Des méga-riches quittent la Chine pour mettre leur fortune à l'abri à Singapour

Singapour voit affluer des familles chinoises ultra-riches qui cherchent à protéger leur patrimoine d'un parti communiste qui les regarde avec une méfiance croissante. (AFP).
Singapour voit affluer des familles chinoises ultra-riches qui cherchent à protéger leur patrimoine d'un parti communiste qui les regarde avec une méfiance croissante. (AFP).
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Publié le Samedi 04 février 2023

Des méga-riches quittent la Chine pour mettre leur fortune à l'abri à Singapour

  • Les représailles récentes des autorités contre des milliardaires de la tech, des stars qui avaient négligé de payer leurs impôts, et trois ans de politique «zéro-Covid», ont poussé de riches chinois à chercher refuge ailleurs
  • Un nombre croissant d'entre eux a élu domicile à Singapour

SINGAPOUR : Singapour voit débarquer un nombre croissant de familles très fortunées quittant la Chine pour la cité-Etat d'Asie du Sud-Est afin de mettre leur fortune hors d'atteinte du Parti communiste qui les considère avec de plus en plus de méfiance.

Les représailles récentes des autorités contre des milliardaires de la tech, des stars qui avaient négligé de payer leurs impôts, et trois ans de politique "zéro-Covid", ont poussé de riches chinois à chercher refuge ailleurs.

Un nombre croissant d'entre eux a élu domicile à Singapour, ont rapporté à l'AFP plusieurs sources proches de ce milieu.

Le centre financier asiatique coche toutes les cases pour les entrepreneurs exilés.

Dans cette île dirigée par le même parti depuis six décennies, les grèves et les manifestations sont interdites. Les impôts sont relativement bas et la population en majorité d'origine chinoise.

L'arrivée récente de Chinois très riches n'est pas passée inaperçue. Certains se sont installés dans des demeures luxueuses avec vue sur la mer dans l'île de Sentosa.

"Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ils dépensent. C'est fou", dit Pearce Cheng, Pdg de la société AIMS qui offre des services de déménagement et d'immigration.

Il a vu lors d'une fête chez l'un de ses clients, servir un whisky rare, "Yamazaki 55", qui peut valoir jusqu'à 800 000 dollars la bouteille.

Sa société aide les arrivants à trouver des appartements de luxe, embaucher des chauffeurs ou inscrire les enfants dans des écoles privées.

Les nouveaux venus aiment se déplacer en Rolls Royces ou Bentleys et fréquentent des clubs de golf très sélects, comme le Sentosa Golf Club, dont l'abonnement annuel pour les étrangers atteint 670,000 dollars.

"Beaucoup d'entre eux sont de jeunes Chinois, avec des vêtements de créateurs à la mode, ils restent entre eux en général, ce qui n'est pas surprenant", note Benny Teo, directeur d'une société de conseil marketing dans le domaine du golf, Blazon.

«Ici mon argent est à moi»

S'installer à Singapour permet aux Chinois les plus riches de mettre leur fortune hors de portée des autorités chinoises, après plusieurs affaires médiatisées qui les ont effrayés.

Jack Ma, ex-patron du géant chinois du e-commerce Alibaba, a encaissé une perte de revenus estimée à 25 milliards de dollars quand les autorités ont brutalement annulé l'entrée en Bourse de son groupe en 2020.

D'autres grands patrons craignent d'être la prochaine cible du Parti communiste, ou de devoir vendre leur entreprise à bas prix, indique un responsable de la comptabilité dans ce secteur.

"Déménager à Singapour permet de protéger la fortune de la famille pour plusieurs générations", explique le spécialiste à l'AFP.

Singapour est de plus en plus considéré comme un lieu de résidence, plutôt qu'une solution de repli, indique une autre source du secteur.

"Au moins quand je suis ici, je sais que mon argent est à moi", lui a confié un client.

L'un des fondateurs d'une chaîne de restaurants de "hotpot", Haidilao, a récemment créé son "family office", une structure qui gère le patrimoine de clients fortunés, à Singapour.

L'Autorité monétaire de Singapour note que le nombre de family offices a plus que doublé de 2020 à 2021, pour atteindre 700.

Loh Kia Meng, co-responsable d'un service spécialisé dans la gestion de fortune au cabinet d'avocats Dentons Rodyk, les estime à environ 1 500 fin 2022 dans l'île.

"Je ne serais pas surpris si le chiffre total (...) montrait qu'un family office sur deux vient de Chine", dit-il.

«Zone neutre»

La tendance devrait se poursuivre, même sans les restrictions liées au Covid. Les tensions croissantes entre Pékin et Washington poussent aussi certains entrepreneurs à partir.

Singapour est "une zone neutre très pratique", où les méga-riches peuvent faire des affaires, relève Song Seng Wun, un économiste de la région Asie pour la banque privée CIMB.

La cité-Etat a su à la fois maintenir des liens étroits pour sa sécurité avec les Etats-Unis et des relations commerciales solides avec la Chine.

"L'attention médiatique sur des grandes fortunes qui ont établi un family office à Singapour a dirigé les projecteurs sur notre petite île", souligne M. Loh.

"Si les riches de ce monde convergent vers Singapour, pourquoi pas moi?", pensent ses clients, résume-t-il.


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
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  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
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  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.


EDF prolonge la durée de vie de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni

Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
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  • EDF a annoncé la prolongation jusqu’en 2028 de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni après des inspections de sécurité satisfaisantes
  • Ces prolongations visent à garantir l’approvisionnement en électricité bas carbone et à soutenir les objectifs climatiques du Royaume-Uni

LONDRES: L'énergéticien français EDF, qui exploite les cinq centrales nucléaires actuellement en activité au Royaume-Uni, a annoncé mardi prolonger la durée de vie de deux d'entre elles, assurant que cela "contribuera à la sécurité énergétique" du pays.

"Prolonger la durée de vie de ces centrales (...) permettra de garantir l'emploi plus longtemps à plus de 1.000 personnes qui y travaillent et de soutenir les ambitions du Royaume-Uni de disposer d'un approvisionnement en électricité propre et sûr", a fait valoir dans un communiqué le directeur des opérations nucléaires d'EDF au Royaume-Uni, Mark Hartley.

Heysham 1 (nord-ouest de l'Angleterre) et Hartlepool (nord-est) verront leurs durées de vie étendues d'un an, jusqu'en mars 2028, après une prolongation similaire annoncée en décembre dernier, suite à des inspections et évaluations de sécurité satisfaisantes.

EDF avait aussi prolongé en décembre la vie de deux autres centrales nucléaires, Heysham 2 et Torness, qui produiront de l'électricité jusqu'en mars 2030.

La cinquième centrale d'EDF en activité dans le pays, Sizewell B, utilise une technologie différente et "sa durée de vie n'a pas été évaluée dans le cadre de ce processus" mais EDF estime dans son communiqué qu'il existe "de bonnes chances" de prolonger aussi sa durée de vie de 20 ans, jusqu'en 2055.

L'énergéticien français est depuis 2009 l'opérateur du vieillissant parc nucléaire outre-Manche.

Il est parallèlement en charge de la construction de deux autres centrales nucléaires de nouvelle génération de type EPR au Royaume-Uni, Hinkley Point C et Sizewell C. L'entreprise est régulièrement pointée du doigt pour les délais et dérapages de budget de ces projets pharamineux.

Hinkley Point C est en construction et le gouvernement britannique a donné son feu vert en juillet à Sizewell C -- dont le coût avait alors enflé à 38 milliards de livres (44 milliards d'euros).

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités. Une façon aussi d'atteindre ses ambitions climatiques, en complément des immenses champs d'éoliennes construits en mer.

Le gouvernement a promis en juin d'injecter plus de 30 milliards de livres (35 milliards d'euros) pour relancer l'énergie nucléaire dans le pays, pour Sizewell C, mais aussi des petits réacteurs et la recherche sur la technologie prometteuse de la fusion.