Mise à nu par une affaire judiciaire, Fox News dans la tempête

Une condamnation à plus d'un milliard de dollars aurait tout de même un impact financier non négligeable sur la maison mère de Fox News, le groupe Fox Corporation, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars sur l'année fiscale 2022. (AFP).
Une condamnation à plus d'un milliard de dollars aurait tout de même un impact financier non négligeable sur la maison mère de Fox News, le groupe Fox Corporation, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars sur l'année fiscale 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 12 mars 2023

Mise à nu par une affaire judiciaire, Fox News dans la tempête

  • Même en cas de lourde condamnation, «Fox News est une vache à lait. Ils vont simplement absorber la perte et continuer à programmer», dit Mark Feldstein
  • Une condamnation à plus d'un milliard de dollars aurait tout de même un impact financier non négligeable sur la maison mère de Fox News, le groupe Fox Corporation, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars sur l'année fiscale 2022

NEW YORK : Poste avancé des batailles des conservateurs aux Etats-Unis, la chaîne Fox News traverse une phase de turbulences avec les révélations sur ses coulisses durant la présidentielle de 2020 et un procès à plus d'un milliard de dollars en vue. Mais l'impact pour la perle de l'empire Murdoch reste difficile à évaluer.

C'est devenu un feuilleton qui régale les médias américains et le camp démocrate. Chaque semaine apporte une nouvelle salve de messages privés, textos ou courriels émanant de figures de proue de la chaîne et rendus publics dans le cadre des poursuites en diffamation intentées par un fabricant de machines de vote électroniques, Dominion Voting Systems.

"Nous sommes vraiment, vraiment, tout proches de pouvoir ignorer Trump, presque tous les soirs (...) Je le déteste passionnément", écrivait ainsi le présentateur vedette Tucker Carlson, fervent soutien des républicains, à des membres de son équipe, le 4 janvier 2021, deux jours avant l'assaut contre le Capitole par des milliers de partisans de l'ancien président.

Les documents ont surtout révélé qu'en novembre 2020, au sein de la chaîne préférée des conservateurs américains, on ne croyait guère, jusqu'à son propriétaire Rupert Murdoch, à la théorie d'une élection présidentielle "volée" par les démocrates, notamment au moyen du vote électronique.

Mais c'était seulement en privé, alors que ces théories faisaient florès à l'antenne, sur les plateaux des stars Tucker Carlson, Sean Hannity, ou Laura Ingraham.

Fox «éclaboussée»

Ces contradictions sont au coeur de l'argumentaire de Dominion Voting Systems, qui veut voir la chaîne condamnée pour diffamation à 1,6 milliard de dollars de dommages et intérêts, lors d'un procès civil qui doit commencer mi-avril dans l'Etat du Delaware.

"C'est une attaque sans précédent contre le premier amendement" de la Constitution américaine protégeant la liberté de la presse, répond Fox News à l'AFP.

La chaîne ajoute qu'il était légitime de donner la parole au camp Trump quand il contestait le vote et "essentiel pour la recherche de la vérité" de laisser s'exprimer toutes les parties. Elle accuse aussi Dominion d'avoir "choisi et sorti des citations de leur contexte".

Mais quelle que soit l'issue judiciaire, les révélations "ont salement éclaboussé Fox", selon Mark Feldstein, professeur de journalisme à l'université du Maryland.

"Longtemps, nous étions comme devant une pièce de théâtre, et l'on pouvait voir en regardant Fox que c'était plein de mensonges. Ce que l'on ne savait pas, c'est à quel point c'était délibéré et orchestré", ajoute-t-il.

L'universitaire est quand même circonspect sur les effets qu'auront ces révélations pour les téléspectateurs de Fox News, qui a revendiqué en 2022, pour la septième année consécutive, le titre de chaîne la plus regardée sur le câble par les Américains, bien devant ses concurrentes CNN ou MSNBC.

"Ils s'adressent à une population qui croit déjà à ce genre de choses. Ces mensonges, ils les diffusaient en grande partie parce que leur public voulait les entendre", explique Mark Feldstein.

Impact financier

Lancée en 1996, la chaîne a déjà traversé plusieurs crises.

Même en cas de lourde condamnation, "Fox News est une vache à lait. Ils vont simplement absorber la perte et continuer à programmer", dit Mark Feldstein.

Une condamnation à plus d'un milliard de dollars aurait tout de même un impact financier non négligeable sur la maison mère de Fox News, le groupe Fox Corporation, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars sur l'année fiscale 2022 (juillet 2021-juin 2022). Et Fox News est poursuivie dans une affaire similaire par une autre société, Smartmatic.

Pour l'instant, la chaîne maintient son cap. Cette semaine, Tucker Carlson a consacré son émission à chercher à minimiser la violence des partisans de Donald Trump lors de l'assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, images présentées comme exclusives à l'appui.

Fox News s'est attirée les critiques de Joe Biden, qui a rappelé que 140 policiers avaient été blessés. De manière notable, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a aussi dénoncé "une erreur".

"Au-delà du procès (Dominion), les conséquences les plus probables, si Fox en subit, viendront des annonceurs qui jugeront la marque trop indigne de confiance et des téléspectateurs qui décideront finalement de la quitter", estime le rédacteur en chef de la Columbia Journalism Review, Kyle Pope.

Chroniqueur de la vie des médias sur Fox News, le journaliste Howard Kurtz a déploré fin février de ne pas pouvoir évoquer l'affaire Dominion à l'antenne, à la demande de son employeur.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.