Des responsables américains et des experts sur la Syrie appellent Joe Biden à s'opposer à la normalisation du régime d’Assad

La lettre intervient alors que de plus en plus de personnes ont l’impression qu’Assad réintègre peu à peu le cercle des dirigeants, tant au niveau régional qu’au niveau mondial (Photo, Reuters).
La lettre intervient alors que de plus en plus de personnes ont l’impression qu’Assad réintègre peu à peu le cercle des dirigeants, tant au niveau régional qu’au niveau mondial (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mardi 28 mars 2023

Des responsables américains et des experts sur la Syrie appellent Joe Biden à s'opposer à la normalisation du régime d’Assad

  • Dans une lettre au président américain, d’anciens responsables et d’experts américains sur la Syrie appellent l’administration Biden à s’opposer à toute tentative de normalisation du régime de Bachar al-Assad
  • La lettre met également l’accent sur la nécessité d’un cessez-le-feu formel en Syrie, qui, selon les signataires, permettrait des aides plus efficaces et mieux coordonnées, qui pourraient déclencher un processus politique

LONDRES: Un groupe d’anciens responsables et d’experts américains sur la Syrie ont écrit au président américain, Joe Biden, et au secrétaire d’État, Antony Blinken, pour exhorter leur administration à s’opposer à toute tentative de normalisation du régime du président syrien, Bachar al-Assad.

Parmi les signataires de la lettre figurent les anciens envoyés spéciaux américains en Syrie Frederic Hof, James Jeffrey et Joel Rayburn; l’ancien chef du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie; l’ancien directeur par intérim de la CIA, John McLaughlin et l’ancien envoyé spécial adjoint américain auprès de la coalition internationale contre Daech, William Roebuck.

La missive décrit les préoccupations concernant la stratégie de Biden pour la Syrie, où une guerre civile brutale qui fait rage depuis 2011 a fait un demi-million de morts et des millions de personnes déplacées. Il s’agit de l’une des pires crises de réfugiés au monde.

«La normalisation inconditionnelle du régime n’est pas inévitable», selon les auteurs de la lettre. «S’opposer à la normalisation du régime en paroles ne suffit pas, car l’autoriser tacitement est un manque de prévoyance et nuit à tout espoir de sécurité et de stabilité régionales.»

Biden a précédemment indiqué que les États-Unis ne normaliseraient pas le régime syrien et n’encourageraient pas leurs partenaires ou d’autres pays à le faire. La lettre intervient alors que de plus en plus de personnes ont l’impression qu’Assad réintègre peu à peu le cercle des dirigeants, tant au niveau régional que mondial.

«Le message des États-Unis est le suivant: “Nous ne normaliserons jamais le régime syrien et nous décourageons sa normalisation”, a déclaré Charles Lister, chercheur principal au Middle East Institute et coordinateur de la lettre. «Le message n’est pas: “Ne vous avisez pas de normaliser avec le régime.”»

La lettre met également l’accent sur la nécessité d’un cessez-le-feu formel en Syrie, qui, selon les auteurs, permettrait des aides plus efficaces et mieux coordonnées, qui pourraient déclencher un processus politique. Toute normalisation du régime d’Assad, ajoutent-ils, éroderait «la capacité de la communauté internationale à façonner un processus politique visant à résoudre la crise de manière significative».

«Aucun des problèmes à l’origine du conflit syrien n’a été résolu, en particulier les atrocités commises par le régime d’Assad et son incapacité ou son refus de procéder à des réformes», poursuivent-ils. «De nombreux symptômes du conflit s’aggravent, qu’il s’agisse des souffrances humaines, du trafic de drogue à l’échelle industrielle, des flux de réfugiés, du terrorisme, des conflits géopolitiques, et des hostilités ethniques et sectaires.»

«Les priorités de l’administration Biden en matière de politique étrangère, à savoir la concurrence entre grandes puissances, la stabilité internationale et au Moyen-Orient, les droits de l’homme, l’humanitarisme ou la lutte contre l’insécurité alimentaire, ne sont pas suffisamment mises en avant par la politique actuelle à l’égard de la Syrie.»

Selon M. Lister, les initiatives régionales visant à normaliser les relations avec le régime d’Assad sont inévitables, car les États-Unis et leurs alliés sont restés inactifs et ne se manifestent «nulle part» en ce qui concerne la crise syrienne. Si l’Occident n’est pas disposé à demander des comptes et à obtenir justice pour les atrocités commises par Assad, «pourquoi les États de la région le feraient-ils?», interroge-t-il.

La lettre comprend aussi un certain nombre de recommandations, notamment une stratégie alternative pour l’aide humanitaire au peuple syrien à la suite des tremblements de terre du 6 février qui ont secoué le nord du pays et la Turquie voisine. De plus, la lettre incite les gouvernements d’autres pays à rapatrier les milliers de leurs ressortissants qui ont combattu aux côtés de Daech et qui sont maintenant détenus, avec leurs familles, dans des camps syriens.

Selon l’éminent professeur émirati Abdelkhaleq Abdalla, l’approche régionale de la Syrie, bien que différente de la politique américaine et européenne, finirait par l’emporter grâce à un processus de réengagement avec Damas.

Il estime qu’un rapprochement pourrait être bénéfique pour la région, car «une présence arabe accrue se traduirait probablement par un recul de la présence iranienne» dans les cercles du pouvoir à Damas, a rapporté le quotidien britannique The Guardian.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: la Défense civile annonce au moins 20 morts dont des enfants dans deux frappes aériennes à Khan Younès

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
Short Url
  • L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent
  • Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre

TERRITOIRES PALESTINIENS: Au moins 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans deux frappes aériennes israéliennes nocturnes sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi la Défense civile du territoire palestinien.

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal.

Une autre a visé une seconde maison à proximité, tuant six personnes, a-t-il précisé.

Les victimes ont été transportées à l'hôpital européen de la ville, où les corps de plusieurs enfants ont été enveloppés d'un linceul par leurs proches, selon des photographes de l'AFP.

L'armée israélienne a seulement indiqué dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".

L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent.

Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre.

La guerre a Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

L'attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive dans laquelle au moins 42.847 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Trois journalistes tués au Liban, qui dénonce un «crime de guerre » israélien

Short Url

BEYROUTH: Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.

L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.

Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman, Ghassan Najjar, et d'un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".

 


Blinken estime « vraiment urgent » de parvenir à une «solution diplomatique » au Liban

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
Short Url
  • "Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la front
  • M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution

LONDRES: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé vendredi à Londres qu'il était "vraiment urgent" de parvenir à une "solution diplomatique" au Liban.

"Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la frontière entre Israël et le Liban", a déclaré M. Blinken après avoir rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati dans la capitale britannique.

La résolution 1701 adoptée en 2006 a mis fin à une guerre précédente entre le Hezbollah et Israël. Elle prévoit la cessation des hostilités entre les deux parties et stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban, frontalier d'Israël.

M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution.

Il a également plaidé en faveur de la protection des civils, sans appeler à un cessez-le-feu.

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a-t-il ajouté.

M. Mikati n'a fait aucune remarque à la presse à l'occasion de sa rencontre avec M. Blinken.

La veille, au cours de la conférence sur le Liban à Paris, il avait déclaré que seuls l'État et l'armée libanaise devraient porter des armes.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, qui s'est entretenu séparément avec M. Blinken à Londres, a déclaré que le gouvernement libanais avait clairement fait savoir qu'il mettrait en œuvre la résolution 1701. "L'agression contre le Liban doit immédiatement cesser. Rien ne justifie sa poursuite", a dit M. Safadi.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un comptage de l'AFP reposant sur des données officielles.