Cisjordanie: Les représailles israéliennes, illégales au regard du droit international

Un Palestinien inspecte une voiture brûlée par des colons juifs dans le village de Turmusaya en Cisjordanie, le 29 janvier 2023 (Photo, AP).
Un Palestinien inspecte une voiture brûlée par des colons juifs dans le village de Turmusaya en Cisjordanie, le 29 janvier 2023 (Photo, AP).
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Publié le Lundi 30 janvier 2023

Cisjordanie: Les représailles israéliennes, illégales au regard du droit international

  • Les colons poursuivent leurs assauts en Cisjordanie sous le regard des forces d'occupation, brûlant maisons et voitures
  • Un Palestinien de 24 ans blessé jeudi à Jénine est décédé

RAMALLAH: Des organisations israéliennes et palestiniennes de défense des droits de l'homme ont critiqué les mesures punitives prises par le gouvernement israélien à l'encontre des Palestiniens. Les troubles les plus meurtriers depuis des années à Jérusalem et en Cisjordanie font craindre une escalade de la violence.
Plusieurs Palestiniens ont été arrêtés à la suite de deux fusillades distinctes à Jérusalem, vendredi et samedi, qui ont fait sept morts et cinq blessés.
De nombreux groupes ont déclaré que l'action israélienne constituait une punition collective, illégale au regard du droit international.
L'Autorité palestinienne a également condamné les actions d'Israël, qui s'étendent à l'ensemble des Palestiniens.
Le ministère des Affaires étrangères a estimé que ces arrestations constituaient une violation flagrante du droit international et de la Convention de Genève. Il a ajouté que cette punition collective s'inscrivait dans le prolongement de la politique d'occupation visant à éliminer la présence palestinienne de Jérusalem.
Ce «sont des crimes de guerre perpétrés par le gouvernement israélien à l'encontre des Palestiniens, car celui-ci punit des personnes qui n'ont rien à voir avec ceux qui mènent des attaques contre les occupants israéliens», a indiqué Shawan Jabarin, directeur de l'organisation palestinienne des droits de l'homme Al-Haq, à Arab News.
«Celui qui a mené l'attaque a été tué, pourquoi sa famille devrait-elle être punie? Et pourquoi, si un Palestinien agit contre les Israéliens, la société entière doit-elle en subir les conséquences?», s’est-il indigné.
Taysir Khaled, membre de l'Organisation de libération de la Palestine, tient le gouvernement israélien entièrement responsable de la détérioration des conditions et des massacres perpétrés par les forces israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.
Selon lui, la décision du gouvernement israélien de distribuer davantage d'armes aux colons en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem, et d'appeler la police d'occupation à prendre les armes, constitue un feu vert permettant aux organisations terroristes juives de commettre davantage de crimes. Ces organisations considèrent les colonies et les avant-postes comme des refuges sûrs placés sous la protection de l'armée d'occupation.
Jessica Montel, directrice de l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme HaMoked, a déclaré que les membres du gouvernement israélien menaçaient de prendre une série de mesures contre des personnes innocentes, du fait de leur lien de parenté avec l'homme qui a perpétré l'attaque meurtrière de vendredi soir.
Le nouveau gouvernement israélien s'emploie activement à saper l'autorité des juristes et l'indépendance du système judiciaire, a déclaré Mme Montel à Arab News, ce qui réduit davantage la possibilité de défendre les droits fondamentaux des Palestiniens.
Dans ce qui semble être un acte de vengeance pour les récentes attaques à Jérusalem, des colons israéliens ont agressé des Palestiniens et pris d'assaut leurs propriétés samedi soir dans les territoires occupés, ont confirmé dimanche des sources officielles palestiniennes.
Les colons ont lancé des attaques contre des dizaines de cibles palestiniennes du nord au sud de la Cisjordanie, ce qui a entraîné l'incendie d'une maison dans le village de Turmusaya, au nord-est de Ramallah, ainsi que de neuf véhicules. Ils ont également abattu des arbres, brisé des voitures, blessé des civils avec des pierres, les aspergeant de gaz lacrymogène.
Des habitants de Turmusaya ont rapporté que plusieurs colons avaient bloqué une rue du village et mis le feu à une voiture, qui s'est ensuite propagé à une maison voisine.
Ghassan Daghlas, qui surveille l'activité des colons pour les autorités palestiniennes, a indiqué que 144 signalements d'attaques avaient été enregistrés entre 18 heures le 28 janvier et 2 heures 30 le 29 janvier dans toute la Cisjordanie. Les colons israéliens ont détruit 120 véhicules, brûlé six voitures à Majdal Bani Fadel et attaqué 22 magasins à Hawara ainsi que plusieurs routes et carrefours en Cisjordanie.
Selon lui, ce qui distingue ces attaques des précédentes est la participation d'un grand nombre de colons, avec des groupes d'attaque comprenant jusqu'à 60 personnes.
Il affirmé que les événements de samedi se sont caractérisés par leur violence féroce et noté que les forces de défense israéliennes se trouvaient à proximité de certaines de ces attaques mais ne sont pas intervenues.
Lors d'un incident, une voiture palestinienne a été incendiée avec son propriétaire à l'intérieur.
Younes Arar, chef de l'unité des relations internationales de la Commission de résistance aux colonies et au mur de l'Autorité palestinienne, a déclaré à Arab News que le rythme des attaques de colons s'était accéléré cette semaine après l'arrivée au pouvoir du gouvernement israélien de droite fin décembre.
Selon Moataz Bisharat, le responsable des affaires de colonisation à Tubas, un groupe de colons a bloqué le carrefour d'Ain al-Hilweh et lancé des pierres sur des véhicules.
Les colons ont également détruit des stands de légumes près de l'entrée des villages d'Ein al-Bayda et de Bardala, dans le nord de la vallée du Jourdain.
Le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne a également annoncé la mort dimanche d'Omar al-Saadi, 24 ans, abattu par les forces israéliennes jeudi dernier à Jénine.
Neuf citoyens, dont une femme âgée, ont été tués jeudi dernier à Jénine. Plus de 20 civils ont été blessés, dont trois dans un état grave.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com