La nouvelle représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie mise sous pression par Québec

Amira Elghawaby. (Photo, Twitter, @AmiraElghawaby)
Amira Elghawaby. (Photo, Twitter, @AmiraElghawaby)
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

La nouvelle représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie mise sous pression par Québec

  • La nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de lutter contre l’islamophobie a dû clarifier des déclarations controversées faites à l’Ottawa Citizen en 2019
  • Dans une lettre au journal, elle dénonçait le sentiment antimusulman qui aurait entouré l'adoption de la loi sur la laïcité de l’État, également connue sous le nom de «loi 21» au Québec

MONTRÉAL: Le lendemain de sa nomination comme représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, le 26 janvier, Amira Elghawaby a dû clarifier des déclarations polémiques qu’elle avait faites en 2019. La parution d’un article dans le quotidien La Presse a en effet rappelé le contenu d'une lettre publiée par Elghawaby dans le Ottawa Citizen, où elle dénonçait le sentiment antimusulman qui aurait entouré l'adoption de la loi sur la laïcité de l’État, également connue sous le nom de «loi 21» au Québec. 

«Malheureusement, la majorité des Québécois semblent influencés non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman» 

Amira Elghawaby, à propos de la loi 21 dans une chronique du Ottawa Citizen

Dans un message publié sur Twitter, elle a expliqué qu’elle «ne pense pas que les Québécois sont islamophobes», mais que ses commentaires précédents faisaient référence à un sondage sur la loi 21.

Ce texte coécrit avec Bernie Farber, président du Réseau canadien antihaine, en 2019, se basait sur un sondage de la firme Léger, qui montrait que 88 % des Québécois qui avaient une perception négative de l’islam étaient défenseurs de la loi sur la laïcité de l’État.

De son côté, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a été appelé à commenter les déclarations d'Elghawaby lors d'une réunion avec les membres de son caucus et a déclaré qu'il ne partageait pas ses propos et qu'il s'attendait à ce qu'elle les clarifie

QUE DIT LA LOI 21 AU QUÉBEC?

Elle interdit le port de symboles religieux pour les employés de l'État en position d'autorité de contrôle et les enseignants dans le réseau scolaire public. Cependant, elle reconnaît le droit des personnes déjà en poste avant le 27 mars 2019, jour précédant la présentation du projet de loi.

Nomination contestée et «douteuse»

La nomination d'Amira Elghawaby a été critiquée par le ministre de la Langue française du Québec, Jean-François Roberge, qui l’a qualifiée de «douteuse» en raison de ses opinions antiquébécoises. «Au nom du gouvernement, je lui ai demandé de retirer ses propos et de s'excuser. Or, elle n'a fait que tenter de justifier ses propos odieux. Ça ne passe pas. Elle doit démissionner et si elle ne le fait pas, le gouvernement doit la démettre sans délai», a affirmé celui qui est aussi ministre de la Langue française, dans une note écrite transmise à Radio-Canada.

D'autres ministres au sein du gouvernement Trudeau, comme Pablo Rodriguez, ministre fédéral du Patrimoine, ont également exprimé leur insatisfaction et ont été blessés et insultés par les déclarations de Mme Elghawaby. 

Sur Twitter, vendredi, le chef de l'opposition officielle, le conservateur Pierre Poilievre, a déclaré que Trudeau choisissait encore une fois de diviser les Canadiens en nommant une personne ayant fait des remarques antiquébécoises, antijuives et antipolicières. «Il [Justin Trudeau] doit nommer quelqu'un qui peut nous unir tous dans la lutte contre le racisme et l'islamophobie», affirme-t-il.

 

EN BREF

La semaine dernière, le Canada a nommé sa toute première conseillère chargée de la lutte contre l'islamophobie, dans un pays marqué par une série d'attaques visant la communauté musulmane ces dernières années. Le communiqué émis par le bureau du Premier ministre Justin Trudeau indique que Amira Elghawaby sera en charge de représenter, conseiller, informer et parler au nom du gouvernement fédéral dans ses efforts pour lutter contre l'islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l'intolérance religieuse. L'annonce a été faite jeudi par le ministre de la Diversité et de l'Inclusion, Ahmed Hussen.

Islam et engagement civique

Le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a pour sa part apporté son soutien à Amira Elghawaby, affirmant qu’elle avait clarifié sa pensée et qu'il était important de lutter contre l'islamophobie, qui est une réalité au Canada. 

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a quant à lui sollicité une rencontre urgente avec Mme Elghawaby, et le Premier ministre Trudeau s'est engagé à la faciliter. 

Le président du Centre culturel islamique de Québec, Mohammed Labidi, a également défendu la nomination de Elghawaby. «C’est une femme, elle est bilingue, elle a toutes les qualités pour mener ce dossier», a-t-il indiqué sur le nouveau site Web de 24 heures (24heures.ca). 

«Elle nous a appuyés tout au long et après la tragédie de l’attentat perpétré à la grande mosquée de Québec il y a six ans. Elle était là à la Cour pour appuyer les familles, et a montré son engagement et ses compétences pour soutenir les familles de victimes», a-t-il ajouté.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.