Quatennens reparle à l'Assemblée, les partis désemparés

Le député français de gauche Adrien Quatennens est soutenu par les députés de La France Insoumise Nathalie Oziol et Sébastien Delogu alors que d'autres essaient de l'empêcher de parler lors d'une deuxième journée de débat sur le plan de réforme des retraites du gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Le député français de gauche Adrien Quatennens est soutenu par les députés de La France Insoumise Nathalie Oziol et Sébastien Delogu alors que d'autres essaient de l'empêcher de parler lors d'une deuxième journée de débat sur le plan de réforme des retraites du gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris le 7 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 février 2023

Quatennens reparle à l'Assemblée, les partis désemparés

  • Lorsqu'il s'est levé après 22h30 pour présenter un amendement à la réforme des retraites, le député qui siège désormais parmi les non inscrits a provoqué des réactions contradictoires emblématiques de la gêne des partis sur le sujet
  • La cheffe de file des députés, Aurore Bergé, l'a rappelé tard mardi soir: «on a toujours dit que la seule vérité existante était la vérité judiciaire», a-t-elle expliqué

PARIS: "Comment on sort de ça par le haut? L'agitation provoquée mardi par la prise de parole à l'Assemblée nationale d'Adrien Quatennens, malgré sa condamnation pour violence conjugale, oblige les partis à se réinterroger sur le sort fait aux auteurs de violences, que la justice soit passée ou non. 

Lorsqu'il s'est levé après 22h30 pour présenter un amendement à la réforme des retraites, le député qui siège désormais parmi les non inscrits a provoqué des réactions contradictoires emblématiques de la gêne des partis sur le sujet. 

Certains députés de la France insoumise (LFI), des proches de Jean-Luc Mélenchon, l'ont applaudi, à l'image de Gabriel Amard, Sofia Chikirou et Sébastien Delogu, bien qu'il soit exclu du groupe pendant quatre mois. 

Dans le même temps, des élues de la Nupes ont quitté l'hémicycle, des députés de majorité présidentielle ont crié au "scandale" et à "la honte". 

L'intervention d'Adrien Quatennens s'est soldée par une interruption de séance et laissé entière la question du sort qui doit être réservé aux élus mis en cause pour violences sexuelles et sexistes. 

Tous les partis politiques comptent dans leurs rangs des auteurs de ce type de violences, mais aucun n'a vraiment réussi à appliquer des règles valant pour tous. 

Ces élus doivent-ils être frappés à jamais d'indignité ? Combien de temps le purgatoire doit-il durer ? Doit-il être calqué sur la condamnation pénale ? 

Mercredi, le député LFI François Ruffin a relancé l'idée d'une "charte nationale" commune aux partis politiques, syndicats et entreprises qui décrirait "comment on procède" pour que "ce ne soit pas réglé à la petite semaine". 

Dans le cas d'Adrien Quatennens, la justice l'a condamné à quatre mois de prison avec sursis, et la question de son avenir au sein de sa famille politique reste ouverte. 

Et dans celui par exemple du député Renaissance Damien Abad, accusé de plusieurs viols, la justice ne pourrait intervenir que dans très longtemps. Ou pas du tout. 

« C'est dramatique » 

Pour François Ruffin, le temps politique ne doit pas nécessairement coïncider avec le temps judiciaire. 

"Il y a une distinction entre les sanctions qui sont prises par un parti, par un syndicat, par une entreprise et la peine de justice", a rappelé François Ruffin. 

"S'il y a des affaires de corruption à l'intérieur d'un parti, le parti peut prendre des mesures à lui seul qui ne relèvent pas de la justice", a-t-il détaillé. 

Fin de non-recevoir chez Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron. 

La cheffe de file des députés, Aurore Bergé, l'a rappelé tard mardi soir: "on a toujours dit que la seule vérité existante était la vérité judiciaire", a-t-elle expliqué. Pour elle, les applaudissements qui ont accueilli Adrien Quatennens sont "le summum de l'indécence". 

"C'est un sujet qui nous concerne tous", a jugé le député insoumis Lous Boyard, renvoyant la balle vers la droite et l'extrême droite. 

"Peut-être que cette réflexion pourrait être intéressante pour les LR ou le RN ? Chez eux, on n'a pas entendu vraiment de libération de la parole des femmes sur ce sujet-là ?", a-t-il insisté sur RMC, estimant également que Renaissance faisait montre d'"opportunisme". 

Au sein de La France insoumise et chez ses alliés de la Nupes en tout cas, le malaise est profond. 

"On n'a pas fait preuve d'exemplarité, on a mal géré cette affaire dès le début en termes de symbole", confiait récemment une députée LFI. 

La stratégie de communication d'Adrien Quatannens, qui a crié au lendemain de sa condamnation sur BFMTV au "lynchage" et accablait sa femme sans que celle-ci ait jamais pris la parole publiquement, "a révélé une argumentation qui est du registre d'une inversion du rapport agressée/agresseur", explique Danielle Simonnet, également députée LFI. 

Le mouvement doit "voir à quelle conditions il peut parler en notre nom", a-t-elle ajouté. 

"A force de ne pas vouloir entendre, on est dans quelque chose de conflictuel qui sape un peu tous les efforts qui ont pu être faits sur cette question. C'est dramatique", a regretté de son côté la députée écologiste Sandrine Rousseau. 


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.