Macron, sans regret, prêt à «endosser l'impopularité» de la réforme des retraites

Le président français Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée depuis l'Elysée, à Paris, le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée depuis l'Elysée, à Paris, le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

Macron, sans regret, prêt à «endosser l'impopularité» de la réforme des retraites

  • Le chef de l'État a épinglé les oppositions en disant que pour elles, le projet «c'est le déficit»
  • A Lyon, du mobilier urbain a été dégradé et utilisé pour entraver la circulation sur les quais du Rhône

PARIS: Emmanuel Macron est sans regret ou presque. La réforme très contestée des retraites doit être appliquée "avant la fin de l'année", a-t-il affirmé mercredi lors d'une intervention télévisée très attendue, assumant son "impopularité" et provoquant immédiatement des réactions ulcérées.

Dans la soirée, des déambulations spontanées de quelques centaines de personnes se sont déroulées dans plusieurs villes, comme tous les soirs depuis bientôt une semaine, mais les incidents ont été limités.

Selon les autorités, les manifestants étaient 300 au plus fort de la soirée à Paris, 600 à Lyon, près d'un millier à Lille où une source policière a fait état de deux interpellations pour des dégradations et de deux policiers légèrement blessés.

A Lyon, du mobilier urbain a été dégradé et utilisé pour entraver la circulation sur les quais du Rhône.

A la mi-journée, lors d'un entretien télévisé de 35 minutes, le chef de l'Etat a une nouvelle fois plaidé pour une réforme "nécessaire" qu'il ne conduit pas "par plaisir".

"Je ne vis pas de regrets", a-t-il dit, concédant cependant ne "pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité" de la réforme, qui prévoit de reculer l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Le chef de l'État a épinglé les oppositions en disant que pour elles, le projet "c'est le déficit". L'entretien présidentiel les a immédiatement fait bondir, de même que les organisations syndicales qui préparent une 9e journée de grèves et de mobilisations jeudi.

"Du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent", a cinglé le patron de la CGT Philippe Martinez. "Déni et mensonge", a fulminé son homologue de la CFDT Laurent Berger, alors qu'Emmanuel Macron venait d'affirmer qu'aucun syndicat n'avait proposé de compromis sur les retraites.

M. Macron, qui avait écarté mardi toute perspective immédiate de remaniement, de dissolution ou de référendum, a égrené les arguments déployés par son camp depuis l'activation de l'article 49.3 sur cette réforme, adoptée après le rejet, à seulement neuf voix près, d'une motion de censure contre son gouvernement.

"S'il faut endosser l'impopularité aujourd'hui, je l'endosserai", a assumé le chef de l'État qui est revenu sur des propos polémiques tenus la veille devant les parlementaires de sa majorité.

Alors que sa réforme suscite des manifestations quotidiennes dans le pays et des grèves, il avait indiqué que la "foule" n'avait "pas de légitimité face au peuple qui s'exprime, souverain, à travers ses élus".

- "Déconnexion" -
Des propos qui visaient les parlementaires ciblés par des violences, a-t-il assuré mercredi. "On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", a-t-il insisté mercredi, citant les exemples des assauts contre le Capitole de Washington par des partisans de Donald Trump ou les lieux de pouvoirs à Brasilia par ceux de Jair Bolsonaro.

Comme les syndicats, les opposants politiques ont vivement réagi aux propos de M. Macron.

Le président prodigue ses "traditionnelles marques de mépris", s'est insurgé Jean-Luc Mélenchon. "Je crains qu'il n'ait mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé", a dénoncé le patron du PS Olivier Faure.

A droite également, la critique est dure. Le président des Républicains (LR) Eric Ciotti a fustigé des solutions "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons".

"Il dit qu'il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps", a dit la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen.

Après plus de deux mois de contestation, les manifestations et actions de blocage se sont multipliées depuis le 49.3 jeudi dernier.

A Strasbourg, Laurent, 53 ans, cadre dans une entreprise de transport et qui avait voté Emmanuel Macron, n'a pas encore manifesté mais descendra dans la rue jeudi. "Je suis pas du tout un habitué des manifs, loin de là" mais "la façon de faire, le soi-disant débat qui se termine sans prendre en compte aucun avis, c'est brutal, ce n'est pas acceptable", déclare le quinquagénaire, qui n'a pas voulu donner son nom.

- "Co-construction" à l'Assemblée -
Mercredi, le port de Marseille-Fos était totalement bloqué dans le cadre d'une journée "ports morts" à l'appel de la CGT, tandis que des actions coup de poing ont également été menées aux abords de la zone portuaire de Capécure, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Le dépôt pétrolier de Puget-sur-Argens (Var) est bloqué par des manifestants, de même que deux ronds-points desservant deux dépôts pétroliers au nord de Bordeaux, tandis qu'au niveau national, 14,3% des stations-services connaisse une pénurie d'au moins un type de carburant. Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées dans la soirée devant la raffinerie TotalEnergies de Normandie pour s'opposer à des réquisitions de grévistes, selon la CGT.

Pour jeudi, le SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, a prévu entre 40 et 50% des professeurs du primaire en grève.

La situation devrait être très perturbée dans les transports, notamment les trains - la moitié des TGV circuleront - et environ 30% des vols seront annulés au départ de Paris-Orly.

Le trafic du métro parisien et du RER sera "très perturbé". La grève, reconductible à la RATP, sera plus suivie que ces derniers jours, mais moins qu'au tout début du mouvement en janvier.

Désireux de sortir de cette séquence retraites, le président a tenté de donner des perspectives. Charge à Élisabeth Borne de "bâtir un programme de gouvernement" susceptible "d'élargir" la majorité relative à l'Assemblée, dans une démarche de "co-construction d'un agenda parlementaire avec l'ensemble des forces des deux chambres".

"Le compromis fonctionne", "nous en sommes capables", a assuré la Première ministre devant le Sénat.

Première précaution, néanmoins: le projet de loi immigration, présenté comme la prochaine victime des oppositions à l'Assemblée, sera scindé en "plusieurs textes" dans "les prochaines semaines".

M. Macron veut également "réengager" un dialogue avec les partenaires sociaux sur le rapport au travail. Mais "il faut attendre quelques jours, quelques semaines", a-t-il observé.

Réponse immédiate de Laurent Berger: "Ce sont des mots creux, pour l'instant, il y a un gros conflit social, une crise démocratique, une crise sociale. Faut être dingue (...), il y a un délai de décence", a-t-il déclaré à l'AFP.

Principales réactions politiques à l'intervention télévisée de Macron

Principales réactions politiques après l'intervention télévisée mercredi du président Emmanuel Macron sur TF1 et France 2:

A droite

. Eric Ciotti(président des Républicains)dans un communiqué:

Les solutions proposées par Emmanuel Macron ne sont "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons". "La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l’immigration de masse n’est plus une priorité pour le gouvernement" et "c’est une faute".

 

. Bruno Retailleau (président des sénateurs LR) sur Twitter:

"En contournant le Parlement dont il a peur parce qu’il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique".

Sur l'immigration: "Emmanuel Macron renonce à un projet de loi (...) qui est l’un des problèmes majeurs de notre pays. A la place, des petits textes à la découpe qui ne règleront rien (…) comme d’habitude".

 

. Aurélien Pradié (député LR) sur Twitter:

"Emmanuel Macron ne comprend pas. Il ne comprend pas les fractures immenses de la Nation. Il ne comprend pas que son autosatisfaction est une provocation de plus. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c’est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ?".

 

. Marine Le Pen (présidente des députés RN) en conférence de presse:

Emmanuel Macron est "un homme de plus en plus seul". Lors de son intervention télévisée, il a "conforté le mépris" des Français. "Il dit qu’il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps", a-t-elle ajouté, accusant le Président "d'anti-parlementarisme" et prévoyant un remaniement "dans les prochaines semaines".

A gauche

. Manuel Bompard (coordinateur de LFI) à l'Assemblée nationale:

"Le Président n’est pas là pour jeter des barils sur le feu. Ce n’est jamais de sa faute. Les syndicats sont contre ? C’est parce qu’il ne voulaient pas discuter. Les Français sont contre ? C’est parce qu’ils n’ont pas compris le génie présidentiel ? Les oppositions sont contre ? Elles sont incapables de faire des propositions. Il faut arrêter avec ça".

 

. Mathilde Panot (présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale) sur Twitter:

"Macron en direct depuis une réalité alternative. Hors-sol, arrogant, menteur, irresponsable. Il n'avait pourtant que 4 mots à prononcer : je retire ma réforme. Bravo à celles et ceux qui ont enduré ces 30 minutes de vide absolu".

 

. Marine Tondelier (secrétaire nationale d'EELV) sur Twitter:

"Glacée par la démonstration d’autosatisfaction du président Macron. Outre ses propos méprisants et même offensants, outre la vacuité de ce qu’il propose, quand va-t-il comprendre qu’il n'a pas le monopole de la responsabilité et de l’intérêt général?".

 

. Sandrine Rousseau (députée EELV) sur Twitter:

"On ne s’attendait à rien. Mais rien eût été mieux".

 

. Olivier Faure (premier secrétaire du PS) à l'Assemblée nationale:

"C'est hallucinant. Il est dans un déni absolu. Je crains qu'il n'ait mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé. Il n'a plus de jus, n'a plus rien à raconter. Il ressert cent fois les mêmes recettes. Il cherche le pourrissement y compris en disqualifiant les syndicats. Le seul cap qu'il a fixé: je me maintiendrais quoi qu'il en coûte".

 

. Boris Vallaud (président des députés PS) sur Twitter:

"Sarkozy sur la forme. Fillon sur le fond. Pasqua sur le maintien de l’ordre. Vite la gauche."

Majorité

. Stéphane Séjourné (secrétaire général du parti Renaissance) sur Twitter:

"Face aux crises, notre modèle social et l'État nous ont aidé. C'est à nous, aujourd'hui, de les aider et d'assurer leur pérennité. C'est l'objet de la réforme des retraites dont Emmanuel Macron a rappelé la priorité au risque de l'impopularité. Le courage de l'action".

 

. Prisca Thevenot (députée Renaissance) à l'Assemblée nationale:

"Emmanuel Macron a appelé à la responsabilité, en homme d'Etat il est là pour dire la vérité aux Français, des vérités parfois dures à dire plus dures que les mensonges faciles" des oppositions.  "Nous vivons dans un État de droits et de devoirs, il appelle à ce que les institutions soient respectées. Nous avons passé la majorité des textes proposés sur le pouvoir d'achat, les renouvelables, le nucléaire, l'IVG, nous continuons à avancer".


Inflation alimentaire: Bruno Le Maire met la pression aux industriels et félicite les distributeurs

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • «Je rassemblerai les industriels de l'agro-alimentaire et les représentants des distributeurs dans les jours qui viennent»
  • Les négociations avec les industriels «ne vont pas assez vite», a estimé le ministre sur France 5

PARIS: Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a demandé lundi aux industriels de l'agro-alimentaire d'accélérer les négociations pour faire baisser les prix, tout en félicitant les distributeurs d'avoir prolongé l'opération "trimestre anti-inflation" jusqu'à la fin de l'année.

Les négociations avec les industriels "ne vont pas assez vite", a estimé le ministre sur France 5, ajoutant que "certains industriels, certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre", et rappelant que les 75 plus gros industriels de l'agro-alimentaire se sont engagés à rouvrir des négociations commerciales avec les distributeurs.

"A date, il y en a deux ou trois qui l'ont fait", d'après Bruno Le Maire, citant les distributeurs.

"Je rassemblerai les industriels de l'agro-alimentaire et les représentants des distributeurs dans les jours qui viennent", a annoncé le ministre en précisant que si des négociations ne s'ouvraient pas avant le 15 juin, elles n'auraient "aucun effet sur les prix en septembre et en octobre".

Des prix à la hausse

La hausse des prix à la consommation s'est élevée à 5,1% en mai sur un an, mais celle des produits alimentaires s'élève à 14,1%.

"Avant la fin du mois de juin, je publierai la liste de tous les industriels de l'agro-alimentaire qui ont joué le jeu et la liste des industriels de l'agro-alimentaire qui ont refusé de revenir à la table des négociations et qui n'ont pas voulu faire baisser les prix de détail alors que les prix de gros baissent", a expliqué Bruno Le Maire.

De plus, "nous utiliserons l'outil fiscal pour aller rechercher dans les marges des grands industriels, qui sont élevées et qui se redressent, les prix qu'ils n'ont pas voulu donner aux consommateurs lors des négociations commerciales du printemps", a-t-il averti.

Bruno Le Maire a par ailleurs salué les distributeurs "qui ont tous accepté de prolonger jusqu'à la fin de l'année 2023 l'opération du trimestre anti-inflation qui devait s'arrêter le 15 juin".

Depuis le 15 mars et pour une période initiale de trois mois, la plupart des distributeurs s'étaient engagés à vendre une sélection de produits au "prix le plus bas possible", formule leur laissant une grande liberté de manœuvre.


L'aéroport d'Orly veut réduire ses émissions de CO2 au sol d'ici à 2030

Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions (Photo, AFP).
Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions (Photo, AFP).
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  • Les efforts portent sur la conversion du parc de véhicules sur la plateforme, comme les bus nécessaires au transport des voyageurs
  • Pour réduire les émissions externes, celles des avions au sol, la principale mesure, concerne le roulage des appareils sur un seul moteur

PARIS: L'aéroport Paris-Orly, Groupe ADP, veut réduire ses émissions de CO2 au sol d'ici à 2030 grâce à des efforts sur les sources d'énergie utilisées sur site, le déplacement des véhicules de services et le roulage des avions sur piste.

Ce projet est l'un des cinq principaux objectifs affichés par "l'alliance pour la transformation environnementale de la plateforme de Paris-Orly" signée lundi par la directrice de l'aéroport, Justine Coutard, et les entreprises partenaires.

"Le principe de cette charte est d'impliquer tous les acteurs pour que les efforts soient collectifs et pas seulement de la part d'ADP", explique à l'AFP Mme Coutard.

Les activités internes de Paris-Orly représentent seulement 5% des 271.099 tonnes émises annuellement au sol.

Les efforts portent sur la conversion du parc de véhicules sur la plateforme, comme les bus nécessaires au transport des voyageurs, tous électriques depuis février, soit une "économie de 765 tonnes de CO2 par an".

Énergies renouvelables  

"11.000 tonnes de CO2 sont économisées sur le chauffage du site grâce à un mix énergétique qui se base sur le renouvelable", selon le responsable réseaux du groupe ADP, Marc Boufflers.

"Un tiers de la chaleur vient de générateurs au gaz, un tiers est récupéré de l'incinérateur de Rungis et le dernier tiers, dont la proportion va s'élever à 40%, vient de la géothermie", précise-t-il.

Pour réduire les émissions externes, celles des avions au sol, la principale mesure, non coercitive, concerne le roulage des appareils sur un seul moteur, "ce qui permet une économie de carburant de 25% et donc des émissions", assure à l'AFP Jérôme Lauferon, directeur des opérations aéronautiques d'ADP.

Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions, grâce à un raccord de l'appareil au courant de l'aéroport lorsqu'il est en stationnement.

L'aéroport d'Orly veut aussi augmenter la valorisation des déchets, réduire les nuisances sonores et sa consommation d'électricité ainsi qu'augmenter les surfaces dédiées à la biodiversité sur le site.


Se chauffer sans réchauffer la planète: la France s'interroge sur une interdiction des chaudières à gaz

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher (Photo, AFP).
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher (Photo, AFP).
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  • Une interdiction de l'installation de chaudières à gaz «est une des possibilités mises à la concertation»
  • Quelque 2,7 millions de résidences principales étaient chauffées au fioul domestique et 11,2 millions à l'électricité

PARIS: Interdire les chaudières à gaz ? Le gouvernement français lance une concertation jusqu'au 28 juillet avec des élus et des professionnels envisageant d'interdire l'installation de chaudières à gaz neuves, a indiqué lundi soir le ministère de la Transition énergétique.

Une interdiction de l'installation de chaudières à gaz "est une des possibilités mises à la concertation, c'est sur ce sujet que nous consultons les filières", a-t-on indiqué au cabinet de la ministre de la Transition énergétique lundi, en précisant néanmoins qu'il ne s'agirait "pas d'une obligation de remplacement" et que l'évolution serait "très progressive".

La consultation, annoncée la semaine dernière devant le Sénat par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, s'inscrit dans le cadre de la planification écologique" lancée par la Première ministre Elisabeth Borne, a-t-on indiqué de même source.

Elle doit permettre de "sécuriser l'atteinte des engagements climatiques du pays d'ici 2030", en cherchant notamment à savoir comment "accélérer la dynamique de dépose des chaudières fossiles (fuel et gaz)" dans les bâtiments, dans le parc tertiaire et dans le parc résidentiel, pour les remplacer essentiellement par des pompes à chaleur.

Les émissions de CO2 du secteur du bâtiment en France s'élevaient à 75 millions de tonnes en 2021 et devront baisser d'environ 45 Mt pour atteindre 30 Mt en 2030 : "Ceci implique de réduire drastiquement les émissions liées au fioul et au gaz en accélérant le remplacement des chaudières gaz comme fioul et l'isolation des logements", ajoute le gouvernement.

Outre les chaudières, la concertation portera aussi sur les mesures à mettre en place plus largement pour parvenir à la décarbonation du bâtiment (isolation notamment) : mesures incitatives, d'accompagnement ou contraignantes ?

Actuellement, l'utilisation des bâtiments -hors construction- représente 18% des émissions de gaz à effet de serre en France, et 60% de ce total vient du chauffage au gaz, ajoute le ministère de la Transition énergétique.

11,2 millions de résidences chauffées au gaz 

Selon des statistiques du Centre d'études et de recherches économiques sur l'énergie (Ceren), 11,2 millions de résidences principales recouraient au gaz naturel et gaz de pétrole liquéfié pour se chauffer en France en 2021 (collectif ou individuel).

Quelque 2,7 millions de résidences principales étaient chauffées au fioul domestique et 11,2 millions à l'électricité (dont 2,3 millions avec des pompes à chaleur). 3,1 millions de logements principaux étaient chauffés au bois et 1,5 million au chauffage urbain.

Le dispositif Ma Prime Renov' mis en place pour aider au financement des travaux de rénovation énergétique, surtout des ménages les plus modestes, a déjà acté la fin des aides pour l'installation de chaudières à gaz, y compris les plus modernes qui recyclent leurs gaz d'échappement.

Une rencontre est prévue la semaine prochaine entre Mme Pannier-Runacher, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, celui chargé de la Ville et du logement Olivier Klein avec les responsables des filières, industriels, fabricants, installateurs, professionnels du bâtiment et de la maintenance, associations de consommateurs, de propriétaires, de locataires, collectivités, et associations de défense de l'environnement.

Selon France Gaz, quelque 130.000 personnes en France travaillent dans le secteur, dont 38 à 45.000 pour l'équipement et le service des chaudières à gaz. 16.000 installateurs sont recensés, dont un certain nombre sont en train de se former sur les pompes à chaleur électriques qui émettent moins de CO2 que les chaudières fossiles.

Les résultats de la concertation pourront "nourrir les textes de loi à venir", indique-t-on au ministère, en particulier le projet de loi de finances voté à l'automne pour 2024.