Médicaments: le casse-tête de l'accès des patients à de nouveaux traitements

Des médicaments en préparation dans une pharmacie à Paris le 9 janvier 2023. (AFP).
Des médicaments en préparation dans une pharmacie à Paris le 9 janvier 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 27 février 2023

Médicaments: le casse-tête de l'accès des patients à de nouveaux traitements

  • Les médecins de la société française de médecine prédictive et personnalisée (SFMPP) ont récemment lancé un appel afin de dénoncer le retard d'accès pour leurs patients
  • "Il y a un décalage entre ce qu'on peut lire d'un point de vue scientifique et ce qu'on peut appliquer chez nos malades", abonde le professeur Steven Le Gouill, hématologue à la tête de l'ensemble hospitalier de l'Institut Curie à Paris.

PARIS: Des traitements potentiellement efficaces, mais qui mettent du temps à arriver jusqu'aux patients gravement malades, ou n'arrivent pas: de nombreux soignants réclament un accès simplifié aux nouvelles molécules, pointant du doigt une perte de chance pour les malades français.

Les médecins de la société française de médecine prédictive et personnalisée (SFMPP) ont récemment lancé un appel afin de dénoncer le retard d'accès pour leurs patients et "un décalage grandissant" entre les décisions prises par les agences respectivement française et européenne du médicament.

En cause, la décision de la Haute autorité de santé (HAS), l'instance chargée d'évaluer les médicaments en France, de ne pas rembourser plusieurs anticancéreux. Et ce, alors que l'Agence européenne du médicament (EMA) avait, elle, donné son feu vert, s'agace auprès de l'AFP le professeur Pascal Pujol, président de la SFMPP.

Pour l'oncologue, c'est le symptôme "d'une méthodologie qui n'est plus adaptée aux nouvelles thérapies", dans les cas où toutes les autres options thérapeutiques sont épuisées.

En France, la HAS base son évaluation des nouvelles molécules sur plusieurs critères, dont l'un concerne le service médical rendu. Pour cela, elle prend notamment en compte les données fournies par les essais cliniques de phase 3 --dernière étape avant la commercialisation-- menés sur un grand nombre de patients.

Or l'émergence d'une connaissance plus fine des maladies ces dernières années signifie que les molécules ciblant spécifiquement certaines mutations, comme dans le cancer, vont concerner une infime partie des malades. Dans ces conditions, les essais cliniques sur des milliers de cas ne sont plus réalisables, alertent des médecins.

"Il y a, par exemple, des cancers du poumon très rares qui ne touchent que 200 patients en France. Il n'est pas possible de faire le même type d'études cliniques dans ce cas que sur des maladies qui touchent 60.000 patients", explique le professeur Jean-Yves Blay, oncologue et président d'Unicancer, qui réclame depuis plusieurs années un changement de la méthodologie.

Dispositif d'« accès précoce »

"Il y a un décalage entre ce qu'on peut lire d'un point de vue scientifique et ce qu'on peut appliquer chez nos malades", abonde le professeur Steven Le Gouill, hématologue à la tête de l'ensemble hospitalier de l'Institut Curie à Paris. "On se retrouve avec des règles d'évaluation des médicaments pas toujours adaptées aux maladies que l'on peut rencontrer".

La fédération des associations de patients, France Assos Santé, nuance toutefois cet état des lieux. "Nous ne pouvons pas dire qu'en France nous n'avons pas accès à l'innovation", déclare Catherine Simonin, de la fédération.

Elle souligne le rôle bénéfique joué par le dispositif d'autorisation dit "d'accès précoce": un mécanisme mis en place depuis 2021, accordé aux nouvelles molécules dans un cadre très strict, pour les cas les plus graves, avant que le médicament n'ait fini toutes les étapes des essais cliniques.

De son côté, la HAS indique que les demandes d'accès précoces pour les nouveaux médicaments sont accordées dans la majorité des cas.

"Cela permet habituellement d'avoir accès à des médicaments en phase 2, voire en phase 1-2 d'essais cliniques", soit les phases intermédiaires, précise à l'AFP le professeur Pierre Cochat, président de la commission de la transparence de la HAS.

"On cherche sans cesse à trouver un équilibre entre le développement clinique accéléré et la maîtrise du risque au bénéfice du patient", dit-il. Un casse-tête pour les médecins comme pour les autorités de santé, car une molécule sur deux qui présente une efficacité en phase 2 échoue par la suite à démontrer son efficacité en phase 3, sur un nombre plus important de patients, précise la HAS. L'autorité de santé vient de modifier sa méthodologie pour élargir certaines règles d'évaluation.

Les spécialistes, médecins comme associations, plaident enfin pour une meilleure prise en compte des données de vie réelle --qui correspondent au suivi des patients sous traitement-- pour juger des nouvelles molécules. Des données essentielles à leurs yeux pour avoir une évaluation la plus juste possible.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».