Pékin et Washington s'accusent d'espionnage, le mystère des «objets» volants persiste

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, prend la parole lors d'un point de presse quotidien à la salle de conférence de presse, le 10 février 2023, à Washington, DC (Photo, AFP).
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, prend la parole lors d'un point de presse quotidien à la salle de conférence de presse, le 10 février 2023, à Washington, DC (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 février 2023

Pékin et Washington s'accusent d'espionnage, le mystère des «objets» volants persiste

  • Pour les Etats-Unis, il est clair que la Chine entretient ou a entretenu une véritable «flotte» de ballons espions
  • Côté américain, l'affaire pourrait prendre un tour délicat pour Joe Biden

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont sèchement rejeté lundi des accusations d'espionnage par ballon lancées par la Chine, et tentent par ailleurs de percer le mystère des trois objets volants pour l'heure non identifiés qu'ils ont abattus ces derniers jours.

"Ce n'est pas vrai! Nous ne faisons pas cela! Ce n'est absolument pas vrai!", a martelé lundi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, interrogé par la chaîne MSNBC.

"Rien que depuis l'année dernière, des ballons américains ont survolé (le territoire de) la Chine à plus de dix reprises sans aucune autorisation", avait auparavant assuré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Le département d'Etat américain a estimé que la Chine essayait avec cette accusation de "limiter les dégâts" liés à son propre "programme de ballons espions", déployé selon Washington pendant plusieurs années au-dessus de 40 pays dans cinq continents.

Le ballon et les «objets»

Les relations entre les deux superpuissances se sont nettement tendues depuis que les Etats-Unis ont abattu, le samedi 4 février, un ballon chinois qui avait survolé leur territoire, en tentant selon eux de glaner des informations sur des sites militaires.

Faux, assure Pékin, qui a reconnu la propriété de l'engin mais parle d'un programme d'observation météo et d'une violation involontaire de l'espace aérien du grand rival américain.

La Chine a fait la même affirmation, le 6 février, cette fois à propos d'un ballon survolant l'Amérique latine.

Les Américains n'ont en revanche pas pointé la Chine jusqu'ici à propos des trois "objets" mystérieux qu'ils ont abattus en trois jours: vendredi au-dessus de l'Alaska (nord-ouest), samedi au-dessus du Yukon dans le nord-ouest canadien, et dimanche au-dessus du lac Huron, dans le nord des Etats-Unis.

De ce qu'il faut bien appeler des "objets volants non identifiés", Washington dit ne rien savoir ou presque: ni leur provenance, ni leur usage, ni leur nature. Seule affirmation côté américain: aucun ne présentait de menace militaire directe, mais ils mettaient potentiellement en danger le trafic aérien civil, d'où l'envoi par le président Joe Biden d'avions de chasse pour les éliminer.

Extraterrestre 

Au pays d'"E.T." et de "X-Files", cet épais mystère alimente toutes les spéculations. Le général Glen VanHerck, chef du commandement de la défense aérospatiale pour l'Amérique du Nord (Norad), a dit n'avoir "rien exclu à ce stade" lorsque la presse l'a interrogé dimanche sur une possible origine extraterrestre, une phrase immédiatement devenue virale.

Des médias chinois ont pour leur part rapporté dimanche qu'un objet volant non identifié avait été repéré au large de la Chine, sur sa côte Est, et que l'armée se préparait à l'abattre.

Les Américains s'affairent désormais, avec les Canadiens, pour retrouver et analyser les débris des objets détruits ces trois derniers jours, retombés pour certains sur des mers gelées ou dans des régions reculées.

Quelques éléments ont filtré. Les deux premiers "objets" détruits avaient la taille d'une petite voiture - alors que le ballon chinois proprement dit était aussi gros que trois autobus - et volaient à 12 000 mètres. Celui détruit dans le Yukon était selon Ottawa de forme "cylindrique".

Puis le Pentagone a décrit l'aéronef détruit dimanche comme "octogonal", sans nacelle, se déplaçant lentement à une altitude de 6 000 mètres.

«Flotte»

Pour les Etats-Unis, il est clair que la Chine entretient ou a entretenu une véritable "flotte" de ballons espion.

Les Américains ont d'ailleurs pris une volée de sanctions contre des entreprises et structures de recherche contribuant selon eux à la modernisation militaire de la Chine, laquelle a qualifié ces mesures d'"illégales".

La Chine a elle fustigé à maintes reprises l'usage de la force pour détruire son ballon et a refusé un appel téléphonique, après l'incident, entre le ministre américain de la Défense Lloyd Austin et son homologue Wei Fenghe.

Mais dimanche, le Pentagone a assuré que des contacts avaient repris entre les deux pays, qui rivalisent pour la domination économique, technologique et stratégique du monde.

Côté américain, l'affaire pourrait prendre un tour délicat pour Joe Biden.

L'opposition républicaine, ironique, s'est félicitée que le démocrate de 80 ans ait désormais la "gâchette facile", elle qui lui reproche d'avoir trop attendu pour descendre le ballon chinois par lequel tout a commencé. Mais la droite réclame au président, qui ne s'est pas encore vraiment exprimé à ce sujet, plus de "transparence" sur les objets abattus depuis vendredi.


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
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  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".