Malgré les crises, une croissance mondiale meilleure que prévu en 2023, selon le FMI

"Les perspectives sont moins sombres que dans nos prévisions d'octobre" a précisé le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas (Photo, AFP).
"Les perspectives sont moins sombres que dans nos prévisions d'octobre" a précisé le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

Malgré les crises, une croissance mondiale meilleure que prévu en 2023, selon le FMI

  • Le ralentissement s'annonce moins important qu'attendu dans plusieurs économies développées
  • Par ailleurs, l'inflation, qui a grimpé à des niveaux très élevés partout dans le monde, ralentit désormais

WASHINGTON: L'économie mondiale résiste mieux que prévu aux chocs à répétition et le FMI a relevé sa prévision de croissance pour 2023, le spectre de la récession s'éloignant pour plusieurs pays tandis que la réouverture de la Chine laisse espérer un rebond supplémentaire.

Le Fonds monétaire international (FMI) table désormais sur une croissance mondiale de 2,9% en 2023, selon son rapport publié lundi. C'est 0,2 point de pourcentage de plus que ce qu'il attendait en octobre, lors de la publication de ses précédentes prévisions.

"Les perspectives sont moins sombres que dans nos prévisions d'octobre" a précisé le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'une conférence téléphonique.

"L'année à venir restera difficile", a-t-il averti, mais "elle pourrait aussi être un tournant", sur les fronts de la croissance et de l'inflation, a précisé l'économiste.

Le ralentissement s'annonce moins important qu'attendu dans plusieurs économies développées, en particulier aux États-Unis (1,4% de croissance en 2023, 0,4 point de pourcentage de plus qu'en octobre).

Mais aussi en Allemagne ou en Italie, où le FMI ne redoute désormais plus de récession, contrairement à ce qu'il prévoyait en octobre. La croissance en zone euro, qui résiste mieux que prévu à la crise énergétique liée au conflit en Ukraine, est ainsi attendue à 0,7%, soit 0,2 point de plus qu'auparavant.

L'autre facteur important est la réouverture de la Chine après l'abandon de la politique zéro-Covid. Malgré la gestion chaotique qui a entraîné une forte hausse des cas de Covid dans le pays, cette réouverture devrait permettre à la croissance chinoise (+5,2% contre 4,4% prévu il y a trois mois) de venir donner un coup d'accélérateur à l'économie mondiale.

Par ailleurs, l'inflation, qui a grimpé à des niveaux très élevés partout dans le monde, ralentit désormais, et devrait être moins élevée en 2023 qu'en 2022 dans la majorité des pays, relève le FMI dans son rapport.

L'institution de Washington la voit toutefois un peu plus élevée cette année que ce qu'elle prévoyait auparavant, à 6,6% contre 6,5% prévus en octobre. Mais elle devrait revenir en 2024 à des niveaux inférieurs à 2021 (+4,3% contre +4,7%).

Ces chiffres sont plus optimistes que ceux publiés mi-janvier par la Banque mondiale, qui voyait la croissance mondiale encore ralentir. Mais c'était avant l'annonce de la fin des mesures massives de confinement contre la Covid-19 en Chine. Les paramètres pris en compte par les deux institutions sont par ailleurs différents.

Récession attendue au Royaume-Uni 

Les trois locomotives mondiales - États-Unis, Chine et Europe - montrent ainsi de clairs signes de résilience, pour des raisons diverses. Et l'ensemble des économies avancées devrait connaître cette année une croissance, même faible.

Une exception cependant: le Royaume-Uni devrait être le seul pays du G20 à connaître une récession cette année, avec une baisse du PIB de l'ordre de 0,6% (en baisse de 0,9 point de pourcentage par rapport aux prévisions d'octobre).

À l'inverse, la Russie pourrait y échapper, malgré les sanctions prises par la communauté internationale depuis l'invasion de l'Ukraine, avec une croissance légèrement positive en 2023 (+0,3%) et qui devrait même s'accélérer en 2024 (+2,1%).

Ailleurs dans le monde, l'expansion prévue en Afrique sub-saharienne (+3,8%, quasi inchangé) ou au Moyen-Orient et Asie Centrale (+3,2%, 0,4 point de moins qu'en octobre) est attendue bien plus élevée qu'en Amérique latine et aux Caraïbes, où elle restera inférieure à la croissance mondiale (+1,8%).

Les deux locomotives latino-américaines, Brésil et Mexique, voient en effet leur prévision de croissance --respectivement à +1,2% et +1,7%--, se situer bien en deçà de celle attendue pour les autres grands pays émergents, en particulier la Chine et l'Inde (+6,1%).

Et pour 2024, la croissance mondiale devrait atteindre 3,1%, en hausse par rapport à 2023, mais avec une révision en légère baisse par rapport à octobre (-0,1 point de pourcentage).

Pour ces deux années cependant, "la croissance mondiale restera faible par rapport aux normes historiques", a encore indiqué le chef économiste du FMI.


La cheffe du FMI appelle la Chine à rééquilibrer son économie vers la consommation

La cheffe du FMI, Kristalina Georgieva (Photo, AFP).
La cheffe du FMI, Kristalina Georgieva (Photo, AFP).
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  • Le FMI prévoit une hausse de 5,2% du PIB du géant asiatique cette année
  • «Ce rebond vigoureux signifie que la Chine devrait représenter environ un tiers de la croissance mondiale en 2023»

PÉKIN: La cheffe du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a salué dimanche la forte contribution que la Chine apportera à la croissance mondiale en 2023, exhortant toutefois Pékin à rééquilibrer son économie vers la consommation.

Le FMI prévoit une hausse de 5,2% du PIB du géant asiatique cette année, une performance rendue possible par la progressive normalisation de l'activité après la levée des restrictions anti-Covid dans le pays en décembre.

"Ce rebond vigoureux signifie que la Chine devrait représenter environ un tiers de la croissance mondiale en 2023, ce qui donnera un coup de fouet bienvenu à l'économie mondiale", s'est félicité Kristalina Georgieva.

Elle s'exprimait lors d'un forum organisé à Pékin.

Kristalina Georgieva a cependant appelé la Chine "à augmenter la productivité et à rééquilibrer l'économie en délaissant l'investissement au profit d'une croissance davantage axée sur la consommation".

Cette méthode est selon elle plus durable, moins dépendante de l'endettement et contribuera à relever les défis climatiques.

"Pour y parvenir, le système de protection sociale devrait jouer un rôle central en augmentant les prestations d'assurance maladie et d'assurance chômage afin d'amortir les chocs subis par les ménages", a-t-elle plaidé.

La protection sociale en Chine est en progression depuis plusieurs décennies, au fil de l'enrichissement du pays, mais n'est pas au niveau des économies les plus avancées.

Kristalina Georgieva a également appelé à des "réformes" afin "d'uniformiser les règles du jeu entre le secteur privé et les entreprises publiques", ces dernières étant traditionnellement privilégiées par l'État.

Ces mesures de rééquilibrage pourraient conduire selon elle à une réduction des émissions de dioxyde de carbone de l'ordre de 15% en trois décennies.

"Cela se traduirait par des bénéfices pour le monde entier : une baisse des émissions mondiales de 4,5% au cours de la même période", a-t-elle déclaré.

Comme d'autres pays, la Chine est vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus fréquents avec le changement climatique.

Le géant asiatique a été touché l'an passé par une grave sécheresse qui a réduit la production d'énergie hydroélectrique et entraîné des coupures d'électricité.

"La plupart des émissions de dioxyde de carbone du pays sont générées par les secteurs de l'énergie et de l'industrie", a souligné Kristalina Georgieva.

"Le passage à une croissance tirée par la consommation permettra donc de réduire la demande d'énergie et d'atténuer les pressions en matière de sécurité énergétique."


La fin du ticket de caisse papier de nouveau repoussée

«On considère que le moment n'est pas le bon pour que la mesure entre en vigueur», a indiqué le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée notamment au Commerce, dans l'édition dominicale du Parisien, suite à une information parue dans Midi Libre. (AFP)
«On considère que le moment n'est pas le bon pour que la mesure entre en vigueur», a indiqué le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée notamment au Commerce, dans l'édition dominicale du Parisien, suite à une information parue dans Midi Libre. (AFP)
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  • La fin de l'impression systématique des tickets de caisse, prévue à partir du 1er avril, a été de nouveau repoussée en raison de l'inflation,
  • La loi «anti-gaspillage et économie circulaire», votée en 2020, prévoyait de mettre un terme à l'impression du ticket de caisse à l'issue d'une transaction commerciale

PARIS: La fin de l'impression systématique des tickets de caisse, prévue à partir du 1er avril, a été de nouveau repoussée en raison de l'inflation, a indiqué dimanche à l'AFP le ministère de l'Economie et des Finances, confirmant des informations de presse.

Initialement prévue à partir du 1er janvier 2023, cette mesure avait déjà été décalée au 1er avril.

"On considère que le moment n'est pas le bon pour que la mesure entre en vigueur", a indiqué le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée notamment au Commerce, dans l'édition dominicale du Parisien, suite à une information parue dans Midi Libre.

"Nous avons des remontées de terrain, nous discutons avec les associations de consommateurs, avec la grande distribution, qui nous disent que, face à l'inflation, beaucoup de Français souhaitent vérifier l'exactitude du montant des courses qu'ils font", a indiqué le cabinet.

Selon Bercy, une nouvelle date devrait être annoncée en début de semaine prochaine.

Deux dates sont en discussion affirme le Parisien, le 1er août et le 1er septembre. "Notre préférence se porte sur le 1er août", a indiqué le ministère d'Olivia Grégoire cité par le quotidien, car "en septembre c'est le moment des achats de rentrée, cela risque d'être encore plus perturbant".

La loi "anti-gaspillage et économie circulaire", votée en 2020, prévoyait de mettre un terme à l'impression du ticket de caisse à l'issue d'une transaction commerciale, sauf demande explicite du client, avec comme objectif de réduire la production de déchets.

Mais depuis cette loi, la forte inflation notamment sur les prix en grandes surfaces a rendu plus fréquente la consultation du ticket de caisse par les consommateurs.


La crise bancaire consacre les actions technologiques comme improbable valeur refuge

La décélération de la Fed, dont le message prudent, mercredi, a poussé les opérateurs à tabler sur un arrêt immédiat du resserrement monétaire et une série de baisses de taux d'ici la fin de l'année. (AFP)
La décélération de la Fed, dont le message prudent, mercredi, a poussé les opérateurs à tabler sur un arrêt immédiat du resserrement monétaire et une série de baisses de taux d'ici la fin de l'année. (AFP)
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  • Meta, Alphabet et Microsoft ont tous gagné plus de 10% à Wall Street depuis les prémices de la tempête qui a balayé le secteur bancaire américain, début mars
  • A la différence du tournant des années 2000, le monde numérique est désormais ancré dans nos vies

NEW YORK: Longtemps vues comme risquées et trop chères, les actions du secteur technologique ont brillé depuis le début de la crise bancaire, au point d'être désormais considérées comme une valeur refuge pour les investisseurs.

Meta, Alphabet et Microsoft ont tous gagné plus de 10% à Wall Street depuis les prémices de la tempête qui a balayé le secteur bancaire américain, début mars, alors que, dans le même temps, l'indice Dow Jones lâchait plus de 2%.

"Les investisseurs voient ces grandes capitalisations technologiques comme une destination sûre en ce moment", observe Angelo Zino, de CFRA Research.

Le label tranche avec l'image longtemps véhiculée par la tech depuis l'explosion de la bulle internet, en 2000, celle d'un secteur souvent surévalué, aux perspectives financières très incertaines, propice aux mauvaises surprises.

"Beaucoup crient +au feu+" depuis des mois "à propos du secteur technologique, mais le Nasdaq est en hausse d'environ 13% cette année", souligne Dan Ives, de Wedbush Securities, dans une note. "Nombre d'investisseurs qui pariaient à la baisse cherchent à comprendre."

"Une part importante des plus grandes entreprises du monde viennent de la tech", rappelle Scott Kessler, de Third Bridge, leurs capitalisations massives les protégeant partiellement de la volatilité ambiante. "Et elles ont une flexibilité financière et des réserves de cash énormes", ce qui leur donne une assise considérable en période agitée sur les marchés.

En outre, à la différence du tournant des années 2000, le monde numérique est désormais ancré dans nos vies.

"Les gens ne vont pas se passer de Windows ou d'AWS (la filiale d'Amazon dédiée au cloud) d'un seul coup, ou arrêter de faire des recherches sur internet", fait valoir l'analyste. Désormais, les services qu'offrent les mastodontes du net et de l'informatique "sont vus comme fondamentaux et nécessaires".

«Un énorme nuage»

A ces éléments structurels, s'ajoutent des facteurs conjoncturels qui ont offert aux actions de la nouvelle économie un alignement des astres inattendu.

Parmi les acteurs qui ont convergé vers ces valeurs, selon Dan Ives, un nombre important ont choisi de déserter le secteur financier, "ne sachant pas quelle banque était en crise ou quelle nouvelle allait tomber un dimanche soir" sur des mesures d'urgence.

Les Etats-Unis restent, en effet, fragilisés par la chute de trois banques en quelques jours, ce qui a érodé la confiance des marchés dans le système financier, même si la panique a été contenue.

Ceux qui ont fait le déplacement ont trouvé des valorisations attractives, dues à la brutale correction qui a marqué la tech en 2022, provoquée par la sortie de la pandémie de coronavirus et un cycle de resserrement monétaire à marche forcée.

Par ailleurs, depuis la fin de l'année dernière, "les investisseurs ont droit à ce qu'ils attendent (de la part des géants technologiques), c'est-à-dire des plans d'économies", souligne Angelo Zino.

Amazon a encore annoncé, cette semaine, 9 000 suppressions de postes, qui s'ajoutent aux 18 000 lancées en janvier. Quelques jours plus tôt, Meta avait frappé beaucoup plus fort encore, en portant à 24% la réduction de ses effectifs depuis novembre.

"Le sentiment général vis-à-vis de ces grands noms a changé, du fait de l'accent qu'ils ont mis sur l'efficience" et la rationalisation de leurs coûts, juge Scott Kessler, un paramètre qui n'apparaissait pas, jusqu'ici, comme un impératif du fait de leur croissance irrésistible.

Dernière carte dans le jeu des valeurs technologiques, la décélération de la banque centrale américaine (Fed), dont le message prudent, mercredi, a poussé les opérateurs à tabler sur un arrêt immédiat du resserrement monétaire et une série de baisses de taux d'ici la fin de l'année.

Le scénario serait idéal pour ceux qu'on appelait naguère les "Gafam", avant que Facebook ne devienne Meta et que Google ne soit chapeauté par Alphabet, car ces groupes, comme tout le secteur technologique, dépendent des conditions de crédit pour financer leur développement rapide.

"Les hausses de taux ont l'air terminées, ce qui dissipe un énorme nuage au-dessus de l'industrie", confirme Dan Ives.

Toutes les valeurs du milieu n'ont pas les mêmes perspectives, prévient néanmoins Angelo Zino, pour qui "certaines capitalisations plus modestes vont avoir plus de mal à digérer le durcissement de l'accès au crédit" lié aux turbulences qui traversent le système bancaire. La crise a démarré avec la faillite de Silicon Valley Bank (SVB), grand argentier des start-up technologiques.

Pour ces sociétés moins établies, dit-il, "il va falloir être plus sélectif".