Les artistes font front contre l'intelligence artificielle

L'artiste Karla Ortiz travaille dans son studio à San Francisco, Californie, le 8 mars 2023 (Photo, AFP).
L'artiste Karla Ortiz travaille dans son studio à San Francisco, Californie, le 8 mars 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 27 mars 2023

Les artistes font front contre l'intelligence artificielle

  • En janvier, des artistes ont collectivement porté plainte contre Midjourney, Stable Diffusion et DreamUp, trois modèles d'IA formés grâce à des milliards d'images récoltées sur internet
  • Le Ballet de San Francisco a de son côté fait débat en utilisant Midjourney pour sa campagne de promotion de Casse-Noisette en décembre

SAN FRANCISCO : Des années de pratique, des heures minutieuses de travail pour les humains, contre quelques secondes pour la machine qui a avalé et digéré leurs œuvres: l'intelligence artificielle (IA) désespère les artistes, mais ils n'ont pas dit leur dernier mot, sur internet ou au tribunal.

L'été dernier, ils ont découvert avec effroi que des programmes d'IA dite "générative" pouvaient désormais produire, sur simple requête, un dessin de chien "comme Sarah Andersen" ou une image de nymphe "façon Karla Ortiz".

Une appropriation sans que les intéressés n'aient donné leur consentement, soient crédités ou compensés financièrement, les 3 "C" au coeur de leur bataille.

En janvier, des artistes ont collectivement porté plainte contre Midjourney, Stable Diffusion et DreamUp, trois modèles d'IA formés grâce à des milliards d'images récoltées sur internet.

Sarah Andersen, l'une des principales plaignantes, s'est sentie "intimement lésée" quand elle a vu un dessin généré avec son nom, dans le style de sa BD "Fangs".

Sa réaction indignée sur Twitter a été largement relayée, puis d'autres artistes l'ont contactée. "Nous espérons créer un précédent judiciaire et forcer les entreprises spécialisées dans I'IA à respecter des règles", indique-t-elle.

Les artistes veulent notamment pouvoir accepter ou refuser que leurs œuvres soient utilisées par un modèle - et non devoir demander leur retrait, même quand c'est possible.

Dans ces conditions, on pourrait imaginer un "système de licences, mais seulement si les commissions sont suffisantes pour en vivre", note Karla Ortiz, une autre plaignante.

«Facile et pas cher»

Pas question "de recevoir des centimes pendant que l'entreprise empoche des millions", insiste cette illustratrice qui a notamment travaillé pour les studios Marvel.

Sur les réseaux sociaux, des artistes racontent comment il ont perdu une grande partie de leurs contrats.

"L'art est mort, mec. C'est fini. l'IA a gagné. Les humains ont perdu", a déclaré Jason Allen au New York Times en septembre 2022, après avoir soumis une image générée par Midjourney à une compétition, qu'il a remportée.

Le musée Mauritshuis de La Haye expose en ce moment une image générée avec de l'IA pour un concours de création d'œuvres inspirées par "La Jeune Fille à la perle" de Vermeer.

Le Ballet de San Francisco a de son côté fait débat en utilisant Midjourney pour sa campagne de promotion de Casse-Noisette en décembre.

"C'est facile et pas cher, alors même des institutions n'hésitent pas, même si ce n'est pas éthique", s'indigne Sarah Andersen.

Les sociétés accusées n'ont pas répondu à des sollicitations de l'AFP, mais Emad Mostaque, le patron de Stability AI (Stable Diffusion), aime comparer ces programmes à de simples outils, comme Photoshop.

Ils vont permettre "à des millions de personnes de devenir des artistes" et "créer des tonnes de nouveaux emplois créatifs" a-t-il affirmé, estimant qu'un usage "non éthique" ou "pour faire des choses illégales" est le "problème" des utilisateurs, pas de la technologie.

Apocalypse de la création 

Les entreprises vont se réclamer du concept juridique de "fair use" ("usage raisonnable"), une sorte de clause d'exception aux droits d'auteur, explique le juriste et développeur Matthew Butterick.

"Le mot magique, c'est +transformation+. Est-ce que leur système propose quelque chose de nouveau? Ou est-ce qu'il remplace l'original sur le marché?", détaille le consultant.

Avec le cabinet d'avocats Joseph Saveri, il représente les artistes, mais aussi des ingénieurs dans une autre plainte contre un logiciel de Microsoft, qui génère du code informatique.

D'ici un lointain procès, et un dénouement incertain, la mobilisation s'organise aussi sur le terrain technologique.

Appelé à la rescousse par des artistes, un laboratoire de l'université de Chicago a lancé la semaine dernière un logiciel permettant de publier des œuvres en ligne en les protégeant contre les modèles d'IA.

Baptisé "Glaze" ("vernis"), le programme ajoute une couche de données sur l'image, invisible à l’œil nu, qui "brouille les pistes", résume Shawn Shan, l'étudiant chargé du projet.

L'initiative est accueillie avec enthousiasme, mais aussi scepticisme.

"La responsabilité va revenir aux artistes d'adopter ces techniques", déplore Matthew Butterick. "Et ça va être un jeu du chat et de la souris" entre les entreprises et les chercheurs.

Il craint que la prochaine génération ne se décourage.

"Quand la science-fiction imagine l'apocalypse par l'IA, des robots débarquent avec des fusils laser", remarque le juriste. "Mais je pense que la victoire de l'IA sur l'humanité, c'est quand les gens abandonnent et cessent de créer".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
Short Url
  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Short Url
  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.