Décès de Maria Kodama, veuve du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges

Photo d'archive prise le 19 janvier 1983, l'écrivain argentin Jorge Luis Borges (à gauche) et son épouse Maria Kodama, accompagnés du photographe français François-Marie Banier (au centre), sont photographiés au Palais de l'Elysée à Paris après avoir reçu la Légion de Hommage du président français François Mitterrand (Photo, AFP).
Photo d'archive prise le 19 janvier 1983, l'écrivain argentin Jorge Luis Borges (à gauche) et son épouse Maria Kodama, accompagnés du photographe français François-Marie Banier (au centre), sont photographiés au Palais de l'Elysée à Paris après avoir reçu la Légion de Hommage du président français François Mitterrand (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 mars 2023

Décès de Maria Kodama, veuve du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges

  • Mme Kodama était écrivaine, traductrice, collaboratrice et légataire universelle de l'œuvre de Borges
  • Sa relation avec Borges a commencé lorsqu'ils se sont découvert un amour commun pour la langue anglaise

BUENOS AIRES: Maria Kodama, veuve du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges, est décédée dimanche à Buenos Aires en Argentine à l'âge de 86 ans des suites d'un cancer, a annoncé sa famille à la presse locale.

Mme Kodama était écrivaine, traductrice, collaboratrice et légataire universelle de l'œuvre de Borges, considéré par les critiques littéraires comme l'un des plus grands poètes, essayistes et nouvellistes de son temps.

Le célèbre auteur de Fictions s'était également éteint à l'âge de 86 ans, en juin 1986, dans la ville suisse de Genève, deux mois après avoir épousé Mme Kodama.

Sa passion pour la littérature ne s'est jamais démentie. Même malade, elle a pu écrire son dernier ouvrage, La divisa punzo (non traduit), dans lequel elle retrace l'histoire de l'homme d'État argentin controversé du XIXe siècle Juan Manuel de Rosas, en collaboration avec l'écrivaine Claudia Farias Gomez.

Sa relation avec Borges a commencé lorsqu'ils se sont découvert un amour commun pour la langue anglaise, le vieil anglo-saxon et l'islandais.

Elle l'a rencontré alors qu'elle n'avait que 16 ans et qu'elle était étudiante en littérature. Son père l'avait emmenée écouter une conférence de l'auteur.

"Borges me manque, ainsi que la façon dont nous nous amusions. Mes amis avaient l'habitude de me dire : +Sortir avec le vieil homme des labyrinthes (une image fréquente dans les œuvres de Borges), c'est effrayant+. Mais venez le rencontrer : c'est une personne hilarante et les labyrinthes me fascinent. J'ai passé un bon moment avec lui. Je ne suis pas masochiste, c'était quelqu'un de très aimable", a-t-elle déclaré lors d'une conférence à la Foire du livre de Guadalajara, au Mexique.

Sa définition de leur lien est sans détour : "Je n'ai jamais eu l'impression que l'homme me dominait ou que j'étais inférieure".

De l'époque où Borges était chaque année pressenti pour le prix Nobel de littérature, Mme Kodama se souvient que "tout le monde l'arrêtait dans la rue et lui disait : 'J'espère que vous allez le gagner'". Le prix ne lui a jamais été décerné.

La compagne inséparable de l'auteur de Fictions, Le livre de sable, L'Aleph ou encore Le Rapport de Brodie a créé, en 1988, la Fondation Jorge Luis Borges.


El Juli, légende de la tauromachie, prend sa retraite

Le torero espagnol Julian Lopez "El Juli" est porté par la foule après sa corrida d'adieu aux arènes de Las Ventas à Madrid (Photo, AFP).
Le torero espagnol Julian Lopez "El Juli" est porté par la foule après sa corrida d'adieu aux arènes de Las Ventas à Madrid (Photo, AFP).
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  • Pour sa première communion, le petit Julián est autorisé à toréer sa première vachette à l'âge de huit ans
  • Revenu en Europe, il prend l'alternative, la cérémonie durant laquelle le jeune novillero devient un torero, en 1998 à Nîmes

MADRID: Il est tombé enfant dans la marmite de la corrida, au point d'entraîner la condamnation d'un directeur d'arènes qui l'avait fait toréer trop jeune. La star "El Juli" raccroche ce week-end sa cape de torero à 41 ans.

De son vrai nom Julián López Escobar, "El Juli" faisait déjà mime de toréer à deux ans avec un torchon, racontait son père dans les années 1990. Une carrière précoce dont la fin a été soudainement annoncée cet été.

Ses adieux ont commencé samedi soir dans les arènes madrilènes de Las Ventas pour s'achever le lendemain dans celles de Séville, deux temples de la tauromachie.

"Ca a toujours été l'arène de mes rêves. Ce qui m'a donné envie d'être torrero", a commenté samedi sur OneToroTv El Juli à l'issue de la corrida, expliquant être "envahi d'une plénitude et d'un bonheur unique".

La star, qui est sortie par la grande porte de Las Ventas, hommage suprême pour un matador, a dédié un des taureaux à la présidente de la région de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, figure montante de la droite espagnole, assise dans les arènes "pour tout ce qu'elle a fait pour la tauromachie".

En juillet, le matador prenait tout le monde de court en annonçant sur Instagram "non pas une retraite, mais la fin d'une étape magnifique".

Décrivant sa profession comme "dure et difficile", il expliquait vouloir désormais se consacrer à sa famille et à ses autres occupations.

Considéré comme l'un des plus grands toreros de son époque, le quadragénaire s'est fait connaître très tôt comme un "jeune prodige des arènes".

Né à Madrid le 3 octobre 1982, El Juli est le fils d'un "novillero", torero combattant de jeunes taureaux, des années 1970 qui a dû arrêter sa carrière à la suite d'une blessure.

Interdit d'arènes car trop jeune 

Pour sa première communion, le petit Julián est autorisé à toréer sa première vachette à l'âge de huit ans.

Il entre à 10 ans à l'Ecole de Tauromachie de Madrid "où il fait le délice de ses professeurs", relate en 1995 la première dépêche de l'AFP sur cette "future grande vedette de la tauromachie" haute d'1,50 m.

A l'époque, le directeur de l'Ecole taurine de Madrid, Gregorio Sánchez, assure qu'on ne peut "donner aucun conseil à ce petit génie car il sait déjà tout".

Accompagné en permanence par son père, El Juli combat des taurillons quand les "aficionados" réclament de lui faire affronter rapidement des animaux de plus grande prestance pour mettre sa véritable valeur à l'épreuve.

En 1997, le directeur des arènes françaises de Nîmes, Robert Pilès, est condamné à 10.000 francs d'amende pour avoir fait toréer "El Juli" en septembre 1995, alors qu'il n'avait pas seize ans, âge légal requis.

Trop jeune, le "Mozart de la tauromachie", comme l'a surnommé son avocat lors de ce procès, est interdit d'arènes en France mais aussi en Espagne.

Technique hors du commun 

Qu'à cela ne tienne, l'adolescent au talent insolent part faire ses armes au Mexique, où il devient une super-star. La "Julimania" est lancée.

Revenu en Europe, il prend l'alternative, la cérémonie durant laquelle le jeune novillero devient un torero, en 1998 à Nîmes.

L'année suivante, il est le torero le plus actif de la saison avec 135 corridas. Selon les estimations publiées à l'époque, ses gains prévus cette année-là sont évalués à 66 millions de francs soit environ 10 millions d'euros... à 17 ans.

Blessé à plusieurs reprises, il a remercié en juillet, lors de l'annonce de sa retraite, les médecins "dans les mains desquels [il a] été 18 fois".

Pour le directeur des arènes de Madrid Simon Casas, El Juli a une "technique au-delà du commun: il trouve la réponse à toutes les problématiques que posent les taureaux".

"Dès tout jeune, ce surdoué avait l'intuition de l'animal", a-t-il dit à l'AFP, estimant que le matador s'en allait au bon moment. "Il part au faîte de sa gloire. Très peu de toreros ont eu une carrière aussi longue en restant dans le top 5. Il faut savoir s'arrêter".


Défilé dans une prairie pour Hermès, perturbé par Peta

Des mannequins présentent des créations pour Hermès lors d'un défilé dans le cadre de la Fashion Week de Paris (Photo, AFP).
Des mannequins présentent des créations pour Hermès lors d'un défilé dans le cadre de la Fashion Week de Paris (Photo, AFP).
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  • Les sandales sont plates avec une semelle adhérente inspirée des chaussures de randonnée
  • Un procédé innovant consistant à poser du cuir sur la base de mailles procure aux vêtements un aspect seconde peau

PARIS: Chaussures plates et vêtements décontractés mais chics: la femme Hermès a arpenté des herbes hautes samedi à Paris dans un défilé brièvement perturbé par l'association de défense des animaux Peta.

Pour ce défilé, une prairie a été reconstituée dans la Garde républicaine, où l'on sentait l'odeur du cheval, avec des végétaux que la maison s'est engagée à replanter.

Ce qui n'a pas empêché une sympathisante de Peta de se joindre aux mannequins dans les allées, brandissant une pancarte "Hermès: stop aux peaux exotiques".

"Peta a pris d'assaut le podium Hermès pour exhorter la marque à abandonner ces matières", selon un communiqué de l'association, qui dénonce l'utilisation par la maison de peaux de crocodiles.

Sur le podium, le rouge dans toutes ses nuances se démarque à travers les herbes, une claque visuelle dans cette Fashion Week dominée par les couleurs sobres.

"Le rouge peut être associé à des connotations assez négatives. J'avais envie de restaurer son côté esthétique et symbolique de la force, la beauté et la puissance", explique à l'AFP la directrice artistique des collections féminines Nadège Vanhee-Cybulski.

Shorts, robes amples, tailleurs souples: les vêtements invitent à se poser sur l'herbe et pique-niquer.

Pièces modulables 

Des crop tops (hauts courts laissant apparaître le nombril) et les découpes sur le dos ou sur la taille apportent à ces tenues une sophistication de soirée.

Un procédé innovant consistant à poser du cuir sur la base de mailles procure aux vêtements un aspect seconde peau.

Dans quelles circonstances portera-t-on ces tenues? "Je laisse le choix aux femmes. Je n'aime pas donner des directions", répond la créatrice.

Plusieurs pièces sont modulables: "elles se resserrent et se desserrent en fonction de vos humeurs et morphologies", souligne-t-elle.

Les sandales sont plates avec une semelle adhérente inspirée des chaussures de randonnée.

"C'est un des rares modèles iconiques de chaussures Hermès, donc c'est le même patronage que celui des premières scandales des années 20" avec "une structure très contemporaine", raconte à l'AFP Pierre Hardy, qui crée des chaussures pour la maison de luxe française.

"La créativité, ce n'est pas seulement une question de forme mais aussi une question de timing. C'était le bon moment", conclut-il.


Cinéma: dans «Le Règne animal», l'amour au temps des mutations

Une photo prise le 14 mars 2021 à Nantes montre la salle de cinéma lors d'une journée d'action nationale pour la réouverture des salles de cinéma fermées depuis le début de la pandémie de Covid-19. (Photo de Loïc Venance / AFP).
Une photo prise le 14 mars 2021 à Nantes montre la salle de cinéma lors d'une journée d'action nationale pour la réouverture des salles de cinéma fermées depuis le début de la pandémie de Covid-19. (Photo de Loïc Venance / AFP).
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  • Le film imagine un monde où une partie des humains a commencé à muter vers une forme animale, du poulpe au loup
  • Lorsque les autorités décident de transférer la mère mutante dans un centre de soins fermé, le père et son fils quittent leur vie parisienne pour la suivre, s'installant dans un camping du sud-ouest de la France

PARIS: Un drôle d'oiseau atterrit mercredi dans les salles de cinéma avec "Le règne animal", film français inclassable et ambitieux à la frontière du fantastique, de la comédie dramatique et du récit d'initiation.

Très remarqué à Cannes, où il a fait l'ouverture de la sélection "Un certain regard", le film imagine un monde où une partie des humains a commencé à muter vers une forme animale, du poulpe au loup.

Confronté à la mutation de son épouse, François (Romain Duris) tente de faire face, tout en s'occupant de son fils de 16 ans Emile (Paul Kircher).

Lorsque les autorités décident de transférer la mère mutante dans un centre de soins fermé, le père et son fils quittent leur vie parisienne pour la suivre, s'installant dans un camping du sud-ouest de la France.

L'une des forces du "Règne animal" est d'éviter les poncifs du film post-apocalyptique: il est question d'une épidémie mystérieuse et incontrôlable, mais jamais d'un monde qu'il faudrait sauver de la catastrophe. "Le monde est simplement plus diversifié, moins réglé", explique le réalisateur, Thomas Cailley, à l'AFP.

Les mutations font partie d'un nouveau quotidien dont comme François, tout le monde semble s'être accommodé, pas particulièrement étonnés de voir surgir un poulpe géant au supermarché ou un oiseau bondir entre deux voitures dans les embouteillages.

L'adolescent dont le corps se transforme, le parachutage dans un nouveau collège, l'arrivée d'urbains dans un monde rural: "Le Règne animal" joue en permanence de ces contrastes.

Romain Duris, tout en retenue, apporte une belle profondeur au rôle du père, à laquelle répond Paul Kircher, jeune acteur en pleine ascension après avoir été révélé dans "Le Lycéen" de Christophe Honoré. En second rôle, Adèle Exarchopoulos ajoute une touche d'humour en gendarme du coin.

Le film doit aussi sa poésie à une photographie travaillée.

Le réalisateur a fait appel à une série de techniques, depuis des dessins réalisés par l'auteur de BD Frederik Peeters, jusqu'à des effets de maquillage, de plateau ou numérique mélangés.

Sans compter un long travail de chorégraphie avec les comédiens, qui se sont appropriés cris et mouvements des volatiles, dont une prestation mémorable de l'acteur Tom Mercier en homme-oiseau.