Soirées ramadanesques à Casablanca: entre spiritualité et convivialité

Au Maroc, comme dans les pays musulmans, les prières surérogatoires sont très prisées par les fidèles. Elles peuvent être accomplies seul ou en groupe, à la maison comme à la mosquée. (Photo, AFP)
Au Maroc, comme dans les pays musulmans, les prières surérogatoires sont très prisées par les fidèles. Elles peuvent être accomplies seul ou en groupe, à la maison comme à la mosquée. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 02 avril 2023

Soirées ramadanesques à Casablanca: entre spiritualité et convivialité

  • Arab News en français a suivi plusieurs jeunes Marocains dans leurs soirées de ramadan à Casablanca
  • La spiritualité est omniprésente pendant le mois sacré à Casablanca et les nuits sont longues. Les gens dorment souvent tard, le dernier repas de la soirée devant être consommé avant 4h50

CASABLANCA: À Hay sedri, quartier populaire de Casablanca, les rues sont vides, les commerces sont fermés et une quiétude perceptible emplit l’atmosphère. Il est 19 heures et les habitants du quartier sont tous à table, en famille, à l'occasion de l’iftar après environ quinze heures trente de jeûne.

On peut entendre depuis la rue le tintement des couverts, mais aussi les éclats de rire de ceux qui suivent les caméras cachées ramadanesques à la télévision. L’ambiance est à la détente.

Saïd, jeune Casablancais de 28 ans, vient de finir de manger et s’allonge pour quelques minutes, le temps que son corps s’adapte au choc de la rupture du jeûn. Il n’a d’ailleurs pas beaucoup mangé, car un important rituel l’attend encore et il est très physique.

À 20h30, Saïd rejoint son ami d’enfance Mehdi devant son immeuble. Ils ont déjà fait leurs ablutions et se dirigent désormais vers la mosquée pour accomplir la prière d’Al-ichae, la dernière prière de la journée. «Cela fait au moins une dizaine d’années que nous parcourons cette même route chaque soir pendant le mois de ramadan, pour accomplir la prière et les tarawih», confie Saïd à Arab News en français

«Pendant le mois sacré, on essaye de se rapprocher le plus possible de notre foi», renchérit Mehdi. «C’est l’occasion pour nous de démarrer une nouvelle page et d’essayer de prendre des habitudes plus saines dans notre vie», poursuit-il.

Durant le mois du ramadan, la prière d’Al-ichae est suivie des tarawih, des prières surérogatoires, qui ne sont pas obligatoires mais hautement recommandées. Spécifiques au  mois sacré, elles consistent à accomplir huit unités de prière supplémentaires en plus des quatre d’Al-ichae, et demandent une certaine endurance physique.

Si beaucoup de personnes ne font que deux ou quatre unités de prière en plus, Saïd et Mehdi s’efforcent d’accomplir les huit. «Nous sommes encore jeunes et nous n’aurons rien d’important à faire après la prière, alors on préfère accomplir les tarawih dans leur totalité», explique Saïd.

Au Maroc, comme dans les pays musulmans, les prières surérogatoires sont très prisées par les fidèles. Elles peuvent être accomplies seul ou en groupe, à la maison comme à la mosquée. À Casablanca, les mosquées sont souvent pleines à craquer, à l’instar de la mythique mosquée Hassan II, qui rassemble chaque soir des milliers de fidèles, dont une grande partie s’aligne sur l’esplanade de la mosquée. L’enceinte de la mosquée et l’esplanade peuvent accueillir jusqu'à 100 000 fidèles, et à vue d’oeil, les six hectares du lieu sont très souvent noirs de monde.

Après l’effort, le réconfort

La spiritualité est omniprésente pendant le mois sacré à Casablanca et les nuits sont longues. Les gens dorment souvent tard, puisque le dernier repas de la soirée doit être consommé avant 4h50. Certains préfèrent dormir et se réveiller le temps de manger alors que d’autres préfèrent sortir et profiter de l’ambiance singulière du mois de ramadan.

Pour Hanane, les soirées ramadanesques riment aussi avec culture. «Il y a une explosion d'événements culturels durant le mois de ramadan», explique à Arab News en français, la jeune Casablancaise de 25 ans, qui travaille dans l'événementiel. «Pour moi, c’est l’occasion d'étancher ma soif de culture et d'expérimenter de nouvelles choses», poursuit-elle. 

Dernier événement en date: une soirée musicale dans un «lounge» à Aïn Diab (Corniche de Casablanca) dédiée au tarab al-andalussi, autrement dit de la musique arabo-andalouse, grand chapitre du patrimoine culturel marocain. «L’ambiance était quasi mystique, je n’ai jamais été très fan de ce style musical, mais quand on y assiste, l'atmosphère vous aspire dans un tourbillonnement apaisant», confie la jeune femme. 

Celle qui veut faire de la culture un métier explique que durant le mois sacré, les Casablancais ont un large choix d'activités culturelles: expositions, soirées dédiées à la musique sacrée, soirées religieuses consacrées à la lecture du Coran ou à des discussions théologiques, ou encore soirées dédiées au patrimoine, on peut citer par exemple une découverte à travers trois circuits des quartiers mythiques de Casablanca, organisée par l’association Casa mémoire.

Retour à Hay sedri où le calme a été remplacé par une ambiance de rue digne d’un bon matin d'été, avec des va-et-vient incessants des habitants du quartier et des discussions animées. Les terrasses des cafés sont combles. À l'intérieur de l’un de ces cafés, Saïd s’adonne à son sport favori pendant ramadan: le rami. Un jeu de cartes qui se joue souvent à quatre par équipes de deux. Les perdants d’une suite de parties sortent pour laisser place à de nouveaux joueurs, et cela continue pendant des heures.

«Le rami, c’est quasiment une institution au Maroc pendant le ramadan explique Saïd, provoquant les rires de ses amis. «Ça permet de se détendre, de stimuler son cerveau et surtout d’aider à patienter jusqu’au shour (dernier repas pendant le ramadan)», poursuit-il avec beaucoup d’humour.

Sur les coups de minuit, alors que les commerces commencent à fermer, beaucoup de Casablancais prennent la route de la Corniche, l’un des centres névralgiques de la capitale économique. Là-bas, on y rencontre des amis, on se promène près de la plage, on y mange un bout, ou on fait tout simplement un tour en voiture, histoire de profiter de la fraicheur nocturne avant de rentrer se préparer pour un nouveau jour de jeun.

 

 


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.