A Saint-Zacharie, dans le sud-est asséché de la France, «on n'a plus qu'à prier»

Cette photo montre le lit asséché de la rivière Huveaune, près de Saint-Zacharie, dans le sud-est de la France, le 21 février 2023. La France a égalé son record de sécheresse de 31 jours sans précipitations significatives, a déclaré le service météorologique du pays le 21 février, dans un contexte d'inquiétude quant aux réserves d'eau dans certaines régions d'Europe qui souffrent encore de la grave sécheresse de l'année dernière. (AFP).
Cette photo montre le lit asséché de la rivière Huveaune, près de Saint-Zacharie, dans le sud-est de la France, le 21 février 2023. La France a égalé son record de sécheresse de 31 jours sans précipitations significatives, a déclaré le service météorologique du pays le 21 février, dans un contexte d'inquiétude quant aux réserves d'eau dans certaines régions d'Europe qui souffrent encore de la grave sécheresse de l'année dernière. (AFP).
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Publié le Mercredi 22 février 2023

A Saint-Zacharie, dans le sud-est asséché de la France, «on n'a plus qu'à prier»

  • Afin de mieux gérer les ressources en eau, la commune a été vendredi dernier, avec celle quasi-voisine de Riboux, «placée au niveau sécheresse alerte renforcée» par la préfecture du département, le Var
  • L'arrosage des pelouses, terrains de sport et jardins potagers est devenu interdit en journée

SAINT-ZACHARIE : Râteau à la main, Françoise Ambert retourne la terre aride autour d'un artichaut desséché. "Le jardin, sans culture, ça fait un peu plage...", se désole cette habitante de Saint-Zacharie, dans le sud-est de la France, près de la mer Méditerranée, dans une zone frappée par une sécheresse inédite si tôt dans l'année.

L'époque où Marcel Pagnol tourna des scènes de son film Manon des sources (1952) dans ce petit village provençal paraît bien loin: aucun filet d'eau ne sort des fontaines et seuls de la mousse séchée et quelques détritus tapissent le lit de ce qui fut naguère le fleuve Huveaune.

Quant aux truites, qui faisaient le bonheur des pêcheurs locaux, elles ont disparu.

"Le cours d'eau est à sec depuis bientôt deux ans. Il a parfois des réminiscences qui durent dix jours, puis ça disparaît (...). Je n'ai jamais connu ça, et les anciens non plus", se lamente auprès de l'AFP Lucien Durand, 75 ans, responsable des jardins partagés de la ville, désormais délaissés.

Les tomates et courgettes qui y poussaient ont laissé place aux mauvaises herbes, en raison de la quasi-impossibilité de faire pousser des légumes, faute d'eau.

"Je pense qu'on n'a pas grand chose à faire, sinon espérer. J'allais dire prier, mais bon... Il faut attendre que le temps s'améliore, ou qu'il se transforme, mais on est très pessimiste", ajoute M. Durand.

«Cri d'alarme»

Or, la situation ne risque pas de s'améliorer prochainement, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non-significatives pour les 15 prochains jours.

Afin de mieux gérer les ressources en eau, la commune a été vendredi dernier, avec celle quasi-voisine de Riboux, placée au niveau "sécheresse alerte renforcée" par la préfecture du département, le Var. L'arrosage des pelouses, terrains de sport et jardins potagers est devenu interdit en journée.

S'y ajoutent l'interdiction de laver son véhicule ou remplir les piscines et la fermeture des fontaines sans système de recyclage de l'eau.

Outre ces deux communes varoises, 85 autres de ce département du Sud-Est de la France ont été placées en situation d'alerte sécheresse (le deuxième niveau sur quatre) et les 66 restantes en vigilance (1er niveau).

"L'eau devient un bien précieux et rare, il faut faire attention à ses usages. D'une certaine façon, c'est un cri d'alarme, pour sensibiliser les uns et les autres", avait déclaré vendredi le préfet du Var Evence Richard.

Mi-février, le déficit pluviométrique sur le Var atteignait 37%, selon Météo France. Sur les 621 mm de cumul de pluie attendus de septembre à mars, correspondant à la période de recharge des nappes phréatiques, seuls 327 mm sont tombés à ce jour, dont 4 mm à peine en février.

Changer les habitudes

"Le Var apparaît comme un laboratoire de ce qui attend le reste de la France", analyse le géographe et chercheur Stéphanie Beucher.

La France métropolitaine n'a pas connu de véritables pluies depuis 31 jours, a confirmé mardi Météo-France. Une absence de précipitations qui égale le record tout récent de 2020 et compromet le rétablissement des nappes phréatiques, épuisées par la sécheresse historique de l'an dernier.

"La sécheresse de l'été dernier est due au réchauffement climatique, lui-même lié aux activités anthropiques, et ces épisodes extraordinaires vont devenir de plus en plus fréquents", avertit Mme Beucher.

"Prier ne servira à rien, mais nous avons encore le choix de maîtriser le phénomène en atteignant une neutralité carbone, en changeant nos habitudes, voire en renonçant à certains acquis".

A son échelle, Saint-Zacharie a ainsi décidé pour la deuxième année consécutive de remplacer ses jardinières par des essences méditerranéennes peu gourmandes en eau, comme des chênes ou des arbousiers.

"Nous projetons d'équiper les bâtiments communaux de citernes et d'inciter les gens à faire de-même, pour récupérer l'eau de pluie... si un jour elle arrive!", positive Raymond Merlo, élu en charge de l'Environnement.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.