«Energie positive» à l'ONU qui tente de protéger enfin la haute mer

Sur cette photo d'archive prise le 29 janvier 2019, photo aérienne montrant une vue partielle de l'île Robinson Crusoé, dans les îles Juan Fernandez du Pacifique, au large des côtes du Chili. (AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 29 janvier 2019, photo aérienne montrant une vue partielle de l'île Robinson Crusoé, dans les îles Juan Fernandez du Pacifique, au large des côtes du Chili. (AFP).
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Publié le Mardi 21 février 2023

«Energie positive» à l'ONU qui tente de protéger enfin la haute mer

  • La haute mer commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes, et elle n'est donc sous la juridiction d'aucun pays
  • Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques

NATIONS UNIES : Les Etats membres de l'ONU ont commencé dans une "énergie positive" deux semaines de négociations pour tenter enfin d'accoucher d'un traité pour protéger la haute mer et éviter une nouvelle avarie qui verrait s'éloigner l'objectif de préserver 30% de la planète d'ici 2030.

La "dernière dernière"? Après plus de 15 ans de discussions informelles puis formelles, c'est la troisième fois en moins d'un an que les négociateurs se retrouvent à New York pour une session censée être la dernière.

Mais cette fois, lundi, à l'ouverture de deux semaines de discussions jusqu'au 3 mars, un optimisme prudent semble de mise pour que cette session soit la bonne.

Un traité "universel, efficace, applicable et à l'épreuve de l'avenir est à notre portée", a déclaré à l'ouverture la présidente de la conférence Rena Lee.

"Il y a beaucoup d'énergie positive (...) et il nous incombe d'accroitre cette énergie positive, de ne pas perdre notre objectif de vue et de faire que cette (conférence) soit vraiment la dernière", a-t-elle ensuite commenté à l'issue de la première journée, en recevant des mains de Jane Fonda une pétition de 5,5 millions de signataires réclamant un traité "fort".

"Nous sommes en train de perdre l'océan, et si nous perdons l'océan, nous nous perdons nous-mêmes", a déclaré l'actrice et militante américaine à l'AFP. "C'est le combat qui déterminera s'il y a un lendemain pour l'humanité".

La haute mer commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes, et elle n'est donc sous la juridiction d'aucun pays.

Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

Les écosystèmes océaniques fabriquent pourtant la moitié de l'oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines. Mais ils sont menacés par le changement climatique, les pollutions en tous genres et la surpêche.

Dernière chance

Alors que commence cette session de négociations, les observateurs comptent sur l'élan donné par l'accord historique conclu en décembre à Montréal lors de la COP15 sur la biodiversité.

Tous les pays du monde se sont alors engagés à protéger 30% de l'ensemble des terres et des océans d'ici 2030. Un défi quasi insurmontable sans inclure la haute mer, dont environ 1% seulement est protégé aujourd'hui.

"Nous sommes optimistes sur le fait que la COP15 sur la biodiversité ait donné le coup de pouce nécessaire aux gouvernements pour que cet accord passe la ligne d'arrivée", a commenté Pepe Clarke, du WWF.

Mais malgré l'optimisme affiché, les défenseurs des océans mettent en garde contre un naufrage.

"S'ils échouent à nouveau, cela remet un peu en cause le processus en lui-même", a indiqué à l'AFP Liz Karan, de l'ONG Pew Charitable Trusts.

"Nous avons déjà dépassé le temps imparti. Ces discussions sont la dernière chance d'aboutir. Les gouvernements ne doivent pas échouer", a insisté dans un communiqué Laura Meller, de Greenpeace.

«Nous sommes en train de perdre l'océan», s'alarme Jane Fonda

"Nous sommes en train de perdre l'océan, et si nous perdons l'océan, nous nous perdons nous-mêmes", a lancé lundi lors d'un entretien avec l'AFP l'actrice et militante Jane Fonda venue défendre le futur traité pour protéger la haute mer.

"L'océan nous fournit 50% de l'oxygène que nous respirons; il nourrit des milliards de personnes. Et il est en train de mourir", a-t-elle dénoncé.

"J'ai des enfants et des petits-enfants, et je veux passer tous les moments qui me restent à vivre à ne pas permettre qu'on détruise la planète (...) Je veux que nous survivions, je veux que la planète survive", poursuit la militante de 85 ans. "C'est le combat qui déterminera s'il y a un lendemain pour l'humanité".

L’icône du cinéma devenue depuis les années 1970 militante pacifiste, féministe, puis en faveur de l'environnement a remis lundi soir à Rena Lee, présidente des négociations du traité sur la haute mer, une pétition de plus de 5,5 millions de signatures pour un traité "fort".

Après plus de 15 ans de discussions informelles puis formelles, la session de négociations du traité pour protéger la haute mer a repris lundi, avec l'espoir que ce soit la dernière.

"Oui, il y a une lueur d'espoir. Nous n'avons jamais été aussi proches et l'élan n'a jamais été aussi grand", a lancé Jane Fonda lors d'une réception à laquelle assistaient certains délégués et observateurs.

"Nous avons besoin d'un traité et nous en avons besoin maintenant. Un nouveau délai serait à nos dépens", a-t-elle ajouté, décrivant les maux frappant les océans, de la pollution plastique à la surpêche en passant par le réchauffement, l'acidification, les marées noires.

Alors "en tant que mère, grand-mère et citoyenne du monde, je vous appelle à mettre de côté la politique, l'avidité, les intérêts particuliers et l'inertie qui tend à enterrer les grandes idées courageuses", a-t-elle plaidé.

Le projet de texte sur la table, truffé de parenthèses et de multiples options, reflète les nombreux sujets contentieux encore en jeu.

Ainsi, le principe de création d'aires marines protégées est inclus dans le mandat de ce futur traité sur "la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale", mais les délégations sont toujours divisées sur le processus de création de ces sanctuaires.

Les modalités d'application de l'obligation d'évaluer l'impact sur l'environnement d'activités envisagées en haute mer ne font pas non plus l'unanimité.

Et la répartition des possibles bénéfices issus de l'exploitation des ressources génétiques de la haute mer, où industries pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques espèrent découvrir des molécules miraculeuses, est un des points les plus tendus.

Faute de pouvoir conduire ces recherches coûteuses, les pays en développement craignent de passer à côté de retombées potentielles. Et lors de la session d'août, des observateurs avaient accusé les pays riches, notamment l'UE, d'avoir attendu la dernière minute pour faire un geste.

Et avec ce traité complexe et vaste, qui devra aussi composer avec d'autres organismes ayant aujourd'hui la main sur des morceaux de l'océan, sur la pêche ou l'exploitation minière des fonds marins, même s'il y a un accord, le diable est dans les détails, notent les défenseurs des océans qui s'inquiètent d'un traité qui n'aurait pas assez de mordant.


L'Iran convoque le chargé d'affaires britannique après des arrestations d'Iraniens

Cette photo fournie par le bureau des médias de la présidence iranienne montre le ministre des affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant au forum de dialogue de Téhéran, le 18 mai 2025. (AFP)
Cette photo fournie par le bureau des médias de la présidence iranienne montre le ministre des affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant au forum de dialogue de Téhéran, le 18 mai 2025. (AFP)
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  • "Suite à l'arrestation injustifiée d'un certain nombre de ressortissants iraniens au Royaume-Uni (...), le chargé d'affaires britannique à Téhéran (en l'absence de l'ambassadeur) a été convoqué dimanche au ministère", a indiqué l'agence de presse Irna
  • Les trois hommes, âgés de 39 à 55 ans, ont été arrêtés il y a deux semaines pour des "actes susceptibles d'aider un service de renseignement étranger", commis entre août 2024 et février 2025, selon les autorités britanniques

TEHERAN: L'Iran a convoqué le chargé d'affaires du Royaume-Uni pour protester contre l'arrestation de plusieurs de ses ressortissants accusés notamment d'espionnage, a annoncé lundi un média d'Etat, dans un contexte de tensions diplomatiques entre les deux pays.

Samedi, trois ressortissants iraniens, inculpés d'espionnage et de préparation d'actes violents au Royaume-Uni au profit de l'Iran, ont été présentés devant la justice à Londres.

Le gouvernement britannique a dénoncé ce qu'il qualifie de "menaces croissantes émanant d'Etats" sur son sol.

Un quatrième Iranien avait été arrêté le 9 mai, avant d'être relâché sans poursuites jeudi dernier.

"Suite à l'arrestation injustifiée d'un certain nombre de ressortissants iraniens au Royaume-Uni (...), le chargé d'affaires britannique à Téhéran (en l'absence de l'ambassadeur) a été convoqué dimanche au ministère", a indiqué l'agence de presse Irna.

Les trois hommes, âgés de 39 à 55 ans, ont été arrêtés il y a deux semaines pour des "actes susceptibles d'aider un service de renseignement étranger", commis entre août 2024 et février 2025, selon les autorités britanniques.

Ces arrestations surviennent dans un contexte diplomatique historiquement tendu entre l'Iran et le Royaume-Uni, et au moment où Téhéran est engagé dans de délicates négociations avec les Etats-Unis et les pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni) sur son programme nucléaire.

La diplomatie iranienne juge ces arrestations "motivées politiquement" afin de "faire pression sur l'Iran", selon l'agence Irna.

"Ces inculpations sans fournir de preuve, ainsi que le refus d'accès et de protection consulaire à ces personnes sont contraires aux règles et normes du droit international", a ajouté l'agence Irna.

Depuis début 2022, le Royaume-Uni affirme avoir identifié plus de 20 préparatifs soutenus par l'Iran, avec des menaces potentiellement mortelles, visant des citoyens britanniques et des résidents du Royaume-Uni.

 


Le pape a reçu Zelensky, le président d'une « Ukraine martyrisée »

Cette photo prise et distribuée le 18 mai 2025 par les médias du Vatican montre le pape Léon XIV lors d'une audience privée avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son épouse Olena Zelenska au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Cette photo prise et distribuée le 18 mai 2025 par les médias du Vatican montre le pape Léon XIV lors d'une audience privée avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son épouse Olena Zelenska au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • Léon XIV a prononcé ces quelques mots en public : « L'Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable ».
  • Le président ukrainien a déclaré qu'il était « reconnaissant pour les paroles spéciales » du souverain pontife.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le pape Léon XIV, qui a évoqué dimanche place Saint-Pierre « l'Ukraine martyrisée » en attendant « des négociations pour une paix juste et durable », a reçu pour la première fois en audience privée son président Volodymyr Zelensky, accompagné de son épouse Olena Zelenska.

« Merci pour votre patience. J'ai dû saluer toutes les délégations ayant assisté à la messe inaugurale du pontificat », leur a lancé le pape dans la vidéo diffusée par le Vatican après leur visite, au cours de laquelle des présents ont été échangés.

À l'issue de la messe marquant le début de son pontificat en présence d'un parterre de chefs d'État, dont M. Zelensky, Léon XIV a prononcé ces quelques mots en public : « L'Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable ».

Le président ukrainien a déclaré qu'il était « reconnaissant pour les paroles spéciales » du souverain pontife, dans un message posté sur Telegram. « Tout pays mérite de vivre en paix et en sécurité », a-t-il estimé, augurant que « les prières pour une paix juste et une vie digne pour tous soient entendues ». 

Son prédécesseur, le pape François, avait inlassablement plaidé pour la paix en Ukraine sans obtenir de résultats concrets.

Avant la messe, M. Zelensky a serré la main du vice-président américain JD Vance, qu'il n'avait pas revu depuis leur altercation à la Maison Blanche avec Donald Trump, fin février.

La Russie a lancé, dans la nuit de samedi à dimanche, une attaque record de drones visant de nombreuses régions d'Ukraine, dont la capitale, Kiev, deux jours après les premiers pourparlers de paix depuis 2022, organisés à Istanbul, qui n'ont pas abouti à une trêve.

Léon XIV a également évoqué dimanche la catastrophe humanitaire à Gaza due à la guerre entre Israël et le Hamas : « Nous ne pouvons pas oublier les frères et sœurs qui souffrent à cause de la guerre. À Gaza, les enfants, les familles et les personnes âgées qui survivent souffrent de la faim », a-t-il lancé.

Après le blocage de négociations pour prolonger une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars ses bombardements sur Gaza. Depuis le 2 mars, il bloque également l'entrée de toute aide humanitaire vitale pour la population du territoire.


Nucléaire : selon le ministre des Affaires étrangères, l'Iran serait prêt à « un nouveau chapitre » avec l'Europe

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, participe à une conférence de presse conjointe avec le ministre russe des Affaires étrangères à la suite de leurs entretiens à Moscou, le 18 avril 2025. (Photo de Tatyana MAKEYEVA / POOL / AFP)
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, participe à une conférence de presse conjointe avec le ministre russe des Affaires étrangères à la suite de leurs entretiens à Moscou, le 18 avril 2025. (Photo de Tatyana MAKEYEVA / POOL / AFP)
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  • « L'Iran est prêt à ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec l’Europe s’il constate une réelle volonté et une approche indépendante de la part des parties européennes », a annoncé Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères
  • « Si l'Europe possède la volonté nécessaire pour rectifier cette situation, l'Iran ne voit aucun obstacle au rétablissement de la confiance mutuelle et au développement des relations avec les pays européens », a indiqué M. Araghchi

TEHERAN : L'Iran a indiqué dimanche qu'il était prêt à « ouvrir un nouveau chapitre » avec les pays européens, alors que ces derniers menacent de réimposer des sanctions contre Téhéran.

« L'Iran est prêt à ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec l’Europe s’il constate une réelle volonté et une approche indépendante de la part des parties européennes », a annoncé Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, lors d'un forum diplomatique tenu à Téhéran.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont, avec les États-Unis, la Chine et la Russie, membres d'un accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015.

Le texte, qui prévoit la levée des sanctions contre Téhéran en échange d'un encadrement de ses activités nucléaires, est devenu caduc de facto à la suite du retrait des États-Unis de cet accord en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

Les diplomates européens estiment qu'ils disposent d'un mécanisme, prévu dans l'accord de 2015, permettant de rétablir les sanctions internationales contre Téhéran. 

« Si l'Europe possède la volonté nécessaire pour rectifier cette situation, l'Iran ne voit aucun obstacle au rétablissement de la confiance mutuelle et au développement des relations avec les pays européens », a indiqué M. Araghchi dimanche.

Fin avril, son homologue français, Jean-Noël Barrot, a affirmé que l'Europe n'hésiterait « pas une seule seconde » à rétablir des sanctions contre Téhéran si le programme nucléaire iranien menaçait la sécurité européenne.

Dans une tribune publiée la semaine dernière sur le site de l'hebdomadaire français Le Point, le ministre iranien des Affaires étrangères avait mis en garde les Européens contre leur « stratégie de confrontation ».

Vendredi, l'Iran a mené des discussions en Turquie avec les puissances européennes sur son programme nucléaire, après un 4^e cycle de pourparlers sous médiation omanaise dimanche dernier entre l'Iran et les États-Unis.

Les pourparlers irano-américains visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.