Quelles prochaines étapes dans la réforme des retraites en France ?

Des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves et de manifestations nationales contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 31 janvier 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves et de manifestations nationales contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 31 janvier 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 03 février 2023

Quelles prochaines étapes dans la réforme des retraites en France ?

  • Emmanuel Macron a fait de la réforme des retraites un emblème de son second mandat, que les syndicats et des millions de manifestants sont déterminés à bloquer
  • Après deux journées de grèves nationales et de manifestations, voici ce qu'il pourrait se passer dans la rue, au Parlement, au sein du gouvernement et dans l'opinion publique française dans les prochaines semaines

PARIS: Le président français Emmanuel Macron est confronté au plus gros bras de fer avec les syndicats depuis son arrivée au pouvoir en 2017, l'issue d'une série de grèves et manifestations contre le projet de réforme des retraites étant considérée comme décisive par les deux parties.

Le dirigeant de 45 ans a fait de la réforme des retraites un emblème de son second mandat, que les syndicats et des millions de manifestants sont déterminés à bloquer.

Après deux journées de grèves nationales et de manifestations, voici ce qu'il pourrait se passer dans la rue, au Parlement, au sein du gouvernement et dans l'opinion publique française dans les prochaines semaines.

Dans la rue

Les leaders syndicaux se sont félicités de la deuxième journée de protestations de mardi, qui, selon eux, a réuni 2,5 millions de personnes dans la rue.

Le décompte du ministère de l'Intérieur a fait état d'1,27 million de manifestants contre 1,1 million lors de la première journée de mobilisation le 19 janvier.

L'élan est du côté des syndicats qui ont annoncé deux nouvelles journée de protestations et de grèves mardi et samedi prochain.

"La mobilisation est toujours plus forte, et elle est étendue sur l'ensemble du territoire," a déclaré le patron du syndicat CGT Philippe Martinez.

Cependant les syndicats n'ont plus la capacité de paralyser le pays et la plupart des salariés du tertiaire peuvent facilement s'adapter à la pénurie de transports grâce au télétravail.

La plus grande crainte des autorités est une répétition des manifestations des "gilets jaunes". En 2018, ce mouvement spontané, issu principalement de la campagne et de petites villes françaises, avait conduit à de violents affrontements  avec la police.

"Le traumatisme était si grand et la violence si importante, que je ne vois pas comment cela pourrait se reproduire pour le moment", a expliqué le politologue Bruno Cautrès à l'AFP.

Au gouvernement

Le gouvernement s'attendait à une réaction massive. Rares sont les changements politiques majeurs sans protestations en France.

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy s'était heurté à une résistance similaire avec sa réforme des retraites en 2010.

Macron a fait face à plusieurs mouvements syndicaux depuis 2017 et il a toujours réussi a faire passer ses réformes. La seule exception concerne sa première tentative de réformes des retraites, déjà très controversée, qui avait été retirée en 2020 pendant la pandémie de Covid-19.

La Première ministre Élisabeth Borne est en première ligne pour défendre la réforme, mais alors que les rangs de la contestations se durcissent, le président pourrait être contraint d'entrer dans la mêlée.

"Je pense que le président s'exprimera, mais il n'a pas d'intérêt de le faire maintenant," a déclaré à l'AFP un ministre sous couvert d'anonymat. "S'il le faisait, ce serait un peu vu comme: Panique à bord."

Au Parlement

Le projet de loi sera débattu pour la première fois entre les 577 députés de l'Assemblée nationale lundi.

Les alliés d'Emmanuel Macron constituent le groupe le plus important avec 170 députés, mais ils ne détiennent plus la majorité absolue depuis les élections législatives de juin.

Le soutien des 62 députés du parti de droite Les Républicains (LR), qui milite depuis longtemps pour le relèvement de l'âge de la retraite, sera essentiel pour adopter la réforme.

"Je souhaite que le régime de répartition permette de payer les retraites de demain", a déclaré jeudi Éric Ciotti, président du parti LR. "Si on ne le réforme pas, nous n’y arriverons pas."

Mais le soutien de l'ensemble des députés LR reste incertain.

Le débat à l'Assemblée nationale s'achèvera le 17 février au plus tard, pour que le texte passe ensuite au Sénat. Le gouvernement pourrait également faire passer la loi grâce à des pouvoirs exécutifs controversés qui le dispenseraient du vote du Parlement.

Dans l'opinion publique

Les derniers sondages montrent que plus que deux tiers des Français s'opposent à la réforme et une majorité de la population soutient les manifestations.

Les ministres s'efforcent de trouver des arguments en faveur de leur projet, arguant que les changements sont nécessaires pour réduire les dépenses publiques et qu'ils rendront le système de retraite plus équitable.

Mais "le gouvernement n'a pas réussi à convaincre de la nécessité de sa réforme", a déclaré à l'AFP Bernard Sananes, responsable du groupe de sondage Elabe.

En privé, les alliés du président Macron expliquent que leur meilleur espoir est l'adoption rapide d'un projet qui ne sera jamais populaire, mais qui pourrait être accepté à contrecœur comme nécessaire.

"La question est de savoir le degré de mobilisation et la durée de tout cela," a déclaré à l'AFP un ministre sous couvert d'anonymat.


Plusieurs milliers de personnes dans la rue pour des logements accessibles au Pays basque

Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Se Loger au Pays" et "stop-assez" lors d'une manifestation organisée par le collectif "Se Loger au Pays" pour demander un meilleur accès au logement dans la région du "Pays Basque" à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, le 1er avril 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Se Loger au Pays" et "stop-assez" lors d'une manifestation organisée par le collectif "Se Loger au Pays" pour demander un meilleur accès au logement dans la région du "Pays Basque" à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, le 1er avril 2023. (Photo, AFP)
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  • En dix ans, la population du Pays basque a augmenté de 9,6% avec une hausse importante, en parallèle, du nombre de résidences secondaires et de locations saisonnières
  • Les manifestants réclament en parallèle un encadrement des loyers et une production accrue de logement social, face au manque actuel

BAYONNE: Environ 3 500 personnes, selon les organisateurs et la police, ont défilé ce samedi dans les rues de Bayonne pour dénoncer "les effets néfastes" d'un marché immobilier devenu inaccessible pour les habitants du Pays basque.

Les manifestants, réunis à l'appel de la plateforme Se loger au pays, constituée de 32 associations, syndicats et partis politiques, réclament une "régulation" du marché local et des "évolutions législatives et des politiques en faveur du logement pour toutes et tous".

"Quand on était jeunes, on réussissait à se loger sans problème, mais aujourd'hui je suis solidaire des jeunes quand je les entends", assure Mikele Lucu, 68 ans, présente dans le cortège, réclamant "des règles" contre la spéculation immobilière.

En dix ans, la population du Pays basque a augmenté de 9,6% avec une hausse importante, en parallèle, du nombre de résidences secondaires et de locations saisonnières.

Chaque année, 3 000 nouveaux arrivants s'y installent, essentiellement sur la frange littorale et ses environs, alors que le prix du m2 a augmenté de plus de 35% en quatre ans, avec des pics de 8 à 10 000 euros le m2 dans des villes comme Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz.

Dans la foule, des banderoles aux messages comme "taxez les millionnaires, pas les locataires" ou "tourisme trop envahissant, on veut pouvoir vivre chez nous", s'affichent, en ce jour de fin de trêve hivernale et de journée européenne pour le droit au logement.

Dans leur viseur, la "prolifération" des meublés de tourisme, mais aussi des résidences secondaires, qui représentent 21% du parc immobilier de la zone.

"Il faut empêcher que les habitations soient confisquées à ceux qui font vivre le Pays basque", estime Maialen Errotabehere, membre de la plateforme organisatrice du rassemblement.

Les manifestants réclament en parallèle un encadrement des loyers et une production accrue de logement social, face au manque actuel.

"Vous devez agir vite pour ce droit qui n'est pas négociable", a commenté Denis Luthereau, membre de la fondation Abbé Pierre, s'adressant aux élus.

Le levier de la fiscalité est notamment évoqué par de nombreux acteurs du logement.

Les meublés de tourisme bénéficient aujourd'hui d'un régime fiscal qui permet un abattement de 50 à 71% du montant des revenus locatifs. Une proposition de loi visant à les en exclure a été déposée le 15 février par deux députés socialistes des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, Iñaki Echaniz et Boris Vallaud.

La fondation Abbé Pierre estime que le nombre de personnes à la rue a doublé en huit ans sur le territoire. "Et ça ne prend pas en compte les gens qui sont logés chez des amis, dans la famille, ou qui font des colocations", selon son porte-parole Jean-Pierre Voisin.

En novembre 2021, une manifestation au mot d'ordre similaire avait rassemblé entre 6 500 et 8 000 personnes à Bayonne.


Plusieurs milliers de manifestants attendus à Vire, terre de Borne

Des manifestants se rassemblent alors qu'ils participent à une manifestation contre une réforme des retraites à Vire, dans le nord-ouest de la France, le 1er avril 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants se rassemblent alors qu'ils participent à une manifestation contre une réforme des retraites à Vire, dans le nord-ouest de la France, le 1er avril 2023 (Photo, AFP).
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  • «Depuis des mois nous exprimons notre rejet, mais le gouvernement refuse de nous entendre»
  • Quelques commerces ont protégé leurs vitrines avec des plaques de bois, principalement des banques, des agences immobilières et des boutiques de téléphonie

VIRE: Plusieurs milliers de manifestants sont attendus samedi après-midi à Vire (Calvados) pour protester contre la réforme des retraites, dans la terre d'élection de la Première ministre Elisabeth Borne.

L'ensemble des organisations syndicales appellent à ce rassemblement régional.  "Nous manifestons massivement notre colère, non seulement contre ce projet (de réforme des retraites), mais aussi contre le mépris dont le gouvernement nous écrase", écrit l'intersyncale dans son appel à participer, illustré par un slogan, "64 ans, c'est non!".

"Depuis des mois nous exprimons notre rejet, mais le gouvernement refuse de nous entendre: quel exemple de dialogue! Leur seule réponse, nous la connaissons: c’est la répression du mouvement", affirme encore l'intersyncale.  En fin de matinée, une quarantaine de syndicalistes ainsi que des agriculteurs de la Confédération Paysanne étaient déjà rassemblés devant la Porte Horloge, point de départ prévu du cortège à 14h30, a constaté un correspondant de l'AFP.


Bordeaux : trois nouvelles mises en examen après l'incendie du porche de la mairie

Une manifestation contre la réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
Une manifestation contre la réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • Un premier suspect, né en 1986, a été mis en examen pour «dégradation de bien public par substance incendiaire»
  • Le feu du porche de la mairie avait duré une quinzaine de minutes le soir du 23 mars, après la fin d'une manifestation contre la réforme des retraites

BORDEAUX: Trois hommes ont été mis en examen samedi après l'incendie volontaire du porche de la mairie de Bordeaux le 23 mars, lors d'incidents ayant suivi la manifestation contre la réforme des retraites, a indiqué le parquet dans un communiqué.

Un premier suspect, né en 1986, a été mis en examen pour "dégradation de bien public par substance incendiaire" et "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" et écroué.

Il a déjà fait l'objet de 21 condamnations, dont deux pour des "dégradations d’un objet d'utilité publique", a précisé la procureure de la République de Bordeaux Frédérique Porterie.

Deux autres suspects, nés en 1998 et 2004, ont également été mis en examen uniquement pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" et placés sous contrôle judiciaire.

Le parquet a fait appel de leur placement sous contrôle judiciaire.

Un premier suspect avait déjà été mis en examen pour les mêmes faits le samedi précédent.

Le feu du porche de la mairie avait duré une quinzaine de minutes le soir du 23 mars, après la fin d'une manifestation contre la réforme des retraites émaillée de débordements, endommageant la porte massive en bois de l'édifice, avant d'être éteint par les pompiers.

Le préjudice est estimé à près de 3 millions d'euros par la mairie.