La communauté internationale au Liban: Aidez-vous et nous vous aiderons

 Le Premier ministre libanais par intérim Najib Mikati (à droite) rencontre l'envoyé français chargé de coordonner l'aide internationale au Liban Pierre Duquesne à Beyrouth le 3 février 2023. (Photo, AFP)
Le Premier ministre libanais par intérim Najib Mikati (à droite) rencontre l'envoyé français chargé de coordonner l'aide internationale au Liban Pierre Duquesne à Beyrouth le 3 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 17 février 2023

La communauté internationale au Liban: Aidez-vous et nous vous aiderons

La communauté internationale au Liban: Aidez-vous et nous vous aiderons
  • Au début de cette semaine a eu lieu à Paris une réunion internationale à laquelle participaient les cinq pays les plus impliqués dans le dossier libanais
  • Il faudra choisir au plus vite un nouveau chef de gouvernement et définir de quelle manière son équipe pourra réussir à traduire les promesses en réalités

Au début de cette semaine a eu lieu à Paris une réunion internationale à laquelle participaient les cinq pays les plus impliqués dans le dossier libanais: la France, l’Arabie saoudite, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte. 

Cette rencontre a été organisée à l’invitation du président français, Emmanuel Macron, qui, au sujet du Liban, demeure très attentif aux consultations internationales, notamment avec les pays arabes, pour tenter de créer une atmosphère propice à faire avancer ce dossier épineux. Le pays du Cèdre se trouve toujours sans président de la république ni gouvernement. 

Trois mois se sont écoulés et les différents acteurs politiques libanais n’ont pas pu trouver un terrain d’entente qui faciliterait l’élection d’un nouveau président et proposerait un nouveau départ à ce pays meurtri depuis des années par une multitude de crises.

L’élection du futur président devrait être suivie de la désignation d’un nouveau Premier ministre chargé de former un gouvernement qui devrait jouir d’une bonne marge de manœuvre afin de mener à bien un projet de réformes radicales – à tous les niveaux – du système financier, économique et social. 

Cela n’aura rien d’une tâche facile pour ce gouvernement, car d’importants enjeux politiques locaux l’attendront. Les barons de la politique libanaise et le Hezbollah, la milice pro-iranienne, responsables de la faillite du Liban et de la crise multidimensionnelle qui frappe ce pays si petit et si difficile à gérer, auront leur mot à dire au sujet des réformes requises. 

La réunion internationale qui s’est tenue lundi dernier à Paris a été qualifiée de «réunion de consultation». Aucune décision n’a été prise, si ce n’est la réaffirmation des positions des cinq pays réunis autour de la table, répétées maintes fois durant ces deux dernières années. Plusieurs déclarations solennelles arabes et internationales exigent la mise en place d’un projet de réformes crédible et applicable au plus vite ainsi que des transformations d’ordre politique qui concernent le respect des échéances électorales, institutionnelles (élection présidentielle et formation d’un gouvernement) et politiques sur la base du respect des lois en vigueur, de la Constitution et de l’accord de Taëf. 

L’objectif est d’appliquer scrupuleusement la politique de distanciation du Liban vis-à-vis des conflits régionaux et de mettre fin à toute ingérence dans les affaires des pays arabes à partir du Liban. Si une telle politique devait voir le jour, elle ouvrirait la voie au rétablissement de l’autorité de l’État libanais sur l’ensemble du territoire national. 

La réunion de Paris pourrait être le point de départ d’une consultation plus avancée sur le dossier libanais. Elle pourrait déboucher sur une rencontre des ministres des Affaires étrangères des cinq pays, à Paris ou même à Beyrouth, dans le cas où aboutiraient les contacts que la partie qatarie entreprendra dans les semaines à venir avec Téhéran, dont le processus politique et les projets de réformes sont toujours bloqués par le Hezbollah.

Il est important de signaler que, ces dernières semaines, Paris semble avoir changé de tactique au Liban. Le président Emmanuel Macron, qui avait tablé sur l’élection rapide d’un nouveau président sans se soucier de l’identité du candidat, se rend compte que l’on ne peut prendre à la légère le choix d’un nouveau dirigeant dans un pays en proie à d’énormes pressions de toutes natures. 

Le Liban a besoin d’urgence d’un président d’une autre trempe que Michel Aoun. Un président rassembleur, indépendant et surtout solide devra être choisi pour donner le ton a la prochaine étape. Néanmoins, cela ne suffira pas à porter ce fardeau. Il faudra choisir au plus vite un nouveau chef de gouvernement et définir de quelle manière son équipe pourra réussir à traduire les promesses en réalités. 

À la lumière de la réunion de Paris, on devra regarder attentivement comment les barons de la politique locale et le Hezbollah recevront le dernier message de la communauté internationale, qui pourrait se traduire ainsi: aidez-vous et nous vous aiderons.

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar 
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.