Les Américains découvrent les boutiques zéro déchet

Chez Mason & Greens à Washington, c'est l'absence d'emballage qui prime. Ce petit magasin d'articles ménagers et d'épicerie fait partie des dizaines de magasins de recharge zéro déchet qui fleurissent dans les villes américaines, de Brooklyn à Los Angeles. (Photo Bastien Inzaurralde / AFP)
Chez Mason & Greens à Washington, c'est l'absence d'emballage qui prime. Ce petit magasin d'articles ménagers et d'épicerie fait partie des dizaines de magasins de recharge zéro déchet qui fleurissent dans les villes américaines, de Brooklyn à Los Angeles. (Photo Bastien Inzaurralde / AFP)
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Publié le Samedi 25 mars 2023

Les Américains découvrent les boutiques zéro déchet

  • Au magasin Mason & Greens de Washington, les clients apportent leurs propres sacs ou contenants en plastique pour les remplir d'articles vendus sans emballages
  • Ce type de magasin est nécessaire, selon des experts, pour provoquer un changement des comportements dans la plus grande économie de la planète

WASHINGTON : Du dentifrice en tablette tiré d'un pot, du sirop d'érable qui s'écoule d'un bec verseur, de la poudre pour lave-vaisselle achetée à la louche: aux Etats-Unis, la vente en vrac fait des adeptes.

Au magasin Mason & Greens de Washington, les clients apportent leurs propres sacs ou contenants en plastique pour les remplir d'articles vendus sans emballages.

Des années après l'essor d'un mouvement similaire en Europe, c'est une nouvelle tendance aux Etats-Unis, et le concept essaime dans plusieurs grandes villes du pays.

Dans la boutique de la capitale, «des gens sont même venus remplir l'emballage de leurs journaux», s'enthousiasme Anna Marino, la patronne de 34 ans.

Ce type de magasin est nécessaire, selon des experts, pour provoquer un changement des comportements dans la plus grande économie de la planète. Les Américains produisent en moyenne 2,2 kg de déchets par jour, contre 1,4 en moyenne en Europe, selon des statistiques officielles.

- Des légumes non emballés -

L'objectif d'Anna Marino est d'aider chacun à se rapprocher du zéro déchet. Pour elle et sa famille, la première cible fut le papier essuie-tout.

Son abandon «a entraîné une baisse importante de nos déchets quotidiens», explique celle qui a fondé Mason & Greens avec son mari en 2020.

Ils y vendent haricots, flocons d'avoine et autres produits en vrac dans des distributeurs installés aux murs, aux côtés de grands bidons d'huile et de vinaigre. Sur les rayonnages trônent d'autres curiosités: du pain et des légumes non emballés, contrairement à l'usage aux Etats-Unis.

Anna Marino dit tenter d'éviter «des prix trop exorbitants» pour maintenir son magasin «accessible.»

Aux Etats-Unis, moins d'un tiers des déchets ménagers (et 9% des plastiques) sont recyclés ou compostés - contre 49% en Europe. Et en moyenne, chaque Américain génère 130 kilos de déchets plastiques par an, contre 43 kilos pour les Français.

Ces statistiques poussent aussi Anna Marino à demander à ses fournisseurs d'utiliser le moins d'emballage possible.

- Réutilisation -

«On ne sortira pas de la crise du plastique par le recyclage», prévient Jenny Gitlitz, de l'organisation Beyond Plastics, qui lutte contre leur pollution.

Elle mentionne les effets néfastes du plastique sur la santé: substances cancérigènes, perturbateurs endocriniens, etc.

S'y ajoute la pollution dans l'environnement, avec des particules de microplastique découvertes partout sur la planète, de la fosse des Mariannes au sommet de l'Everest - en passant par le sang humain.

A l'inverse de l'aluminium et du verre, par exemple, les plastiques ne peuvent être recyclés à l'infini, leur structure se dégradant petit à petit.

De plus, le recyclage de nombreux types de plastiques est complexe. Cette solution ne doit intervenir qu'en dernier recours, résume Shelie Miller, de l'école pour l'environnement et le développement durable de l'Université du Michigan.

«Je crains que trop souvent, les gens passent directement au recyclage sans penser à la réduction et à la réutilisation», dit-elle à l'AFP.

La professeure alerte sur le fait que les actions d'individus ou de petites boutiques ne suffiront pas à bouleverser le système.

Mettre en oeuvre de tels changements pour un avenir plus durable relève d'une «responsabilité entièrement partagée» entre entreprises, autorités et gestionnaires de déchets, insiste-t-elle.

- Sobriété -

Dans une autre boutique de la région de Washington, Emoke Gaidosch verse dans un large récipient du savon liquide. L'entreprise qu'elle codirige, FullFillery, vend sur place nombre de ses propres cosmétiques.

«On veut faire le plus possible de réutilisation, parce que le recyclage a encore une empreinte carbone massive», explique Rini Saha, à la tête du magasin.

Et le fait d'acheter en vrac implique un autre bénéfice environnemental, explique la professeure Miller: on achète uniquement les quantités dont on a besoin.

Preuve du succès de ce type de boutique à Washington, FullFillery a quitté les marchés en extérieur de ses débuts pour s'installer dans un vrai magasin. Et Mason & Greens a d'ores et déjà deux boutiques.

Le modèle «est rentable», se félicite Rini Saha.

Peut-être pas autant qu'un magasin à emballage, «mais je pense que c'est inévitable, on n'a pas le choix», affirme-t-elle. «Le secteur doit en passer par là.»

 

 


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.