Plus de 200 prisonniers politiques libérés au Nicaragua et expulsés aux Etats-Unis

Juan Sebastian Chamorro, l'un des plus de 200 prisonniers politiques libérés du Nicaragua, s'adresse aux journalistes après son arrivée dans la capitale américaine le 9 février 2023. (AFP)
Juan Sebastian Chamorro, l'un des plus de 200 prisonniers politiques libérés du Nicaragua, s'adresse aux journalistes après son arrivée dans la capitale américaine le 9 février 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 février 2023

Plus de 200 prisonniers politiques libérés au Nicaragua et expulsés aux Etats-Unis

  • Deux femmes ayant la double nationalité nicaraguayenne et française se trouvent parmi les personnes libérées
  • La remise en liberté des 222 détenus est intervenue après des mois de discussions menées en toute discrétion

WASHINGTON: Plus de 200 prisonniers politiques ont été libérés jeudi au Nicaragua et expulsés vers les Etats-Unis par le gouvernement du président Daniel Ortega, un geste inattendu qui pourrait relancer le dialogue avec Washington.

La remise en liberté des 222 détenus, dont deux Françaises et un Américain, est intervenue après des mois de discussions menées en toute discrétion et n'a été rendue publique qu'une fois le groupe en route vers les Etats-Unis.

Ils sont arrivés en fin de matinée à bord d'un vol charter à Washington, où les autorités américaines ont promis de leur délivrer des permis de séjour d'une durée initiale de deux ans.

"Nous sommes au pays de la liberté", s'est réjoui l'opposant Juan Sebastian Chamorro, qui a passé "20 mois dans une prison de sécurité maximum, sans aucun contact avec l'extérieur". "On nous a mis dans des bus sans nous dire où on allait (...) et on a réalisé une fois en vol", a-t-il expliqué à l'AFP.

Ariana Gutierrez Pinto, venue accueillir sa mère Evelyn, une militante des droits humains incarcérée pendant 15 mois, était partagée: "Leur libération me semble juste car ils ne vivront pas dans la misère, mais injuste parce qu'ils ont été expulsés de leur propre pays..."

Déchéance de nationalité 

Les Etats-Unis ont salué une décision "positive", tout en insistant sur le fait qu'elle avait été prise "de manière unilatérale" par le régime Ortega, sans aucune promesse d'assouplissement des sanctions qui pèsent contre lui.

C'est "une étape constructive" qui "ouvre la porte à un dialogue" entre Washington et Managua, a toutefois déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Un haut magistrat a confirmé "l'expulsion" des anciens prisonniers qualifiés de "traîtres à la Nation". "Leurs droits civiques ont été suspendus à vie", a précisé le juge Octavio Rothschuh, de la Cour d'appel de Managua.

Ils vont également être déchus de leur nationalité nicaraguayenne en vertu d'une loi adoptée en première lecture jeudi par le Parlement, et dont l'approbation finale ne fait aucun doute.

"Je serai nicaraguayen jusqu'à ma mort", a rétorqué le militant Felix Maradiaga, qui fait partie des prisonniers libérés. Ces derniers chantaient l'hymne du Nicaragua dans l'avion, selon lui.

Deux Françaises 

Deux femmes ayant la double nationalité nicaraguayenne et française se trouvent parmi les personnes libérées: Jeannine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et Ana Alvarez Horvilleur, 43 ans.

Arrêtées le 13 septembre avec le mari de cette dernière, elles avaient été condamnées récemment à huit ans de prison pour "complot et diffusion de fausses nouvelles".

Paris a salué leur libération et réitéré son appel "à un retour de l'Etat de droit au Nicaragua".

Parmi les personnes libérées se trouve également l'ancienne guérillera sandiniste Dora Maria Tellez, mais pas l'évêque catholique Rolando Alvarez, a dit à l'AFP Javier Alvarez, l'époux de Jeannine Horvilleur Cuadra qui vit en exil au Costa Rica.

Le prélat a refusé d'embarquer à bord de l'avion qui conduisait les opposants aux Etats-Unis, a affirmé jeudi le président du Nicaragua, Daniel Ortega.

"M. Alvarez n'a pas voulu respecter ce que lui dictait la loi", a ajouté le président, précisant que l'évêque avait été de nouveau incarcéré.

Ce détracteur d'Ortega avait été arrêté en août avec six autres religieux. Le pape François avait exprimé sa "préoccupation" après leur interpellation.

«Un grand jour»

Fervent marxiste dans sa jeunesse, Daniel Ortega avait mené l'insurrection qui a fait chuter le dictateur Anastasio Somoza et l'avait remplacé à la tête du pays en 1979.

Défait aux élections de 1990, il était revenu au pouvoir en 2007 mais ses opposants l'accusent d'avoir ensuite versé dans l'autoritarisme et le népotisme.

En 2018, des manifestations réclamant son départ avaient été sévèrement réprimées, le pouvoir considérant ces protestations comme une tentative de coup d'Etat soutenue par les Etats-Unis. Plus de 350 personnes avaient été tuées et plus de 200 emprisonnées.

Daniel Ortega a été réélu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif, à l'issue d'un scrutin duquel étaient absents ses rivaux, arrêtés ou contraints à l'exil.

Depuis quatre ans, l'Union européenne et les Etats-Unis ont imposé de nombreuses sanctions au Nicaragua et à des personnalités du régime.

L'écrivain nicaraguayen Sergio Ramirez, qui fut vice-président de Daniel Ortega dans les années 1980 et vit en exil en Espagne, s'est félicité de la libération des prisonniers. C'est "un grand jour pour la liberté au Nicaragua", a-t-il tweeté.

Le Centre national des droits de l'Homme s'est dit soulagé qu'ils "ne souffrent plus des conditions inhumaines" de détention, mais a regretté, dans un communiqué, leur expulsion "arbitraire et contraire au droit international".


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com