Crashs de 737 MAX: «Boeing est responsable», assènent au tribunal des proches de victimes

Zipporah Kuria, qui a perdu son père dans un accident d'avion Boeing, s'adresse à la presse après que Boeing a été interpellé pour crime fédéral au palais de justice américain de Fort Worth, Texas, le 26 janvier 2023. (AFP)
Zipporah Kuria, qui a perdu son père dans un accident d'avion Boeing, s'adresse à la presse après que Boeing a été interpellé pour crime fédéral au palais de justice américain de Fort Worth, Texas, le 26 janvier 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 27 janvier 2023

Crashs de 737 MAX: «Boeing est responsable», assènent au tribunal des proches de victimes

  • L'accord dit de poursuite différée (DPA) prévoit que le ministère retire l'inculpation au bout de trois ans si l'entreprise respecte certaines conditions
  • Un arrangement bien trop complaisant aux yeux des familles, qui ont saisi la justice pour ne pas avoir été consultées

FORT WORTH: Brandissant les photos de passagers tués dans deux crashs de 737 MAX, des proches de victimes ont plaidé jeudi à la barre d'un tribunal texan, parfois en pleurs, pour des sanctions plus lourdes à l'encontre de Boeing et de ses dirigeants.

"Boeing est responsable. C'est évident", a ainsi asséné Catherine Berthet, dont la fille Camille est décédée dans l'écrasement d'un vol d'Ethiopian Airlines. Et pourtant "personne n'a été arrêté ou accusé", a-t-elle déploré.

"On veut les voir en prison", a abondé à la sortie de l'audience Paul Njoroge, qui a perdu sa femme et ses enfants dans le même vol. "Pourquoi le ministère de la Justice a essayé de protéger Boeing?"

En cause: un accord passé en janvier 2021 par le ministère avec l'avionneur Boeing, l'accusant d'avoir induit en erreur le régulateur de l'aviation lors du processus d'autorisation du MCAS, un système clé de l'appareil mis en cause dans les accidents, mais lui accordant aussi une certaine immunité en échange de 2,5 milliards de dollars d'amendes et de compensations et de certaines conditions à remplir.

L'accord dit de poursuite différée (DPA) prévoit en effet que le ministère retire l'inculpation au bout de trois ans si l'entreprise respecte certaines conditions.

Un arrangement bien trop complaisant aux yeux des familles, qui ont saisi la justice pour ne pas avoir été consultées.

Le magistrat en charge du dossier au tribunal de Fort Worth, Reed O'Connor, a reconnu en octobre qu'elles pouvaient être considérées comme des "victimes de crimes" et avaient donc, à ce titre, le droit d'être entendues. Il a ensuite convoqué toutes les parties à une audience jeudi.

Les familles y ont plaidé pour que l'accord soit modifié, avec notamment la nomination d'un auditeur indépendant et la levée de la provision accordant l'immunité aux responsables de l'entreprise pour les accidents des avions de Lion Air en 2018 et Ethiopian Airlines en 2019, qui avaient fait 346 morts au total.

"Nous voulons qu'ils aillent voir chez Boeing, qu'ils saisissent des documents et les examinent", a justifié Paul Njoroge. "Nous savons qu'ils concluront que des hauts responsables de Boeing ont commis une fraude."

Boeing plaide «non coupable»

Un représentant de Boeing a, au nom de l'entreprise, plaidé non coupable à l'entame de l'audience jeudi.

Le juge a ensuite demandé au ministère de lui fournir plus d'informations sur l'accord et indiqué qu'il prendra une décision ultérieurement.

L'avocat des familles, Paul Cassell, s'attend à un retour rapide.

"La provision garantissant l'immunité à Boeing et de fait à tous ses dirigeants (...) va à l'encontre de la loi fédérale", a-t-il affirmé à la sortie du tribunal.

Boeing et le ministère américain de la Justice s'opposent à la réouverture de l'accord.

"Nous avons procédé à de vastes et profonds changements dans l'entreprise, ainsi qu'à des modifications de la conception du 737 MAX, afin de garantir que de tels accidents ne se reproduisent plus jamais", a réagi jeudi Boeing dans un communiqué.

"Nous nous sommes également engagés à continuer de respecter scrupuleusement toutes les obligations prévues dans l'accord conclu avec le ministère de la Justice il y a deux ans", a ajouté l'entreprise.

Dans son acte d'accusation, le ministère avait épinglé les agissements de deux salariés de l'avionneur, mais n'avait pas mis en cause la direction.

Les procureurs avaient également estimé qu'il n'était pas nécessaire de nommer un auditeur indépendant, car les actes répréhensibles n'étaient "pas généralisés" ou "facilités par les hauts responsables".

Savoir si le magistrat va accéder aux demandes des familles reste très incertain.

"Le juge pourrait annuler le DPA, mais je pense que c'est peu probable", estime John Coffee, professeur à l'université Columbia, pour qui l'accord est révélateur de la tendance des autorités à ne pas vouloir s'attaquer trop durement aux grosses entreprises.

Quand il s'agit d'engager des poursuites, "la loi accorde aux procureurs et au pouvoir exécutif une grande discrétion", explique-t-il à l'AFP.

Brandon Garrett, juriste à l'université Duke, estime que les tribunaux ne prennent pas suffisamment en compte l'intérêt général lorsqu'ils doivent valider ou non les DPA.

Mais même si le juge O'Connor décidait de réviser l'accord, "j'imagine que le ministère ferait appel en invoquant son droit à suspendre les inculpations", relève-t-il.


L'ancien vice-président Mike Pence a déposé sa candidature à la Maison Blanche

L'ancien vice-président américain Mike Pence prend la parole lors du coup d'envoi du printemps de la Iowa Faith & Freedom Coalition à West Des Moines, Iowa, États-Unis, le 22 avril 2023 (Photo, Reuters).
L'ancien vice-président américain Mike Pence prend la parole lors du coup d'envoi du printemps de la Iowa Faith & Freedom Coalition à West Des Moines, Iowa, États-Unis, le 22 avril 2023 (Photo, Reuters).
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  • Le conservateur officialisera mercredi, le jour de ses 64 ans, son entrée en lice avec une vidéo
  • Mike Pence avait aidé Donald Trump à conquérir la droite religieuse en étant son colistier lors de la campagne présidentielle de 2016

WASHINGTON: L'ancien vice-président Mike Pence a déposé lundi sa candidature à la Maison Blanche, selon des documents publiés par la commission électorale fédérale (FEC), et défiera donc son ancien patron Donald Trump lors des primaires républicaines de 2024.

Le conservateur officialisera mercredi, le jour de ses 64 ans, son entrée en lice avec une vidéo, puis un meeting à Des Moines dans l'Iowa et terminera la journée sur un plateau de la chaîne CNN, selon ses proches.

Il rejoint une arène de candidats républicains déjà bien remplie, avec une dizaine de prétendants qui, pour l'heure, sont tous largement distancés dans les sondages par l'ancien président.

Chrétien évangélique, farouche opposant à l'avortement, Mike Pence avait aidé Donald Trump à conquérir la droite religieuse en étant son colistier lors de la campagne présidentielle de 2016. Après des années de loyauté indéfectible, il a changé de ton à la suite de l'assaut contre le Capitole, qui a ébranlé la démocratie américaine le 6 janvier 2021.

Ce jour-là, Mike Pence dirigeait, en tant que vice-président, la séance au Congrès, lors de laquelle les élus devaient certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020. Bien qu'il n'ait qu'un rôle protocolaire, Donald Trump avait insisté pour qu'il refuse de valider l'élection du démocrate.

Rupture avec Trump

L'ancien gouverneur de l'Indiana n'avait pas obtempéré, ce qui lui a valu une forte inimitié chez les partisans du milliardaire. Entrés par la force dans le Capitole, certains avaient appelé à "pendre" Mike Pence, qui avait dû se cacher à la hâte.

Depuis, il a jugé que les mots du président avaient été "irresponsables" et l'avaient "mis en danger".

La rupture entre les deux hommes compromet les chances de Mike Pence, que les nombreux militants fidèles à Donald Trump continuent de considérer comme un "traître". L'homme à la sage mèche blanche plafonne autour de 3,8% des intentions de vote, loin derrière l'ancien président (53,2%), selon la moyenne des derniers sondages effectuée par le site RealClearPolitics.

Il est également distancé par le gouverneur de Floride Ron DeSantis (22,4%), qui mise lui aussi sur un discours très conservateur mais sur un ton plus offensif, ainsi que d'un cheveu par l'ancienne ambassadrice à l'ONU Nikki Haley (4,4%).

Il prépare pourtant sa candidature depuis des mois. Après avoir sorti un livre intitulé "So Help Me God" ("Que Dieu me vienne en aide", non traduit), l'ancien animateur de radio a sillonné le pays, multipliant les prises de paroles dans des États susceptibles de faire la différence lors des primaires républicaines.


L'ONU appelle à «faire plus» pour mettre fin au «désastre» de la pollution plastique

Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (Photo, AFP).
Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (Photo, AFP).
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  • Les deux tiers de la production mondiale de plastique ont une faible durée de vie et deviennent des déchets
  • La production annuelle de plastique a plus que doublé en 20 ans pour atteindre plus de 430 millions de tonnes

ABIDJAN: Les Nations unies ont appelé lundi à "faire plus" pour mettre fin au "désastre de la pollution plastique", à l'occasion de la Journée mondiale pour l'Environnement qu'accueillait cette année Abidjan, en Côte d'Ivoire.

"La façon dont le monde produit, consomme et dispose du plastique a créé un désastre (...). Nous devons en faire plus", a affirmé la directrice du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen.

"Nous l'utilisons avec abondance et de façon inutile : les pailles, les verres, les sacs, les protections pour le transport des marchandises. Il y a beaucoup à faire au niveau des États mais aussi du secteur du transport", a-t-elle ajouté à l'AFP.

La production annuelle de plastique a plus que doublé en 20 ans pour atteindre plus de 430 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait.

Une première version d'un futur traité international contre la pollution plastique doit être rédigée d'ici novembre, en vue d'un texte définitif fin 2024, selon une résolution adoptée par 175 pays la semaine dernière à Paris.

Journée mondiale pour l'Environnement à Abidjan 

La Journée mondiale pour l'Environnement qui fêtait son 50e anniversaire lundi, se tenait à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire où la pollution plastique, comme dans de nombreuses grandes villes du continent africain, est un fléau important.

"En Afrique, pourquoi nous avons tant de plastique ? Parce que les gens n'ont pas d'eau potable alors ils en achètent en sachets ou en bouteille. Pourquoi y a-t-il autant de déchets dans les rues ? Parce qu'il n'y a pas d'infrastructure de collecte", a déploré Mme Andersen, saluant toutefois "l"ouverture au dialogue" des autorités ivoiriennes sur le sujet.

En 2013, le gouvernement ivoirien avait décidé d'interdire la production, la commercialisation, la détention et l'utilisation des sachets plastiques. Mais la mesure reste très peu appliquée dans le pays.

Les deux tiers de la production mondiale de plastique ont une faible durée de vie et deviennent des déchets après une ou quelques utilisations.

Quelque 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature), et moins de 10% sont recyclés.


La Maison Blanche insiste sur les risques créés par les manoeuvres militaires chinoises «agressives»

John Kirby, coordinateur du Conseil de sécurité nationale des États-Unis pour les communications stratégiques (Photo, AFP).
John Kirby, coordinateur du Conseil de sécurité nationale des États-Unis pour les communications stratégiques (Photo, AFP).
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  • Le Pentagone avait déjà dénoncé dimanche les actions «de plus en plus risquées» de l'armée chinoise en Asie
  • La marine américaine a accusé samedi un navire chinois d'avoir zigzagué de façon «dangereuse» autour d'un destroyer américain

WASHINGTON: Les manoeuvres militaires chinoises, qualifiées d'"agressives" par Washington, risquent à terme d'entraîner des blessures, a averti lundi la Maison Blanche, après un incident maritime au cours du week-end.

La marine américaine a accusé samedi un navire chinois d'avoir zigzagué de façon "dangereuse" autour d'un destroyer américain dans le détroit de Taïwan, moins de 10 jours après un incident aérien entre les deux pays dans la région.

"Ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un ne soit blessé", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, lors d'une conférence de presse.

Il a fustigé des manoeuvres à la fois "dangereuses" et "non professionnelles", selon lui.

Le Pentagone avait déjà dénoncé dimanche les actions "de plus en plus risquées" de l'armée chinoise en Asie.

Le 26 mai, un pilote d'avion de combat chinois avait effectué "une manœuvre agressive injustifiée" près d'un appareil de reconnaissance américain qui survolait la mer de Chine méridionale, selon des militaires américains.