Nouvelle tentative de décollage pour la première fusée imprimée en 3D

Cette capture d'écran fournie par Relativity Space le 22 mars 2023 montre la troisième tentative de lancement de la première fusée imprimée en 3D, Terran 1, depuis le Launch Complex 16 à Cape Canaveral, en Floride. (AFP)
Cette capture d'écran fournie par Relativity Space le 22 mars 2023 montre la troisième tentative de lancement de la première fusée imprimée en 3D, Terran 1, depuis le Launch Complex 16 à Cape Canaveral, en Floride. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

Nouvelle tentative de décollage pour la première fusée imprimée en 3D

  • La première fusée imprimée en 3D a échoué à atteindre son orbite en raison d'une «anomalie» pendant la séparation du deuxième étage, selon une retransmission en direct
  • Cette mission, baptisée «Good luck, have fun» est scrutée de près car les fusées imprimées en 3D pourraient représenter une petite révolution dans l'industrie du lancement

WASHINGTON: La troisième tentative n'aura pas été la bonne. La première fusée imprimée en 3D a décollé mercredi de Cap Carnaval, en Floride aux Etats-Unis, mais a échoué à atteindre son orbite en raison d'une "anomalie" pendant la séparation du deuxième étage, selon une retransmission en direct.

Ce troisième échec fait suite à deux précédents essais annulés à la dernière minute à cause de problèmes techniques.

Cette mission, baptisée "Good luck, have fun" ("Bonne chance, amuse-toi bien", en français), est scrutée de près car les fusées imprimées en 3D pourraient représenter une petite révolution dans l'industrie du lancement.

La fusée Terran 1, de la start-up californienne Relativity Space, devait recueillir des données et démontrer qu'une fusée imprimée en 3D pouvait résister aux rigueurs du décollage et des vols spatiaux.

Au total, 85% de la masse de la fusée a été imprimée en 3D, et l'entreprise vise les 95% à l'avenir.

Avantage principal de la technique: simplifier grandement le processus de fabrication et réduire ainsi les coûts.

Avec ses grands robots d'impression 3D, la compagnie affirme diviser par 100 le nombre de pièces par rapport à une fusée traditionnelle. Elle met aussi en avant la rapidité de la méthode: 60 jours, de la matière première au produit fini.

Terran 1 mesure 33,5 mètres de haut et un peu plus de 2 mètres de diamètre. Son premier étage comporte neuf moteurs, également imprimés en 3D.

Son objectif: être capable de placer 1.250 kg en orbite terrestre basse (des petits satellites, par exemple), ce qui en fait un lanceur léger. Mais ce premier vol ne contient pas de charge utile.

La fusée aurait dû atteindre, 80 secondes après le décollage, le point où la force aérodynamique exercée sur l'engin est la plus élevée (max Q, dans le jargon). C'est l'étape cruciale du vol, selon le jeune patron de Relativity Space.

"Nous avons déjà prouvé au sol ce que nous espérons prouver en vol -- que lorsque la pression dynamique et la tension sur le véhicule sont au plus haut, les structures imprimées en 3D peuvent résister à ces forces", avait tweeté début mars Tim Ellis.

«Sans précédent»

Après la séparation du premier étage de la fusée, le second aurait dû poursuivre sa route jusqu'à atteindre l'orbite terrestre -- 8 minutes après le décollage.

Réussir cette étape dès le premier vol aurait été "sans précédent", avait dit Tim Ellis.

En effet, la fusée utilise du méthalox comme carburant, un mélange d'oxygène liquide et de gaz naturel liquéfié (essentiellement du méthane). Si elle avait réussi à atteindre l'orbite, il s'agirait de la première fusée utilisant ce carburant à y parvenir.

Relativity Space, qui promeut la vision de long terme d'une humanité vivant sur plusieurs planètes, fait valoir qu'il s'agit du carburant "du futur", le plus facile à produire sur Mars.

Les fusées en développement Vulcan, de United Launch Alliance (ULA), et Starship, de SpaceX, doivent également utiliser ce carburant.

Une première tentative de lancement de Terran 1 avait été abandonnée le 8 mars à cause d'un problème de température de carburant.

Puis, le 11 mars, le décollage avait été annulé à deux reprises dans les dernières secondes du compte à rebours, d'abord à cause d'un problème d'automatisation, puis à cause d'un souci de pression du carburant.

Demande en plein boom 

Quel que soit le degré de réussite du vol inaugural de Terran 1, les données récoltées serviront aussi pour l'élaboration de sa grande soeur: Terran R.

Cette plus grosse fusée, également développée par Relativity Space, devra elle être capable de transporter 20.000 kg jusqu'en orbite basse.

La société a déjà signé pour 1,65 milliard de dollars de contrats, la majorité pour Terran R, selon Tim Ellis.

L'un d'eux a été passé avec l'entreprise OneWeb, dont la constellation de satellites doit fournir internet depuis l'espace.

Ce type de fusée "moyenne-lourde est clairement là où se trouve l'opportunité de marché la plus importante pour le reste de la décennie, avec une pénurie énorme actuellement dans cette classe de charge utile", avait tweeté Tim Ellis.

Un opérateur de satellite peut attendre des années avant d'obtenir une place dans les grosses fusées d'Arianespace ou de SpaceX.

Des dizaines de start-up se sont donc lancées ces dernières années pour répondre à une demande en plein boom.

Le nombre de satellites lancés est passé d'environ 120 en 2012 à plus de 2.700 en 2022, selon l'entreprise spécialisée Euroconsult.


Mort d'un alpiniste allemand dans l'Himalaya

La montagne Kanchenjunga est la troisième plus haute du monde. (Photo, AFP)
La montagne Kanchenjunga est la troisième plus haute du monde. (Photo, AFP)
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  • L'homme de 54 ans avait atteint le sommet de la montagne himalayenne le 25 mai, sans oxygène supplémentaire, puis le contact avec lui avait été perdu, selon Seven Summit Treks
  • Les opérations de recherches avaient été entravées par les conditions météorologiques. Alpiniste et guide expérimenté, M. Stitzinger avait déjà atteint plusieurs sommets de plus de 8 000 mètres

KATMANDOU: L'alpiniste allemand Luis Stitzinger a été retrouvé mort dans la montagne Kanchenjunga, la troisième plus haute du monde, ont annoncé mercredi les organisateurs de son expédition, quelques jours après sa disparition en redescendant du sommet.

Une équipe de recherche composée de cinq guides népalais a retrouvé mardi le corps de Luis Stitzinger juste en dessous du sommet du Kanchenjunga (8.586 m), à environ 8.400 mètres, a déclaré à l'AFP Mingma Sherpa de Seven Summit Treks.

"Ils sont en train de redescendre son corps", a précisé Mingma Sherpa.

L'homme de 54 ans avait atteint le sommet de la montagne himalayenne le 25 mai, sans oxygène supplémentaire, puis le contact avec lui avait été perdu, selon Seven Summit Treks.

Les opérations de recherches avaient été entravées par les conditions météorologiques. Alpiniste et guide expérimenté, M. Stitzinger avait déjà atteint plusieurs sommets de plus de 8 000 mètres.

Le Népal abrite huit des dix plus hauts sommets du monde, dont l'Everest, et accueille des centaines de grimpeurs à chaque printemps, lorsque les températures sont plus clémentes et les vents généralement plus faibles.

Les autorités népalaises ont délivré plus d'un millier de permis pour l'ascension de ces montagnes cette saison, dont 44 pour le Kanchenjunga.

Dans l'Everest, plus haute montagne du monde, 12 personnes sont mortes cette année et cinq autres sont portées disparues, plaçant 2023 en position de devenir une année record en nombre de décès.

Le mois dernier, l'alpiniste Noel Hanna, 56 ans, originaire d'Irlande du Nord, avait trouvé la mort dans l'Annapurna, la dixième plus haute montagne du monde.


Pakistan: nouvelle comparution en justice pour l'ex-Premier ministre Imran Khan

Des policiers montent la garde devant le tribunal, où l'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a comparu, à Islamabad le 31 mai 2023. (AP)
Des policiers montent la garde devant le tribunal, où l'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a comparu, à Islamabad le 31 mai 2023. (AP)
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  • L'arrestation de M. Khan dans une affaire de corruption le 9 mai à Islamabad avait déclenché des émeutes dans tout le pays
  • Mercredi, un tribunal d'Islamabad et une cour spéciale anticorruption ont accordé la liberté sous caution à M. Khan dans la même affaire qui avait mené à son arrestation

ISLAMABAD: L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a comparu mercredi une nouvelle fois devant la justice, alors que la Commission nationale des droits humains pointait du doigt les autorités comme l'opposition pour le recul démocratique actuellement observé dans le pays.

L'arrestation de M. Khan dans une affaire de corruption le 9 mai à Islamabad avait déclenché des émeutes dans tout le pays, auxquelles les autorités ont répondu par une sévère répression à l'encontre de ses partisans.

Mercredi, un tribunal d'Islamabad et une cour spéciale anticorruption ont accordé la liberté sous caution à M. Khan dans la même affaire qui avait mené à son arrestation.

Avant d'être remis en liberté, l'ancien joueur de cricket avait été maintenu en détention pendant trois jours, au cours desquels des heurts violents entre ses partisans et les forces de l'ordre avaient fait au moins neuf morts.

Les manifestants s'en étaient pris à des installations de l'armée, coupable à leurs yeux d'avoir orchestré cette arrestation.

Dénonçant des actes terroristes, les autorités ont arrêté des milliers de sympathisants de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), et une vingtaine de ses hauts responsables, accusés d'incitation à la violence.

Le gouvernement a également approuvé le renvoi vers des tribunaux militaires de personnes accusées d'avoir endommagé des édifices publics ou appartenant à l'armée.

Plusieurs des hauts responsables du PTI arrêtés ont ensuite annoncé, dès leur libération, quitter le parti ou renoncer à la politique.

M. Khan, qui avait été évincé du pouvoir en avril 2022 par une motion de censure, après avoir perdu le soutien de l'armée, y voit une tentative de l'écarter des prochaines élections, prévues d'ici octobre, pour lesquelles il faisait figure de favori.

Après son éviction, M. Khan avait émis des critiques sans précédent contre l'armée, qui l'avait appuyé en sous-main lors de son élection en 2018 avant de se détourner de lui.

La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP) a appelé mercredi tous les acteurs politiques à "renoncer à toute nouvelle mesure qui pourrait mettre en péril la fragile démocratie du pays".

La cheffe de l'HRCP, Hina Jilani, a estimé que la "suprématie du (pouvoir) civil était la plus grande victime" de la crise politique actuelle.

"L'incapacité du gouvernement - ou sa réticence - à sauvegarder la suprématie du civil ou à préserver la dignité du parlement s'est révélée terriblement décevante", a-t-elle jugé.

"En même temps, le recours par l'opposition à une politique hostile et son mépris pour l'état de droit a joué une grande part" dans les récentes violences, a-t-elle remarqué.


En Allemagne, un ex-réfugié syrien devient maire d'une commune rurale

Ryyan Alshebl, maire de la commune d'Ostelsheim dans le Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne, pose lors d'une séance photo le 30 mai 2023 à Berlin, avant une conférence de presse avec l'Association de la presse étrangère en Allemagne (VAP). (Photo John MACDOUGALL / AFP)
Ryyan Alshebl, maire de la commune d'Ostelsheim dans le Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne, pose lors d'une séance photo le 30 mai 2023 à Berlin, avant une conférence de presse avec l'Association de la presse étrangère en Allemagne (VAP). (Photo John MACDOUGALL / AFP)
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  • A 29 ans, M. Alshebl a été élu en mars à la tête du conseil municipal du paisible village d'Ostelsheim, dans le Sud-Ouest de l'Allemagne. Il doit prendre ses fonctions en juin
  • Son élection a eu un retentissement historique: il sera le premier, parmi les centaines de milliers de réfugiés syriens ayant trouvé asile en Allemagne en 2015, à prendre la tête d'une commune dans leur pays d'accueil

BERLIN: Lorsque Ryyan Alshebl a débarqué à bord d'un radeau de fortune sur l'île grecque de Lesbos, il ne pouvait pas imaginer qu'à peine huit ans plus tard, il deviendrait maire d'un paisible village allemand.

"Il faisait nuit, et pas une lumière ne brillait sur les côtes de Lesbos", se souvient-il à l'occasion d'une conférence de presse à Berlin, avant sa prise de fonction.

"Quelques heures plus tôt, nous étions dans une banale ville de Méditerranée, en Turquie. Puis, l'ambiance a changé, avec le froid, les ténèbres, et bien sûr la peur, qui accompagnent ce type de voyage", détaille-t-il.

A 29 ans, M. Alshebl a été élu en mars à la tête du conseil municipal du paisible village d'Ostelsheim, dans le Sud-Ouest de l'Allemagne. Il doit prendre ses fonctions en juin.

Son élection a eu un retentissement historique: il sera le premier, parmi les centaines de milliers de réfugiés syriens ayant trouvé asile en Allemagne en 2015, à prendre la tête d'une commune dans leur pays d'accueil.

Lorsqu'il est arrivé en Allemagne, M. Alshebl n'avait que 21 ans. Il a fui la Syrie pour échapper au service militaire obligatoire de son pays, plongé dans la guerre civile.

Il y a rejoint un frère, qui bénéficiait déjà d'un visa étudiant. Par la suite, quatre de ses amis ont eux aussi trouvé refuge en Allemagne, mais ses parents et son autre frère sont restés en Syrie.

«Prendre des responsabilités»

Après avoir accosté en Grèce, le jeune homme a traversé la Macédoine, la Serbie et la Croatie en transports publics et à pied, mettant au total 12 jours pour atteindre l'Allemagne.

Ryyan Alshebl a rapidement appris la langue de son pays d'accueil, avant de décrocher un stage d'assistant administratif à la mairie de Althengstett, un village près d'Ostelsheim.

"Si vous êtes à la campagne, vous n'avez pas le choix", explique-t-il. Après des années de présence en Allemagne, il a finalement obtenu la nationalité en 2022, essentielle pour exercer des mandats locaux.

Son expérience de l'exil lui a fait "prendre des responsabilités non seulement pour moi, mais aussi pour les autres", déclare-t-il. "Cela forge une personne, cela crée une nouvelle personnalité".

M. Alshebl s'est présenté en tant qu'indépendant lors de cette élection, réunissant 55,41% des voix de ce village de 2.700 âmes. Mais il est aussi membre des Verts, car "la protection du climat est très importante" pour lui.

Sa victoire est particulièrement retentissante dans cette ville réputée conservatrice, nichée au milieu de collines et de champs bordés de murs en pierres et de haies.

M. Alshebl explique son élection par sa capacité d'écoute des problèmes des habitants de la bourgade, et sa campagne où une attention particulière a été apportée sur les questions de la garde des enfants et du numérique.

«Ouverture»

Il admet toutefois n'avoir "rien ressenti" lors des résultats, tant il était "bouleversé".

Les jours suivant sa victoire, alors que les messages de félicitations affluaient du monde entier, il s'est progressivement rendu compte à quel point son histoire "était plus qu'une simple élection municipale dans une petite bourgade".

La grande crise migratoire de 2015 avait marqué l'essor du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Avec sa campagne agressive contre les migrants, la formation avait réussi deux ans plus tard à faire une entrée fracassante au Parlement.

M. Alshebl voit toutefois dans sa victoire, face à deux autres candidats locaux ayant pourtant grandi dans la région, un signe de "l'ouverture" d'esprit des électeurs.

"C'est un signe que les gens n'ont pas pris en compte l'origine, mais les qualifications aux yeux des électeurs. C'est un signe d'ouverture sur le monde", se félicite-t-il.

Les parents de Ryyan Alshebl, une professeure des écoles et un ingénieur agricole, appartiennent à la minorité druze en Syrie. Lui, se définit comme non religieux.

Lorsqu'il repense au pays qu'il a laissé derrière lui en 2015, il ressent des "sentiments mêlés".

"C'est le pays où je suis né et où j'ai grandi, où j'ai passé mon enfance et ma jeunesse, où sont mes amis et ma famille élargie. Et les gens avec lesquels j'ai grandi me manquent", dit-il.

"Mais je suis heureux d'avoir eu la chance de vivre ici. D'autres ne l'ont pas eue".