Erdogan poursuit sa diplomatie bagarreuse malgré son coût économique

Le 15 novembre 2020, Erdogan (g) déclare à Varosha (Chypre Nord) qu’il est en faveur d'une division permanente de Chypre en deux États, lors d'une visite décriée comme une "provocation" par le sud hellénophone internationalement reconnu (AFP)
Le 15 novembre 2020, Erdogan (g) déclare à Varosha (Chypre Nord) qu’il est en faveur d'une division permanente de Chypre en deux États, lors d'une visite décriée comme une "provocation" par le sud hellénophone internationalement reconnu (AFP)
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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Erdogan poursuit sa diplomatie bagarreuse malgré son coût économique

  • Les détracteurs d’Erdogan l’accusent de multiplier les coups de menton diplomatiques pour galvaniser sa base électorale islamo-nationaliste, dans un contexte de difficultés économiques qui nuisent à sa popularité
  • Sur le terrain, les initiatives d'Ankara, dont des militaires sont présents de la Libye à la Syrie, en passant par la Méditerranée orientale, ne cessent de susciter la colère de l'Occident

ANKARA, Turquie : La politique étrangère de plus en plus affirmée du président turc Recep Tayyip Erdogan depuis 2016 a creusé un fossé entre Ankara et ses alliés occidentaux et aggravé ses problèmes économiques, mais les analystes doutent que cela l'arrêtera.

Ses détracteurs accusent le chef de l'Etat de multiplier les coups de menton diplomatiques pour galvaniser sa base électorale islamo-nationaliste, dans un contexte de difficultés économiques qui nuisent à sa popularité.

Mais le gouvernement turc soutient qu'il ne fait que défendre bec et ongles ses intérêts dans une région instable face à des puissances hostiles, comme les Emirats arabes unis et l'Egypte.

Dans un contexte de crise économique croissante, M. Erdogan a bien émis ces derniers jours des déclarations apaisantes en direction de l'Europe, affirmant que l'avenir de la Turquie était inséparable du Vieux continent.

Mais sur le terrain, les initiatives d'Ankara, dont des militaires sont présents de la Libye à la Syrie, en passant par la Méditerranée orientale, ne cessent de susciter la colère de l'Occident.

Si ces démonstrations de force sont populaires en Turquie, elles risquent cependant de faire fuir des investisseurs potentiels dont le pays a cruellement besoin.

La politique étrangère de M. Erdogan crée une "relation tendue entre la Turquie et ses principaux partenaires économiques, à savoir l'Union européenne et les Etats-Unis", souligne Sinan Ulgen, directeur du centre de réflexion Edam à Istanbul.

Menace de sanctions

Les missions d'exploration gazière menées unilatéralement par la Turquie en Méditerranée orientale, dans des eaux disputées avec la Grèce et Chypre, sont l'un des principaux sujets de discorde entre Ankara et l'UE.

Bruxelles a menacé d'imposer des sanctions si Ankara persiste et la question devrait être au coeur d'un sommet européen les 10 et 11 décembre.

La menace de mesures punitives européennes susceptibles de pousser l'économie dans le gouffre et la défaite à l'élection présidentielle américaine de Donald Trump, avec qui M. Erdogan avait noué un rapport personnel, semblent avoir convaincu le président turc d'adoucir son ton ces dernières semaines.

En plus de professer son attachement à l'Europe, il a ainsi promis début novembre des réformes judiciaires pour "renforcer l'état de droit" afin de rassurer les investisseurs.

Mais la victoire de Joe Biden risque d'être synonyme de nouveaux problèmes pour Ankara, qui est sous le coup de sanctions américaines pour l'achat de missiles russes S-400.

La Grèce et l'Egypte, notamment, espèrent en outre que Washington pèsera de tout son poids en Méditerranée orientale pour mettre fin aux activités turques qui ne semblaient pas particulièrement préoccuper M. Trump.

"Les relations turco-américaines risquent d'atteindre un nouveau point bas en 2021", souligne Anthony Skinner, du cabinet de consultants Verisk Maplecroft.

"Risques croissants"

Après une tentative de putsch en 2016, M. Erdogan a eu l'impression que "les partenaires occidentaux ont abandonné" Ankara, souligne Sinem Adar, membre du centre d'études appliquées sur la Turquie à Berlin.

Il sent qu'il ne "peut plus faire confiance à l'Europe et aux Etats-Unis pour renforcer la sécurité de la Turquie", d'où ses initiatives unilatérales, ajoute-t-elle.

La Turquie a dépensé ces dernières années plusieurs centaines de millions d'euros pour développer ses capacités militaires, un "facteur qui rend possible son agressivité croissante", explique Mme Adar.

Mais cette approche se paie au prix fort.

La livre turque a ainsi perdu près du quart de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, une tendance renforcée par les tensions diplomatiques, notamment avec la France depuis quelques mois.

"Les risques géopolitiques croissants mettent la livre sous pression" et ont "un impact sur l'afflux d'investissements directs de l'étranger", relève M. Ulgen.

Ces investissements, qui proviennent surtout d'Europe et contribuent notamment à la création d'emplois, ont chuté de 16 milliards d'euros en 2007 à sept milliards d'euros en 2019, selon les chiffres des Nations unies.

L'an dernier, le géant allemand de l'automobile Volkswagen avait suspendu sa décision d'ouvrir une usine en Turquie, se disant "préoccupé" par le déclenchement d'une offensive par Ankara contre une milice kurde en Syrie.

Le constructeur allemand a finalement complètement laissé tomber ce projet en juillet, officiellement en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.

 


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.