Retraites à l'Assemblée : une tension permanente, mais pas inédite

Vendredi, quelques instants après l'exclusion de Thomas Portes (LFI) pour 15 jours - plus forte peine disciplinaire -, des huissiers s'empressaient de faire tampon entre les bancs des insoumis et ceux de la majorité, pour éviter tout débordement. (AFP).
Vendredi, quelques instants après l'exclusion de Thomas Portes (LFI) pour 15 jours - plus forte peine disciplinaire -, des huissiers s'empressaient de faire tampon entre les bancs des insoumis et ceux de la majorité, pour éviter tout débordement. (AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Retraites à l'Assemblée : une tension permanente, mais pas inédite

  • Preuve que la période est inédite: il y a eu davantage de peines disciplinaires contre les députés depuis 2017, qu'entre 1958 et 2017
  • En avril 2013, lors de débats sur le mariage pour tous, des députés UMP descendent jusqu'au bas de l'hémicycle, furieux de la mimique ironique d'un fonctionnaire du ministère de la Justice, manquant d'en venir aux mains

PARIS: Les débats sur les retraites sont le théâtre d'une rare violence verbale, entre coups d'éclat de La France insoumise et réponses du camp présidentiel, les invectives à l'intérieur et à l'extérieur de l'hémicycle se nourrissant mutuellement... même si l'Assemblée en a vu d'autres.

"Imposteur" et "assassin". Le député LFI Aurélien Saintoul a rallumé une mèche lundi en s'en prenant au ministre du Travail Olivier Dussopt, illustrant la tension palpable au Palais Bourbon.

Vendredi, quelques instants après l'exclusion de Thomas Portes (LFI) pour 15 jours - plus forte peine disciplinaire -, des huissiers s'empressaient de faire tampon entre les bancs des insoumis et ceux de la majorité, pour éviter tout débordement.

Porosité avec Twitter 

Fait inédit, le député a été sanctionné pour une action en dehors de l'Assemblée relayée sur les réseaux sociaux: il s'était mis en scène, écharpe tricolore en bandoulière, le pied posé sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt.

Le camp présidentiel et La France insoumise regorgent de députés et militants rompus aux joutes sur les réseaux sociaux. Ils s'y invectivent régulièrement, mais la frontière avec l'hémicycle vole en éclats.

Jeudi dernier, l'échec à une voix près d'une proposition socialiste pour des repas à un euro pour l'ensemble des étudiants courrouce le deputé LFI Louis Boyard. Il diffuse dans la foulée un série de tweets très virale, listant les 184 opposants au texte, disponible sur le site de l'Assemblée, en énumérant leurs comptes Twitter.

"Je me réjouis que mon grand-père n'ait pas croisé le sien pendant la guerre", critique, encore sur Twitter, le député apparenté Renaissance Stéphane Vojetta, avant de supprimer son message. "Digne d'un collabo. De 40", renchérit Anne-Laurence Petel (Renaissance), qui effacera aussi son tweet.

Retour dans l'hémicycle: l'insoumis, dans une colère froide, interpelle Stéphane Vojetta: "mon arrière grand-père a été résistant, il a été dénoncé, la délation, lui, il l'a vécue".

Les députés finissent par calmer le jeu, mais le lendemain, Erwan Balanant (MoDem) affirme que des enfants de députés opposés au texte ont été harcelés en ligne. Le député LFI fait lui l'objet d'une protection policière après diverses menaces.

Plus de « troisième » mi-temps

Preuve que la période est inédite: il y a eu davantage de peines disciplinaires contre les députés depuis 2017, qu'entre 1958 et 2017.

"L'autoritarisme à la sauce Macron", critique la cheffe de file LFI Mathilde Panot.

Marc Ferracci (Renaissance) s'en prend lui aux Insoumis: "C'est la stratégie des termites. On grignote les institutions (...) et on espère que les institutions vont s’effondrer".

"On n'a pas des débats plus violents, plus vifs et plus exacerbés que ceux il y a deux siècles", tempère l'écologiste Benjamin Lucas.

En 1892, le ministre de l'Intérieur Ernest Constans gratifiait d'une gifle le député boulangiste Francis Laur, provoquant 1h30 de suspension de séance. Mais nul besoin de remonter aussi loin pour entendre les murs du Palais Bourbon trembler.

En avril 2013, lors de débats sur le mariage pour tous, des députés UMP descendent jusqu'au bas de l'hémicycle, furieux de la mimique ironique d'un fonctionnaire du ministère de la Justice, manquant d'en venir aux mains.

"Il n'avait fallu qu'une interruption de séance, et tout le monde s'est rendu compte que ça allait trop loin", assure l'ex-président PS de l'Assemblée Claude Bartolone.

Pour Bernard Accoyer, également ancien président (UMP), poursuivi dans les couloirs par des députés socialistes lors de la réforme Woerth de 2010, les débats actuels sont "mauvais pour la démocratie". "En 2010, ce n'était pas des dérapages répétés".

"L'histoire de l'Assemblée (...) déborde de débats houleux où les députés s'affrontent directement avec des invectives et parfois des coups", relativise leur homologue Jean-Louis Debré, auprès de Libération.

"J'ai connu des moments tendus, mais les parlementaires donnaient le sentiment de vouloir vivre dans le même pays", juge Claude Bartolone. "Comme au rugby on avait une première et une deuxième mi-temps. Parfois dans la mêlée on se mettait des gnons, mais à la fin il y avait une troisième mi-temps où on se retrouvait. Aujourd'hui, on a l'impression que ce n'est plus le cas".


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.