Ukraine: Nouveau ministre de la Défense, la pression des troupes russes s'accroît

«L'ennemi se prépare à avancer. Nous nous préparons à nous» (Photo, Reuters).
«L'ennemi se prépare à avancer. Nous nous préparons à nous» (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 06 février 2023

Ukraine: Nouveau ministre de la Défense, la pression des troupes russes s'accroît

  • Âgé de 37 ans, Kyrylo Boudanov va diriger le ministère de la Défense
  • Oleksiï Reznikov, 56 ans, sera nommé ministre des Industries stratégiques

KIEV: Le chef du renseignement militaire Kyrylo Boudanov va devenir le nouveau ministre de la Défense de l'Ukraine, qui s'attend à une vaste offensive des troupes russes dont la pression augmente actuellement dans l'est.

La nomination de M. Boudanov, 37 ans, est "parfaitement logique en temps de guerre", "la guerre dicte les mouvements de personnel", a expliqué le député David Arakhamia qui a annoncé dimanche soir le remplacement au portefeuille de la Défense d'Oleksiï Reznikov, 56 ans.

Ce dernier venait de promettre quelques heures plus tôt au cours d'une conférence de presse des "audits" au sein de son ministère à la suite d'un scandale de corruption lié à l'approvisionnement de l'armée, en pleine invasion russe.

Il avait reconnu à cette occasion que les services de lutte contre la corruption de son ministère avaient "failli dans leur tâche" et qu'ils devaient être "entièrement restructurés".

Son départ survient à un moment où "la situation très difficile dans la région (orientale) de Donetsk, (où) il y a des batailles féroces", a souligné dans la soirée le président Volodymyr Zelensky.

"De nombreux rapports indiquent d'ores et déjà que les occupants veulent faire quelque chose de symbolique en février. Pour essayer de venger leurs défaites de l'année dernière. Nous constatons cette pression accrue dans différentes zones de la ligne de front", a-t-il ajouté.

Des avions !

"Aujourd'hui, en ce qui concerne l'obtention d'armes, (...) nous avons tout reçu et maintenant nous devons obtenir les avions" pour "protéger notre espace aérien", avait peu auparavant martelé à Kiev le ministre ukrainien de la Défense sortant.

Cela pourrait-être des F-16 américains ou "d'autres" appareils, avait poursuivi Oleksiï Reznikov, avant de lancer : "nous aurons aussi les avions".

Il avait néanmoins déploré les "réticences" à livrer de tels aéronefs à son pays, ce qui va "coûter plus de vies" aux Ukrainiens.

Le ministre avait dans le même temps promis que les armes de longue portée devant être prochainement fournies à l'Ukraine ne serviraient pas à viser le territoire russe, mais seulement les zones occupées, certaines capitales occidentales s'inquiétant d'un risque d'escalade du conflit qui a commencé il y a presque un an.

Combats acharnés à Bakhmout

Interrogé sur un éventuel retrait de Bakhmout, dont les soldats russes, épaulés par les mercenaires du groupe Wagner, tentent depuis l'été de s'emparer, M. Reznikov a assuré dimanche que c'était toujours "une forteresse, un symbole".

Les Russes ont obtenu de petits gains territoriaux ces dernières semaines dans la région avec l'espoir de faire sauter le verrou ukrainien sur cette cité en grande partie détruite et où les deux belligérants subissent de lourdes pertes.

Ils ont notamment pris la bourgade de Soledar et plus récemment le village de Blagodatné.

"Des combats acharnés ont lieu dans les quartiers nord (de Bakhmout) pour chaque rue, chaque maison, chaque cage d'escalier", a raconté dimanche le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne sur place.

"Les forces armées ukrainiennes ne battent pas en retraite. Elles luttent jusqu'au dernier homme", a-t-il reconnu.

Dans le sous-sol d'une église 

Des journalistes de l'AFP ont assisté dimanche à Bakhmout à une liturgie organisée dans le sous-sol de l'église au bulbe doré de la Toussaint en présence d'une vingtaine de personnes, dont deux soldats ukrainiens.

Trois femmes ont chanté des hymnes avec en toile de fond sonore les échanges de tirs. La pièce n'était éclairée que par une vingtaine de bougies et une lampe portative utilisée par les deux prêtres pour lire la Bible.

"Aujourd'hui, j'ai prié pour que tout aille mieux pour moi après ma mort", a expliqué à l'extérieur de cette église Serafim Tchernychov, 20 ans.

"La nuit dernière, un missile s'est abattu sur mon jardin et une balle est entrée à l'intérieur de ma maison, elle aurait pu me toucher. Donc, nous devons comprendre que la vie est courte, je peux mourir maintenant ou dans 30 ans", a-t-il encore dit. "Si je suis tué, ce sera la volonté de Dieu", a-t-il ajouté, résigné.

Lioubov Avramenko, 84 ans, a de son côté confié avoir prié "pour la paix". "Nous sommes assis dans un sous-sol sans eau, ni gaz, ni électricité", a-t-elle témoigné.

Samedi soir, le président Zelensky avait reconnu que la situation se "compliquait" sur le front, en particulier à Bakhmout qu'il avait plus tôt juré de défendre "aussi longtemps que possible".

Dans cette région, ces dernières 24 heures, plusieurs missiles ont touché Droujkivka, où quatre personnes ont été blessées, a fait savoir en fin d'après-midi l'état-major des forces ukrainiennes.

Frappes du nord au sud 

Cinq autres civils ont reçu des blessures dimanche dans deux frappes russes sur le centre de Kharkiv, la deuxième agglomération ukrainienne, dans le nord-est, a signalé le chef de l'administration militaire régionale, Oleg Sinegoubov. Un bâtiment de quatre étages a été "totalement détruit", a précisé l'armée.

Dans le sud, la cité de Kherson, reconquise en novembre par les Ukrainiens, a été visée à trois reprises le même jour par l'artillerie russe, ont annoncé les autorités locales qui ont fait état d'un blessé.

Et "des centaines de milliers" d'habitants de la région méridionale d'Odessa" sont toujours privés de courant à la suite d'un incident technique survenu la veille dans une centrale électrique, qui a constamment été victime de bombardements russes ces derniers temps, a regretté dans la soirée Volodymyr Zelensky.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.