RAMALLAH : "Dix-neuf militants anticorruption ont été arrêtés (dimanche) par les forces palestiniennes pour avoir organisé une manifestation pacifique à Ramallah, en Cisjordanie, et seize d'entre eux ont été inculpés pour "rassemblement illégal et violation de l'état d'urgence", a indiqué l'ONG Amnesty International.
Dix militants n'ont toujours pas été libérés, selon Amnesty, qui a précisé dans un communiqué daté de jeudi qu'un tribunal avait, la veille, rallongé de quinze jours leur détention. Estimant que ces militants étaient "détenus arbitrairement", l'ONG a réclamé l'abandon de toutes les charges retenues contre eux et qu'ils soient "immédiatement libérés". La Commission palestinienne indépendante pour les droits humains a indiqué que les détenus étaient en grève de la faim et que deux d'entre eux avaient été hospitalisés.
"Il s'agit d'arrestations politiques contre des personnes menant des activités pacifiques", a fustigé Ammar Dweik, directeur général de la commission. L'Autorité palestinienne a interdit tout rassemblement et imposé un bouclage de la Cisjordanie et des couvre-feux pour lutter contre la propagation de la pandémie de nouveau coronavirus après une recrudescence du nombre de personnes contaminées.
Le ministère palestinien de la Santé a officiellement enregistré plus de 10.000 cas de contamination en Cisjordanie occupée, dont 68 décès. Ce bilan s'élevait début juillet à 2.600 malades, dont sept morts. "Accuser ces militants de violer l'interdiction de rassemblement et l'état d'urgence est une façon anticonstitutionnelle d'exploiter cet état d'urgence", a estimé l'ONG palestinienne de défense des droits de humains al-Haq dans un communiqué. "Cela renforce nos craintes quant au renouvellement de l'état d'urgence et à son exploitation à des fins différentes de la lutte contre la pandémie", a ajouté l'organisation.
Le gouvernement palestinien a décrété le 5 mars l'état d'urgence sanitaire, sans cesse renouvelé depuis, pour permettre aux autorités de contrôler davantage certains secteurs en cas de recrudescence du virus. "Toute mesure visant à empêcher la propagation de la pandémie de Covid-19 doit respecter la liberté d'expression et de rassemblement pacifique", a estimé Amnesty International.