Liban: De récents incidents à Beyrouth démontrent la méfiance des citoyens à l'égard des autorités

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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Liban: De récents incidents à Beyrouth démontrent la méfiance des citoyens à l'égard des autorités

  • «Nous pensions que le système judiciaire et la sécurité seraient les derniers systèmes à s'effondrer au Liban, mais, manifestement, ce n’est pas le cas»
  • Les familles des victimes de l'explosion ont exigé que les responsables soient «exécutés par pendaison»

BEYROUTH: Cette semaine à Beyrouth, deux événements en vingt-quatre heures ont mis en évidence l'état troublé du Liban. Mercredi soir, des membres des forces de sécurité intérieure ont agressé un avocat qui avait violé les règles de confinement et, jeudi après-midi, les familles des victimes de l'explosion survenue dans le port en août sont descendues dans la rue pour protester contre la gestion par la justice de l'enquête sur la catastrophe qui a tué 202 personnes et en a blessé environ 6 500 autres.

L’avocat Rachid Derbas, militant et ancien ministre, a déclaré à Arab News: «Ce sont des signes de la rupture avec l’État. Nous pensions que le système judiciaire et la sécurité seraient les derniers systèmes à s'effondrer au Liban, mais, manifestement, ce n’est pas le cas.»

Les familles des victimes de l'explosion ont exigé que les responsables soient «exécutés par pendaison». Ils se sont rendus au domicile du juge Fadi Sawan, qui est en charge de l'enquête mais qui n'a pas encore publié de rapport sur les causes de l’accident même s’il a demandé au Parlement d'enquêter sur certains ministres. 

Les manifestants, dont les banderoles proclamaient «Nous ne resterons plus silencieux», ont expliqué qu'ils n'accepteront pas «un gouvernement de négligence ou de mésaventure». Ils portaient les photos de divers Premiers ministres et autres ministres en poste depuis 2013, date à laquelle le nitrate d'ammonium aurait été stocké pour la première fois dans le port.

Ils ont également exigé «des décisions audacieuses et la poursuite de tous les responsables administratifs, politiques et de sécurité, quel que soit leur statut», ajoutant que, pour eux, le crime n'était pas le résultat d'une négligence, mais qu'il avait été «commis intentionnellement».

Dans un communiqué, les familles des victimes s’expliquent: «Un juge devient complice d'un crime lorsqu'il couvre les principaux auteurs et manipule les causes du crime en le ridiculisant et en le qualifiant de “négligence”. Nous ne nous contenterons pas de la condamnation des fonctionnaires subalternes. Les hauts fonctionnaires doivent également être punis, quelle que soit leur position dans l’État.»

Me Derbas a critiqué le juge Fadi Sawan: ce dernier a sollicité l’intervention du Parlement «pour demander la poursuite des ministres actuels et anciens soupçonnés de ne pas avoir géré le stockage de milliers de tonnes de nitrate d'ammonium dans le port».

Alors que Rachid Derbas exprime sa crainte de politiser la question, il explique que, pour lui, l'enquête nécessite «un grand atelier d'experts et de cadres spécialisés, car une personne seule ne peut pas faire ce travail». 

Pendant ce temps, l'arrestation de l'avocat Afram al-Halabi mercredi – pour avoir violé la décision qui restreint la circulation à un jour sur deux en fonction du numéro pair ou impair de la plaque d’immatriculation de son véhicule – a suscité la colère de certains, dont celle du barreau de Beyrouth qui a condamné la violence des forces de sécurité qui ont procédé à l'arrestation. Al-Halabi aurait été jeté à terre et agenouillé avant d'être menotté et emmené au poste de police.

Le secrétaire général du barreau de Beyrouth, Saadeddine al-Khatib, a déclaré à Arab News: «Nous avons déposé une plainte au pénal au nom du barreau et de l'avocat Al-Halabi, car les violences qui lui ont été infligées auraient pu entraîner la mort. Il n'a pas prononcé un mot lors de son interpellation et des violences injustifiées subies. Les avocats ont le droit de travailler pendant le confinement, car les tribunaux militaires fonctionnent toujours. Cela nécessite la présence d'avocats pour déposer des plaintes ou obtenir des libérations. Cette violence est inacceptable, qu’elle soit infligée aux avocats ou à tout citoyen ordinaire. En tant que syndicalistes, nous avons pris position. Nous ne communiquerons pas avec le ministère de l'Intérieur. Nous avons plutôt choisi la voie juridique.»

«Aucun dirigeant de ce pays ne se soucie des vies humaines ou de sauver des gens. Ils ne s'intéressent qu’à eux et sont soumis à des puissances étrangères», a déclaré Me Derbas à Arab News. «Entre le mauvais et le pire, ils choisissent le pire.»

«Ce pays n'est pas un endroit pour protéger les intérêts étrangers. Ce n'est pas une caserne ou une plate-forme. Le Hezbollah ne peut pas garder le pays en otage de la stratégie iranienne», poursuit-il. «Si un avocat est soumis à l’humeur de l’armée et du juge, alors le système qui dirige le navire qu’est notre pays n’est même pas digne de conduire un vélo.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.