Une diplomate israélienne expulsée au premier jour du sommet de l'UA

La 36e session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine (UA) au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 18 février 2023 (Photo, AFP).
La 36e session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine (UA) au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 18 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 19 février 2023

Une diplomate israélienne expulsée au premier jour du sommet de l'UA

  • Pour un porte-parole de la diplomatie israélienne, cette expulsion reste «grave» car Mme Bar-li avait «une accréditation en bonne et due forme en qualité d'observateur»
  • Israël a dénoncé cette expulsion, accusant l'Iran d'être derrière cette «grave» mesure avec la complicité de l'Algérie et de l'Afrique du Sud

ADDIS ABEBA : Une diplomate israélienne a été expulsée samedi de l'assemblée de l'Union africaine (UA), en plein milieu d'un sommet de l'organisation continentale consacré notamment aux violences meurtrières au Sahel et en RDC, qui préoccupent "profondément" l'ONU.

Israël a dénoncé cette expulsion, accusant l'Iran d'être derrière cette "grave" mesure avec la complicité de l'Algérie et de l'Afrique du Sud, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.

En 2022, l'UA n'était pas parvenue à clore ses discussions sur l'accréditation controversée d'Israël en tant que pays observateur. L'Algérie et l'Afrique du Sud avaient en particulier plaidé contre. L'UA n'a pas indiqué si la question allait être débattue au sommet cette année.

Mais, selon une vidéo mise en ligne, des membres de la sécurité ont escorté Sharon Bar-li, directrice générale adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères pour l'Afrique, hors du sommet annuel qui s'est ouvert samedi à Addis Abeba.

Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l'UA, a expliqué à l'AFP qu'une personne avait été "invitée à quitter les lieux" parce qu'elle n'était pas invitée à cette réunion. L'UA avait adressé une invitation unique à l'ambassadeur d'Israël auprès de l'UA, Aleli Admasu, et cette invitation ne pouvait être utilisée par personne d'autre, a-t-elle poursuivi.

"Il est regrettable que la personne en question ait abusé de cette faveur", a conclu Mme Kalondo.

Pour un porte-parole de la diplomatie israélienne, cette expulsion reste "grave" car Mme Bar-li avait "une accréditation en bonne et due forme en qualité d'observateur".

"C'est triste de voir l'Union africaine otage d'un petit nombre d'Etats extrémistes comme l'Algérie et l'Afrique du Sud, motivés par la haine et contrôlés par l'Iran", a-t-il dit à l'AFP.

Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, a rétorqué qu'Israël devait "étayer ses accusations".

Groupes armés 

Durant l'assemblée, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a affirmé que le continent avait "besoin d'action pour la paix", évoquant notamment la situation au Sahel et dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

En amont du sommet, des échanges ont eu lieu vendredi sur la situation dans l'est de la RDC en proie aux groupes armés, en présence notamment du chef de l'Etat congolais Félix Tshisekedi et de son homologue rwandais Paul Kagame.

Lors de cette réunion, les dirigeants de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), constituée de sept pays, ont appelé à un "retrait de tous les groupes armés" d'ici le 30 mars.

A propos de l'Ethiopie, le Premier ministre Abiy Ahmed, hôte du sommet, a loué devant l'assemblée l'accord de paix signé, sous l'égide de l'UA, entre son gouvernement et les rebelles de la région du Tigré, qui a permis selon M. Abiy, de faire "taire les armes".

Divergences 

Autre sujet des discussions: la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui doit réunir 1,4 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en terme de population.

Le sommet vise à encourager "l'accélération" de la Zlec, destinée à favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs.

Pour l'heure, le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent.

Selon la Banque mondiale, d'ici 2035, l'accord permettrait de créer 18 millions d'emplois supplémentaires et "pourrait contribuer à sortir jusqu'à 50 millions de personnes de l'extrême pauvreté". Son PIB combiné s'établit à 3.400 milliards de dollars, selon l'ONU.

Mais des divergences demeurent sur le continent, en particulier sur le calendrier des réductions des droits de douane.

M. Guterres a estimé que la Zlec "représente une voie véritablement transformatrice vers la création d'emplois et de nouvelles sources de prospérité pour les Africains".

Il a annoncé également que l'ONU débloquerait 250 millions de dollars pour "soutenir certaines des personnes les plus vulnérables" au monde, y compris celles menacées de famine dans la Corne de l'Afrique frappée par la sécheresse.

Annulation de la dette 

Par ailleurs, Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l'océan Indien d'environ 850.000 habitants, a pris la présidence tournante de l'UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l'Etat sénégalais.

"Notre organisation vient de prouver au monde sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits", s'est félicité le chef de l'Etat de 64 ans, qui a plaidé pour une "annulation totale" de la dette africaine.

Enfin, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, trois pays dirigés par des militaires issus de coups d'Etat, à la suite desquels ils ont été suspendus de l'UA, ont envoyé des délégations à Addis Abeba pour plaider la levée de ces suspensions.

Vendredi, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'UA, a déclaré que le conseil "paix et sécurité" de l'institution se réunirait, à une date non précisée, pour décider d'une éventuelle levée de la suspension de ces trois pays. Samedi, M. Faki a affirmé que "ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.