Quand la Covid-19 aggrave la vulnérabilité des femmes au Maroc

Une femme marocaine confinée dans sa maison de Safi (Photo, Fadel SENNA/AFP).
Une femme marocaine confinée dans sa maison de Safi (Photo, Fadel SENNA/AFP).
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Publié le Mardi 24 novembre 2020

Quand la Covid-19 aggrave la vulnérabilité des femmes au Maroc

  • Si le taux de chômage est passé de 9,4 % à 12,7 % au 3e trimestre 2020 au niveau national, il a enregistré une forte hausse parmi les femmes, de 13,9 % à 17,6 %
  • Rien qu’au tribunal de la famille de Casablanca, près de 200 dossiers ont été déposés quotidiennement pour des procédures de divorce judiciaire

CASABLANCA: Rachida, mère célibataire de 42 ans, vient de s’inscrire cette semaine à l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec), l’équivalent de Pôle emploi en France. En arrêt de travail depuis avril 2020, Rachida a survécu jusqu’à maintenant grâce à la générosité de sa famille et de ses proches. Expulsée de son logement pour ne pas avoir payé son loyer pendant cinq mois, elle s’est installée, avec ses deux enfants, chez sa sœur dans un quartier périphérique de Casablanca, la capitale économique du Maroc. Comme Rachida, des milliers de Marocaines ont basculé, à cause de la crise économique liée à la Covid-19, dans la précarité et la pauvreté.

Un chômage qui frappe davantage les femmes

Si la vulnérabilité des femmes marocaines ne date pas d’aujourd’hui, la crise économique n’a fait qu’aggraver cette situation, en particulier sur le marché du travail. Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP), si le taux de chômage est passé de 9,4 % à 12,7 % au 3e trimestre 2020 au niveau national, il a enregistré une forte hausse parmi les femmes, de 13,9 % à 17,6 %. En milieu urbain, le taux de chômage des femmes est quasiment le double de celui des hommes. Plus frappant, l’écart entre hommes et femmes en termes de taux d’activité a atteint 52,1 points à fin septembre 2020, avec des taux d’activité respectifs de 69,9 % et de 17,8 %.

Une situation qui indigne notamment les associations de défense des droits des femmes. Samira Achour, membre de l'association Jossour Forum des femmes marocaines (Jossour FFM), une ONG qui bataille depuis 1995 pour une société marocaine plus égalitaire, affirme, pour Arab News, une aggravation de la vulnérabilité et de la précarité des femmes à cause de la Covid-19. «Cette pandémie a creusé le fossé des inégalités systémiques entre les hommes et les femmes au Maroc, une situation qui ne date d’ailleurs pas d’aujourd’hui. En dix mois, la crise de la Covid-19 a prouvé qu’il est indispensable d’adopter une politique sociale égalitaire harmonisée qui garantisse la cohésion sociale et intergénérationnelle avec des systèmes de protection sociale alignés sur le cadre des droits humains qui offrent la meilleure approche holistique reliant les questions sociales, politiques, économiques, culturelles et civiles», explique Samira Achour.

Précarité, inégalités économiques et violence

Outre les inégalités économiques, plusieurs femmes ont été confrontées à d’autres contraintes liées à cette crise, à commencer par l’augmentation des responsabilités au sein du foyer, notamment à cause de la multiplicité des tâches quotidiennes et l’augmentation des violences, surtout en période de confinement. Un numéro vert, le 8350, a d’ailleurs été lancé par l'Union nationale des femmes du Maroc pour alerter sur les violences faites aux femmes. Si, pour le moment, nous ne disposons pas de chiffres précis sur le nombre de plaintes et de réclamations reçues par cette plate-forme, plusieurs ONG marocaines ont alerté sur la recrudescence des formes de violence à l’égard des femmes en période de confinement. Une situation qui en aurait poussé plusieurs à vouloir se séparer de leurs conjoints, comme le démontre l’évolution du nombre des dépôts de requête de divorce auprès des tribunaux marocains, qui a explosé durant le déconfinement.

Recrudescence du taux de divorce

Rien qu’au tribunal de la famille de Casablanca, près de 200 dossiers ont été déposés quotidiennement pour des procédures de divorce judiciaire depuis le 15 juillet, date à laquelle les dépôts des requêtes ont été de nouveau autorisés. Pour les divorces à l’amiable, le tribunal a reçu 180 dossiers chaque semaine. Cela représente une hausse de 20 à 30 % par rapport à la même période l’année dernière révèle Kenza Mansouri, avocate spécialisée en droit de la famille. Une évolution à nuancer puisque les activités judiciaires avaient été suspendues pendant trois mois. Toutefois, «ce qui m’a marqué le plus après le confinement, c’est la recrudescence incroyable de femmes mariées depuis quarante ou cinquante ans qui souhaitent divorcer. C’est du jamais vu au Maroc», observe Kenza Mansouri.

Malgré les grandes avancées du Royaume en matière de rétablissement des droits des femmes, notamment grâce à un Code de la famille révolutionnaire, les femmes marocaines souffrent encore de vulnérabilité et de marginalisation. «L’État devrait continuer à mettre en place des politiques proactives et des réformes institutionnelles qui prennent en considération les inégalités et leurs retombées sociales et économiques qui creusent le fossé sociétal et du genre, en particulier pour les personnes défavorisées et marginalisées», souligne Samira Achour.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud 

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
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  • Deux personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes sur une localité du sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Le ministère a indiqué dans un communiqué qu'une frappe "menée par un drone de l'ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et blessé deux Syriens".

Une autre personne a été tuée dans une seconde frappe sur cette localité, a ajouté le ministère dans un autre communiqué.

Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah a tiré des roquettes à partir du sud du Liban sur Israël, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Israël a réagi en septembre 2024 par d'intenses bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, qui est sorti très affaibli de la guerre.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire de cinq positions frontalières où il a maintenu des troupes, malgré l'accord.

Le Liban affirme respecter l'ensemble de ses engagements et impute à Israël la responsabilité du non-respect de l'accord.

Lundi, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé plus de 50 "cibles terroristes" en un mois au Liban "après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population".

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
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  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

DAMAS: La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, au lendemain de combats confessionnels ayant fait des dizaines de morts près de Damas.

Ces heurts entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés". "Un gouvernement protège son peuple."

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

"Engagement ferme" 

Les combats près de Damas ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les heurts à Jaramana ont fait 17 morts mardi avant de s'étendre mercredi à Sahnaya où 22 combattants de deux camps ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mercredi aussi, 15 combattants druzes ont péri dans une embuscade sur une route menant à Sahnaya, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

Les autorités syriennes avaient averti qu'elles "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie", accusant des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

"Etendre le chaos" 

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.