Jihadiste ou espion? L'affaire Samsam embarrasse le renseignement danois

Sur cette photo d'archive prise le 12 juin 2018, le Danois Ahmed Samsam pose devant un tribunal de Madrid le 12 juin 2018 lors de son procès pour avoir combattu dans les rangs de l'État islamique pendant plus de trois ans. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 12 juin 2018, le Danois Ahmed Samsam pose devant un tribunal de Madrid le 12 juin 2018 lors de son procès pour avoir combattu dans les rangs de l'État islamique pendant plus de trois ans. (AFP)
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

Jihadiste ou espion? L'affaire Samsam embarrasse le renseignement danois

  • Ahmed Samsam, un Danois de 34 ans d'origine syrienne au casier judiciaire bien étoffé, n'a jamais rejoint l'organisation État islamique, ont affirmé plusieurs contre-enquêtes des médias danois
  • L'intéressé, lui, est formel: lors de séjours en Syrie en 2013 et 2014, il travaillait pour les services secrets puis le renseignement militaire danois, qu'il informait sur les combattants jihadistes étrangers

COPENHAGUE: Jihadiste ou espion sous couverture? La justice espagnole a tranché pour la première alternative, mais, depuis sa prison au Danemark, Ahmed Samsam ne cesse de clamer son innocence, affirmant avoir été lâché par les renseignements de son pays.

L'affaire suscite l'embarras croissant des services danois et jusqu'au gouvernement, qui rejette pour l'instant les appels à une commission d'enquête sur fond d'importante mobilisation médiatique.

L'intéressé, lui, est formel: lors de séjours en Syrie en 2013 et 2014, il travaillait pour les services secrets (PET) puis le renseignement militaire (FE) danois, qu'il informait sur les combattants jihadistes étrangers.

Ahmed Samsam, un Danois de 34 ans d'origine syrienne au casier judiciaire bien étoffé, n'a jamais rejoint l'organisation État islamique, ont affirmé plusieurs contre-enquêtes des médias danois.

En 2012, le jeune Danois d'origine syrienne part effectivement de son propre chef en Syrie, pour combattre le régime de Bachar al-Assad.

A son retour, la justice danoise s'intéresse à son séjour mais l'affaire est classée sans suite. Il est alors envoyé à plusieurs reprises dans la zone de guerre avec de l'argent et de l'équipement fourni par PET puis FE, selon les médias DR et Berlingske, qui s'appuient sur des témoignages anonymes et des preuves de virements bancaires.

En 2017, menacé par des délinquants à Copenhague dans une affaire de règlements de compte indépendante de ses voyages en Syrie, le jeune homme part se mettre au vert en Espagne.

Mais il est arrêté par la police espagnole qui s'étonne de trouver des photos de lui avec le drapeau de l'EI sur Facebook.

Ahmed Samsam est condamné à l'année suivante à huit ans d'emprisonnement pour appartenance à l'organisation Etat islamique.

"Quand il a été arrêté en Espagne en 2017, il était 100% convaincu d'être aidé par les autorités danoises", explique pour sa part son avocat, Erbil Kaya.

Mais aucune déclaration danoise en sa faveur n'intervient.

"C'est très difficile de prouver que vous avez été agent, ce n'est pas comme s'il avait une fiche de paie ou un contrat", tempête Me Kaya.

Depuis 2020, Ahmed Samsam purge sa peine, réduite à six ans, au Danemark.

L'an dernier, il a porté plainte contre les services de renseignement pour qu'ils reconnaissent ses états de service. Le procès est prévu en août.

"C'est très rare d'abandonner un agent à une longue peine de prison", souligne Magnus Ranstorp, directeur de recherches à l'Université de Défense en Suède.

Selon cet expert des dossiers terroristes, le fait que le jeune homme se soit fait arrêter en Espagne a pu compliquer la donne.

"Les renseignements préféreraient balayer ça sous le tapis. Ce sont des choses qui ne peuvent pas être exposées au tribunal", explique l'expert suédois.

"Même si l'agent n'est plus utile, il ne faut pas normalement qu'il attire l'attention", ajoute-t-il.

«Notre "Affaire Dreyfus"»

Si pendant la récente campagne des législatives, l'ensemble de la classe politique était favorable à l'établissement d'une commission d'enquête, le nouveau gouvernement a finalement rejeté l'idée le mois dernier.

"Pour protéger notre société et la démocratie ouverte, il est indispensable que tout ce qui concerne les services de renseignements ne soit pas dévoilé au grand jour", affirme à l'AFP le ministère de la Justice.

Pour l'avocat du détenu, la position gouvernementale est "incompréhensible".

Ahmed Samsam "a l'impression que les autorités ne veulent pas l'aider mais font tout pour bloquer la vérité", déplore-t-il.

"La vérité sortira un jour et je pense que cette affaire sera appelée notre +affaire Dreyfus+".

En prison, le détenu a récemment mené une grève de la faim pendant une semaine pour protester contre "les conditions inhumaines de son incarcération".

Fin décembre, les services de renseignement ont publié un communiqué conjoint rappelant ne jamais révéler l'identité de leurs indicateurs "tant pour la sécurité des sources elles-mêmes que pour l'exécution des tâches des services".

Le statut d'indicateur ou d'agent n'empêche pas non plus la condamnation en cas d'illégalité, soulignent-ils.

"+Nier, nier, nier !+ c'est la règle d'or de ces services. On ne parle jamais ni des sources ni des méthodes", insiste M. Ranstorp. "Evidemment l'affaire abîme leur réputation mais ils vont y survivre".

Le dossier n'a pas fini de faire parler de lui.

Au Parlement, plusieurs partis de l'opposition demandent toujours la mise en place d'une commission et un film est en préparation.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.