Le Parisien au tribunal, poursuivi en diffamation par Ibrahim Maalouf

"Mon problème est dans le fait qu'il écrit des choses fausses", affirmeIbrahim Maalouf. "Il n'y a pas de sms à caractère sexuel" entre les mains des enquêteurs et "en aucun cas, je n'ai reconnu les faits", assure-t-il (Photo, AFP).
"Mon problème est dans le fait qu'il écrit des choses fausses", affirmeIbrahim Maalouf. "Il n'y a pas de sms à caractère sexuel" entre les mains des enquêteurs et "en aucun cas, je n'ai reconnu les faits", assure-t-il (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 28 novembre 2020

Le Parisien au tribunal, poursuivi en diffamation par Ibrahim Maalouf

  • L'artiste attaque certains passages de deux articles publiés le 3 mars 2017, dans l'édition papier et numérique
  • «Je suis désolé, je pense que j'ai fait correctement mon travail» affirme l’auteur de l’article en question

PARIS: "24 heures, ça peut changer ma vie": le trompettiste Ibrahim Maalouf poursuivait vendredi le Parisien en diffamation, pour un article de 2017 qui révélait des accusations d'agression sexuelle sur mineure, une affaire dans laquelle le musicien a été relaxé en juillet 2020.

L'artiste attaquait certains passages de deux articles publiés le 3 mars 2017, dans l'édition papier et numérique, qui dévoilaient l'existence d'une plainte contre lui déposée par les parents d'une jeune fille de 14 ans ainsi que son placement en garde à vue.

A la barre vendredi, l'auteur de l'article, un journaliste de 54 ans, raconte avoir reçu un "coup de téléphone d'une source" le 24 février 2017, soir de la cérémonie des Césars au cours de laquelle Ibrahim Maalouf a été récompensé pour la meilleure musique originale.

Les jours suivants, le reporter de l'agence locale du Val-de-Marne passe "plein de coups de téléphone", récupère des informations "par bribes", avant d'avoir, finalement, la confirmation du parquet. Il appelle aussi le musicien sur son portable pour avoir sa version et lui laisse un message vocal.

"Je l'ai appelé vers 17H30", dit-il, le journal papier bouclant à 1H00 du matin. Et "j'avais demandé exceptionnellement à ce que l'article ne soit pas mis en ligne sur le site avant le lendemain matin, au cas où il me rappelle", précise-t-il.

"J'ai passé une semaine à essayer de recouper ces infos. J'ai rarement eu autant de difficultés, je me suis battu et je suis désolé, je pense que j'ai fait correctement mon travail", résume-t-il plus tard.

Erreur

L'article, dépublié en janvier 2018, relatait les déclarations d'une jeune fille de 14 ans, qui avait effectué un stage de troisième en décembre 2013 au sein de la maison de production du musicien.

Elle avait rapporté un baiser - à l'initiative de l'adolescente et immédiatement repoussé selon Ibrahim Maalouf - puis des attouchements deux jours plus tard - totalement contestés par le musicien.

Après avoir été condamné en décembre 2018 à quatre mois avec sursis par le tribunal de Créteil, il a été relaxé par la cour d'appel de Paris le 8 juillet 2020.

Deux semaines plus tard, il a publié un long communiqué déplorant notamment une "couverture médiatique" de sa relaxe "microscopique à côté de celle subie en 2017 lors de la révélation des accusations mensongères".

"Mon problème est dans le fait qu'il écrit des choses fausses", affirme-t-il à la barre vendredi. "Il n'y a pas de +sms à caractère sexuel+" entre les mains des enquêteurs et "en aucun cas, je n'ai reconnu les faits", assure-t-il.

Au moment de coup de fil du journaliste, il explique qu'il était à Taïwan et qu'il n'a pris connaissance du message vocal qu'en arrivant en France, après la publication.

"S'il avait attendu 24H00 ... parce que 24H00, ça peut changer ma vie !" affirme-t-il. "Je suis convaincu que si l'article avait été juste, si j'avais pu avoir une parole en disant : +non ce n'est pas vrai+", "jamais les conséquences n'auraient été aussi graves", poursuit-il.

Et d'ajouter: "Je pense que c'est important que la justice reconnaisse quand un journaliste fait une erreur et qu'elle va nuire à quelqu'un toute sa vie".

"Bonne foi"

Son avocate, Me Fanny Colin, dénonce une "précipitation" qui "empêche que l'enquête soit sérieuse". "On va lui passer un coup de fil le 2 mars 2017 à 17h36 pour lui dire +un article sort sur vous demain+. C'est sérieux ça ?", lance-t-elle. Et "où est la prudence, la réserve ? Il n'y en a pas".

La procureure estime que les propos étaient bien diffamatoires mais elle considère que "la bonne foi" peut conduire le tribunal à relaxer le prévenu.

"Au moment où il publie", le journaliste "considère que l'information est suffisamment fiable pour, en conscience, la sortir", plaide l'avocat de la défense, Me Basile Ader. "Il a été de bonne foi parce qu'il a fait confiance à ses sources et qu'elles lui ont très exactement dit ce qu'il y avait dans les procès-verbaux", insiste-t-il.

Le tribunal rendra sa décision le 21 janvier.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».