national, le Centre de recherche et d’études islamiques du roi Faisal et l’université du roi Saoud – toutes basées à Riyad –, ainsi que le Musée des antiquités et du patrimoine de La Mecque, la Présidence générale pour les affaires des deux Saintes Mosquées et l’université Oum al-Qura. De la région au sens large, des œuvres de la collection Al-Sabah, de Dar al-Athar al-Islamiya, au Koweït, du Musée d’art islamique du Caire et du Musée d’art islamique de Doha, entre autres, ont été prêtées.

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Porte de la Kaaba. (Photo AN/Ali Khamaj)

L’expérience visuelle est mystique, comme un pèlerinage à part entière. Elle commence dans l’obscurité avec Cosmic Breath, une œuvre de commande de l’artiste libano-américain Joseph Namy, qui fait entendre des appels à la prière enregistrés. Cette création entre en résonance avec l’installation de l’artiste saoudienne Nora Alissa intitulée Epiphamania: The First Light. Cette dernière révèle divers clichés en noir et blanc de pèlerins qui se trouvent autour de la Kaaba. Sous son abaya, elle les photographie de manière impressionnante. À proximité se trouve un astrolabe islamique positionné vers La Mecque. Ces trois œuvres sont comme le reflet de cette exposition soigneusement organisée, qui montre quel dialogue peut être instauré entre les œuvres d’art islamique historiques et contemporaines.
La structure de la biennale est divisée en quatre galeries et deux pavillons, qui abritent des œuvres d’art consacrées aux rituels islamiques quotidiens et au Hajj. Ces sections visent à évoquer à la fois des émotions personnelles et collectives relatives à la vie spirituelle des musulmans du monde entier.
On trouve à l’extérieur des œuvres à grande échelle, qui sont de récentes commandes et sont situées autour des auvents expansifs et évocateurs du terminal. Elles se mélangent harmonieusement aux rayons du soleil et au paysage de Djeddah, avec ses avions qui décollent haut dans le ciel à un rythme régulier. Des œuvres extérieures communiquent avec la nature et l’architecture du terminal lui-même, récompensée par le prix Aga Khan.
À l’extérieur se trouvent également les pavillons de La Mecque et de Médine, qui présentent du matériel des deux Saintes Mosquées, du Masjid al-Haram et de la Hujra al-Sharifa, à Médine. L’accent est mis ici sur le voyage initial que le prophète Mahomet et ses partisans ont entrepris de La Mecque à Médine afin d’échapper à la persécution. Les objets exposés – à nouveau, un savant mélange de pièces historiques et contemporaines – mettent en lumière le sentiment d’appartenance universelle qui découle du pèlerinage musulman et du retour à la maison.
Autour des pavillons se trouvent des œuvres d’artistes comme Dima Srouji, Shahpour Pouyan, Moath Alofi, Rim al-Faisal, Alia Farid et Lin Ajlan.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

Il convient de mentionner l’installation architecturale de Bricklab Air Pilgrims Accommodation 1958, inspirée du logement historique du Hajj de Djeddah, que la directrice artistique, Sumayya Vally, décrit comme un site qui «a rassemblé des personnes du monde entier en un même endroit – un lieu de production culturelle et de commerce».
«L’idée que véhiculent les œuvres situées à l’extérieur, c’est qu’elles génèrent des invitations à se rassembler, à discuter et à échanger», confie-t-elle à Arab News.
Cette sensation est également présente dans The Endless Iftar de l’artiste tanzanienne Lubna Chowdhary, une table de quarante mètres de long inspirée des rituels de repas et de rassemblement du monde entier pendant le ramadan.
À l’extérieur se trouve également My Place is the Placeless, de Shahpour Pouyan, un artiste iranien qui habite à Londres. Cette œuvre présente trois grands dômes architecturaux de couleurs différentes qui représentent les trois principales traces de l’ADN de l'artiste. Ce dernier a en effet fait un test pour connaître ses origines, qui vont au-delà de son Iran natal et incluent la Scandinavie, l’Asie centrale et du Sud et le Moyen-Orient.
«Il est question d’interdépendance humaine. Le but est de briser les étiquettes et les identités ethniques», explique M. Pouyan à Arab News.

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(Photo AN/Ali Khamaj)

Comme les autres œuvres exposées, l’œuvre de M. Pouyan reflète non seulement la culture islamique, mais son universalité ainsi que sa capacité à établir des liens au-delà du Moyen-Orient et à offrir une force unificatrice qui va au-delà de la religion, de la nationalité et de la culture.
Comme l’affirme M. Alrachid: «L’islam est une communication de savoir et de culture.»
Il ajoute: «Depuis l’initiative Vision 2030, nous sentons que nous sommes plus accueillants, tout comme les Mecquois, dans le passé, accueillaient les visiteurs pendant le Hajj.»
«Nous montrons au monde entier comment apprécier l’art islamique», soutient-il. «La biennale n’est pas une simple exposition ou quelque chose qui appartient au passé: elle se poursuit à travers la culture et l’intégration grâce au multiculturalisme des musulmans.»
Le thème le plus puissant de l’exposition est sans doute l’idée de l’islam et de son art à travers les âges en tant qu’élément unificateur physique et métaphorique qui continue de servir de lien entre diverses cultures et peuples à travers le monde. C’est également un moyen, comme M. Vally le souligne à Arab News, «de définir pour le reste du monde ce que signifie être musulman de notre propre point de vue, à travers notre propre art et notre propre culture, et de montrer de quelle manière l’islam détient le pouvoir de nous unir tous, même les non-musulmans, à travers notre histoire, nos traditions et nos pratiques spirituelles».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?


Cisjordanie: deux adolescents palestiniens abattus, l'armée israélienne dit avoir déjoué une attaque

 L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
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  • L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes"
  • L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU

DAYR ISTIYA: L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque".

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé sans plus de détail "le martyre de Bilal Bahaa Ali Baaran (15 ans) et Mohammad Mahmoud Abou Ayache (15 ans) tués par des balles de l'occupation [Israël, NDLR], cet après-midi, jeudi, près de Beit Omar, au nord de Hébron", grande ville du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes en passe de perpétrer une attaque".

L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU.

Jeudi également, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a accusé des colons israéliens d'avoir incendié la mosquée Hajja Hamida à Dayr Istiya, dans le nord de la Cisjordanie.

Un photographe de l'AFP sur place a vu des murs noircis, des corans brûlés et des graffitis sur un mur de la mosquée.

"Cela viole, et de façon flagrante, le caractère sacré des lieux de culte et reflète le racisme profond des colons qui agissent en se plaçant sous la protection du gouvernement de l'occupation", a déclaré dans un communiqué le ministère.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que des forces de sécurité avaient été dépêchées sur les lieux après avoir reçu "des informations et des images [...] concernant des suspects ayant incendié une mosquée et tagué des graffitis".

Les soldats n'ont identifié aucun suspect sur place, a ajouté l'armée, condamnant "toute forme de violence".

"Schéma de violences extrémistes" 

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné l'attaque de la mosquée, jugeant "que de tels actes de violence et de profanation de lieux de culte sont inacceptables", a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, dénonçant "un schéma de croissance de violences extrémistes qui attisent les tensions et doivent cesser immédiatement".

La veille, le lieutenant général Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne avait affirmé vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent désormais plus de 500.000 Israéliens - dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international - au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons, jeunes, et de plus en plus violents et organisés, se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants israéliens ou étrangers contre la colonisation, des journalistes, et parfois des soldats.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.005 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.