Eurazeo: la dirigeante Virginie Morgon poussée vers la sortie

Dans cette photo d'archive prise le 18 juillet 2022, la présidente du groupe d'investissement français Eurazeo, Virginie Morgon, arrive à un dîner d'État lors de la visite du président des Émirats arabes unis au domaine du Grand Trianon près du château de Versailles, au sud-ouest de Paris. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 18 juillet 2022, la présidente du groupe d'investissement français Eurazeo, Virginie Morgon, arrive à un dîner d'État lors de la visite du président des Émirats arabes unis au domaine du Grand Trianon près du château de Versailles, au sud-ouest de Paris. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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Publié le Lundi 06 février 2023

Eurazeo: la dirigeante Virginie Morgon poussée vers la sortie

  • Après avoir fait ses armes au sein de la banque Lazard, cette rare figure féminine de la finance française, âgée de 53 ans, était entrée au directoire d'Eurazeo en 2008, avant de prendre en 2018 la présidence du groupe coté à la Bourse de Paris
  • Le conseil de surveillance et Virginie Morgon ont décidé conjointement qu'il soit mis fin à ses fonctions de présidente et membre du directoire d'Eurazeo

PARIS: Bouleversement à la tête d'Eurazeo: un conseil de surveillance a entériné le remplacement de la présidente du directoire de la société d'investissement, Virginie Morgon, à la suite de dissensions avec le principal actionnaire, la famille Decaux, qui souhaitait son départ.

Après avoir fait ses armes au sein de la banque Lazard, cette rare figure féminine de la finance française, âgée de 53 ans, était entrée au directoire d'Eurazeo en 2008, avant de prendre en 2018 la présidence du groupe coté à la Bourse de Paris, en succédant à Patrick Sayer.

"Le conseil de surveillance et Virginie Morgon ont décidé conjointement qu'il soit mis fin à ses fonctions de présidente et membre du directoire d'Eurazeo", a indiqué le groupe dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi à l'issue de plusieurs heures de réunion.

Elle sera remplacée par deux présidents, Christophe Bavière, fondateur de la société d'investissement Idinvest Partners rachetée par Eurazeo, et William Kadouch-Chassaing, ancien directeur financier de la Société Générale.

Virginie Morgon, star féminine de la finance française

"Guerrière", "reine de la finance", "exceptionnelle", les superlatifs se sont succédés au fil des années dans la presse pour qualifier le parcours de Virginie Morgon, 53 ans, qui vient de connaître un premier accroc avec son évincement de la direction d'Eurazeo.

Fille de médecins lyonnais, la dirigeante née le 26 novembre 1969 a été formée par la banque Lazard où elle a passé 16 ans, après des études à Sciences Po Paris et un master en économie et management de la prestigieuse université Bocconi de Milan.

Chez Lazard, elle grimpe rapidement les échelons pour devenir à 32 ans la plus jeune associée-gérante de la banque.

En 2008, elle rejoint un ancien associé-gérant de Lazard passé à la tête d'Eurazeo, Patrick Sayer. Ce dernier lui cèdera sa place à la présidence du directoire d'Eurazeo en 2018.

Quatre ans plus tard, des dissensions avec l'actionnaire principal, la famille Decaux, la poussent vers la sortie, et elle est remplacée par deux présidents.

«Un modèle»

"C'est le genre de personne qui donne envie de donner le meilleur de soi. Elle tire les gens vers le haut et est devenue un modèle pour plein de gens qui sont entrés chez Eurazeo", a confié à l'AFP une source interne qui la côtoie régulièrement.

Dynamique avec "30 idées à la seconde", elle est aussi décrite comme "hyper exigeante" et "franche" - "c'était elle, la boss" - tout en étant "quelqu'un de profondément humain, très proche des équipes et à l'écoute des gens".

La première grosse opération de Virginie Morgon a été l'investissement dans la marque de doudounes Moncler en 2011. "Je me suis fait insulter sur les marchés", racontait Patrick Sayer en 2019 au Monde, "prétendument, on n'y connaissait rien au luxe, c'était trop cher. Mais c'est elle qui avait raison, grâce à sa capacité à ne négliger aucun détail".

Ce sera l'une des plus belles réussites d'Eurazeo, rapportant près de cinq fois la mise de départ.

Virginie Morgon gèrera aussi, entre autres, la prise de participation dans le groupe hôtelier Accor. "Si je pars en guerre, je la prends avec moi!", avait dit d'elle Sébastien Bazin, le PDG d'Accor Hotels au Monde en 2019.

"Quand vous regardez mon parcours professionnel, je ne suis pas sûre de compter beaucoup de personnes de mon âge qui n'aient travaillé que pour deux entreprises", remarquait auprès de l'AFP Virginie Morgon lors de sa nomination à la tête d'Eurazeo, alors qu'elle était directrice générale et présidente d'Eurazeo Amérique du Nord.

Incontournable

Une nomination féminine qui tranchait dans l'univers très masculin du capital- investissement.

"Que je sois une femme et que j'accède à la présidence d'Eurazeo, oui, bien sûr j'en suis très fière", avait-elle dit. "Est-ce que j'aurais d'autant plus la fierté d'être un modèle pour un certain nombre de jeunes femmes dans le secteur de l'investissement ou de la banque ? (...) Je crois que je le fais déjà depuis de longues années".

Virginie Morgon, au carnet d'adresses bien fourni, a transformé Eurazeo en société d'investissement internationale présente dans plus de dix pays et dont les actifs sous gestion sont passés de 7 milliards à 32 milliards d'euros.

"Elle sort du lot, elle est directe, européenne mais globalisée et, à New York, son nom est devenu incontournable dans notre microcosme. Mais surtout, avec elle, vous pouvez parler de tout: des deals, des droits de l'homme ou de la promotion des femmes", selon Lloyd Blankfein, ancien PDG de Goldman Sachs, cité dans le Journal du dimanche en 2018.

Virginie Morgon est aussi administratrice indépendante de L'Oréal. Elle est également co- présidente de Human Rights Watch en France et engagée dans le Women's Forum for the Economy and Society.

Elle est mère de quatre enfants.

«Nouvelle dynamique»

Ils prennent la tête d'un nouveau directoire, désigné à l'unanimité par le conseil de surveillance, alors que deux des proches de Mme Morgon, Nicolas Huet et Marc Frappier, quitteront également l'instance après avril.

"Avec la mise en place d'un nouveau directoire, collégial et resserré, (...) le conseil a souhaité insuffler une nouvelle dynamique pour accélérer le développement des activités d'Eurazeo et déployer une stratégie performante et créatrice de valeur", a déclaré Jean-Charles Decaux, président du conseil, dans le communiqué.

Le conseil de surveillance avait été convoqué dimanche pour prendre une décision sur le maintien ou non de Virginie Morgon à la suite d'une réunion extraordinaire entre actionnaires, qui s'était tenue durant huit heures vendredi, à l'initiative de la famille Decaux, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

Le décès en juin 2022 du fondateur d'Eurazeo et ancien dirigeant de Lazard, Michel David- Weill, dont Mme Morgon était proche, avait "bouleversé les équilibres au sein du conseil", selon cette source.

Premier actionnaire, "la famille Decaux a pris l'ascendant sur le conseil et a voulu prendre la main sur le groupe en termes de management", une volonté qui s'est heurtée à la personnalité "indépendante" de Virginie Morgon, a-t-elle détaillé, évoquant une "confiance rompue".

Divergences stratégiques

Mais malgré des soutiens au conseil de surveillance, il devenait difficile de faire front à l'actionnaire principal.

Outre "l'incompatibilité de personnes", il y avait des divergences stratégiques, toujours de même source. Mme Morgon avait la volonté de continuer à faire croître Eurazeo, éventuellement via une acquisition, ce qui n'était "pas forcément l'objectif premier des Decaux".

Sous sa direction, le groupe s'est transformé en société d'investissement internationale présente dans plus de dix pays et dont les actifs sous gestion sont passés de 7 milliards d'euros à 32,4 milliards d'euros, notamment grâce à la gestion pour compte de tiers.

Une performance boursière jugée insuffisante, une monopolisation du pouvoir et des rémunérations jugées excessives auraient également joué en sa défaveur, selon le journal Les Echos.

"Je quitte mes fonctions après 14 ans à la direction d'Eurazeo avec l'immense fierté de la transformation réussie du groupe, devenu un des grands leaders de l'investissement privé en Europe", a déclaré Virginie Morgon.

La famille Decaux détient 18% du capital et 25% des droits de vote d'Eurazeo. La famille David-Weill possède autour de 10% du capital, aux côtés des familles Guyot et Solages, fondatrices de la banque Lazard et qui détiennent au total environ 15,5% des titres.

Jean-Charles Decaux, président du directoire et codirecteur général du géant français de l'affichage publicitaire JCDecaux, avait pris la présidence du conseil de surveillance peu avant le décès de Michel David-Weill.

Avant de rejoindre Eurazeo, Virginie Morgon avait passé 16 ans au sein de la banque Lazard. Elle en avait grimpé rapidement les échelons pour en devenir à 32 ans la plus jeune associée- gérante.

L'action Eurazeo est en progression de plus de 12% depuis le début de l'année après avoir chuté de 21% en 2022, année catastrophique pour les marchés.

En 2021, la société d'investissement avait annoncé un bénéfice net "record" de 1,57 milliard d'euros, après une année 2020 marquée par des pertes liées à la pandémie.


FII9 : le PIF dépasse les 250 milliards de dollars d’accords conclus depuis son lancement

Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
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  • Plus de 250 milliards de dollars d’accords signés via la FII en moins de dix ans, le PIF dépassant 1 150 milliards $ d’actifs ; la FII9 vise à renforcer l’impact global de la plateforme
  • Al-Rumayyan appelle à une refonte du modèle économique mondial, soulignant que la véritable richesse réside dans la prospérité humaine, pas seulement dans les chiffres

RIYAD : Plus de 250 milliards de dollars d’accords ont été signés via la plateforme du Future Investment Initiative (FII) depuis sa création il y a moins de dix ans, selon Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Public Investment Fund (PIF) et président de l’Institut FII.

En ouvrant la neuvième édition de la conférence à Riyad, il a affirmé que cette rencontre vise à renforcer l’impact mondial de l’initiative.

Al-Rumayyan a décrit la FII comme le plus grand forum mondial réunissant dirigeants, décideurs et investisseurs pour influencer la trajectoire de l’économie mondiale, rapporte Al Arabiya.

Il a souligné que les participants, issus des secteurs public et privé, représentent collectivement un capital et une responsabilité considérables, ainsi que de vastes opportunités pour façonner les résultats économiques.

Le gouverneur a appelé les participants à agir avec responsabilité et à saisir les opportunités qui se présentent.

Au cours de l’année écoulée, a-t-il noté, les ambitions des investisseurs et des entreprises ont évolué face aux changements économiques et technologiques rapides.

Il a estimé que les modèles économiques traditionnels ne suffisent plus et a appelé gouvernements et entreprises à devenir de véritables partenaires pour promouvoir un nouveau modèle de coopération internationale et de prospérité mondiale.

Le PIF constitue une pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, moteur de la diversification et de la croissance durable au-delà du secteur pétrolier.

En tant que l’un des plus grands fonds souverains au monde, le PIF gère des actifs dépassant 1 150 milliards de dollars, contre environ 925 milliards un an plus tôt, selon les données officielles.

Ses investissements couvrent de multiples secteurs et régions, avec un intérêt croissant pour la technologie, les infrastructures et l’énergie verte.

Le mandat du PIF s’aligne sur l’ambition du Royaume de positionner l’Arabie saoudite comme une destination mondiale de premier plan pour les investissements, soutenue par des mégaprojets et des partenariats internationaux destinés à accélérer la croissance du PIB non pétrolier.

Al-Rumayyan a déclaré que la FII est devenue le lieu de référence où dirigeants et investisseurs débattent des défis et opportunités partagés.

Il a mis en évidence un écart croissant entre l’optimisme des individus quant à leur avenir personnel et leur pessimisme face à la situation mondiale, ajoutant que la technologie pourrait combler ce fossé si elle est déployée de manière inclusive.

Il a toutefois averti que l’intelligence artificielle risque d’accentuer les inégalités éducatives si elle n’est pas régulée de façon équitable et responsable.

Il a identifié l’inégalité comme un frein majeur au progrès humain, citant des prévisions selon lesquelles environ 10 % de la population mondiale pourrait vivre dans une pauvreté extrême d’ici 2025.

Néanmoins, il s’est dit confiant que les dirigeants réunis à la FII peuvent transformer les défis actuels en opportunités bénéfiques pour la société.

Abordant la Vision 2030, Al-Rumayyan a affirmé que le programme a fixé une nouvelle référence mondiale en matière de transformation économique.

Il a noté que les investissements directs étrangers dans le Royaume ont augmenté de 24 % pour atteindre 31,7 milliards de dollars, soulignant que l’Arabie saoudite s’impose désormais comme une destination mondiale majeure, soutenue par ses mégaprojets et ses préparatifs pour accueillir l’Expo 2030 et la Coupe du Monde de la FIFA 2034.

Enfin, il a rappelé que la véritable richesse se mesure au bien-être des populations plutôt qu’aux chiffres, et a invité les participants à utiliser les trois jours du forum pour forger des partenariats transfrontaliers capables de débloquer des opportunités transformatrices au service de l’humanité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


FII9 marque un tournant : les leaders de la tech et du monde entier réunis à Riyad, selon son président

Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
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  • FII9 s’impose comme un point de bascule mondial, avec une forte domination du secteur technologique et la participation de plus de 20 chefs d’État
  • La FII dépasse le symbolisme pour des résultats tangibles, avec la signature d’accords concrets et des investissements réels, confirmant son rôle de catalyseur pour les partenariats mondiaux

RIYAD: La neuvième édition du Future Investment Initiative marque un « tournant » dans la dynamique mondiale de l’innovation, les leaders technologiques représentant plus de la moitié des intervenants à cet événement organisé dans la capitale saoudienne.

Dans une interview accordée à CNBC, Richard Attias, président du comité exécutif de la FII Institute, a déclaré que la conférence de cette année représente un changement majeur, alors que de nombreux secteurs cherchent à comprendre l’impact de l’intelligence artificielle.

Lancé en 2017, le Future Investment Initiative — souvent surnommé le « Davos du désert » — est devenu une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de mettre en avant sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition 2025, qui se tient du 27 au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des grandes tendances de l’économie mondiale et explorer de nouveaux partenariats dans les industries émergentes.

« FII9 est un tournant », a déclaré Attias à CNBC. « Cette année, 52 % de nos intervenants viennent du secteur technologique. Cela montre bien l’importance de l’IA, bien sûr, mais aussi de l’innovation dans son ensemble, car tous les secteurs et toutes les industries sont désormais impactés par la technologie. »

Attias a souligné trois facteurs clés de cette édition : la prédominance de la technologie, la présence de plus de 20 chefs d’État et 50 ministres représentant 90 pays, ainsi que la réputation grandissante de l’événement comme l’une des plateformes les plus inclusives pour la collaboration internationale.

« Ce sera une formidable plateforme pour les partenariats public-privé », a ajouté Attias, insistant sur le fait que cette coopération est « probablement l’une des solutions aux grands défis auxquels l’économie mondiale est confrontée ».

Il a qualifié la FII de « plateforme probablement la plus inclusive au monde », notant la présence de délégations de nations rivales comme la Russie et l’Ukraine, aux côtés des États-Unis, de la Chine, ainsi qu’une forte participation du Sud global et de jeunes entrepreneurs.

« Riyad devient la capitale économique du monde, au moins pour cette semaine », a affirmé Attias, précisant que la FII s’est étendue d’une conférence de trois jours à une semaine complète d’événements, les participants arrivant plus tôt pour profiter des opportunités offertes par le Royaume.

L’ampleur de l’activité, a-t-il admis, est un « bon problème à avoir », mais nécessite un véritable « navigateur » pour gérer la multitude de réunions et de secteurs représentés.

Il a également évoqué la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, précisant qu’il ne s’agit plus d’un plan futuriste, mais d’une réalité « en mouvement », couvrant des secteurs allant du sport et du divertissement à la sécurité alimentaire, au tourisme, à l’énergie et aux infrastructures.

Attias a souligné que la FII a dépassé le stade des protocoles d’accord symboliques : « De véritables accords sont conclus. Des partenariats très concrets sont signés », a-t-il déclaré.

Il a relié cet esprit d’optimisme et d’action à la résilience de l’institut, rappelant que la FII faisait partie des rares grandes conférences maintenues pendant la pandémie de COVID-19 en 2020. Cet état d’esprit, selon lui, illustre la mission du FII Institute : « créer un impact pour l’humanité ».

L’édition 2025 a attiré 9 000 délégués issus d’une centaine de pays, avec la participation de l’ensemble des fonds souverains du Conseil de coopération du Golfe. Attias a affirmé qu’en réunissant ces fonds avec les sociétés de capital-investissement, les banques, les institutions financières et les PDG mondiaux, la FII a créé « l’équation parfaite » pour stimuler l’investissement et la coopération mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Transition énergétique: l'enveloppe des CEE passe à plus de 8 milliards d'euros en 2026

Une borne de recharge électrique de grande puissance lors de l'inauguration de la première station-service entièrement électrique de la nouvelle région Aquitaine par Total Energies, à Mérignac, près de l'aéroport de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 21 mai 2025. (AFP)
Une borne de recharge électrique de grande puissance lors de l'inauguration de la première station-service entièrement électrique de la nouvelle région Aquitaine par Total Energies, à Mérignac, près de l'aéroport de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 21 mai 2025. (AFP)
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  • Le budget des certificats d’économies d’énergie (CEE) augmentera d’environ 27 % en 2026, passant de 6 à plus de 8 milliards d’euros, pour soutenir la rénovation énergétique et la transition vers la mobilité électrique
  • Une partie du financement public de MaPrimeRénov’ et du Bonus écologique sera désormais assurée par les CEE

PARIS: L'enveloppe des "certificats d'économies d'énergie", un dispositif de financement privé qui octroie des aides pour passer à la voiture électrique ou rénover thermiquement son logement, va augmenter "d'environ 27%" en 2026 pour atteindre "plus de huit milliards d'euros", a indiqué vendredi la ministre de la Transition écologique Monique Barbut devant les députés.

Créé en 2005, ce dispositif reposant sur le principe du pollueur-payeur oblige les fournisseurs d'énergie à financer des actions de réduction de la consommation d'énergie et d'amélioration de l'efficacité énergétique.

En échange d'octroyer une subvention à un ménage ou à une entreprise pour remplacer une chaudière au fioul pour une pompe à chaleur, le fournisseur obtient un CEE. Tous les quatre ans, il doit justifier qu'il a atteint l'objectif de CEE fixé par l'Etat.

Soucieux de garder le cap du financement de la transition énergétique sans creuser davantage son budget, l'Etat se tourne vers ce dispositif qui repose sur des fonds privés. Les fournisseurs d'énergie répercutent en partie ces aides sur les factures ou le litre de carburant.

En plus des aides publiques, certaines opérations jusqu'à alors subventionnées sur les deniers de l'Etat "seront maintenant financées par les ressources issues des certificats d'économie d'énergie", l'effort porté par les CEE devant ainsi "augmenter globalement d'environ 27% et passer de six milliards d'euros en 2025 à plus de huit milliards en 2026", a confirmé la ministre Monique Barbut devant la commission du développement durable.

Elle a expliqué que cette augmentation profitera notamment au dispositif d'aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' et à la mobilité électrique, pour le Bonus écologique à l'achat d'un véhicule et le Leasing social, "des dispositifs essentiels pour le pouvoir d'achat".

"Nous veillerons à leur utilisation optimale pour qu'ils s'adressent d'abord aux populations les plus vulnérables", a-t-elle ajouté.

Interrogé sur MaPrimeRénov', qui croule sous les demandes, le ministre délégué chargé de la Transition écologique Mathieu Lefèvre a souligné qu'"il n'y a pas de baisse des crédits" mais "un basculement d'une partie du financement" vers les CEE.

L'Agence nationale de l'habitat (Anah), qui distribue les aides MaPrimeRénov', disposera pour 2026 de 3,5 milliards d'euros de crédits, dont 1,5 milliard d'euros de l'Etat, un milliard d'euros de CEE, 700 millions d'euros de quotas carbone, complétés par la trésorerie de l'Anah, selon une source gouvernementale.

Très attendu des acteurs du secteur, le décret actant les modalités de la 6e période des CEE pour 2026-2030 doit être publié prochainement.