Plusieurs groupes à l'Assemblée demandent un débat sur l'Ukraine

Un aperçu de l'intérieur de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, à Paris le 13 décembre 2022 (Photo, AFP).
Un aperçu de l'intérieur de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, à Paris le 13 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

Plusieurs groupes à l'Assemblée demandent un débat sur l'Ukraine

  • Ces demandes ont été formulées à l'occasion de la venue en France du président de la Rada, le parlement de l'Ukraine, Rouslan Stefantchouk
  • «La France doit aider l’Ukraine» mais sur la scène internationale, «notre pays donne le sentiment d’être à la remorque»

PARIS: Plusieurs chefs de groupes politiques à l'Assemblée ont réclamé mardi l'organisation d'un débat au Parlement sur la guerre en Ukraine, que la Première ministre Elisabeth Borne a promis d'aider "jusqu'à la victoire".

Ces demandes ont été formulées à l'occasion de la venue en France du président de la Rada, le parlement de l'Ukraine, Rouslan Stefantchouk, présent au début de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée.

"Etes-vous prête à organiser ce débat au Parlement ?", a demandé Olivier Marleix (LR) à la Première ministre.

"La France doit aider l’Ukraine" mais sur la scène internationale, "notre pays donne le sentiment d’être à la remorque", a-t-il estimé, évoquant un "isolement du président de la République jusque dans son propre pays".

Mathilde Panot (LFI) a aussi réclamé "un débat sur le rôle que la France doit tenir" et formulé le "vœu qu'une solution diplomatique soit trouvée au plus vite", en pointant "les risques de montée en puissance" du conflit.

Pas question de devenir "co-belligérants par la livraison d’armes lourdes offensives", pour le communiste André Chassaigne, également désireux d'un débat au Parlement.

Au nom du groupe RN, Marine Le Pen a assuré avoir "toujours condamné l’invasion du territoire souverain de l’Ukraine", sous les protestations d'autres bancs.

"La livraison au compte-gouttes d'armements offensifs signerait probablement une guerre de 100 ans" et "un engagement total de l'Otan (…) conduirait à une 3e guerre mondiale", a-t-elle estimé, en appelant à une "résolution diplomatique du conflit" et à "une grande conférence pour la paix".

"Nous sommes et nous resterons avec vous jusqu'à la victoire", a assuré pour sa part la Première ministre en s'adressant au président de la Rada, et en redisant que la France était prête "à étudier les demandes supplémentaires des Ukrainiens" en terme d'armements.

La France va fournir 12 canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine

La France va fournir à l'Ukraine 12 canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des pièces déjà livrées, lui permettant de disposer d'une cinquantaine d'exemplaires, "une masse qui n'a rien de négligeable" selon le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.

Ces 12 canons de moyenne portée seront livrés "dans les semaines qui viennent" et seront "financés dans le cadre du fonds de soutien de 200 millions d'euros" mis en place par la France, a précisé mardi le ministre lors d'une conférence de presse commune avec son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, qui effectuait sa première visite bilatérale depuis le début de la guerre en février dernier.

Ils viendront s'ajouter aux 18 Caesar déjà livrés par la France ainsi qu'aux 19 canons Caesar promis par le Danemark à Kiev mi-janvier.

Un seul est aujourd'hui hors d'usage. "Il y a une maintenance à réaliser sur les 17 qui restent, liée au combat ou à l'usure classique de ce type de matériel", a indiqué le ministre.

Copenhague avait commandé ces pièces d'artillerie au groupe français Nexter entre 2017 et 2019. Mais les livraisons ont pris du retard et seuls quelques exemplaires ont déjà été livrés.

La France a également promis mardi de livrer à l'Ukraine un radar Ground Master 200 (GM200) produit par le français Thales. Ce radar de moyenne portée permet de détecter un aéronef ennemi à 250 km et de le combattre à 100 kilomètres, que celui-ci vole à faible vitesse et basse altitude comme les drones, ou à haute altitude comme les avions de combat.

Il assure également une protection face aux roquettes et tirs d'artillerie en alertant les troupes au sol des tirs ennemis, assure son fabricant, qui l'a vendu à plus de 60 exemplaires dans le monde. Il est transportable sur camion.

Au même moment, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, qui recevait son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, annonçait la livraison à l'Ukraine de 12 canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des 18 pièces déjà livrées.

"Donnez-nous les avions, donnez-nous les ailes de notre victoire", avait auparavant lancé le président de la Rada Rouslan Stefantchouk. "Ces ailes nous protègeront" ainsi que "l’ensemble de l’Europe".

"Grâce à vous, le lexique français s’enrichit de nouveaux mots", a-t-il affirmé.

"Aujourd’hui, nous savons ce que signifie (les armements, ndlr) Crotal, Caesar, LRU, AMX 10, et nous sommes prêts à enrichir notre vocabulaire avec d’autres mots" comme les "(chars) Leclerc français qui nous renforceront au sol, mais également des (avions) Mirage et des Rafale", a souligné M. Stefantchouk, qui devait ensuite être reçu par le président Emmanuel Macron.

Mercredi le président de la Rada ira visiter le matin un centre de réfugiés ukrainiens dans les Yvelines avec la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, et s'exprimera l'après-midi à 14H30 devant le Sénat.


Élections législatives à Paris : Barnier exhorte Dati à « ne pas se tromper » d'élection

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
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  • a ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.
  • Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

PARIS : Selon Michel Barnier, Rachida Dati a « une ambition légitime » pour la mairie de Paris et ne doit « pas se tromper » d'élection en se présentant également à la législative dans la deuxième circonscription de la capitale.

La ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.

« Je veux que les Parisiens puissent voter pour quelqu’un plutôt que contre. C’est à Rachida Dati, qui a une ambition légitime pour animer des listes d’union à Paris, de ne pas se tromper et de choisir la bonne voie », commente Michel Barnier, désigné par LR comme candidat à cette législative, dans La Tribune Dimanche.

« Je ne suis candidat qu’à la députation », martèle l'éphémère ancien Premier ministre. « Rachida Dati le sait. Je le lui ai dit et je l’ai même écrit aux adhérents LR (…). Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », ajoute-t-il, se disant prêt à soutenir la ministre dans sa course pour l’Hôtel de Ville.

Des proches de la maire du VIIe arrondissement, renvoyée en procès pour corruption et trafic d'influence le 22 juillet, craignent que Michel Barnier ait lui aussi des ambitions pour la mairie de Paris si elle ne pouvait pas se présenter.

Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

« Cela fait plus de vingt-cinq ans que j’ai quitté, volontairement, mes fonctions en Savoie » et « je suis Parisien depuis plus de vingt ans ». J’habite dans cette circonscription depuis plus de douze ans », répond-il.

Ces rivalités risquent d'entraîner une nouvelle guerre fratricide, dont Les Républicains ont le secret. Pour l'éviter, LR espère trouver un accord avec Rachida Dati « d'ici la rentrée ».

Interrogé sur les ambitions que lui prêtent certains pour 2027, Michel Barnier réitère qu'il sera « présent dans le débat public » pour la présidentielle et les législatives.


Droit du travail: le gouvernement se donne jusqu'en septembre pour cadrer la négociation

Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement lance des négociations larges sur le droit du travail et l’assurance chômage, avec une lettre de cadrage attendue la semaine prochaine
  • Parmi les mesures envisagées : monétisation de la cinquième semaine de congés, suppression de deux jours fériés, lutte contre les temps partiels subis et assouplissement des CDD et intérim

PARIS: Le ministère du Travail a indiqué vendredi que la feuille de route de la négociation sur le droit du travail, avec notamment la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés, serait envoyée en septembre pour poursuivre "la concertation préalable".

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et sur le droit du travail pour participer à l'effort budgétaire.

Le ministère doit adresser "dans le courant de la semaine prochaine" la "lettre de cadrage" fixant le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avec des discussions prévues "jusqu’à la mi-novembre", ainsi que le document d'orientation concernant la suppression de deux jours fériés pour une négociation qui doit durer "jusqu’à la fin du mois de septembre".

Mais les autres mesures ayant trait à "la modernisation du marché du travail et la qualité du travail" feront l'objet d'un document d'orientation à la rentrée. Outre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, il s'agit notamment de lutter contre les temps partiels subis, de "fluidifier" le marché du travail avec des assouplissements sur les CDD et les contrats d'intérim ou encore de dispositions sur l’indemnisation des arrêts maladie.

"Un envoi en septembre plutôt que début août répond à une demande de certains des partenaires sociaux de pouvoir poursuivre la concertation préalable à l’envoi de ce document d’orientation", a expliqué le ministère, ajoutant que cela "permettra de continuer à recueillir leurs avis, leurs idées et leurs priorités pour enrichir ce document".

Le calendrier de cette négociation doit s'étendre "sur plusieurs mois, au minimum jusqu’à la fin de l’année 2025", selon la même source.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.