Au nom du travail, Borne veut porter dans la loi l'accord sur le partage de la valeur

La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin assistent à une convention organisée par le parti de droite Renaissance sur le thème de la valeur partagée dans les affaires et l'entreprise, à Paris, le 20 février 2023 (Photo, AFP).
La Première ministre Elisabeth Borne et le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin assistent à une convention organisée par le parti de droite Renaissance sur le thème de la valeur partagée dans les affaires et l'entreprise, à Paris, le 20 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 21 février 2023

Au nom du travail, Borne veut porter dans la loi l'accord sur le partage de la valeur

  • Cet accord, qui s'étend à toutes les entreprises de plus de 11 salariés, est ouvert à la signature des organisations syndicales et patronales jusqu'à mercredi
  • Bruno Le Maire a précisé de son côté qu'il n'était «pas question» que ces dispositifs se substituent aux salaires, «première rémunération»

PARIS: Répondant à l'appel des partenaires sociaux et au nom du travail, Élisabeth Borne a promis lundi de transcrire dans la loi un accord conclu entre syndicats et patronat sur le "partage de la valeur", qui généralise des dispositifs d'intéressement ou participation dans les entreprises.

"J'en prends l’engagement au nom du gouvernement, nous respecterons le compromis trouvé entre les partenaires sociaux et nous proposerons la transcription fidèle et totale de cet accord dans la loi", a déclaré la Première ministre, en qualifiant cet accord de "très riche" et d'"historique" pour les PME.

Elle s'exprimait devant plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur), Olivier Dussopt (Travail), Clément Beaune (Transports) et Olivia Grégoire (PME), et le parti présidentiel Renaissance, lors d'une convention sur ce thème dans les locaux parisiens de Qonto, start-up qui propose notamment des services financiers à destination des petites entreprises.

Cet accord, qui s'étend à toutes les entreprises de plus de 11 salariés et devrait figurer dans le projet de loi sur le "plein emploi" prévu au printemps, est ouvert à la signature des organisations syndicales et patronales jusqu'à mercredi. Deux syndicats, la CFDT et la CFTC, ont déjà annoncé leur intention de le signer.

"Cet accord, c’est d’abord la preuve que malgré le contexte" du conflit entre le gouvernement et les syndicats sur la réforme des retraites, "le dialogue social continue et porte ses fruits", s'est réjouie la cheffe du gouvernement.

«Croche-pied»

Élisabeth Borne a souhaité toutefois que les propositions attendues de Renaissance, si elles sont émises d'ici "l’entrée en vigueur de l'accord national interprofessionnel en 2025", soient "fidèles à l’accord et recueillent l'approbation de l'ensemble des parties signataires".

Le patron des députés MoDem Jean-Paul Mattei, auteur d'un amendement rejeté par l'exécutif pour taxer davantage les "super-dividendes", a jugé "essentiel de coller le plus possible" à l'accord des partenaires sociaux, tandis que Louis Vogel (Horizons) a plaidé pour "une individualisation plus grande" des dispositifs d'intéressement.

Fin novembre, Renaissance avait notamment prôné un dispositif de "dividende salarié" obligatoire pour toutes les entreprises, ainsi qu'une "super-participation" pour les entreprises d'au-moins 50 salariés réalisant des "super-dividendes".

Mais dimanche le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux a demandé que le gouvernement "reprenne cet accord" sinon "tout détricotage" serait "un coup de poignard dans le dos des partenaires sociaux".

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a également demandé lundi à ce que l'accord soit "respecté au Parlement", sinon "ce serait un croche-pied à la démocratie sociale. Il y en a trop eu ces derniers temps pour recommencer".

«Grande démission»

Alors que le gouvernement essaie de faire passer la pilule d'un départ à la retraite à 64 ans, contesté par l'ensemble des syndicats, en se montrant ouvert à des mesures sur la qualité de vie au travail, la Première ministre a également souhaité, "au-delà de la question de la durée de la vie professionnelle", "améliorer la qualité de vie au travail" et "que l'ensemble des salariés ait accès à des perspectives d’évolution".

"Certains (...) font l’éloge de l'oisiveté. Nous, nous savons que c'est par le travail, que nous pourrons financer notre modèle social", a-t-elle insisté.

"Il n'y a pas de grande démission sur le travail, mais de grandes attentes", a abondé M. Le Maire, responsable du pôle idées à Renaissance et à l'initiative de cette convention.

"Il ne faudrait pas que le débat contre la réussite s'impose dans le débat public et empêche les vrais sujets sociétaux d'émerger", a plaidé le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné, désireux que "le travail paie plus" et "mieux" surtout "quand les entreprises vont bien" et "mieux".

"Le ministère du Travail doit rester le ministère du dialogue social, même si les circonstances ne sont pas les plus favorables", a plaidé en conclusion Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites.

M. Le Maire a précisé de son côté qu'il n'était "pas question" que ces dispositifs se substituent aux salaires, "première rémunération".

Le thème du travail sera aussi au centre d'un déplacement du président Emmanuel Macron mardi matin sur le marché de Rungis, "aux côtés de Français qui travaillent tôt", selon l’Élysée.


Emeutes en Nouvelle-Calédonie: Macron convoque une réunion de crise

Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
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  • Les dirigeants des Républicains ont demandé que le Conseil des ministres instaure mercredi l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie pour mettre fin aux émeutes
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

PARIS: Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, qui a fait deux morts et des centaines de blessés, ont annoncé ses services.


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
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  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.


Nouvelle-Calédonie: un mort lors d'une nouvelle nuit d'émeutes, lés députés votent la révision constitutionnelle

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
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  • Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP
  • Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville

NOUMEA: Une personne a été tuée par balle dans la nuit de mardi à mercredi lors d'une deuxième nuit consécutive d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, alors que les députés votaient à Paris la révision constitutionnelle du corps électoral à l'origine de la colère du camp indépendantiste.

Selon le représentant de l'Etat dans l'archipel français du Pacifique Sud, cette personne, touchée par des tirs avec deux autres personnes, est décédée des suites de ses blessures à l'hôpital de Nouméa.

Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a précisé devant la presse que la victime n'avait pas été victime "d'un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre".

Malgré le couvre-feu mis en place dans la principale ville du territoire dès 18h00 locales mardi (9h00 à Paris), les graves violences qui ont débuté lundi dans l'archipel ont repris dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et  échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre.

Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville.

"On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", a déploré M. Le Franc, "L'heure doit être à l'apaisement (...) l'appel au calme est impératif", a-t-il insisté. "Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés".