Après le feu, l'électricité et internet, la révolution de l'intelligence artificielle «générale»

Greg Brockman, un des cofondateurs, a reconnu dans une interview à The Information que ChatGPT n'était pas aussi neutre en termes de valeurs qu'ils l'auraient voulu. (AFP)
Greg Brockman, un des cofondateurs, a reconnu dans une interview à The Information que ChatGPT n'était pas aussi neutre en termes de valeurs qu'ils l'auraient voulu. (AFP)
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Publié le Dimanche 19 mars 2023

Après le feu, l'électricité et internet, la révolution de l'intelligence artificielle «générale»

  • Comme de nombreux autres acteurs de la tech, Siqi Chen est convaincu d'assister à un historique changement de paradigme
  • «Si vous prenez ensemble l'invention de l'électricité, des ordinateurs, d'internet et des mobiles, vous restez en-deçà de ce à quoi nous allons assister», a-t-il assuré

SAN FRANCISCO: Le déploiement à toute vitesse d'une intelligence artificielle (IA) de plus en plus "générale", dotée de capacités cognitives humaines et donc susceptible de bouleverser de nombreux métiers, est considéré comme inéluctable dans la Silicon Valley et suscite une fascination qui submerge les voix appelant à ralentir le rythme.

"Si vous prenez ensemble l'invention de l'électricité, des ordinateurs, d'internet et des mobiles, vous restez en-deçà de ce à quoi nous allons assister", assure Siqi Chen, un entrepreneur basé à San Francisco.

"Toutes ces choses ont été créées par l'intelligence. Mais pour la première fois, nous sommes capables de créer l'intelligence elle-même", continue-t-il. "C'est une arme à double tranchant, mais si ça se passe bien, elle pourra résoudre tous les problèmes (...), comme le réchauffement climatique."

Comme de nombreux autres acteurs de la tech, Siqi Chen est convaincu d'assister à un historique changement de paradigme.

Surtout depuis la présentation mardi par OpenAI de GPT-4, une nouvelle version encore plus puissante du modèle de langage naturel qui opère ChatGPT, l'interface d'IA générative utilisée par des millions de personnes depuis quelques mois pour rédiger des dissertations, des poèmes ou encore des lignes de code informatique.

ChatGPT va pouvoir traiter non seulement du texte, mais aussi des images, et produire des contenus plus complexes, comme des plaintes judiciaires ou des jeux vidéo.

GPT-4 représente ainsi une avancée dans la direction de l'intelligence artificielle dite "générale", celle des programmes "plus intelligents que les humains en général", selon Sam Altman, le patron de la start-up californienne.

«Ahurissant»

Jeudi, Microsoft, le principal investisseur d'OpenAI, a promis que "nous ne pourrions bientôt plus nous passer" des assistants à base d'IA générative, capables d'interagir avec les humains dans leurs langues et d'exécuter toutes sortes de tâches, du résumé d'une réunion à la création d'un site web ou d'une campagne publicitaire.

Ces outils vont libérer les humains "des corvées qui freinent la créativité" pour qu'ils puissent renouer avec "l'âme de leur travail", a déclaré Jared Spataro, un dirigeant du groupe informatique.

"Je me suis servi de GPT-4 pour coder 5 microfonctionnalités pour un nouveau produit. Un (très bon) développeur voulait 6.000 dollars et deux semaines. GPT-4 l'a fait en 3 heures pour 0,11 dollar. Ahurissant", a tweeté Joe Perkins, un entrepreneur britannique.

Siqi Chen reconnaît que la nouvelle technologie risque de le remplacer un jour. Mais il compte sur la capacité des humains à s'adapter, avec des solutions comme le revenu universel.

Au-delà de la menace pour les professions intellectuelles et artistiques, l'IA générale suscite d'insurmontables débats de société.

Que va-t-il rester d'authentique, quand la moindre photo sur Instagram ou le moindre avis sur un restaurant auront été produits avec ou par une IA? Que va devenir l'apprentissage, quand il suffira de formuler des requêtes aux machines? Qui doit prendre les décisions pour définir les algorithmes?

«Existentiel»

"L'IA générale arrive plus vite que nous ne sommes capables de la digérer", remarque Sharon Zhou, fondatrice d'une start-up d'IA générative.

"Cela va poser des questions existentielles à l'humanité. Si elle est plus puissante et intelligente que nous, est-ce que nous l'exploitons? Ou est-ce qu'elle nous exploite?", questionne l'ancienne chercheuse de l'université de Stanford.

OpenAI assure vouloir construire l'IA générale graduellement, dans le but de bénéficier à toute l'humanité. Elle compte sur l'utilisation à grande échelle de ses modèles pour détecter et rectifier les problèmes.

Mais l'entreprise semble elle-même dépassée par les événements.

Greg Brockman, un des cofondateurs, a reconnu dans une interview à The Information que ChatGPT n'était pas aussi neutre en termes de valeurs qu'ils l'auraient voulu.

Ilya Sutskever, le directeur scientifique, aimerait "qu'il y ait un moyen de ralentir le rythme de sortie de ces modèles aux capacités sans précédent", d'après un entretien à la MIT Technology Review.

Et la start-up, dont le nom signifie "IA ouverte", se voit reprocher son manque de transparence. La sortie de GPT-4 marque "sa transformation de laboratoire de recherche à but non lucratif en entreprise capitaliste", juge Will Douglas Heaven, expert de cette revue scientifique.

Mais malgré les critiques, les inquiétudes et les risques réels ou fantasmés, le secteur reste convaincu que l'IA générale arrive, inexorablement.

Parce que la course entre les entreprises est lancée, explique Sharon Zhou, mais aussi entre les pays, notamment les Etats-Unis et la Chine.

"Le pouvoir est entre les mains de ceux qui savent bâtir tout ça", souligne-t-elle. "Et nous ne pouvons pas nous arrêter, parce que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre."


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
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  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
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  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.


EDF prolonge la durée de vie de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni

Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
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  • EDF a annoncé la prolongation jusqu’en 2028 de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni après des inspections de sécurité satisfaisantes
  • Ces prolongations visent à garantir l’approvisionnement en électricité bas carbone et à soutenir les objectifs climatiques du Royaume-Uni

LONDRES: L'énergéticien français EDF, qui exploite les cinq centrales nucléaires actuellement en activité au Royaume-Uni, a annoncé mardi prolonger la durée de vie de deux d'entre elles, assurant que cela "contribuera à la sécurité énergétique" du pays.

"Prolonger la durée de vie de ces centrales (...) permettra de garantir l'emploi plus longtemps à plus de 1.000 personnes qui y travaillent et de soutenir les ambitions du Royaume-Uni de disposer d'un approvisionnement en électricité propre et sûr", a fait valoir dans un communiqué le directeur des opérations nucléaires d'EDF au Royaume-Uni, Mark Hartley.

Heysham 1 (nord-ouest de l'Angleterre) et Hartlepool (nord-est) verront leurs durées de vie étendues d'un an, jusqu'en mars 2028, après une prolongation similaire annoncée en décembre dernier, suite à des inspections et évaluations de sécurité satisfaisantes.

EDF avait aussi prolongé en décembre la vie de deux autres centrales nucléaires, Heysham 2 et Torness, qui produiront de l'électricité jusqu'en mars 2030.

La cinquième centrale d'EDF en activité dans le pays, Sizewell B, utilise une technologie différente et "sa durée de vie n'a pas été évaluée dans le cadre de ce processus" mais EDF estime dans son communiqué qu'il existe "de bonnes chances" de prolonger aussi sa durée de vie de 20 ans, jusqu'en 2055.

L'énergéticien français est depuis 2009 l'opérateur du vieillissant parc nucléaire outre-Manche.

Il est parallèlement en charge de la construction de deux autres centrales nucléaires de nouvelle génération de type EPR au Royaume-Uni, Hinkley Point C et Sizewell C. L'entreprise est régulièrement pointée du doigt pour les délais et dérapages de budget de ces projets pharamineux.

Hinkley Point C est en construction et le gouvernement britannique a donné son feu vert en juillet à Sizewell C -- dont le coût avait alors enflé à 38 milliards de livres (44 milliards d'euros).

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités. Une façon aussi d'atteindre ses ambitions climatiques, en complément des immenses champs d'éoliennes construits en mer.

Le gouvernement a promis en juin d'injecter plus de 30 milliards de livres (35 milliards d'euros) pour relancer l'énergie nucléaire dans le pays, pour Sizewell C, mais aussi des petits réacteurs et la recherche sur la technologie prometteuse de la fusion.