Après 20 ans, Al Arabiya «n'a pas dévié de sa vocation première — la recherche de la vérité»

Mamdouh al-Muhaini, directeur général d'Al Arabiya.
Mamdouh al-Muhaini, directeur général d'Al Arabiya.
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Publié le Samedi 04 mars 2023

Après 20 ans, Al Arabiya «n'a pas dévié de sa vocation première — la recherche de la vérité»

  • Depuis son lancement en mars 2003, la chaîne s'est placée à l'avant-garde du paysage médiatique du monde arabe
  • Les attaques contre les journalistes et les changements technologiques rapides n'ont pas entravé la mission de la chaîne, affirme Al-Muhaini

LONDRES: La chaîne d'information saoudienne Al Arabiya célèbre deux décennies de témoignage des événements les plus importants du monde et d'apport d'informations du monde arabe — et du monde entier — à des millions de foyers arabophones.

Depuis sa création le 3 mars 2003, la chaîne s'est placée à l'avant-garde des médias de la région, opérant dans plus de quarante villes du monde, avec une présence en Arabie saoudite, en Palestine, en Irak, en Égypte, au Liban, en Jordanie et au Yémen. 

«Par rapport à d'autres médias, Al Arabiya ne s'est pas détournée de sa vocation première, qui est la recherche de la vérité», a affirmé Mamdouh al-Muhaini, directeur général d'Al Arabiya et de sa chaîne sœur Al Hadath, à Arab News.

«Notre objectif depuis le premier jour a été d'offrir une analyse politique objective ainsi que le meilleur travail journalistique possible.»

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Photo d’archives datée du 25 septembre 2003 montrant une vue des bureaux de la chaîne de télévision Al Arabiya, basée à Dubai Media City.

Cependant, la mission d'Al Arabiya n'a pas été facile dans une région ravagée par les troubles, son équipe étant constamment confrontée à des menaces, des enlèvements et même à la mort.

«Un grand nombre de nos journalistes ont perdu la vie», a affirmé Al-Muhaini. «Les bureaux d'Al Arabiya ont été attaqués et bombardés et de nombreuses personnes ont été touchées.»

En 2003, la chaîne a été interdite d'opérer en Irak par le gouvernement transitoire de l'époque, après avoir diffusé un enregistrement audio du président récemment déchu, Saddam Hussein, qui à cette période se cachait toujours. La couverture des évènements en Irak a toutefois repris l'année suivante.

L'hostilité croissante envers les journalistes et les atteintes à la liberté de la presse signifiaient également que la sécurité des reporters d'Al Arabiya était systématiquement menacée.

En Irak, les corps de la correspondante irakienne Atwar Bahjat, de l'ingénieur Adnan Khairullah et du caméraman Khalid Mahmoud ont été découverts le 23 février 2006, juste au nord de Bagdad, après avoir été enlevés par Al-Qaëda, alors qu'ils couvraient le bombardement de la mosquée Al-Askari à Samarra.

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La correspondante irakienne d'Al Arabiya, Atwar Bahjat, a été tuée en 2006, après avoir été enlevée par Al-Qaëda.

Reporters Sans Frontières a décrit ces meurtres comme un «acte épouvantable». Au total, onze reporters d'Al Arabiya ont été tués ou blessés alors qu'ils faisaient des reportages en Irak.

La chaîne a également été officiellement interdite dans la bande de Gaza après la prise de contrôle du Hamas en 2006, qui a cependant permis aux journalistes locaux de continuer à travailler avec Al Arabiya après l'opération israélienne «Pilier de défense» en 2012, donnant ainsi la possibilité à la chaîne de couvrir des événements majeurs.

Cependant, en 2020, le Hamas a interdit aux journalistes de travailler pour Al Arabiya après avoir accusé la chaîne de répandre des mensonges.

Le 2 septembre 2008, l'Iran a accusé la chaîne de parti pris et a expulsé le chef du bureau de Téhéran, Hassan Fahs, avant d'ordonner la fermeture pour une période indéterminée du bureau pour «couverture partiale» de l'élection présidentielle et des manifestations qui ont éclaté peu après.

En 2012, aux Philippines, des terroristes affiliés au groupe Abu Sayyaf ont enlevé le journaliste jordanien Baker Atyani et son équipe alors qu'ils tentaient d'interviewer son chef sur l'archipel de Sulu.

Atyani et son équipe n'ont été libérés que l'année suivante, lorsque le cheikh Mohammed Hussein, le grand mufti de Jérusalem, a lancé un appel à la direction du groupe. 

«J'ai passé 18 mois en captivité, au cœur de la jungle de Sulu, vivant parmi des gens ignorants et c'est le moins que l'on puisse dire», a écrit Atyani — qui travaille aujourd'hui comme chef du bureau d'Arab News au Pakistan – à la suite de cette épreuve.

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Baker Atyani, alors journaliste d'Al Arabiya, après sa libération d'Abu Sayyaf.

Selon son récit, les membres d'Abu Sayyaf pensaient que la mosquée Al-Aqsa se trouvait en Espagne et n'avaient pas entendu parler de Jérusalem.

À la mi-2016, Al Arabiya a été contrainte de fermer son bureau de Beyrouth, invoquant des problèmes de sécurité face aux menaces du Hezbollah, la milice libanaise soutenue par l'Iran.

Le télédiffuseur par satellite a affirmé être préoccupé «par la sécurité de ses propres employés et de ceux qui étaient employés par ses fournisseurs», ajoutant que malgré cela, il «continuerait à couvrir de près les évènements au Liban».

En 2021, le ministère algérien de la Communication a annulé les accréditations d'Al Arabiya, d’après des accusations de «recours à la désinformation et à la manipulation», ce qui en faisait le deuxième service d'information étranger en Algérie, après France 24, à voir ses autorisations retirées par les autorités algériennes.

Ces difficultés n'ont toutefois pas entravé les reportages d'Al Arabiya sur le terrain. Même avec l'essor des réseaux sociaux, la chaîne d'information s'est adaptée aux changements technologiques et continue de défendre la vérité contre les fausses nouvelles et la désinformation.

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Les reporters de télévision travaillant en coulisses avant le lancement de la nouvelle chaîne d'information par satellite Al Arabiya 24 heures sur 24 à Dubaï (Photo d'archives).

«Au cours de ces dernières années, nous avons utilisé les progrès de la technologie et de l'intelligence artificielle pour étendre et améliorer nos opérations, sachant que notre objectif principal était le vrai journalisme, c'est-à-dire notre travail avec les journalistes et la couverture des conflits, ce qui a été très important», a précisé Al-Muhaini à Arab News.

«Aujourd'hui, nous avons plus de 180 millions d'abonnés sur plus de 200 comptes. Cependant, notre objectif principal reste de présenter du vrai journalisme.

Al Arabiya, qui touche en 2020 plus de 36 millions d'écrans de télévision dans le monde arabe, est devenue la première chaîne d'information de la région à dépasser les 10 millions d'abonnés à YouTube, totalisant plus de cinq milliards de vues de ses vidéos en janvier 2022.

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Al Arabiya a été la première chaîne d'information à interviewer le président américain Barack Obama après son entrée en fonction en 2009.

Interrogé sur la manière dont la chaîne était en concurrence avec le nombre croissant de présentateurs de nouvelles arabophones influents, Al-Muhaini a affirmé: «La concurrence est toujours bonne… Elle incite à continuer à s'améliorer et à faire de son mieux car la pire des choses pour les organes d'information est de ne pas avoir de concurrence. C'est à ce moment-là que le travail des médias commence à régresser.»

Al Arabiya sera toujours attachée à ses principes fondamentaux, notamment «la fiabilité, la crédibilité et les reportages objectifs», a-t-il ajouté.

Al Hadath complète le travail d'Al Arabiya, se concentrant grandement sur les zones de conflit dans la région. «Al Hadath a fait un travail plus important que sa chaîne d'information sœur dans plusieurs régions, dont l'Irak et la Libye, où elle est assez populaire», a indiqué Al-Muhaini.

Chaîne d'information de premier plan dans la plupart des pays de la région MENA, Al Arabiya possède un solide dossier d'interviews exclusives. Elle a été la première chaîne d'information à interviewer le président américain Barack Obama après son entrée en fonction en 2009.

En 2015, Al Arabiya a réalisé la première interview télévisée avec, à l’époque, le vice-prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, au cours de laquelle il a annoncé le programme de réforme de la Vision 2030 du Royaume.

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En 2015, Al Arabiya a réalisé la première interview télévisée avec, à l’époque, le vice-prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, au cours de laquelle il a annoncé le programme de réforme de la Vision 2030 du Royaume.

Al-Muhaini a confirmé le fait qu'Al Arabiya faisait partie du plan du Royaume visant à transformer la capitale saoudienne en un centre régional pour les affaires, les médias et le divertissement.

«Nous sommes aujourd'hui dans une excellente position à plusieurs niveaux — écran, réseaux sociaux et travail journalistique», a soutenu Al-Muhaini. 

«Nous allons lancer des programmes depuis Washington, D.C. et Londres et nous améliorerons notre présence sur les réseaux sociaux. Notre entreprise se développera de manière générale dans de nombreux lieux», a-t-il annoncé.

«Bientôt, nous lancerons la radio Al Arabiya à Riyad, notre première station de radio en Arabie saoudite et nous prévoyons d'atteindre d'autres parties du monde arabe. Nous allons également étendre nos podcasts.»

Réfléchissant à la lutte d'Al Arabiya contre les fausses informations, en particulier durant la pandémie de la Covid-19, Al-Muhaini a indiqué que la désinformation était un fléau mondial qui posait un énorme défi aux professionnels des médias.

«Avec le début de la révolution technologique, le monde a été bombardé d'informations provenant de sources non fiables», a-t-il affirmé. Pendant la période de la Covid-19, en particulier, «des vies ont été perdues à cause de fausses informations».

Il a exhorté les téléspectateurs à se tourner vers les sources d'information officielles, telles qu'Al Arabiya et d'autres médias de confiance, car il est «impossible de supprimer les fausses informations». 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.