La peine de mort en jeu au procès d'un attentat à New York, malgré la promesse de Biden

Des fleurs marquent l'endroit où le terroriste Sayfullo Saipov a percuté un cycliste le long d'une piste cyclable de Manhattan, mettant fin à un saccage avec un camion mardi dernier après-midi le 7 novembre 2017 à New York. (AFP)
Des fleurs marquent l'endroit où le terroriste Sayfullo Saipov a percuté un cycliste le long d'une piste cyclable de Manhattan, mettant fin à un saccage avec un camion mardi dernier après-midi le 7 novembre 2017 à New York. (AFP)
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Publié le Dimanche 12 février 2023

La peine de mort en jeu au procès d'un attentat à New York, malgré la promesse de Biden

  • Le 26 janvier, cet Ouzbek de 35 ans a déjà été déclaré coupable de meurtres aggravés et de «soutien à un groupe terroriste» par le jury d'une cour fédérale de Manhattan
  • Lors d'un second procès qui doit commencer lundi, les mêmes douze jurés devront décider s'il doit être emprisonné à vie ou condamné à la peine de mort

NEW YORK: Pendant sa campagne en 2020, le président américain Joe Biden défendait l'abolition de la peine de mort au niveau fédéral. Mais le ministère de la Justice demande la peine capitale pour Sayfullo Saipov, qui a tué huit personnes à New York en 2017 au nom du groupe Etat islamique (EI).

Le 26 janvier, cet Ouzbek de 35 ans a déjà été déclaré coupable de meurtres aggravés et de "soutien à un groupe terroriste" par le jury d'une cour fédérale de Manhattan. Lors d'un second procès qui doit commencer lundi, les mêmes douze jurés devront décider s'il doit être emprisonné à vie ou condamné à la peine de mort.

S'ils choisissent cette seconde sentence, ils devront être unanimes.

Le 31 octobre 2017, jour de la fête d'Halloween, Sayfullo Saipov avait foncé à bord d'un pick-up sur des passants sur une piste cyclable des bords du fleuve Hudson à Manhattan. Une chevauchée meurtrière qui avait fait huit morts, dont cinq Argentins et une Belge, et de nombreux blessés.

Le procès a donné lieu à des récits douloureux des victimes et l'accusation a rappelé que Saipov, qui avait prêté allégeance à l'EI, n'a jamais exprimé de remords.

Couloirs de la mort 

A l'époque, le président républicain Donald Trump avait immédiatement réclamé la peine de mort, une position adoptée par son ministère de la Justice et maintenue par l'actuel gouvernement Biden. En contradiction, aux yeux des organisations de défense des droits humains, avec l'engagement du candidat Biden en 2020 d'abolir la peine de mort au niveau fédéral.

"Il n'est pas trop tard pour que l'administration Biden tienne la promesse de campagne du président de reléguer aux oubliettes de l'Histoire la peine de mort fédérale", un instrument "cruel", "peu fiable" et "raciste", a déclaré Brian Stull, un responsable de l'Union américaine des libertés civiles (ACLU), en demandant aux procureurs de faire machine arrière.

Un appel resté vain pour l'instant, même si un moratoire sur les exécutions fédérales a été imposé en juillet 2021 par le ministre de la Justice Merrick Garland.

Celles-ci étaient de toute façon très rares, les exécutions -- six en 2023 -- étant le plus souvent appliquées par les Etats qui n'ont pas encore aboli la peine de mort. Donald Trump avait fait exception à cette règle en ordonnant treize exécutions, un record, à la fin de son mandat.

Les militants pour l'abolition de la peine capitale reprochent aussi à Joe Biden de ne pas avoir commué en prison à vie les peines des 44 condamnés qui attendent dans les couloirs de la mort fédéraux, en pointant justement le risque qu'ils soient exécutés sous un autre président dans le futur.

«Arbitraire»

Dans un recours déposé le 30 janvier, l'avocat de Sayfullo Saipov, David Patton, assure que son client "est le seul accusé fédéral de tout le pays contre lequel le ministère de la Justice demande la peine de mort au procès", au contraire de cas où le meurtrier a fait plus de victimes, comme la tuerie anti-hispanique d'El Paso en 2017 (23 morts).

Pour l'avocat, c'est une décision "arbitraire" et "inconstitutionnelle", fondée sur la "religion et (l')origine nationale" de cet immigré ouzbek arrivé aux Etats-Unis en 2010.

Certains observateurs y voient plutôt une exception liée à la qualification terroriste de l'affaire retenue par la justice, à l'instar du dossier de l'attentat à la bombe du marathon de Boston en 2013. Dans cette affaire, le ministère de la Justice n'a pas fait barrage à une requête de l'administration Trump devant la Cour suprême visant à rétablir la peine de mort contre l'un des auteurs, Djokhar Tsarnaev.

"Dans cet espace étroit où l'on a affaire à des actes terroristes horribles, le ministre de la Justice (Merrick Garland) pense en son âme et conscience que la peine de mort est une sanction appropriée", analyse le professeur de droit à l'université Pace et ancien procureur, Bennett Gershman.

S'il était condamné à mort, Sayfullo Saipov pourrait faire appel et ne pourrait de toute façon pas être exécuté en vertu du moratoire.

"Ce dossier prendra encore des années, il aura un coût financier et les familles resteront dans l'incertitude. (...) Puisqu'on ne l'utilise pas, pourquoi ne pas se débarrasser de la peine de mort ?", demande le directeur exécutif du Centre d'information sur la peine de mort, Richard Dieter, en soulignant qu'elle est "en recul" dans le pays.

Il y a environ une vingtaine d'exécutions par an aux Etats-Unis, contre le double il y a une dizaine d'années.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com