Dans le nord de la Syrie, l'espoir de retrouver des survivants s'estompe

Dans les quartiers très peuplés de Jableh, certains observent depuis le rebord des fenêtres et semblent si près des ruines qu'ils pourraient tendre le bras et ramasser les débris. (Photo, AFP)
Dans les quartiers très peuplés de Jableh, certains observent depuis le rebord des fenêtres et semblent si près des ruines qu'ils pourraient tendre le bras et ramasser les débris. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 12 février 2023

Dans le nord de la Syrie, l'espoir de retrouver des survivants s'estompe

  • Plusieurs heures se sont écoulées depuis le dernier sauvetage, lorsque deux personnes ont été extraites des décombres par des secouristes sous-équipés
  • Sur les 52 habitants de cet immeuble de cinq étages, seuls 14 sont sortis vivants

JABLEH: "Plus aucun espoir", lâche le chef de la Défense civile de Jableh. Un silence pesant plane sur cette ville du nord-ouest de la Syrie dévastée par le séisme, où les sauveteurs luttent depuis près d'une semaine pour retrouver des survivants. 

Plusieurs heures se sont écoulées depuis le dernier sauvetage, lorsque deux personnes ont été extraites des décombres par des secouristes sous-équipés. 

"Malgré tout, à chaque pas, nous nous arrêtons et nous crions: y a-t-il quelqu'un de vivant?", poursuit Alaa Moubarak, tandis qu'un chien pisteur renifle autour d'un bâtiment détruit. 

Le chien parcourt la zone pendant une demi-heure. Puis il repart en trottinant, sans aboyer: il n'y a plus de survivants. 

Comme ce samedi, cette scène se déroule presque quotidiennement à Jableh, où l'espoir de sauver des vies s'estompe. 

Sur les 52 habitants de cet immeuble de cinq étages, seuls 14 sont sortis vivants. 

Parmi eux, une femme et son jeune fils ont été retirés des décombres vendredi devant une foule criant de joie, qui espérait voir d'autres survivants. La femme est décédée pendant son transport à l'hôpital. 

La ville côtière de Jableh, sur la Méditerranée, est située dans la province de Lattaquié, un bastion du régime durement touché par le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février. Le tremblement de terre a fait plus de 28 000 morts, dont plus de 3 500 en Syrie, essentiellement dans le nord. 

Dans la seule province de Lattaquié, au moins 638 personnes ont été tuées, selon les autorités. 

« Travail manuel » 

Le chien pisteur a été acheminé par une équipe de 42 sauveteurs arrivée vendredi des Émirats arabes unis, équipée de caméras de recherche avancée, de capteurs et de réservoirs de carburant. 

Les équipes syriennes, libanaises et iraniennes doivent, elles, se contenter de moyens dérisoires, creusant souvent avec leurs mains ou des pelles. 

"Nous n'avons pas reçu de nouveaux équipements depuis douze ans, 90% de notre stock est hors d'usage", raconte M. Moubarak. "Si nous avions eu ce genre d'équipements, nous aurions sauvé des centaines de vies, si ce n'est plus". 

Ravagée par douze ans de guerre civile, la Syrie manque des ressources élémentaires, sans parler des équipements de recherche et de sauvetage. 

La province de Lattaquié, épargnée par les hostilités en raison de sa fidélité au gouvernement de Damas, ne fait pas exception. 

La pénurie de carburant et les coupures d'électricité chroniques contraignent les équipes de secours internationales à travailler avec leur propre matériel. 

Au pied d'un autre bâtiment détruit, à environ 500 mètres de là, un ingénieur du génie qui travaille pour le ministère de la Défense témoigne lui aussi, sans donner son nom parce qu'il n'est pas autorisé à parler aux médias: "Notre travail peut principalement être décrit comme un travail manuel". 

« Complètement enseveli » 

Dans les quartiers très peuplés de Jableh, des centaines de badauds se pressent autour des équipes de secours pour tenter d'obtenir des informations sur les personnes encore portées disparues. 

Certains observent depuis le rebord des fenêtres et semblent si près des ruines qu'ils pourraient tendre le bras et ramasser les débris. 

Les chiens renifleurs s'élancent souvent dans leur direction, les identifiant comme les personnes vivantes les plus proches. 

Sur le trottoir, Mohammad al-Hamadi observe les secouristes creusant dans ce qui était autrefois sa maison, désormais réduite à des lambeaux de béton. 

Le jeune homme de 23 ans, blessé à la jambe droite dans le séisme, est le seul survivant de sa famille. 

Ses parents et son frère ont été tués. "Le bâtiment s'est effondré sur nos têtes. J'étais complètement enseveli", raconte-t-il, ajoutant que seul son doigt parvenait à passer à travers les morceaux de béton. "Ils ont dû m'attraper par le doigt pour me soulever". 

À proximité, le colonel Hamad al-Kaabi, le chef des secouristes émiratis, indique que les chances de trouver des survivants sont devenues si minces que les équipes d'urgence ont été autorisées à utiliser des excavatrices et des machines lourdes pour dégager les décombres. 

"La plupart des survivants ont déjà été retirés", explique-t-il, en espérant malgré tout. "Il reste encore une chance de trouver des survivants". 


Liban: plus de 90% de l'infrastructure du Hezbollah démantelée dans le sud

De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires
  • Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli

BEYROUTH: Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable de sécurité.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli, sa direction quasiment décimée.

L'accord prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait des forces israéliennes du sud du Liban.

L'armée israélienne s'est maintenue dans plusieurs positions méridionales au Liban et continue de mener des frappes meurtrières dans ce pays, disant cibler le Hezbollah.

Seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent être déployés dans cette région conformément à l'accord.

"Nous avons achevé le démantèlement de plus de 90% de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il est possible qu'il y ait encore des sites dont nous ignorons l'existence mais si nous les trouvons nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le responsable de sécurité sous le couvert de l’anonymat.

Il a ajouté: "le Hezbollah s'est retiré et a dit +Faites ce que vous voulez+. Le mouvement n'a plus de présence militaire au sud du fleuve Litani".

Le responsable a affirmé que l'armée avait "comblé et scellé de nombreux tunnels" creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Selon lui, les soldats libanais contrôlent désormais les accès à la région au sud du fleuve "pour empêcher le transfert d'armes du nord au sud du Litani".

De son côté, le président libanais Joseph Aoun a affirmé, dans une interview diffusée par la chaîne Sky News Arabia, que l'armée contrôlait désormais plus de 85% du sud du pays.

M. Aoun, en visite aux Emirats arabes unis, a affirmé que "l’armée remplit son rôle sans aucun problème ni aucune opposition".

Il a précisé que la raison pour laquelle elle ne s’est pas encore déployée sur toute la frontière est "l’occupation par Israël de cinq points frontaliers" stratégiques, alors que l'accord prévoit son retrait complet du Liban.

Le responsable de sécurité a affirmé que la plus grande partie des munitions du Hezbollah rassemblées par l'armée était hors d'usage, "soit endommagée" par les bombardements israéliens, "soit en si mauvais état qu'il est impossible de les stocker" et que l'armée les faisant détoner.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com