Ministres français et australiens à Paris pour retisser les liens post-AUKUS

Le Premier ministre australien Anthony Albanese (à gauche) et le président français Emmanuel Macron s'adressent à la presse avant un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 1er juillet 2022. Les relations bilatérales entre l'Australie et la France sont restées tendues jusqu'à l'élection, en mai 2022, d'un nouveau Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s'est efforcé depuis d'apaiser les relations avec Paris. (AFP).
Le Premier ministre australien Anthony Albanese (à gauche) et le président français Emmanuel Macron s'adressent à la presse avant un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 1er juillet 2022. Les relations bilatérales entre l'Australie et la France sont restées tendues jusqu'à l'élection, en mai 2022, d'un nouveau Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s'est efforcé depuis d'apaiser les relations avec Paris. (AFP).
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Publié le Lundi 30 janvier 2023

Ministres français et australiens à Paris pour retisser les liens post-AUKUS

  • Les discussions avec les ministres français «permettront de développer et d'aligner les réponses françaises et australiennes à l'environnement stratégique de plus en plus difficile dans l'Indo-Pacifique et en Europe»
  • Paris et Canberra s'attendent à des progrès dans l'élaboration d'une feuille de route «pour renforcer la collaboration» notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité et de l'action climatique

PARIS : Les ministres français et australiens de la défense et des Affaires étrangères sont réunis lundi à Paris, dans l'espoir commun de retisser des liens rompus après la crise des sous-marins dite "AUKUS", Paris y voyant une occasion de relancer sa stratégie en Asie-Pacifique.

La confiance entre Paris et Canberra s'était brisée en septembre 2021 lorsque l'ancien gouvernement conservateur australien avait brusquement annulé un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour des sous-marins du groupe français Naval Group, lui préférant des sous-marins à propulsion nucléaire britanniques ou américains.

Les relations bilatérales sont restées tendues jusqu'à l'élection, en mai 2022, d'un nouveau Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s'est efforcé depuis d'apaiser les relations avec Paris.

Lundi, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna et le ministre des armées Sébastien Lecornu tiendront une réunion commune avec leurs homologues Penny Wong et Richard Marles, au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, pour prolonger la "dynamique positive engagée après la visite du Premier ministre australien" en juillet dernier, a expliqué Anne-Claire Legendre, porte-parole du quai d'Orsay.

La relation est "réenclenchée" mais les deux pays doivent l'approfondir pour parvenir à des "actes concrets", ajoute-t-on dans l'entourage du ministre français des Armées, sans s'avancer sur d'éventuelles annonces.

Les discussions avec les ministres français "permettront de développer et d'aligner les réponses françaises et australiennes à l'environnement stratégique de plus en plus difficile dans l'Indo-Pacifique et en Europe", ont souligné Penny Wong et Richard Marles dans un communiqué commun.

Ils s'attendent à des progrès dans l'élaboration d'une feuille de route "pour renforcer la collaboration" notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité et de l'action climatique.

L'Asie-Pacifique est "une zone d'intérêt majeur à la fois pour la Chine et les Etats-Unis", a expliqué à l'AFP un officier militaire français qui a requis l'anonymat. Et l'ambition non dissimulée de la Chine dans cette zone "oblige à apporter une réponse stratégique".

Paris tatonne

La France, comme les Etats-Unis et nombre de pays occidentaux, s'efforcent d'affermir leurs positions dans cette région, vaste zone allant des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines par où transite un part cruciale du commerce mondial et où la Chine accroît son influence.

La France y compte, elle, de nombreux territoires et espaces maritimes, qui lui offrent un droit de regard et lui imposent une vigilance constante sur les équilibres géostratégiques mais aussi sur les enjeux environnementaux et halieutiques, ainsi que sur la lutte contre les divers trafics liés aux océans.

La France a aussi accru sa présence militaire, privilégiant, outre ses propres points d'appui, une coopération croissante avec les pays riverains. Elle a multiplié les exercices conjoints (Inde, Japon) et les patrouilles en mer de Chine, qui concentre les tensions et où Pékin multiplie provocations et revendications.

Mais la conclusion de l'alliance AUKUS entre Australie, Etats-Unis et Royaume-Uni, avec pour corollaire l'annulation par Canberra de contrat d'acquisition de douze sous-marins français, avait plombé ses ambitions en 2021.

Et aujourd'hui, la France tatonne. Le président Emmanuel Macron revendique le rôle de Paris comme "puissance d'équilibre", c'est à dire alignée ni sur Pékin ni sur Washington. Mais l'éloignement de la métropole et la faiblesse de l'arsenal français dans la zone face à ces deux super-puissances ne sont guère compatibles avec ces ambitions.

La stratégie française manque de "visibilité", estiment à cet égard des sénateurs dans un rapport publié la semaine dernière.

Dans ce centre névralgique du commerce mondial, Paris doit renforcer les coopérations sans donner l'impression de se doter d'un "dispositif anti-chinois", opine l'officier militaire. Selon lui, "la France a fait le choix de ne pas participer à toute coalition qui se voudrait possiblement perçue comme anti-chinoise".

Avec l'Australie, "il y a un enjeu: on est un pays frontalier" via la Nouvelle-Calédonie, souligne par ailleurs l'entourage de Sébastien Lecornu.

Parmi d'autres domaines évoqués figure le cyber, la sécurité des câbles sous-marins et la lutte informationnelle. "C'est un domaine moins visible" que la signature de contrats, assure-t-on de même source. Mais c'est aussi un domaine où la Chine assoit son influence.


Budget de la Sécurité sociale: les députés votent sur les recettes, après un compromis sur la CSG du capital

Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après d’intenses négociations, l’Assemblée a adopté un amendement réduisant le rendement de la hausse de la CSG à 1,5 milliard€
  • Le gouvernement multiplie les concessions pour éviter le rejet du texte

PARIS: L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre le gouvernement et les députés, qui ont notamment abouti à l'adoption d'un compromis sur la question clé de la hausse de la CSG sur les revenus du capital.

L'adoption de cette partie recettes est cruciale, puisque son rejet vaudrait rejet de tout le texte, dans une nouvelle lecture elle-même décisive. Pour obtenir un vote favorable des députés, le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture jeudi, que ce soit sur les franchises médicales ou le niveau des dépenses de l'Assurance maladie, avec un Sébastien Lecornu très présent au banc.

Cette hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) visant spécifiquement les revenus du capital, supprimée au Sénat après avoir été approuvée en première lecture à l'Assemblée, était particulièrement attendue par la gauche, mais désapprouvée par la droite.

"Ne tapez pas l'épargne populaire des Français", a martelé Laurent Wauquiez, patron des députés LR.

Les séances de l'après-midi et du soir ont été entrecoupées de nombreuses suspensions permettant des discussions en coulisses entre les députés et le gouvernement.

Pour arracher un compromis, le gouvernement a déposé un amendement cherchant à la fois à "sécuriser des recettes" et "assurer que les classes moyennes ne soient pas impactées", avec un rendement attendu de 1,5 milliard d'euros, au lieu de 2,8 dans la version initiale.

Il a finalement été adopté par 177 voix contre 84 et 92 abstentions. Un vote vivement critiqué par le député RN Jean-Philippe Tanguy, qui a dénoncé une taxe "qui va frapper plus durement un artisan à 2.000 euros qu'un multimillionnaire".

- Moment "potentiellement critique" -

Signe de la bonne volonté du gouvernement, Mme de Montchalin a aussi dit prendre "acte" de l'absence de consensus concernant le doublement des franchises médicales, c'est à dire le reste à charge payé par les patients, par exemple sur les médicaments. "Cette proposition (...) ne peut être incluse dans nos projections financières", a-t-elle dit, sans pour autant fermement s'engager sur une absence totale de décret en ce sens.

Concernant l'objectif des dépenses de l'assurance maladie (l'Ondam), elle a précisé que le gouvernement envisageait de les augmenter "jusqu'à plus 2,5%" contre une hausse d'environ 2% prévue aujourd'hui.

Elle s'est par ailleurs engagée à "accompagner un compromis" sur "l'année blanche" concernant les retraites et les minima sociaux, c'est-à-dire leur non indexation sur l'inflation.

Dans un moment "potentiellement critique", le Premier ministre a consacré sa journée aux débats parlementaires, reportant ses rendez-vous prévus.

Il a fait monter la pression dans l'hémicycle, martelant que l'absence de texte conduirait à "29 ou 30 milliards" d'euros de déficit pour la Sécu l'an prochain, alors que le gouvernement souhaite le contenir autour de 20 milliards d'euros.

Une note du ministère de la Santé a été distribuée aux députés, faisant état d'un "risque très élevé sur le financement du système de protection sociale", faute de budget. Elle a suscité des réactions houleuses du côté de LFI ou du RN accusant le gouvernement de jouer sur les "peurs".

Pressé par ailleurs par plusieurs ténors de son camp, chez Horizons, Les Républicains ou par le président LR du Sénat Gérard Larcher, d'activer l'article 49.3 de la Constitution, M. Lecornu l'a de nouveau exclu.

"Vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et, au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer", a-t-il tancé.

- Camp gouvernemental divisé -

Le scrutin sur l'ensemble du projet de loi n'est prévu que le 9 décembre. Son rejet hypothèquerait grandement l'adoption du budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre.

Le texte est réécrit par les députés depuis mardi dans l'hémicycle en nouvelle lecture, après que le Sénat a supprimé plusieurs concessions du gouvernement au PS, dont l'emblématique suspension de la réforme des retraites.

Des concessions que désapprouvent le groupe Horizons et Les Républicains. En l'état, "on ne peut pas voter pour", a asséné Edouard Philippe, chef des députés Horizons qui oscillent à ce stade entre abstention et vote contre.

De quoi faire peser une sérieuse menace sur l'adoption du texte. Car face au rejet attendu du RN, de son allié l'UDR et de LFI, l'absence de soutien des deux groupes à la droite du camp gouvernemental pourrait concourir à faire tomber le texte, même avec des votes "pour" du PS.

Marque de son ouverture au compromis, celui-ci a approuvé une taxe sur les mutuelles censée rapporter un milliard d'euros, qu'il avait rejetée en première lecture.

Pendant ce temps, le Sénat a adopté la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l'Etat pour 2026, après l'avoir largement remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d'euros de hausses de prélèvements.


Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie: «profonde inquiétude» de Macron qui promet d'agir pour «sa libération»

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  • La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin
  • Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française

PARIS: Emmanuel Macron a "appris avec une profonde inquiétude la condamnation en appel" à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, a déclaré jeudi l'Elysée.

"Il lui adresse ses pensées ainsi qu'à sa famille. Nous continuerons d'agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais", a ajouté la présidence française.

La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, le journaliste de 36 ans s'était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 km à l'est d'Alger.

Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française.

Le ministre français de l'Intéreur Laurent Nuñez a affirmé jeudi que sa libération était "un élément majeur" des discussions en cours "entre Paris et Alger", relancées depuis la grâce présidentielle octroyée mi-novembre à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal par l'Algérie.

Emmanuel Macron s'était ensuite dit "disponible" pour échanger avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune si cela permet d'"obtenir des résultats" et d'"avancer" dans les relations tendues entre les deux pays, mais cet échange n'a pas encore eu lieu.

 

 

 

 


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.