À un an des Jeux, nouveau bras de fer sur les transports franciliens

«Il devient urgent que les acteurs du dossier sortent des postures et du principe de sur-politisation des JO» (Photo, AFP).
«Il devient urgent que les acteurs du dossier sortent des postures et du principe de sur-politisation des JO» (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

À un an des Jeux, nouveau bras de fer sur les transports franciliens

  • À 17 mois des Jeux, ce nouveau bras de fer relance les inquiétudes sur le bon fonctionnement des transports
  • Parallèlement, l'ancienne ministre du budget s'est voulue rassurante sur le service de bus pour les personnes accréditées aux JO

PARIS: Exploitation des nouvelles lignes ou des extensions, facture des Jeux: à un an et demi des JO de Paris, le gouvernement et Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, en sont encore au stade de l'affrontement sur les sujets brûlants des transports franciliens.

Anne Hidalgo et Valérie Pécresse côte à côte, l'image est rare et généralement synonyme de front commun de ces deux opposantes vis-à-vis d'Emmanuel Macron et de son gouvernement.

Lundi après-midi, la présidente (LR) du conseil régional d'Ile-de-France et la maire (PS) de Paris se sont retrouvées Porte Maillot pour dénoncer le "brouillard", dixit Mme Hidalgo, lié au financement du prolongement du RER E, baptisé Eole, vers les Yvelines. Un projet ayant déjà connu de nombreux retards et surcoûts.

Selon Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité régulatrice des transports également présidée par Mme Pécresse, Transilien a annoncé une mise en service partielle d'Eole, en avril 2024, avec 4 trains par heure entre 10h et 16h seulement, et ce jusqu'en décembre 2024.

Une "surprise" qui "passe maintenant au second plan", a relativisé Mme Pécresse: "même si je n'ai que 4 trains par heure, nous n'avons plus l'argent pour faire fonctionner ces 4 trains", assure-t-elle.

Le problème n'est pas spécifique à cette ligne, selon la patronne d'IDFM. "Dès 2024, il nous faudra 600 millions de plus pour ouvrir toutes les nouvelles lignes de train et de métro", dont 200 millions d'euros pour l'offre supplémentaire des Jeux, a-t-elle répété.

Ces besoins doivent augmenter ces prochaines années, avec l'ouverture progressive des lignes du Grand Paris Express. "D'ici 2030, c'est 1,6 milliard qu'il faut trouver", résume Valérie Pécresse.

Dans une lettre adressée au ministre des Transports Clément Beaune, elle menace donc ne pas assurer le plan de transport des Jeux "tant qu'un engagement, même oral, n'aura pas été pris par le gouvernement sur l'indispensable question des moyens humains et financiers".

"On s'est donné jusqu'au mois d'avril pour partager des solutions", lui a répondu M. Beaune lundi lors d'une visite du chantier d'Eole.

Mais selon Mme Pécresse, ex-rivale d'Emmanuel Macron à la présidentielle, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal aurait "fermé toutes les portes" ouvertes fin janvier lors des Assises du financement des transports en Ile-de-France.

À 17 mois des Jeux, ce nouveau bras de fer relance les inquiétudes sur le bon fonctionnement des transports, déjà pointés par la Cour des Comptes comme faisant partie des "risques à circonscrire" en vue de l'événement.

«Sur-politisation des Jo»

"Il devient urgent que les acteurs du dossier sortent des postures et du principe de sur-politisation des JO", glisse une source proche du dossier.

Parallèlement, l'ancienne ministre du budget s'est voulue rassurante sur le service de bus pour les personnes accréditées aux JO. Après un premier appel d'offres infructueux, ce dernier a été "relancé" et "le résultat sera connu début avril", a-t-elle affirmé.

Pas d'inquiétude non plus, selon IDFM, sur un autre chantier crucial pour les JO, celui des extensions nord (Saint-Denis Pleyel) et sud (aéroport d'Orly) de la ligne 14 du métro qui doivent être livrées au premier semestre 2024.

Quant à l'ouverture à la concurrence des lignes de bus, prévue début 2025 et qui fait craindre des mouvements sociaux pendant les JO, elle campe sur son refus de la reporter: "il n'y a pas de bonne date", a-t-elle dit.

M. Beaune s'est récemment dit "ouvert" à l'idée de "décaler" la date du 1er janvier 2025. "C'est bien de se donner un peu de marge", a-t-il affirmé lundi.

Cette nouvelle joute sur les transports entre le gouvernement et Valérie Pécresse est la suite d'une longue série. Fin 2021, elle avait obtenu une avance remboursable de 800 millions d'euros de l'Etat pour les pertes d'IDFM de 2021, qu'elle estimait à 1,3 milliard.

Et début décembre, M. Beaune avait annoncé une aide "exceptionnelle" de 200 millions à IDFM pour éviter "un passe Navigo qui explose".

Mme Pécresse, qui réclamait une hausse du versement mobilité - taxe spécifique sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés -, pour ne pas pénaliser les usagers, a finalement augmenté le forfait mensuel de 75,20 à 84,10 euros.

Mais désormais, "on s'est mis d'accord sur un calendrier et une méthode pour éviter ce qu'on a vécu en fin d'année dernière, c'est à dire des débats un peu infinis", veut croire Clément Beaune.


S&P dégrade la note de la France, avertissement au nouveau gouvernement

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
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  • L’agence S&P a abaissé la note de la France à A+, invoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré la présentation du budget 2026 et un déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025

PARIS: L'une des plus grandes agences de notation a adressé un avertissement au nouveau gouvernement Lecornu en dégradant la note de la France vendredi, invoquant une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026.

Moins d'une semaine après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et trois jours après la publication d'un projet de loi de finances (PLF) pour l'année prochaine, S&P Global Ratings a annoncé abaisser d'un cran sa note de la France à A+.

"Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l'incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée", a affirmé l'agence, qui figure parmi les trois plus influentes avec Moody's et Fitch.

Réagissant à cette deuxième dégradation par S&P (anciennement Standard & Poors) en un an et demi, le ministre de l'Economie Roland Lescure a dit "(prendre) acte" de cette décision.

"Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025", a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon S&P, si cet "objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint", "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l'assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu".

L'agence prévoit que "la dette publique brute atteindra 121% du PIB en 2028, contre 112% du PIB à la fin de l'année dernière", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

"En conséquence, nous avons abaissé nos notes souveraines non sollicitées de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1", écrit-elle. Les perspectives sont stables.

"Pour 2026, le gouvernement a déposé mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance", a répondu le ministère de l'Economie.

"Il s'agit d'une étape clef qui nous permettra de respecter l'engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029", a ajouté Bercy.

"Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l'adoption d'un budget qui s'inscrit dans ce cadre, avant la fin de l'année 2025", selon la même source.

- "Plus grave instabilité" depuis 1958 -

Mais le gouvernement qui, à peine entré en fonctions, a échappé de peu cette semaine à la censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, va devoir composer avec une Assemblée nationale sans majorité lors de débats budgétaires qui s'annoncent houleux, alors même que le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 pour imposer son texte.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France par S&P intervient avant une décision de Moody's attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

Les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global Ratings classent la qualité de crédit des Etats - soit leur capacité à rembourser leur dette -, de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement).

Les dégradations de note par les agences sont redoutées par les pays car elles peuvent se traduire par un alourdissement de leurs intérêts.

Ceux payés par la France sont estimés à environ 55 milliards d'euros en 2025, alors que depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.

"La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Cinquième République en 1958", a estimé S&P: "depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte".

Pour l'agence, "l'approche de l'élection présidentielle de 2027 jette un doute (...) sur la capacité réelle de la France à parvenir à son objectif de déficit budgétaire à 3% du PIB en 2029".

En tombant en A+ chez S&P, la France se retrouve au niveau de l'Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.