Nouvelle-Calédonie: après une liquidation, un paysage médiatique en recomposition

La secrétaire d'État française à la Citoyenneté Sonia Backes intervient lors de la présentation du Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ethniques pour la période 2023-2026, à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Emmanuel Dunand / AFP)
La secrétaire d'État française à la Citoyenneté Sonia Backes intervient lors de la présentation du Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ethniques pour la période 2023-2026, à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Emmanuel Dunand / AFP)
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Publié le Dimanche 26 mars 2023

Nouvelle-Calédonie: après une liquidation, un paysage médiatique en recomposition

  • Une semaine après l'annonce de la mise en liquidation du groupe Melchior, propriétaire du journal Les Nouvelles calédoniennes, un projet de nouveau quotidien pourrait bousculer le paysage médiatique de l'archipel
  • Sans s'être positionnés publiquement, des groupes locaux ont exprimé leur intérêt pour le site internet, une édition 100% numérique ayant remplacé le format papier le 31 décembre dernier

NOUMÉA : La liquidation du seul quotidien de Nouvelle-Calédonie pose la question du pluralisme des médias et de la bipolarisation de ce territoire du Pacifique sud, en pleines discussions entre indépendantistes et loyalistes sur son avenir institutionnel.

Une semaine après l'annonce de la mise en liquidation du groupe Melchior, propriétaire du journal Les Nouvelles calédoniennes, un projet de nouveau quotidien pourrait bousculer le paysage médiatique de l'archipel.

Ce titre complèterait une offre comprenant, outre le réseau France Télévisions, une chaîne TV locale (Caledonia, dont les provinces Îles, Sud et Nord sont les actionnaires majoritaires), deux hebdomadaires appartenant à des groupes privés et quatre radios.

«Le projet est bien avancé et pourrait aboutir d'ici à quelques semaines», espère Yann Milin, directeur de Rezo Média, qui édite l'hebdomadaire Actu.nc et prépare ce nouveau quotidien. Sa ligne éditoriale sera celle d'Actu.nc, en «un peu moins libérale et loyaliste», indique-t-il.

Le dirigeant attend un soutien public via les aides à la presse du ministère de la Culture et a sollicité localement l'appui de Promosud, la société d'économie mixte de la province Sud.

En parallèle, la liquidation du groupe Melchior pourrait donner lieu à plusieurs projets de reprise de certains actifs. Sans s'être positionnés publiquement, des groupes locaux ont exprimé leur intérêt pour le site internet, une édition 100% numérique ayant remplacé le format papier le 31 décembre dernier.

- «Equilibre politique» -

Les principaux médias calédoniens dépendent des subventions substantielles que leur versent les collectivités locales. C'est le cas des trois principales radios, Radio Rythme Bleu (RRB), station non-indépendantiste, son pendant indépendantiste Radio Djido, et Océane FM, moins marquée politiquement.

Celle-ci, dernière-née des radios calédoniennes, a récemment reçu le soutien financier de Didier Leroux, puissant entrepreneur calédonien et beau-frère de l'homme d'affaires Vincent Bolloré. Cet ancien élu est un soutien affiché de la coalition non-indépendantiste menée par Sonia Backès, présidente de la province Sud et secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté.

«J'ai prêté de l'argent parce ce que j'ai souhaité qu'Océane ne disparaisse pas ou ne tombe pas dans n'importe quelles mains», explique Didier Leroux à l'AFP. Son soutien a permis à la radio d'investir dans des outils de production audiovisuelle.

Océane FM est au cœur d'un autre projet: la création d'une chaîne de télévision, NC 9, qui a reçu les autorisations d'émettre du régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, et pourrait voir le jour d'ici à la fin de l'année.

Le financement de cette chaîne repose sur un soutien important de la province Sud, de l'ordre de 800.000 euros par an. Sur le plan éditorial, NC 9 prévoit d'associer la radio RRB et Océane FM.

«Si on peut avoir une Chaîne, NC 9, qui est portée notamment par RRB et Océane, cela donnera une pluralité de l’information et peut-être un peu d’équilibre politique», déclarait la présidente de la province Sud dans le JT du 16 octobre 2022 de NC La première.

«Cela donnera une pluralité de l'information et peut-être un peu d'équilibre politique», a espéré en octobre dernier Sonia Backès, qui avec d’autres élus non indépendantistes avait boycotté le réseau France télévision durant quelques jours en décembre 2020.

Dans un contexte médiatique local souvent conflictuel, la disparition des Nouvelles calédoniennes est une très mauvaise nouvelle pour Etienne Dutailly, directeur-fondateur du Chien bleu, le journal satirique du territoire.

«Les loyalistes n'attendaient que ça pour avoir leurs propres outils de communication», estime-t-il.

«+Les Nouvelles+ ouvraient leurs colonnes à tout le monde. Les politiques ne veulent pas un média mais un outil pour assurer leur propagande, ce que n'était pas ce journal», analyse le patron du Chien bleu.

Une «bipolarisation de l'information» symptomatique d'un territoire déchiré, alors que l'Etat tente de réunir depuis plus d'un an indépendantistes et non-indépendantistes pour négocier son futur statut. Trois référendums ont rejeté l'indépendance, le dernier étant contesté par le camp indépendantiste.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.