La vice-secrétaire générale de l’ONU lance un appel aux pays musulmans afin qu’ils incitent les talibans à se moderniser

La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a tenu ces propos après une visite officielle de deux semaines en Afghanistan. (Reuters)
La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a tenu ces propos après une visite officielle de deux semaines en Afghanistan. (Reuters)
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Publié le Vendredi 27 janvier 2023

La vice-secrétaire générale de l’ONU lance un appel aux pays musulmans afin qu’ils incitent les talibans à se moderniser

La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a tenu ces propos après une visite officielle de deux semaines en Afghanistan. (Reuters)
  • «Personne ne s’oppose à la charia islamique, mais tout cela ne peut se transformer en extrémisme et en prise de position qui nuit aux femmes et aux filles», explique Amina Mohammed
  • La vice-secrétaire générale de l’ONU affirme avoir épuisé toutes les ressources de sa «boîte à outils» diplomatique pour tenter de défendre et de restaurer les droits des femmes en Afghanistan

NEW YORK: La vice-secrétaire générale de l’ONU a appelé mercredi les pays musulmans à unir leurs efforts pour faire pression sur les talibans afin qu’ils se modernisent et passent «du XIIIe au XXIe siècle».

Amina Mohammed a tenu ces propos après une visite officielle de deux semaines en Afghanistan au cours de laquelle elle a tenté de persuader les responsables talibans de revenir sur leurs récentes décisions de refuser aux femmes et aux filles afghanes l’accès à l’éducation au-delà de la sixième et d’interdire aux femmes de travailler pour les organisations humanitaires, entre autres restrictions à l’exercice de leurs droits.

Amina Mohammed, la plus haute responsable de l’ONU, déclare à Arab News que le gouvernement taliban, dont l’autorité n’est reconnue par aucun autre pays, aspire à la reconnaissance internationale et veut occuper le siège de l’Afghanistan à l’ONU, qui est toujours détenu par le précédent gouvernement, dirigé par l’ancien président Ashraf Ghani.

Les combattants talibans ont pris le contrôle de la capitale de l’Afghanistan, Kaboul, le 15 août 2021, après le retrait des forces américaines et de l’Otan d’Afghanistan au bout de vingt ans de guerre.

Il est important de maximiser tout levier disponible pour orienter les talibans vers les principes universels qui sous-tendent la participation à la communauté internationale, soutient la vice-secrétaire générale.

«Personne ne s’oppose à un pays musulman ou à la charia», explique-t-elle. «Mais tout cela ne peut pas être transformé en extrémisme et en une prise de position qui nuit aux femmes et aux filles. C’est absolument inacceptable et nous devons persévérer.»

La vice-secrétaire générale de l’ONU fait savoir que les responsables talibans qu’elle a rencontrés «évoquent un scénario» et insistent sur ce qu'ils considèrent comme des exploits dans la protection des femmes afghanes. Ils se plaignent par ailleurs que leurs efforts n’aient pas reçu de reconnaissance internationale.

Elle affirme que sa délégation et elle-même ont rejeté ce récit des talibans, affirmant que «leur définition de la protection serait pour nous celle de l’oppression».

Elle poursuit en ces termes: «Nous leur avons rappelé que dans les principes humanitaires, la non-discrimination était un élément clé […] et qu’ils étaient en train de bannir les femmes du lieu de travail.»

«Nous leur avons également à nouveau indiqué que, même s’ils parlent des droits et des édits qu’ils ont promulgués pour protéger les femmes, ils donnent d’une main et reprennent de l’autre, ce qui n’est pas acceptable.»

La vice-secrétaire générale affirme avoir épuisé toutes les ressources de sa «boîte à outils» diplomatique pour tenter de défendre et de restaurer les droits des femmes en Afghanistan.

«L’un de ces outils consiste à dire que, comme eux, je suis une musulmane sunnite», soutient-elle. «Ils suivent l’école de pensée de Hanafi et moi celle de Maliki; et les deux ont raison.»

«Cependant, lorsqu’il s’agit d’interdire l’éducation aux femmes et de leur confisquer leurs droits, nous ne sommes pas d’accord et le juge ultime sera Dieu. Une grande partie de leurs actes nuisent aux autres.»

Avant d’arriver à Kaboul, la délégation d’Amina Mohammed s’est rendue dans d’autres pays à majorité musulmane parmi lesquels la Turquie, l’Indonésie et l’Arabie saoudite, où elle a déclaré qu’il y avait une opposition généralisée à l’assaut des talibans contre les droits des femmes.

«À chaque fois que je suis allée dans l’un de ces pays musulmans, on a insisté sur le fait que l’islam n’interdisait pas aux femmes d’aller à l’école ou de travailler», renchérit-elle.

Elle a par ailleurs discuté avec des responsables talibans à Kandahar des progrès réalisés ces dernières années en Arabie saoudite en matière de droits des femmes. Elle a déclaré qu’ils avaient aussitôt répondu qu’ils n’étaient «pas sur la même longueur d’onde» que le Royaume sur la question.

«Il est donc très important que les pays musulmans se réunissent et l’établissent», insiste-t-elle. «C’est difficile; nous n’avons pas de pape dans l’islam, mais un Coran et différentes écoles de pensée – mais nous avons des droits dans l’islam.»

«J’ai rappelé aux talibans que si nous parlons de femmes dans le monde professionnel, la première épouse du Prophète […] était une femme d’affaires qui a financé l’islam. Khadija a financé l'islam. Et l’épouse plus jeune du prophète Mahomet, Aïcha, a apporté ses connaissances et ses conseils.»

«Iqra [«Lis»] est le premier mot du Coran et l’islam est une religion de lumière. C’est une religion vivante et je pense qu’une grande partie de ce qui nous préoccupe consiste à savoir comment permettre aux talibans de passer du XIIIe au XXIe siècle. Et c’est un voyage, donc il ne se produira pas du jour au lendemain.»

Selon la vice-secrétaire générale, il a été proposé que l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui compte cinquante-sept membres, coorganisent une conférence internationale au mois de mars sur les femmes dans le monde musulman. Elle dit avoir également demandé l’inclusion de davantage de femmes dans les délégations de l’OCI.

«Il est très important que les pays musulmans se rassemblent», ajoute-t-elle. «Nous devons porter le combat dans la région.»

«Nous devons, au sein de l’islam, parler beaucoup plus aux modérés de ce que cela signifie, pas seulement pour l’Afghanistan, mais aussi pour d’autres pays musulmans où nous connaissons des difficultés considérables, que ce soit l’Iran ou le Yémen. Nous devons être clairs sur le fait qu’il s’agit des femmes dans le monde musulman.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.