Quand la réalité virtuelle apprend aux femmes l'autodéfense

Dans le jeu, une petite voix guide le joueur ou plutôt la joueuse, puisque le jeu leur est destiné, pour l'encourager et lui apprendre des gestes précis: des doubles crochets du droit et du gauche pour attaquer, les deux poings croisés sur la poitrine pour se protéger. (Photo: capture d'écran du site officiel de jeu fightbackvr.com)
Dans le jeu, une petite voix guide le joueur ou plutôt la joueuse, puisque le jeu leur est destiné, pour l'encourager et lui apprendre des gestes précis: des doubles crochets du droit et du gauche pour attaquer, les deux poings croisés sur la poitrine pour se protéger. (Photo: capture d'écran du site officiel de jeu fightbackvr.com)
Dans le jeu, une petite voix guide le joueur ou plutôt la joueuse, puisque le jeu leur est destiné, pour l'encourager et lui apprendre des gestes précis: des doubles crochets du droit et du gauche pour attaquer, les deux poings croisés sur la poitrine pour se protéger. (Photo: capture d'écran du site officiel de jeu fightbackvr.com)
Dans le jeu, une petite voix guide le joueur ou plutôt la joueuse, puisque le jeu leur est destiné, pour l'encourager et lui apprendre des gestes précis: des doubles crochets du droit et du gauche pour attaquer, les deux poings croisés sur la poitrine pour se protéger. (Photo: capture d'écran du site officiel de jeu fightbackvr.com)
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Publié le Mardi 07 mars 2023

Quand la réalité virtuelle apprend aux femmes l'autodéfense

  • Enseigner aux femmes à surmonter leur peur et leur tabou de la violence physique, c'est le but de «Fight back», un jeu en réalité virtuelle créé par une cinéaste passionnée par l'émancipation féminine
  • Ici, pas de «game over», ni de mort virtuelle, mais uniquement des conseils positifs

PARIS : Sous vos pieds, une étroite plateforme perchée dans l'espace stellaire. Ruisselants de flammes, des monstres s'approchent, vous encerclent. Menacée par ces agresseurs qui vous font oublier votre casque de réalité virtuelle, oserez-vous les combattre à coups de poing ?

Enseigner aux femmes à surmonter leur peur et leur tabou de la violence physique, c'est le but de "Fight back", un jeu en réalité virtuelle créé par une cinéaste passionnée par l'émancipation féminine ("l'empowerment"), qui sort le 8 mars, au niveau mondial.

En 2017, Céline Tricart part en Irak pour réaliser un documentaire sur les femmes yézidies violées par Daech (acronyme en arabe de l'organisation djihadiste Etat islamique). Elle y découvre que le choix de se battre les aide à surmonter leur traumatisme. Ce qui lui donnera l'idée d'un jeu en VR qui enseigne les bases de l'autodéfense.

"Certaines d'entre elles, une fois libérées, ont décidé d'intégrer l'armée irakienne et de se battre contre Daech. J'ai vu que celles qui s'étaient engagées avaient réussi à se remettre plus vite que celles restées dans les camps", a-t-elle raconté à l'AFP lors de la Mostra de Venise, en septembre 2022.

"J'ai passé une semaine avec elles sur le front. Les rencontrer m'a complètement changée. J'avais cette obsession de faire un projet sur les femmes combattantes", a raconté cette femme de 36 ans, qui a elle-même commencé très jeune à pratiquer les arts martiaux.

Dans le jeu, une petite voix guide le joueur ou plutôt la joueuse, puisque le jeu leur est destiné, pour l'encourager et lui apprendre des gestes précis: des doubles crochets du droit et du gauche pour attaquer, les deux poings croisés sur la poitrine pour se protéger.

Ici, pas de "game over", ni de mort virtuelle, mais uniquement des conseils positifs.

«Mémoire musculaire»

A la fin, des silhouettes dorées incarnent des combattantes du passé et du présent qui racontent leur histoire, comme ces "karaté grannies" africaines qui pratiquent les arts martiaux pour repousser les violeurs.

"La réalité virtuelle peut donner une mémoire musculaire, qui permet de surmonter les injonctions de ne pas résister physiquement. Nous voulons conduire les femmes à en savoir plus sur l'autodéfense, à savoir dire non", renchérit sa collaboratrice, Marie Blondiaux. "Ce n'est pas un défouloir mais cela permet de vous faire sentir puissante".

L'objectif est de diffuser le jeu dans des associations de protection des femmes, pour les rediriger vers de vraies écoles d'autodéfense.

Ce jeu au graphisme poétique, conçu comme une succession d'attaques de plus en plus difficiles, s'adresse plutôt à des débutantes qu'à des joueuses aguerries. Il utilise une nouvelle technologie de détection des mains qui, dans le jeu, semblent gantées d'or. Les actrices Adèle Haenel, Camélia Jordana et Aïssa Maïga ont prêté leur voix au récit.

A la Mostra de Venise, les 150 femmes qui ont testé le jeu, donnant avec concentration des coups dans le vide, ont parfois fondu en larmes, submergées par l'émotion de réussir à se battre, "d'avoir ça en elles". Elles ont parfois aussi crié d'angoisse, racontent les conceptrices.

Disponible en trois langues, "Fight Back", coproduit par le groupe public France Télévisions et aidé par le Centre national du cinéma, sera mis à disposition gratuitement sur l'App Lab de Meta (Facebook) à partir de mercredi, journée internationale des droits des femmes.


« Palestine 36 », soutenu par l’Arabie saoudite, présenté en avant-première au TIFF 2025

Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
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  • Le film Palestine 36 d’Annemarie Jacir, présenté au TIFF 2025, revient sur le soulèvement palestinien de 1936 contre le mandat britannique
  • Financé en partie par le Red Sea Film Fund d’Arabie saoudite, le film explore un moment décisif pour la région

DUBAÏ : Le film Palestine 36 de la réalisatrice Annemarie Jacir a été présenté cette semaine en avant-première au Festival international du film de Toronto (TIFF) 2025 lors d’une projection de gala.

Le film a été en partie financé par le Red Sea Film Fund, soutenu par l’Arabie saoudite.

Situé aux abords de Jérusalem, Palestine 36 raconte l’histoire du soulèvement arabe contre le mandat britannique.

Le synopsis officiel indique : « En 1936, alors que les villages de la Palestine mandataire se soulèvent contre la domination coloniale britannique, Yusuf erre entre son village rural et l’énergie bouillonnante de Jérusalem, aspirant à un avenir au-delà des troubles croissants.

Mais l’Histoire est implacable. Avec l’arrivée massive de réfugiés juifs fuyant l’antisémitisme en Europe, et la population palestinienne unie dans le plus vaste et le plus long soulèvement contre les 30 ans de domination britannique, toutes les parties glissent vers une collision inévitable — un moment décisif pour l’Empire britannique et pour l’avenir de toute la région. »

Le film réunit une distribution internationale : l’acteur oscarisé Jeremy Irons, la star de Game of Thrones Liam Cunningham, l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, ainsi que les talents palestiniens Hiam Abbass, Yasmine Al-Massri, Kamel El Basha et Saleh Bakri.

La première a réuni de nombreuses personnalités, dont les acteurs britanniques Billy Howle et Robert Aramayo, l’acteur palestinien Karim Daoud Anaya, le producteur de cinéma palestino-jordanien Ossama Bawardi, ainsi que Jacir, Bakri, Al-Massri et Abbass.

Jacir, à qui l’on doit Salt of the Sea, When I Saw You, Wajib et des épisodes de la série Ramy, a entamé le travail sur ce projet avant la pandémie mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad accueille sa toute première représentation de l’opéra « Carmen »

La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
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  • L’événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, célébrant le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.

RIYAD : La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC), en collaboration avec la China National Opera House (CNOH), a présenté jeudi soir l’opéra mondialement connu de Georges Bizet, « Carmen », au Centre culturel Roi Fahd de Riyad. Il s'agit de la toute première représentation de ce chef-d'œuvre en Arabie saoudite.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, qui célèbre le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la Chine. Plus de 2 500 invités et dignitaires étaient présents pour la soirée d’ouverture.

Le public a salué cette représentation historique. Thomas Dang, résident à Riyad, a décrit la soirée comme remarquable :

« C’était extraordinaire — une troupe chinoise jouant une œuvre d’un compositeur français sur une histoire espagnole, ici en Arabie saoudite. Ce mélange culturel était incroyable. »

Mise en scène par l’équipe du CNOH, la production a donné vie à l’histoire intemporelle de passion, de jalousie et de destin de Bizet, à travers des costumes vibrants et une distribution internationale.

Créée à Paris en 1875, « Carmen » est l’un des opéras les plus célèbres de l’histoire. Son début en Arabie saoudite marque une étape importante dans le développement culturel du Royaume, illustrant son ouverture croissante aux arts mondiaux.

Huixian, une résidente chinoise de Riyad, a partagé son enthousiasme :

« C’était ma première fois à l’opéra en Arabie saoudite, et aussi la première fois que je voyais ‘Carmen’ en chinois. La performance était très bonne, même si le chant aurait pu être plus puissant. Une soirée mémorable. »

« Carmen » se poursuivra au Centre culturel Roi Fahd jusqu’au 6 septembre 2025, offrant aux spectateurs une opportunité rare d’assister à l’un des opéras les plus emblématiques sur une scène saoudienne.

Selon la RCRC, cette première historique reflète l’engagement continu de la Commission à enrichir l’offre culturelle de Riyad, à travers des événements de classe mondiale, en cohérence avec la Vision 2030 du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Villa Hegra, où le patrimoine devient moteur d’innovation et de diplomatie culturelle

De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, Ingrid Périsset, Hervé Lemoine et Fériel Fodil. (Photo Arlette Khouri)
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  • La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle
  • En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà

PARIS: Dans le cadre de la dixième édition de « Think Culture », un rendez-vous incontournable qui interroge les liens entre culture, innovation et société, une table ronde posait une question centrale : comment préserver l’identité d’un site patrimonial exceptionnel tout en l’inscrivant dans le présent et l’avenir ?

Pour y répondre, les organisateurs ont choisi un exemple emblématique : la Villa Hegra, première institution franco-saoudienne dédiée à la coopération culturelle, implantée au cœur du site d’AlUla, au nord-est de l’Arabie saoudite.

Trois voix se sont relayées pour éclairer les enjeux de ce projet : Ingrid Périsset, directrice de la recherche archéologique et du patrimoine pour l’Agence française de développement d’AlUla (AFALULA) ; Fériel Fodil, directrice générale de la Villa Hegra ; et Hervé Lemoine, président de l’Établissement public des manufactures nationales et du Mobilier national.

En introduction, Ingrid Périsset a rappelé les racines profondes de la coopération franco-saoudienne dans le domaine archéologique, soulignant que, depuis près d’un quart de siècle, des chercheurs français travaillent sur le site d’Hegra, « petite sœur de Pétra », joyau nabatéen classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette présence pionnière, amorcée au début des années 2000, a contribué à révéler la richesse exceptionnelle d’AlUla et à établir un climat de confiance entre les deux pays.

Pour l’archéologue, il n’existe pas de rupture entre passé et présent : « L’histoire de l’art est un continuum, une transmission permanente. Les artistes contemporains se retrouvent souvent bouleversés en découvrant des objets millénaires, comme s’ils partageaient une même mémoire créative avec ceux qui les ont façonnés. »

Cette vision inscrit la Villa Hegra dans une logique de dialogue entre héritage et création, où la préservation patrimoniale nourrit l’innovation culturelle.

Prenant la parole, Fériel Fodil a présenté la genèse et les spécificités de la Villa Hegra. Créée à la suite d’un accord intergouvernemental signé en 2021 et renforcée par un décret royal en 2024, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Arabie saoudite, l’institution s’affirme comme un pilier de la diplomatie culturelle.

Sa singularité tient à sa gouvernance bicéphale, à la fois française et saoudienne, qui se traduit par une double direction curatoriale, des équipes mixtes et une programmation ouverte aux artistes francophones et arabophones. « C’est la première villa véritablement binationale du réseau français, souligne-t-elle. Elle incarne une volonté de coopération équilibrée et réciproque. »

La Villa Hegra rejoint ainsi les grandes villas françaises à l’étranger – de la Villa Médicis à Rome à la Casa de Velázquez à Madrid, en passant par la Villa Kujoyama à Kyoto et la Villa Albertine aux États-Unis. Mais, contrairement à ses sœurs, elle s’implante dans un territoire encore en devenir culturel, avec l’ambition d’être ancrée localement tout en restant ouverte sur le monde.

Pour Hervé Lemoine, l’intérêt de la Villa Hegra tient aussi à sa capacité à accueillir les métiers d’art et du design, trop souvent relégués au second plan derrière les arts visuels ou les arts vivants. Ces savoir-faire, estime-t-il, constituent pourtant un patrimoine matériel essentiel.

Le partenariat entre la Villa Hegra et les Manufactures nationales vise à valoriser cette dimension. Dès les premiers échanges, des pièces de mobilier français ont été installées sur place, non pas uniquement pour leur confort ou leur esthétique, mais pour témoigner de la richesse des traditions artisanales. « C’est une autre manière de créer des ponts, explique-t-il. En montrant le travail du bois ou des arts décoratifs, nous favorisons un échange culturel fondé sur la main, le geste et la matière. »

Ce dialogue se concrétise également par des résidences croisées : une jeune artiste saoudienne rejoindra bientôt les ateliers français pour découvrir la diversité des métiers représentés. Il s’agit là d’une transmission tangible des savoir-faire, vecteur d’innovation et de coopération durable.

La Villa Hegra n’est pas seulement un lieu d’exposition ou de résidence : elle s’affirme comme un outil de diplomatie culturelle. En réunissant artistes, chercheurs et institutions, elle favorise la circulation des idées et des pratiques entre la France, l’Arabie saoudite et au-delà.

Son inscription officielle dans le réseau des villas françaises, prévue à Paris en octobre prochain, ouvrira la voie à de nouveaux échanges artistiques entre les différents sites — qu’il s’agisse de l’Opéra de Paris invité à AlUla ou de collaborations entre designers, musiciens et écrivains.

À travers cette initiative, la France et l’Arabie saoudite affirment une ambition commune : relier le passé au présent et faire du dialogue interculturel un moteur de rayonnement international.