Blinken voit un «mariage de convenance» dans le rapprochement russo-chinois

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken témoigne devant une commission des relations étrangères du Sénat (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken témoigne devant une commission des relations étrangères du Sénat (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 23 mars 2023

Blinken voit un «mariage de convenance» dans le rapprochement russo-chinois

  • M. Blinken a une nouvelle fois écarté les propositions de paix chinoises, Washington estime qu'elles ne feraient qu'avantager militairement la Russie
  • Au cours de cette visite, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont loué, mardi, l'entrée dans une «nouvelle ère de leur relation» «spéciale» face aux Occidentaux

WASHINGTON: Le rapprochement russo-chinois ressemble à "un mariage de convenance" plutôt que de "conviction", a affirmé mercredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, selon qui Pékin n'a pas encore livré d'armes létales à Moscou en pleine guerre en Ukraine.

"Du fait en partie qu'ils ont une vue du monde très différente de la nôtre, ils ont conclu un mariage de convenance. Je ne suis pas sûr que ce soit de conviction", a déclaré le secrétaire d'État auditionné par la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

"La Russie est clairement le partenaire junior dans cette relation", a-t-il ajouté.

Le président chinois Xi Jinping s'est rendu pour un voyage de deux jours en Russie axé sur le renforcement des liens avec son homologue Vladimir Poutine.

Au cours de cette visite, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont loué, mardi, l'entrée dans une "nouvelle ère" de leur relation "spéciale" face aux Occidentaux, le président russe appuyant prudemment le plan chinois pour régler le conflit en Ukraine.

"Je ne suis pas sûr que la Russie ou Poutine souhaitent l'ordre mondial, plutôt le désordre mondial", a-t-il encore dit.

Devant une autre commission parlementaire mercredi matin, le secrétaire d'État avait indiqué que la Chine n'avait pas encore "franchi la ligne" consistant à livrer des armes létales à la Russie.

"À ce jour, nous ne les avons pas vus franchir cette ligne", a-t-il déclaré.

Depuis plusieurs semaines, la diplomatie américaine exerce une intense pression diplomatique sur la Chine afin d'éviter qu'elle ne livre des équipements militaires importants à Moscou, embourbé dans le conflit en Ukraine.

Mi-février, Washington a fait savoir que la Chine envisageait une telle option, et il a été fait état de petites cargaisons envoyées par des entreprises chinoises à Moscou.

M. Blinken a une nouvelle fois écarté les propositions de paix chinoises que Washington estime ne feraient qu'avantager militairement la Russie.

"Je pense que le soutien diplomatique, politique, et dans une certaine mesure, matériel (de la Chine) à la Russie va bien sûr contre notre intérêt de voir cette guerre s'achever", a encore affirmé M. Blinken au Congrès.

Blinken plaide pour le retour des Etats-Unis à l'Unesco afin de contrer la Chine

"Je pense vraiment que nous devrions retourner à l'Unesco", a affirmé le secrétaire d'État devant une commission parlementaire.

"Pas pour leur faire un cadeau, mais car ce qui s'y passe compte vraiment", a-t-il dit, en citant en particulier les débats au sein de l'organisation basée à Paris sur l'intelligence artificielle ou encore dans l'éducation.

Les États-Unis s'étaient retirés sous l'ancien président Donald Trump de l'agence de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture fin 2018, en représailles à un parti-pris, selon eux, anti-israélien. Ils avaient déjà suspendu le paiement de leurs cotisations en 2011 lorsque les Palestiniens étaient devenus membres.

Le secrétaire d'État a aussi encouragé tout pays qui recevrait Vladimir Poutine sur son sol à en profiter pour l'extrader, à la suite du mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI).

"Je pense que ceux qui sont membres de la Cour et qui ont des obligations doivent remplir ces obligations", a-t-il déclaré, répondant à la question de savoir si les États-Unis arrêteraient M. Poutine s'il se rendait sur le sol américain. Les États-Unis ne sont pas membres de la CPI.

Et une loi datant de 2002 empêche en principe le gouvernement américain d'aider formellement la Cour.

"Je ne pense pas qu'il projette de venir ici de sitôt", a ajouté M. Blinken, se refusant à dire ce que feraient les États-Unis dans ce cas.

La dernière visite de M. Poutine aux États-Unis remonte à 2015 lorsqu'il a participé à l'Assemblée générale de l'ONU.

La Russie fait partie du forum de l'Apec qui tiendra un sommet en novembre à San Francisco, mais il est peu probable que les États-Unis y invitent le président russe.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Short Url
  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Short Url
  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

--

Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com